samedi 10 mars 2012

LUX IN ARCANA : CURIOSITES

Suite de Lux in Arcana
Au long des vitrines de Lux in Arcana, quelques curiosités qui ont retenu mon attention.

Le livre le plus lourd !! 60 kg avec ses couvertures de bois. Il faut deux hommes pour le porter en salle d'étude lorsqu'un chercheur veut le consulter ! Donné aux archives vaticanes par la famille Borghese au début du XXème, ce livre fait partie d'un ensemble de registres comptables et financiers qui sont, vous l'imaginez, une source précieuse de renseignements sur la vie administrative des princes romains. 


La terre, pour accomplir un cycle complet autour du soleil met 365 jours, 5 heures, 48 minutes et 46 secondes. Le calendrier établi par César avait déjà eu l'idée une année bissextile tous les 4 ans, mais la dérive entre temps calendaire et temps solaire s'était considérablement creusée en un millénaire et demi. Pour une simple différence d'arrondi (365,25 jours dans le calendrier julien, 365,24219 dans le ciel) le décalage s'était alourdi d'une dizaine de jours. C'est ainsi que l'équinoxe de printemps au XVIème au lieu d'avoir lieu le 21 mars se retrouvait aux alentours du 10 mars. Comme la fête de Pâques est fixée justement en fonction de la lune précédent cette équinoxe, l'église s'est émue du problème qui repoussait Pâques en hiver. C'est Grégoire XIII qui a mis ses savants sur la question. Les détails techniques sont plutôt complexes, mais le plus spectaculaire est qu'il en résulta  la suppression en 1582 de 10 jours : cette année-là, dans la nuit du 4 octobre, on passa directement au 15 du même mois ! C'est la nuit que "choisit" Sainte Catherine d'Avila pour mourir : résultat des courses, elle est fêtée le 15, alors qu'elle est morte le 4 !


Enfin du SECRET !! La correspondance papale avec ses nonces et ses cardinaux était souvent cryptée, les systèmes de codage étant plus ou moins complexes selon les époques et les manies des papes concernés par ces courriers. Le Vatican a conservé les grilles de lecture de ces missives et l'exposition en montre quelques unes. Certaines, comme celle de Leo Battista Alberti sont restées fameuses à cause de leur complexité et de leur ingéniosité.


Pour écrire point besoin d'une plume d'oie : un héron ou un cygne pouvaient très bien faire l'affaire ! Mieux, le Moyen Age préférait les plumes de pélican blanc, à cause du diamètre et de la dureté de son calame. Et contrairement à ce que l'on représente souvent, les barbes de la plume étaient en grande partie supprimées, pour rendre l'usage de l'instrument plus aisé. Avant utilisation, on trempait la plume dans du sable ou des cendres chaudes pour enlever les traces grasses de l'animal, puis on taillait la pointe selon diverses formes pour obtenir les effets scripturaux désirés : en pointe, en arrondi, plate ... Ensuite, il fallait souvent "raffuter" sa plume : on raconte que les "écrivains" travaillaient avec un canif dans la main gauche pour entretenir au mieux leur outil ! On pouvait en effet avoir à le retailler jusqu'à 60 fois dans la journée !


C'est fou ce que peuvent subir les livres ! L'eau, la chaleur, la poussière, le feu, les insectes, les bactéries... certains sont percés de trous gros comme le poing faits par des termites, d'autres "mangés" par des champignons ou des rats, quand ils ne sont pas troués par des balles. Plus insidieux, le sable qui s'est glissé dans de nombreux documents manuscrits et dont on trouve des quantités impressionnantes dans les archives vaticanes. Du sable ?? Et oui, celui qu'on utilisait pour sécher l'encre après l'écriture ! Sable qu'on nettoie avec des pinceaux de martre pour éviter d'abimer le support. Après le sable, la boue !! Celle dont les archives avignonnaises sont arrivées souillées après leur transport peu précautionneux depuis l'ancienne cité des Papes a donné bien du fil à retordre aux restaurateurs : elle contenait des larves d'insectes, des spores de champignons, des bactéries et mille joyeusetés qui prouvaient qu'elles n'avaient pas été conservées dans des conditions optimum !!

A gauche, un livre qui a souffert du feu et en dessous sa restauration... ceux de droite on été dévorés par des méchants grignoteurs !!

Et que faire quand vos précieux manuscrits ont flotté dans l'eau ?? Si cela vous arrive, on vous conseille de "congeler les livres car cela empêche l'eau de diluer l'encre et les micro-organismes de se propager, puis dans un deuxième temps de lyophiliser l'eau, la faisant passer de l'état solide à celui de gaz, évitant qu'elle n'abîme les livres". Alors pour restaurer les livres ce sont chimistes, biologistes, spécialistes de la littérature ou artisans habiles à relier les livres à l'ancienne, qui se côtoient pour reconstruire les pages en papier ou en parchemin et recoller les miniatures des vieux manuscrits. Ils utilisent des microscopes électroniques à rayons X, mais aussi des poinçons, de vielles presses ou des instruments spéciaux pour "vieillir" artificiellement le papier. Pour élaborer les encres nécessaires aux reconstructions, ils utilisent les recettes médiévales pour retrouver les couleurs. Ainsi, en examinant les manuscrits de la Mer Morte, on a découvert une encre fabriquée, entre autre, avec du sang. Sachant que le livre n'aime ni bouger, ni voyager car il s'adapte à son environnement, fut-il mauvais mais "déteste" les changements, il a fallu mettre au point des méthodes de protection des livres restaurés. Car la vocation d'un livre est tout de même d'être lu et consulté ! A cet égard, la numérisation est certainement un outil précieux pour permettre au plus grand nombre de profiter des richesses anciennes sans avoir peur de les abimer.


7 commentaires:

  1. Bonsoir Michelaise. C'est triste de voir des livres dans un état pareil... La vidéo que tu proposes est très courte mais j'ai vu il y a peu de temps un film qui présentait les différentes étapes de la restauration d'un livre. C'est un travail énorme d'amour et de patience... J'ai été emballée par le professionnalisme des restaurateurs...
    Le livre énorme que tu nous montres est impressionnant mais d'un autre côté comme il parle de comptabilité cela ne peut être que du lourd... ;-)
    J'ai beaucoup aimé toutes les infos que tu donnes sur l'écriture... Passionnant !

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    1. En effet c'est beau à voir le travail de restauration !
      Quant à la compta, forcément, ça pèse ! Il parait d'ailleurs que ce sont des sources inépuisables de renseignement ces "bouquins" !!
      Merci de ton passage toujours attentif Oxy

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  2. passionnant cet article...merci
    (josette)

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    1. Merci Josette, la vie des livres est forcément passionnante !

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  3. J'ai lu je crois dans Le Monde que la numérisation des archives secrètes du Vatican était en marche?
    Est-ce moi qui ai mal compris
    Cela pourrait donc vraiment dire que c'est une occasion unique de voir ces trésors
    J'ai trouvé par hasard cet article que j'ai trouvé assez pertinent quant à la culture de masse!

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    1. Oui oui la numérisation des documents du Vatican a démarré et ce sera en effet passionnant. C'est fou ce qu'on peut voir grâce à ces numérisations, une vie n'y suffira pas !
      Juste remarque en effet de l'Osservatore romano quant aux intentions de cette expo !

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  4. Tu as fait à Rome de bien belles moissons, des pâtes aux incunables!

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