samedi 31 juillet 2010

PIANO A OUESSANT

Le croirez-vous ? Hormis un séjour il y a fort longtemps dans le golfe du Morbihan, et quelques rares passages à Nantes, nous n'étions jamais venus en Bretagne. Faut dire, Koka vous expliquerait cela mieux que moi, que nous, provinciaux, nous sommes parfois vaguement sectaires, et Océan pour Océan, nous sommes persuadés que le temps au-dessus de la Loire est forcément pluvieux. Mais quand nous avons trouvé le stage de Lydia, nous étions prêts à toutes les audaces pour qu'Alter puisse bénéficier de sa pédagogie particulièrement stimulante. Je vous ai, en son temps, raconté leur rencontre, et Alter a découvert avec elle, en une seule leçon, des ressorts ignorés, et, piqué par ses remarques, une motivation qui l'a fait, en un mois, progresser avec ardeur !
Toujours est-il que nous, les timorés du départ estival, les angoissés du bord de mer, les mysanthropes de l'agitation aoutienne, nous avons bravé le "vendredi noir dans le sens des départs et rouge dans le sens des retours" pour arriver à temps pour le concert de clôture du stage que Lydia dispensait la semaine dernière et auquel Alter n'avait pu s'incrire tant il était surbooké. Alter prendra des cours durant le Festival "Musiciennes à Ouessant", festival dont j'aurai tout le temps de vous parler dans les jours à venir car il va constituer le principal relief de mon séjour ouessantin.

De rouge ou de noir, point trop, voire pas du tout, la route était si calme que nous sommes arrivés au Conquet avec 3h d'avance, ayant prévu ce temps de battement au cas où nous aurions été coincés dans des embouteillages. Quand je vous dis que nous sommes un peu sauvages ! Passé le muret de l'allée du Clair de Lune, on a l'impression irrésistible que le monde est terrifiant ! Traversée agréable, découverte de notre île avec un immense plaisir, tranquille, sauvage, superbe, tout ce que finalement nous adorons, surtout en août ! Et si le temps doit être maussade, qu'importe finalement !! Je vous assure, on a parfois des blocages dont on se demande bien pourquoi ils sont si bien arrêtés dans notre petite cervelle !

Donc bonne humeur de rigueur malgré le crachin. Notre hôtel, le Ti Jan Ar C'hafé (Chez Jeanne qui buvait beaucoup de café) est un hâvre de paix, aménagé avec goût et pourvu, comme pas mal de lieu dans l'île, d'un environnement délicieux. Notre hôtesse, Odile Thomas, est accueillante et ouverte, franche et joviale, un vrai plaisir.

Notre chambre, plus orange tu meurs, est parfaite : spacieuse, agrémentée d'une terrasse délicieuse dès qu'un rayon de soleil pointe le nez, bref un endroit idéal pour y passer une semaine. Mais si, il fera beau, c'est certain !!


Dès notre arrivée nous avons voulu faire le tour du village de Lampol mais trouver à dîner était moins simple qu'il peut y paraître ! La crêperie recommandée était fermée le vendredi, le restaurant conseillé était complet, bref, nous avons atterri dans la crêperie bouquinerie du village le Keo. Il paraît que les crêpes n'y soient pas au top, mais d'une part, nous n'y connaissons rien en crêpes, donc ne sommes pas trop difficiles, et surtout, nous avons commencé le repas par un Pommeau, une mistelle dans le  genre du Pineau, mais aux pommes, qui nous a mis carrément pompettes. D'où un certain bien-être, d'autant que les propriétaires du Keo sont charmantes, et que le lieu est pour le moins original, tapissé de bouquins qu'on peut lire en dînant. C'est ainsi que j'ai infligé à ce pauvre Alter, qui n'osait protester, la lecture des dictées et récitations moralisatrices d'une grammaire de cours élémentaire datant de 1916. Vous imaginez la teneur de ces textes !

L'église accueillait donc le concert de fin de stage qui nous a permis de rencontrer ceux à qui Alter va succéder. 8 d'entre eux avaient accepté le challenge d'interpréter en public leur travail de la semaine, et pour certains, c'était leur première prestation devant des specateurs. Stagiaires de toutes origines, tous amateurs mais d'un excellent niveau. Certains retraités, certains tout jeunes, d'autres encore en activité. Bernard, Claudine, Simon, Edouard et les autres nous ont conquis par leurs prestations : même si certains avaient choisis des morceaux trop difficiles, prenant, comme souvent les amateurs des risques lors d'une exécution en public, tous avaient en commun le courage d'aller au bout, et, c'était très frappant, une remarquable musicalité. Une façon très particulière de mettre le chant en avant, de donner du relief à la partition. On sentait là, forcément, la "patte" de Lydia, exigeante, pointilleuse et obtenant de ses élèves le meilleur d'eux-mêmes.

L'après-concert, petit vin rouge partagé en grignotant du saucisson et en évacuant le stress, nous a permis de parler avec eux, de recueillir leurs impressions sur cette semaine de stage qui les laissait épuisés mais heureux. Tous sont des habitués, et je pense qu'Alter va devenir lui aussi ouessantin du mois d'août !

vendredi 30 juillet 2010

UN BAISER ! UN BAISER !!

Ces messieurs, Roberto en tête, m'incitent à leur dédier un billet particulier qui terminera la série des "premières fois"... Avec pour illustration ce cliché, pris par Alter il y a 2 ans à Avignon : Alter, mari fort prévenant, voulait photographier sa dulcinée en reflet dans une glace... Ce n'est qu'en "tirant" la photo, qu'il a découvert le baiser ! Quant à la dulcinée, on l'aperçoit, vaguement, si on la connait, au dessus de ce qui est devenu la scène principale !
Roberto, Chic et Gérard


Roberto :
... Qu’est-ce qui nous forge la mémoire et les mots pour la dire ? Peut-être l’émotion contingente de l’instant, déconnectée parfois de ce qui sera le souvenir mais qui aura servie de vecteur et de support indélébile. J’ai sur les lèvres le goût de tant d’autres lèvres mais pas celui de mon premier baiser parce qu’il était unique et nu. Abandonné à ce seul acte, comme un fruit échappé.

Plus tard (alors que je "réprimandais" Roberto à propos de ces si nombreuses lèvres !!)

Mi...
J'ai toujours pensé que la fidélité de la bouche, comme celle du corps, ne participaient, finalement, que de la supériorité du sexe sur le sentiment. Et je n'ai jamais eu l'impression de "tromper" en cédant à un penchant fort naturel : la curiosité de la découverte du corps et du plaisir de l'autre. Le vilain garçon que je suis a connu beaucoup de filles dans sa vie mais il n'en a jamais aimé qu'une: celle avec qui il vit et avec qui il a eu des enfants tout aussi aimés.

Mon copain Loulou grand amateur de foot, de matches et de soirées à les regarder est probablement moins bon mari que moi ; évidemment ce point de vue est très personnel et, dirait ma femme, "m'arrange bien" ! Cela nous éloigne aussi de cette histoire de mémoire, de souvenirs et du "je me souviens".

Plus tard encore ... à la réflexion :

Je me souviens d'un baiser volé à ma voisine de cinéma , une camarade de fac, à Aix. Et des lèvres, d'abord tendres, qui se refermèrent sèchement comme une huître sur ma langue insistante: j'avais raté une belle occasion de me faire offrir ce que l'impatience me fit dérober !

Chic a, bien évidemment glissé son grain de sel !!

La première fois que j'ai embrassé une fille avec la langue :))) (désolé j'ai pensé à ça). Je me suis dit "c'est pas possible, ça peut pas être comme ça" (j'avais 14 ans et elle 17)


Gérard enfin, sollicité pour un coloriage de Blanche-Neige (vous remarquez combien il a été sage, lui, au moins !!) s'est fort élégamment acquitté de la tâche, et a rajouté à sa première fois une petite remaque qui vient conclure cette série consacrée aux découvertes, inventions et autres dégustations :

Si j'avais su que tu en ferais un billet...... j'ai toujours commencé par la deuxième fois ! oups !


Merci à tous d'avoir si gentiment participé à ce jeu d'été... Je regrette que Mandarine n'ait pas internet et qu'elle n'ait pu participer. J'espère qu'elle vous lira un jour !

jeudi 29 juillet 2010

VOS PREMIERES FOIS suite ...

 

La première fois ... et la dernière fois où j'ai décidé de voler un parapluie...

Nous avions tous dans la famille des parapluies que nous utilisions très peu ici dans le sud, j'avais cassé ma tirelire pour en offrir un à ma maman pour sa fête. Je m'en souviens encore, doublé, avec des impressions de roses en camaïeu, le dessus étant couleur chocolat, la poignée se dévissant, allez savoir pourquoi, mais quelle poignée, en métal doré et ciselé! Le grand chic. Tout pour plaire à une maman difficile.
Je n'avais pas beaucoup d'argent de poche et j'avais économisé toute l'année. Malheureusement ce parapluie que j'avais offert fut substitué très peu de temps après dans un magasin par une personne qui avait du le trouver fort joli.
Quelques temps après nous allâmes faire un petit voyage à Paris... quel périple, 1000km, traverser la France, on mettait du temps, c'était un grand déplacement. L'Aventure!
Il ne faisait pas beau, du crachin, de la pluie intermittente, et je décide qu'il me faut récupérer à mon tour un parapluie... quelle idée?
Le courage me manque à plusieurs reprises, puis je me prends au jeu affreux de celle qui va commettre son larcin!
Arrivée dans une petite commune aux alentours de la capitale où nous étions invités à passer la journée chez des amis, nous sommes conviés à chercher avec eux...un matelas. Pas très séduisant comme passe-temps, pourquoi ne pas en profiter pour mener à terme mon projet de parapluie...
Et me voilà à observer les clients susceptibles d'avoir laissé leur bien dans le seau de l'entrée de ce grand magasin; il y a le choix, des noirs en quantité, Oh!mais ce petit bleu, qu'il est mignon, avec des fleurs.. en plus il se plie, c'est une invention encore récente -il y a de cela pas mal de temps-et me voilà substituant subrepticement l'objet avec discrétion, sortant du magasin comme si de rien n'était. Oui, pas mal, sur le moment, sans état d'âme, après tout me dis je dans ma petite tête de linotte pour me réconforter, il est arrivé la même chose à celui de ma maman.


Mais ce que je n'avais pas du tout prévu, imaginé, c'est cette forte pluie qui nous surprend, violente, soutenue, et bien entendu impossible d'ouvrir ce "pépin" trop voyant,trop reconnaissable... si jamais je croisais les personnes à qui il appartenait, le centre commercial de cette petite cité n'est pas bien grand.
Quelle affaire!
A l'usage je me suis vite rendue compte qu'il ne fonctionnait pas bien ce "pébroc", ne se pliant pas comme il le devait, les baleines étant très flexibles. Très mauvais plan.
Depuis des parapluies j'en ai acheté beaucoup même ici dans le sud, il y en a deux ou trois dans la voiture, autant dans la maison, des bleus, des noirs, des rouges, des tous petits, des plus grands, des encombrants, de ceux qu'on vous ramène de Florence ou que vous avez acheté à Venise, bref une vraie panoplie, mais pas couleur chocolat, ni avec des fleurs bleues. J'en ai pas mal perdus également, je ne sais où. Peu importe.
Mais lorsqu'il pleut, et cela arrive de plus en plus souvent, j'adore les oublier, ne craignant pas l'eau qui ruisselle sur ma chevelure et arrose mon visage. Quel bonheur!

J'aurais du faire "la première fois que je suis montée sur le toit de l'Opéra Garnier....n'est ce pas GF?

Georg Friedrich a dit...
Oui, en effet Martine, c'eût été une idée et cela m'aurait rappelé de bons souvenirs, mais je t'assure que j'ai eu beaucoup de plaisir avec ta première fois à toi, si drôle et si inattendue!



Il y a tant de premières fois ! et oui, cela ne s'arrête jamais, les élans de cœur, chaque première fois, différentes et nouvelles aussi, comme tu le dis si bien aussi.
Tu as aussi ajouté plein de premières fois auxquelles je n'ai même pensé quand, il y a quelques années j'ai fait une liste de mes cent première fois.

Je suis devenue femme a 25 ans, la première fois après, j'ai couru me regarder dans le miroir : voit-on que j'ai changé ? Le premier gros mensonge pour partir en vacances avec lui. A 40 ans, mon mari infidèle me dit que si je divorce ma vie de femme est finie, personne jamais ne me regardera plus.

Trois mois plus tard... Le lendemain « il » me montre mon sourire dans le miroir : effectivement, je rayonnais. A 70 ans je me suis prouvé de nouveau, que je suis encore femme, et la première fois, oui, je rayonnais comme jadis, ce n'est jamais trop tard pour une nouvelle première fois!


Tu m'as donné bien du mal Oxy !!! Pas la moindre photo d'empreinte digitale à l'ancienne sur le net, rien que de l'électronique, de l'identification digitale... Que faire ? Je m'y suis collée, j'ai même trouvé un buvard, oui oui !! Et mon index (celui de la main gauche pour pouvoir prendre la photo de la droite...) est maintenant tout mauve ! ça ne part pas cette encre...

Mon esprit adhère aussi et je fouille en ce moment les souvenirs de mes premières fois pour tenter de te raconter ce qui pourrait être intéressant. Je voudrais pouvoir te raconter des premières fois gaies et drôles peut-être aussi et éviter celles qui me rendent encore tristes aujourd'hui... Mais par où commencer... Comme beaucoup d'autres, ma première grossesse a été une première fois exceptionnelle, la seconde a eu la même puissance et la troisième également. Ces premières fois-là sont toutes aussi fortes les unes que les autres et resteront ancrées en moi jusqu'à la fin de mes jours. Mais la chose est banale. Trouverai-je une première fois originale ?
.... plus tard :
Cette nuit, j'ai eu une période d'insomnie... Non, ce n'est (hélas !) pas la première fois... J'ai pensé à des premières fois et, bizarrement j'ai repensé à ma première carte d'identité.... Je n'étais qu'une petite fille à l'époque et aller à la mairie de mon village revêtait en soi l'allure d'un événement exceptionnel... La secrétaire de mairie trônait derrière un vieux bureau de bois encombré de dossiers et me souriait derrière ses lunettes posées sur le bout de son nez. Elle était bien gentille madame Bertrand... Je me rappelle encore son nom... Elle a pris mon index et l'a appuyé sur un tampon encreur avant de déposer l'empreinte de mon doigt sur la carte. Puis elle a essuyé le trop plein d'encre sur un buvard rose. J'avais peur qu'elle retire tout... C'est idiot, mais j'étais fière d'avoir cette tache sur le doigt et je suis resortie fascinée par cette marque....

 Alba : Ciel bleu de Castille

Tu t'en doutes Alba, le ciel de l'Océan n'est pas celui que tu décris, donc je n'ai guère pu faire autrement que d'emprunter ce cliché, là, c'est un ciel bleu des Alpes Maritimes

Première fois.
Ce qui m´est venu à l´esprit est le titre de mon blog : cielbleudecastille
Je vous raconte.
Je suis arrivée à mes jeunes quinze ans à Madrid pour perfectionner mon espagnol, un certain mois d´Août et j´ai découvert un Ciel Bleu d´une intensité incroyable, je ne le connaissais pas, moi qui arrivais de ma Touraine.
Il faut penser que Madrid est à 700 m d´altitude, nous avons donc un ciel de montagne.
J´ai donc vu pour la première fois de ma vie ce Ciel merveilleux.
A cette époque-là, il n´y avait pas de pollution, le bleu était d´une pureté, d´une force.
Je ne l´ai pas oublié.


Le temps, incertain, pluriel, relatif et pourtant inexorable !

Je vais vous raconter la première fois où je suis partie à l'étranger...
J'avais treize ans...nous partions avec toute la classe en séjour linguistique, dans des familles d'accueil...et quand nous sommes arrivés sur la place centrale de la petite ville allemande jumelée avec la nôtre... personne !
Personne pour nous accueillir ! Pas un chat !
Un quart d'heure passe, une demi-heure...trois quarts d'heure...la tension devient palpable...et puis des gens commencent à arriver sur la place et nous demandent pourquoi nous sommes là si tôt !
C'était en fait les tout débuts de l'heure d'été en France, et notre professeur, pris par les préparatifs, avait complètement oublié que l'Allemagne n'appliquait pas encore cette mesure !
Un début peu brillant, mais qui ne m'a pas découragée, puisque, quelques années plus tard, j'ai énormément voyagé...et j'ai adoré découvrir toutes sortes de pays...

mardi 27 juillet 2010

VOS PREMIERES FOIS ... à suivre

Aujourd'hui, c'est vous qui faites mon billet ! Et je vous assure que c'est un sacré plaisir de vous lire... Vos premières fois sont sensibles, humorisitiques, émouvantes et variées ! Je ne pouvais pas faire moins que de les illustrer pour le mieux, certaines images sont malheureusement prises sur le net, mais j'ai essayé de personnaliser vos témoignages.... Pour éviter que le billet soit trop long, j'ai coupé en 2... ne vous inquiétez donc pas si vous ne trouvez pas votre commentaire, ce sera pour le prochain article ! Cela permettra peut-être aux retardataires de raconter, eux aussi, leurs premières fois. Les citations sont dans un ordre supposé alphabétique (supposé, car parfois c'est le nom de l'auteur, parfois le nom du blog... oups !!)

Tu t'en doutes je l'ai trouvée sur le net, là... Elle est avec sa maman, pas exactement ton histoire, mais je suis sûre que l'air ravi de la fillette ressemble au tien !
Je vais te raconter une première fois magique pour moi : ma première fois à cheval ! Elle a sûrement beaucoup influencé ma vie...

Je ne sais pas quel était mon âge, moins de 6 ans je pense. Toute la famille était en route pour une balade à cheval, il me semble que c'était à l'occasion de la venue des correspondants anglais de mon frère ou de ma sœur.

Comme j'étais petite, je suis montée devant mon papa sur un immense cheval bai (dans mon souvenir, il est ainsi en tout cas). A chaque pas, le pommeau de la selle me cognait le ventre et ça faisait vraiment mal mais pour rien au monde je n'aurais voulu descendre !

Il y a eu beaucoup de premières fois à cheval par la suite et elles sont toujours aussi magiques. Il y a aussi eu les premières fois lors des débourrages... Parfois sportives et génératrices de bleus mais tellement merveilleuses ! Sentir un jeune cheval accepter ma présence sur son dos, c’est un vrai moment de bonheur.



J'ai des premières fois comme tout le monde.
Mais aussi la première fois où j'ai été élue, voilà plus de vingt ans.
C'est incompréhensible, magique, je n'avais rien fait pour, juste la trentaine bref une gamine.
Ensuite je me suis jetée à corps perdu dans la bataille avec mes idéaux et mes convictions, prenant toujours des décisions que je jugeais nécessaires pour le bien commun et pas forcément "porteuses de voix"
Et puis la première fois maire-adjoint, et le premier mariage que je célébrais. Très émouvant, citant les phrases de La Fontaine:"Aimez, aimez, tout le reste n'est rien...."
Voilà mes premières fois hors des sentiers battus


Chic, c'était la première fois où tu as volé !!! Surpris juste après le décollage...

Très bonne idée Mimi que ce sujet sur nos premières fois :) Ca me fait penser aussi à la deuxième fois, et surtout que des premières fois, il y en a tous les jours..


Pardon GF : je n'ai pu faire mieux que de "t'emprunter" ton illustration : tout y est, Paris, La Bartoli et les toits

J'ai bien songé à des "premières fois", mais je ne sais pas si elles pourront t'intéresser. En vrac, je te propose "la première fois que j'ai lu Balzac" ou "la première fois que j'ai vu Cecilia"... Mais si c'est trop prévisible comme idée, je peux remplir la case "la première fois que j'ai voté" ou "la première fois que je suis allé à Venise"... Tu me diras ce que tu préfères!

 
Gérard, je suis certaine que ton âme d'enfant ne va faire qu'un tour en voyant l'image que je te dédie, à colorier bien sûr !!!
 
J'étais en train de lire le com de Roberto et coïncidence je connais et vu ce film des années 60 " L’Homme des Vallées perdues" avec Alan Ladd. Ma première fois justement qui me vient ce fut un film de Blanche-Neige en plein air où j'ai tenté d'aller voir les acteurs derrière l'écran.


 Une photo prise sur le site de Nicolas Vanier, pour saluer ton périple dans le Grand Nord Canadien... était-ce une première fois ??
Les premières fois...
Il y a tant de premières fois.
Mais, ce qui me gêne, aujourd'hui, c'est qu'elles appartiennent plus au passé qu'au présent...
Donc, grâce à toi, je vais m'exercer à créer une première fois chaque jour...

lundi 26 juillet 2010

CHAMPS RYTHMIQUES

C'était en juin au Palais des Congrès de Royan. "Monsieur" FLP, dont je vous ai déjà parlé souvent, organisateur de l'événement, nous avait dit "Il ne faut pas rater cela". Et de fait, l'exposition de Bruno Keip nous a vraiment enthousiasmés. Ses toiles, imaginatives et fortes, explorent un registre qui se veut musical et, de fait, qui swingue vraiment. Ayant constaté que les gestes qu'accomplit le chef d'orchestre sont similaires aux siens quand il peint, il a décliné sa dernière série de peinture sur le thème des "Champs Rythmiques", articulant silences et point d'orgue, selon une méthode étonnante de superposition des couches colorées. Le ton est abstrait, mais le mouvement est vibrant, toujours très lumineux, en trouées et flamèches improvisées.


L'exposition était intéressante à plusieurs titres : d'abord on y présentait la grande toile réalisée pour l'événement mais aussi le film retraçant l'exécution de cette oeuvre, sur scène, en direct et en musique. Un groupe de saxos et une batterie, dirigé par Philippe Gay, jouait pendant que Keip peignait. J'avoue que, personnellement, je n'ai pas aimé le résultat final, à mon avis trop superficiel, et beaucoup moins inspiré que les autres peintures du lieu. Pour moi, les autres oeuvres présentées de l'artiste avaient nettement plus de caractère et se révélaient beaucoup plus attachantes. Mais voir une toile contemporaine, tout en regardant le film que retrace sa genèse, c'est quand même accrocheur !

Par ailleurs, au rez de chaussée du Palais, le peintre avait accepté de réaliser une série de toiles en "décomposés" : en effet, il travaille en cascades, par couches successives, du plus foncé au plus clair, et sa toile finale fait souvent complètement disparaitre ce qu'il a peint au début. Même si vous n'avez pour l'art abstrait qu'une passion modérée, vous apprécierez, j'en suis certaine, cette chronologie d'un travail qui revient sur le motif pour le réinventer, le recréer de toutes pièces jusqu'à une version finale en général assez sobre. La version définitive est au centre, et, vous l'aurez deviné, la lecture "historique" se fait en partant du haut à gauche. J'ai, par rapport à la version présentée au Palais des Congrès, inversés quelques photos sur la fin, car cela me semblait plus cohérent.

Dans le même ordre d'idée, Kleip présentait plusieurs ensembles qu'on pourrait dire "didactiques", montrant sa façon de peindre et le cheminement de son processus créatif. Par exemple cet ensemble de 3 étapes, allant de la "mise en page" à l'oeuvre finale, en passant par des escales beaucoup plus sombres.

A l'étage, l'exposition proprement dite permettait de découvrir ses tonalités, chaudes et élégantes, sa partition, sensuelle et nuancée, et d'apprécier sa vision large et généreuse du temps et de l'espace. L'exposition est, jusqu'au 26 septembre, à l'Abbaye de Bonport, à Pont de l'Arche près de Rouen. Qui sait, peut-être passerez-vous par là, et vous penserez à Bon Sens de Déraison en la visitant ! Je ne sais si la partie "pédagogique" de l'exposition y figure aussi, mais c'est certainement une excellente idée pour permettre au poublic de mieux apprécier ces toiles contemporaines.

samedi 24 juillet 2010

ENSORCELANT

Un jeudi des églises romanes parmi tant d'autres : le Quatuor Bénaïm se produisait avant-hier à Saint Seurin d'Uzet. L'église est plutôt néo-romane que vraiment ancienne, presque entièrement reconstruite à la fin du XVIIème siècle par des artisans de talent. Leurs chapiteaux sont de belle facture quoique neufS, taillés avec vituosité sans que cela fasse le moins du monde "copie". Par contre, l'aménagement de l'église est très XIXème, époque à laquelle, une plaque en atteste, la commune fut consacrée au Sacré Coeur de Jésus. Ma voisine, accompagnée d'un ami allemand, lui faisait remarquer une rutilante statue de Jeanne d'Arc, lui expliquant que nous avions la particularité d'avoir une sainte soldat. Que son ami connaissait fort bien, tout germanique qu'il soit ! Quand on pense que certains de nos manuels d'histoire font encore l'impasse sur la petite bergère d'Orléans pour de sottes raisons idéologiques !
Quand on entre dans ce modeste bâtiment, à nef unique, l'impression de propre surprend. Les bancs sont neufs, la charpente est impeccable et les murs semblent chaulés de frais. En fait, en février de cette année, l'église a été envahie par plus de 50cm d'eau au moment de la tempête Xynthia, et comme partout en Charente Maritime, les édiles ont eu à coeur de tout remettre en état pour l'arrivée des touristes. Pari tenu et challenge réussi pour la municipalité de Saint Seurin qui nous accueillait avec faste.

Le quatuor Benaïm a été lauréat du concours de quatuors à cordes de Bordeaux en 2007, mais les têtes blanches ou grisonnantes qu'on a applaudit hier soir ne pouvait appartenir à cette formation primée ! En effet, je rappelle que le total des âges cumulés des 4 membres de l'ensemble ne doit pas dépasser 120 ans ! Seul subsiste de cette époque le fondateur,Yaïr Benaïm, premier violon. Se sont joints à lui une japonnaise, un géorgien à l'alto et un arménien au violoncelle.
Ils nous ont interprété du Haydn (le savoureux quatuor "L'Alouette" qui sonne comme un air printannier), le quatuor n°41 de Schumann, si impressionnant de gravité contenue, un mouvement de Schubert, et le très émouvant quatuor n°8 de Chostakovitch. Au total, une interprétation très sage, rendue un peu austère par l'excellente accoustique de l'église. On entend chaque instrument avec un relief étonnant, et aucun effet d'écho ne vient amplifier l'ensemble. Cela permet des élégances et des raffinements somptueux mais cela n'est pas "brillant".
J'ai trouvé qu'ils manquaient un peu de force dans l'Adagio de Schumann, un morceau qui peut vous arracher les tripes s'il est joué avec esprit. Par contre, je les ai trouvés bouleversants dans le Chostakovitch, un morceau écrit à Dresde dans les années 60, plaidoyé éloquent et presque optimiste contre les guerres et leurs horreurs. Impressionné par le spectacle de la ville dévastée, il dédia ce quatuor qu'il écrivit en trois jours, du 12 au 14 juillet 1960, « aux victimes de la guerre et du fascisme » — au nombre desquelles il se comptait au dire de sa fille Galina. En effet il reste volontairement vague et n'emploie pas l'expression victimes du nazisme, incluant ainsi en creux les victimes du stalinisme. Il aurait pensé aussi aux victimes des bombardements alliés auquel le morceau rend ainsi hommage.
« Je me suis dit qu’après ma mort personne sans doute ne composerait d’œuvre à ma mémoire. J’ai donc résolu d’en composer une moi-même… » « Le thème principal de ce quatuor sont les notes D. Es. C. H., c'est-à-dire mes initiales, et j'ai cité certaines de mes œuvres.» Un grand silence a suivi la fin de l'interprétation très sensible que nous en a donné le Quatuor Benaïm, et après des applaudissements nourris, ils se sont retirés sans bis, tant il était difficile d'ajouter quoi que ce soit à cette oeuvre poignante.

Discrète dédicace à qui saura se reconnaître : "Je suis de ouate et non sorcière"

Ce qui ne nous a pas empêché de déguster le cocktail de sorcière dont la teinte bleutée (qu'on verra sur la photo plus haut, en bas à gauche) aurait bien plu à notre Lulu préférée, séduisant mélange de Curaçao et de pamplemousse rose ! Car à la sortie de tous les jeudis romans, la municipalité régale ! Galette charentaise à l'appui...

jeudi 22 juillet 2010

PREMIERES FOIS

Dédicace à Enitram, qui a fêté son premier anniversaire avec Charlotte !!! La mienne s'appelle la Jassine, , Charlotte est en pierre, Jassine est en marbre... mais elles sont soeurs ! Jassine est la grande soeur, malheureusement !!! Bon anniversaire Enitram, une bougie, c'est aussi une première fois !

Il est des premières fois qu'on refuse de vivre comme telles... Soit parce qu'elles sont trop pénibles, comme des premières expériences douloureuses, le décès d'un être aimé, une rupture d'amour ou d'amitié, soit parce qu'on a tellement l'impression de les avoir déjà vécues qu'on ne remarque pas la nouveauté. Il est des premières fois qu'on attend et qu'on espère si intensément qu'on ne réalise pas, quand on les vit enfin, qu'elles n'avaient jamais existé auparavant. Ce sont toutes ces expériences qui nous ont faits adultes, du moins l'avons-nous cru quand elles sont enfin arrivées, notre premier chèque, notre première voiture, notre premier loyer, notre premier déménagement. En fait, elles n'avaient de saveur qu'en imagination, parce qu'on leur attribuait une valeur symbolique que les faits se sont empressés de démentir. Notre première matinée de travail, allez savoir pourquoi elle était espérée avec tant de fantasmes ! Pour le simple plaisir d'en ajouter 9659* autres ? Allons donc !
Et ces premières fois qui sont autant d'émotions que nous avons oubliées, goûtées trop jeunes, savourées trop tard... la première cigarette dont on aurait aimé ne jamais la fumer, notre premier baiser dont le parfum s'estompe perdu au milieu de tant d'autres, tellement plus ensorcelants, notre première maison, source de tant de désillusions, de travaux et d'ennuis... Pour certaines, elles se sont accompagnées de la honte de découvrir si tard, et nous avons eu grand soin de cacher notre ignorance et notre manque d'expérience sous une décontraction factice, pour ne pas montrer que c'était la première fois : roulant des mécaniques, jouant les blasés parce que nous avions l'impression d'être trop nuls de n'avoir jamais fait cela ! Ainsi ma première thalassothérapie, avec Koka qui avait réussi à me convaincre d'oser, où je me sentais si gauche de ne savoir où me diriger ni quelle attitude prendre !

Et puis surtout, il y a toutes celles dont on ne peut parvenir à piéger le souvenir, l'image : forcément elles existent, elles ont été suivies de tant d'autres ! Ma première séance de cinéma, quand était-ce donc ? Moderato Cantabile avec mes parents parce que le film avait été tourné à Libourne ? Ces pavés luisants de pluie, sombres et ombreux dans la ville pesante ? Les 101 Dalmatiens, avec mon frère ? Trop fière d'être invitée au cinéma par mon héros d'enfance, mon unique amour de jeunesse, ce sublime jeune homme qui me conduisait dans sa rutilante Dauphine ? Rutilante ? Plutôt un peu pourrie, mais qu'importe !! Le Guépard ou le Docteur Jivago, avec ma grand-mère ??? Dans un vieux ciné de Talence, aux fauteuils éculés, où nous allions dérider nos dimanches interminables ! Et mon premier opéra ? Avec Alter forcément, lui doit savoir lequel, mais pour moi cela reste confus. Ma première pièce de théâtre ? A Sarlat ce me semble, petite fille encore, et qui sait, peut-être Alter était-il parmi les figurants car il a pratiqué cet art divertissant et lucratif quand il avait 17 ou 18 ans... je pouvais très bien être sur les gradins alors, 12 ou 13 ans, éblouie par les feux de la rampe !
Enfin certaines premières fois n'ont pas de fin, elles restent toujours premières. Ainsi les élans du coeur qui nous font vierge à chaque nouvelle rencontre. Ainsi les naissances de nos enfants qui restent, chacune, unique et nouvelle. Ainsi les déceptions d'amitiés qui sont, à chaque fois, une découverte telle qu'on croyait ne les avoir jamais connues. Et les deuils qui nous fauchent toujours dans notre plus candide dénuement, incapables d'y faire face de meilleure façon au motif qu'on a l'expérience de ces déchirements. Il faudrait s'inventer une mémoire capable d'oublier pour recréer l'émotion, pour revivre toujours avec la même intensité les inventions de la vie. Il faudrait apprendre à vivre chaque instant comme un nouveau bonheur et se barder le coeur contre les calosités de la vie afin de les supporter plus sereinement !

* je me suis livrée à un savant mais incertain calcul (5 x 46 x 42) pour avancer ce nombre, somme toute pas si impressionnant que cela, de départs au travail !!!

PS si, dans vos commentaires, vous racontez, comme Idées Heureuses, une première fois, dites-moi si vous m'autorisez à regrouper ces commentaires dans un billet !

mercredi 21 juillet 2010

ETRANGE ANNIVERSAIRE


En fait, j'ai laissé passer la date ! Mon blog a fêté ses 3 ans il y a maintenant 5 jours. Le 16 juillet 2007, je me livrai à un drôle d'exercice. Je me lançais dans la sphère internet, pour recréer un peu les lambeaux d'un rêve que nous avions partagé intensément, et parfois douloureusement, avec Mandarine et Koka.

C'était presque 10 ans après la publication de notre premier journal familial, édité sur papier, bien classique et à diffusion limitée, longtemps après que nous eussions fêté le numéro 100 en grande pompe, avec tous nos lecteurs réunis autour d'un gateau de circonstance. Mais la dispersion des troupes avait fini par avoir raison de ce projet lancé par Alter un jour où nous fêtions son anniversaire. C'était début 98, il faisait un froid de loup, mais nous avions voulu marquer l'événement par quelque chose d'un peu inhabituel et étions partis avec flûtes, champagne et foie gras sur une aire de pique-nique au bord de la Seudre. Drôle d'idée, mais Alter qui fêtait ce jour-là ses 48 ans, fut comblé. Un camescope numérique, qui dort depuis longtemps dans un arrière placard, la traditionnelle tarte aux pommes d'Henriette, une merveille gustative que je mets quiconque au défi de réussir avec autant de simplicité évidente, et un livre de poèmes de Koka... déjà !!! intitulé "poèmes du fond du coeur".

Le ciel était de nuit
La nuit était de lune
La lune était de marbre
Le marbre était de sang
Le sang était de fleur
La fleur était de feu
Le feu était de bronze
Le bronze était de clé
La clé était de porte
La porte était du ciel.

Koka avait 11 ans, et elle réclame toute votre indulgence !!

C'était, cette semaine-là, la semaine de "la presse à l'école" et Alter, peut-être inspiré par les bulles, a voulu trouver une idée qui souligne notre volonté de suivre cette manifestation... C'est ainsi qu'est né le Petit ReNaudon. On reconnaitra dans le choix du titre la référence au grand ancêtre de la presse, Théophraste pour les intimes, et, pour ceux qui nous connaissent, le clin d'oeil familial. Tout le monde s'engageait à rédiger au moins un article pour ce journal qui devait avoir une périodicité mensuelle. Soucieuse de lui donner une dimension palpable, j'ai décidé de l'envoyer à quelques amis, afin de situer le propos de chacun dans la perspective d'un lectorat. A l'époque, internet était à l'état de balbutiements, les blogs n'existaient pas, cela semblait donc normal de faire un "journal papier" et de trouver des lecteurs. Le journal a vécu, adopté un rythme de publication plus serré, puis de nouveau plus lache : un par an à la fin !! Après la fête du numéro 100, 4 numéros ont péniblement vu le jour et le 105 est toujours resté inachevé. Nous faisions parfois des numéros sur un thème, ce qui facilitait le travail des troupes quand elles manquaient d'inspiration. Nous avions eu ainsi le thème de la carotte, pas forcément évident, ou d'autres tout aussi farfelus. Mandarine avait proposé dans le 104 un thème pour le numéro 105, chacun de nous s'engageant à faire un article sur le sujet imposé "les premières fois", et un appel à témoignage aurait pu nous permettre de compléter le journal.
Ce numéro 104, paru en avril 2006, fut le dernier de notre équipée journalistique familiale et l'invite de Mandarine resta sans lendemain ! C'est en souvenir de cette nostalgie que j'ai eu envie d'écrire à mes filles, et qu'est né Bon Sens et Déraison. Mon premier article était bizarre : je voulais leur raconter nos dernières vacances (il y était question tout à la fois d'un voyage en pénichette, d'un séjour en Avignon et d'une escapade parisienne). Mais, gênée par le caractère inversé du blog, j'avais tout publié le même jour, en remettant les événements dans l'ordre chronologique ! Cela donne un premier ensemble d'article publiés en ce 16 juillet 2007, particulièrement conséquent.
Pour fêter cet anniversaire, avec vous mes filles qui furent tellement pleines de bonne volonté pour suivre cette aventure d'écriture, je vous propose de suivre l'invite de Mandarine, cela pourrait vous inspirer qui sait !! Quant à moi, je tenterai d'y répondre sous peu !
La première fois où je suis allée au théâtre…
La première fois où je me suis épilée…
La première fois où j’ai joué au démineur sur l’ordinateur…
La première fois où j’ai mangé du caviar (bof !)…
La première fois où j’ai lu Le Monde…
La première fois (et la dernière !) où j’ai mis une minijupe…
La première fois où j’ai volé des bonbons…
La première fois où j’ai conduit une voiture…
La première fois où j’ai déménagé…
La première fois où j’ai embrassé un garçon…
La première fois où j’ai rêvé en italien…
La première fois où je suis allée chez le coiffeur…
La première fois où j’ai voté…
La première fois où je me suis vue Autre dans un miroir…
La première fois où j’ai dormi à même le sol…
La première fois où j’ai pleuré en écoutant une chanson…
La première fois où j’ai dansé la salsa...
La première fois où j’ai cru mourir…
La première fois où j’ai quitté l’Europe…
La première fois où j’ai appelé un serrurier…
La première fois où…
Peut-être devient-on vraiment adulte et sérieux lorsque l’on ne sait plus reconnaître les premières fois dans la routine du quotidien… mais lequel d’entre vous n’est pas capable de retrouver dans un recoin de sa mémoire un trésor de premières fois anodines ou magiques ? Alors creusez-vous les méninges : vous pouvez écrire trois lignes ou un roman, peu importe, nous publierons votre contribution dans le prochain numéro, intitulé, vous l’aurez compris… « Nos premières fois » !

Le discours de Fred pour le numéro 100. Une première fois ???

mardi 20 juillet 2010

SOCIOLOGIE DES BAINS DE MER


Cloitrés derrière nos avoines folles qui emplissent de rage ma voisine psy et nos oliviers improductifs, nous regardons s'écouler le flot des vacanciers qui "descendent" à la plage par l'allée du Clair de Lune. Des gens hier imbus d'eux-mêmes, plein de quant à soi et de respect humain défilent les bras chargés de bouées et de pelles, trainant parasol et glacière, les épaules déjà écarlates et le front suant. On ne peut s'empêcher de se demander ce qu'ils vont faire sur cette étendue de sable brûlant qui nous offre tout le reste de l'année de bien douces balades, les pieds dans l'eau, le nez dans les nuages, mais jamais l'envie d'y rester plus que le temps d'un bain quand vraiment le temps est trop chaud.
- Mais enfin, depuis plus de 5000 ans que l'homme déploie sa civilisation, il n'avait jamais pensé à pratiquer le bronzage et à rester de longues heures à griller sur une plage, c'est étrange quand même. Il dansait, il lançait des dés, il jouait de la musique... il a peint et sculpté très tôt, il a fait du sport, le théâtre n'est pas une invention récente, bref il pratiquait déjà toutes nos distractions... sauf celle-là.
- Je pense que les bains de mer sont liés à l'invention de l'oisiveté. Il faut bien peupler l'oisiveté, soit on s'installe comme dans Tchekov sous un tilleul pour parler en rond et avoir des croûtes à l'âme qu'on gratte complaisamment, soit on découvre les joies de la plage.
- Il ne faut pas exagérer, l'oisiveté n'est pas une innovation du XXème siècle, les petits nobliaux de l'Ancien Régime la pratiquaient déjà fort bien, et ils n'allaient pas rotir sur le sable pour autant.
- J'entends l'oisiveté comme contrepoint au travail, pas l'oisiveté comme état naturel. En tant que repos, elle doit être comblée, occupée, et rien de tel que cette activité simple et basique qui ne requiert aucun effort particulier. Et puis, il y a aussi l'apparition du plaisir de se dénuder, il y a un côté sexuel dans le besoin de bronzer, pour mettre son corps en valeur. Cela explique cette patience déployée pour obtenir une teinte appétissante à point, recto, verso, au prix de longs somnolements et d'un intarrissable ennui.
- Objectivement, ce n'est pas pire que le désoeuvrement à la Tchékov, cette espèce de lourde mélancolie, cette pesante langueur qui flétrit les heures de ceux qui ne peuvent rine faire d'autre que de la subir et de s'y vautrer l'âme et le corps.
Allez savoir pourquoi, cet échange a ensuite dévié sur les mérites opposés et s'excluant l'un l'autre, de la pitié et de la compassion. Mais ceci serait une autre conversation, et à tout dire, ne ferions-nous pas mieux, Alter et moi, d'aller participer à l'entreprise générale de hâlage plutôt que de parler en rond ainsi en contemplant les silhouettes qui s'ébattent au loin ???

lundi 19 juillet 2010

IMAGES EN DUO

Dernières impresssions, après des hordes de mots !
4 prises par l'un ...



 

5 prises par l'autre :






Certaines sont "signées" :




Les auteurs :



dimanche 18 juillet 2010

RETOUR AU BERCAIL

La fraicheur de notre estuaire, le calme relatif de nos côtes pourtant bien enfiévrées, la bonhommie des gens, la modestie du propos et le verbe beaucoup plus discret de ceux que nous croisons... Cela fait du bien de rentrer au bercail ! Alter à qui je racontais mon aversion pour cet air lourd, saturé de cigales, où chaque pas pèse une impression de brûlure et provoque une inévitable sensation d'étouffement, me demandait de lui raconter mon enfance...
Ces vacances solitaires dans un Marseille chauffé à blanc, cette impression d'ennui et d'abandon auprès de grands-parents qui travaillaient, me gavaient de mets enrichis de lipides indigestes ou me parlaient haut et fort des querelles de famille en cours, et de la liste fluctuante de nos ennemis du moment, cette tante capricieuse et autoritaire qui jouait à la poupée avec moi, tout cet univers que l'enfant que j'étais subissait sans y comprendre grand-chose ? Qu'en dire ? A part le parfum des navettes aromatisées à l'eau de fleur d'oranger et le bruissement des rideaux de perles quand on entrait dans la fraicheur des commerces endormis, aucun vrai souvenir de vie à lui décrire.
Plus tard, une grande histoire d'amitié qui ajoute à ces sensations celle d'une immense tristesse romantique, bienfaisante certes mais un peu exhaltée, des odeurs de résine et l'inexpugnable mépris du monde adulte qui s'offrait à nous, étalant sans vergogne ses préoccupations médiocres ou que nous jugions telles... Une magnifique chronique adolescente dont il n'est rien resté, sauf l'étonnement de la fragilité des rêves... Cela se dit-il avec des mots de tous les jours ? Mais cet immense malaise explique forcément cette impression d'oppression qui me saisit quand l'air devient méditérannéen et la sensation de délivrance que j'ai toujours éprouvée aux approches de l'Océan !

samedi 17 juillet 2010

SATANEE DERNIERE !!!


Il faut toujours un dernier spectacle en Avignon, et, allez savoir pourquoi, en général il est franchement mauvais !! Jeudi était notre dernier jour (car en fait ces "critiques" paraissent le lendemain, voire le surlendemain) et nous avions pour le choix des derniers spectacles, décidé d'aller au théâtre des Doms, juste à côté de notre chambre d'hôte, (plus simple pour les bagages) où l'on mange bien (sympa avant de prendre le train) et où, en principe, la qualité est au rendez-vous.



David Serge En visite au Futuroscope avec ses trois enfants, David apprend la mort de son père sur un lit d’hôpital. Une libération : un père insupportable. Excentrique et drôle. Absent mais envahissant. Bourré d'amour et de défauts.
Futuroscope, Judéoscope, Familloscope.
Ludique et violente, rythmée et émouvante, la parole galope d’un corps à l’autre, d’un père à l’autre, d’un fils à l’autre. De plongeoirs pourris en monstres tièdes, comment les mots du père font-ils de nous, à notre insu, ce que nous sommes ?

Une vraie merveille que ces "langues paternelles" : le texte est riche, sensible, bouleversant de vérité et il nous touche en plein dans le mille : parent, enfant, toutes nos facettes sont mises à mal et on adhère à chaque détour inattendu des mots de Daniel Schneidermann, alias David Serge. Un texte dense et complexe, plein de nos constradictions et de nos angoisses, transmuhées en paroles incantatoires pour dépasser la peur, mettre le rire sur la honte et enfin accéder à l'âge d'adulte. Clopin clopan, petitement, mais sûrement. Il faut tant d'années pour se remettre de ses parents, et tant aussi pour se remettre aussi de ses enfants ! Vous pouvez sans doute lire le livre, et c'est sans doute ce que je ferai... encore que ! J'ai adoré la pièce, mais finalement je crois qu'en ce qui me concerne, j'ai vraiment viré ma cutie en tant qu'enfant et réglé à peu près tous mes comptes avec mes parents ! Alors je ne sais pas trop si j'ai envie de me replonger dans les affres de l'adultitude ! Vous pouvez aussi aller sur le blog de Daniel Schneidermann dont le nom ne m'impressionne pas plus que celui de David Serge, avec ma manie de n'avoir pas la télévision ! Ce qui fait que je n'étais pas au courant de la geste de ce livre. La petite histoire veut que David Serge n'ait expédié que quatre exemplaires anonymement à des éditeurs. L’un d’eux, Robert Laffont, y répond favorablement, ne demandant que quelques modifications de pure forme au manuscrit. La numéro deux de l’éditeur (Nicole Lattès semble-t-il) s'occupe personnellement du lancement de l'ouvrage. La mise en place est de 12000 exemplaires (contre 2000 habituellement au livre d'un débutant).
Peu après la sortie du livre, il obtient une critique dithyrambique dans "Le Nouvel Observateur", dirigé alors par Laurent Joffrin, vieille connaissance de Daniel Schneidermann et accessoirement son patron au journal Libération. L'écrivain et critique littéraire Pierre Assouline évoque Kafka et Paul Auster dans son article "Qui est David Serge" paru dans l’hebdomadaire du 2 février 2006. Un joli conte de fée que cette brève tentative d'anonymat, pour être jugé sur pièce et non sur sa réputation. Certains ont le grand mérite de ne pas s'y être trompés.
Si vous êtes à Avignon, n'hésitez pas à aller voir ce moment magnifique de théâtre : les trois jeunes acteurs sont bourrés de talent, drôles, sincères, efficaces en diable. La mise en scène qui, selon la tendance qui se fait jour actuellement, délègue à l'un ce qu'est censé dire l'autre, pourtant présent sur scène à ses côtés, crée une sorte de récit indirect à voix multiples, changeantes et pleines de nos contradictions personnelles. Ce spectacle, tout de mots enrichis, mots dits et mots écrits, est particulèrement réussi. Je ne sais ce qu'en pense l'auteur, mais le texte semble ici admirablement servi et c'est une des réussites du Festival.
 


13 tableaux d’une terrible aventure. Huit «grands» enfants vont tenter de reconstruire un bout de société, au milieu de cette île déserte où leur avion s’est écrasé…
Nature paradisiaque ou hostile? Solidarité du groupe ou violence tribale? Peur de l’inconnu ou bonheur d’une liberté absolue? Ces jeunes Robinsons, anti-héros barbares, mettent à mal le mythe de l’innocence enfantine et montrent la fragilité de la civilisation! Juste huit comédiens dans une boîte noire, sans décor, qui s’interpellent, chantent, s’affrontent, se rassurent…

A quelques minutes près, nous n'avons pas tenu jusqu'à la fin. A force de bailler, de m'ennuyer, de me tortiller sur mon siège j'ai préféré lever le camp. Alter m'a suivie, Koka est restée jusqu'à la fin, ce qui nous a permis de savoir comment se termine ce spectacle loufoque et sans intérêt. Le plus étonnnant est que les acteurs jouent remarquablement bien, que la mise en scène est de très bonne qualité, bien rythmée, bien enlevée, bref tout pour plaire. Sauf que le texte est plus creux que creux, plus vide que vide. Rien, pas de texte, un prétexte trop léger pour faire un spectacle digne de ce nom. Tant et si bien que ce qui, au départ, semblait léger et drôle devient vite assommant et terriblement lassant. Il faut sans doute que le dernier spectacle que l'on voit à Avignon soit raté pour n'avoir aucun regret de partir !


Quelques précisions en guise de conclusion pour répondre à certains commentaires: ces articles sont publiés juste après avoir vu le spectacle, mais avec un jour ou deux de décalage (ce qui explique que j'ai vu à 20h ce que je publie à 19h35... cela a été vu la veille !). La partie en italique est le simple copié-collé de la présentation du programme du Off, ce qui m'a décidé à aller voir le spectacle et résume en général au plus près l'intention de la troupe ! La photo est prise pendant le spectacle, en général de loin et le plus discrètement possible, c'est à dire sans flash et en faisant attention de ne pas casser le texte ou l'ambiance par ces éclairs rouges qui tentent de cerner le sujet dans le noir !! ce qui explique la mauvaise qualité de ces photos. Quant au choix parmi les 1000 spectacles du Off, il se fait avant le départ, en triant sur les noms d'auteur... Allez savoir pourquoi, le premier nom que je cherche est toujours Montherlant !! Que je ne trouve d'ailleurs jamais. Après avoir cherché Giraudoux, Corneille, Anouilh et tous les autres, je prends la liste des spectacles par noms d'auteur, et je regarde ceux susceptibles de m'inspirer. Avec méfiance toutefois, car les adaptations de textes littéraires ne sont pas du théâtre ! Il faut beaucoup talent pour les rendre intéressants sur scène. Enfin je fais un dernier tri sur les salles, les lieux où, les années précédentes j'ai vu des spectacles de qualité. Il est des salles que je préfère éviter, pour y avoir eu de nombreuses déceptions, il est des salles où je vais voir des spectacles dont je ne connais ni l'auteur, ni la troupe, et dont le sujet a priori ne me dit pas grand chose : parce que j'ai confiance dans la programmation du lieu. Ainsi les Doms (et, parfois, je me plante !!!), le Grenier à Sel, la Caserne des Pompiers etc... Je crois que le choix de la salle est primordial à Avignon. Ensuite, il faut faire de la logistique, lieu, heure, temps de déplacement etc... En revanche, j'évite en général découter les rumeurs de files d'attente, ou de suivre les conseils dispensés par les acteurs en fin de spectacle. J'ai eu en la matière trop de vautrages, car allez savoir pourquoi, il n'est rien de plus difficile à partager que des goûts !
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