jeudi 3 mai 2012

LE 10 ÈME ART


Et voilà… notre dixième muse a pris forme, je devrais dire "formes" car vous avez eu de l’imagination !!
Il y a les « classiques », la muse du design proposée par Lulu, la muse de « l’art universel ou mélange des genres », proposée par Anne... post-moderne selon Marie-Josée : foin des classifications et des mises en cases !!
Josette vote pour « la séduction qui est l'art de plaire », « pas la séduction physique … j'ai été séduite par ... des peintres, des écrivains, des compositeurs, des chanteurs, des jardiniers etc… »  Mais elle rebondit aussi sur la proposition de Danielle d'Album Vénitien « un art qui me plait et que je pratique trop souvent celui de ne rien faire, l'art de rêver, une évasion gratuite. Merci les blogs ! ». Car Danielle avait proposé de choisir pour dixième muse celle de la « paresse », au sens noble du terme : « Moi... j'opterais pour l'art de ne rien faire... car ne rien faire avec une certaine intelligence relève bien du grand Art...:-)))) ». Non sans avoir brocardé au passage « l’art de parler pour ne rien dire ! », très en cour par les temps qui courent !!! Rejoignant en cela le petit débat engagé avec Siù qui proposait « l’art de la conversation », à condition bien sûr que ce ne soit pas « un blablabla aussi bien excessif que stérile... ».
Siù qui soutient volontiers Danielle, des "Merveilles" quand cette dernière propose  l’art du cœur : « Le grand art, le très grand art, qui ne passe ni avant ni après les autres, mais avec, c'est celui du cœur, car alors comment faire pour reconnaître ce qui est beau, grand, émouvant, sensible, humain, époustouflant... et consternant, sans cet art premier, donné à tous, à volonté... ». Plus loin, Danielle précise : « l'art de tenir la main à son voisin quand il vous raconte son chagrin, j'ai vérifié pas plus tard que ce matin, ça marche, rudement bien, mais ça dure moins longtemps que la peinture à l'huile. » Et dans le « clan du cœur », on retrouve Alba, qui renchérit « L´art de faire plaisir qui se joint en fait à l´art du cœur de Danielle»


 Petit montage réalisé à partir des photos trouvées sur ce blog dans l'article "l'art de ne rien faire à Don Det"

Enitram, soucieuse d’aller à l’essentiel, nous propose à son tour « Tout simplement l'art de vivre ! Un résumé en quelque sorte ! ». Un dixième art que décrit fort bien Siù, qui hésite entre « l'art de la CONVERSATION, l'art de la CUISINE et l'art des JARDINS : j'ai un penchant pour tous les trois, même si je ne pratique activement que le premier »... après s’être adjugée muse de l’art de ne rien faire, puisqu’elle s’en dit « en toute modestie... championne planétaire » !!
Et c’est dans les arts cités par Siu que se trouve mon propre dixième art, cité sans le nommer par Marie Josée qui, au passage, couronne la Muse qui devrait le représenter « M'est idée que l'art auquel tu penses a sa Muse parmi notre petite communauté... On utilise effectivement souvent le terme d'art avec l'adjectif qui le désigne, il est aussi ancien que l'humanité, mais il n'a peut-être pas été intégré dans la liste rendant compte d'arts qui, contrairement à celui que je propose, ont longtemps été masculins puisque les femmes furent exclues du savoir nécessaire à leur réalisation très longtemps, ce qui n'est pas le cas de celui autour duquel je tourne... Ai-je bien deviné? Le cas échéant, il faudrait le placer en tête de liste, car il est la condition nécessaire à l'achèvement des autres. ».
La Muse dont parle Marie-Josée, serait en l’espèce Aloïs, et l’art en question, qu'elle a bien deviné, est « l’art culinaire ».


Autant dire la gastronomie. Pas uniquement la gastronomie française qui fut distinguée au patrimoine mondial immatériel de l'Unesco (tout comme la mexicaine *!!). Toutes les gastronomies, et Dieu sait qu'elles sont variées... voyez les passions qu'elles déchainent et, avec quelle ardeur les écrivains, non contents d'en faire des "sommes" indépendantes**, se lancent dans "l'à-coté" culinaire dès lors qu'ils lancent des "séries". C'est un peu Simenon qui a lancé la mode, avec les "Recettes de Madame Maigret" collationnées en 74 par Courtine et aujourd'hui épuisées. D'autres ont suivi, comme Dona Leon avec son  Brunetti passe à table. Plus fréquent sont ceux qui se contentent d'émailler leurs ouvrages de détails "croustillants" et parfois exotiques, comme Jean-François Parot dans sa série des Nicolas Le Floch, Qiu Xiao Long qui nous révèle tous les mystères de la cuisine de Shangaï, Camilleri qui ne nous épargne aucun secret des gourmandises auxquelles succombe Montalbano, ou Lenormand dans ses enquêtes du Juge Ti dont une est carrément consacrée à la cuisine chinoise au VIIème siècle à la cour impériale chinoise. Ouvrages qui ont le mérite de nous révéler des recettes inédites, d'origine lointaine ou étrangère et dont la simple lecture stimule grandement l'imagination.



Car c'est bien cela qui fait de la gastronomie un Art, elle nous fait rêver, nous évader et transformer une nécessité de survie en un plaisir des sens que tous peuvent apprécier, et dont on peut jouir sans réserve. Révélatrice des goûts et de la culture de chaque civilisation, porteuse d'évasion et d'invention permanente, construite sur les bases fournies par les anciens, sans cesse revue et corrigées par les modernes, requérant un savoir qu'il faut transcender pour évoluer et être créatif, elle me semble obéir parfaitement à la définition d'un Art. Un art qui, au départ est un artisanat et qui, le talent et l'inventivité aidant, devient, interprété par certains, "autre chose", avec ce petit rien en plus qui fait qu'on est séduit !


Un Art qui, en outre, fédère, réunit, s'accompagne de rituels et de partages. Cette caractéristique en ferait un de ceux pour lesquels le "spectateur", devenu en l'espèce "dégustateur", serait le plus impliqué, le plus apte à apprécier dans sa chair les accords de saveurs, les nuances de préparation, les harmonies entre mets et boissons d'accompagnement, la présentation des mets, voire la qualité du service.
De plus, on ne peut nier qu'il y ait, dans certains exercices culinaires, une inspiration véritablement esthétique. Le chef cherche, tâtonne, met en scène ses ingrédients, invente des alliances qui en font parfois des chefs d’œuvres pour les sens, et pas seulement la vue. Un art donc, qui a le mérite de solliciter plusieurs sens, et non des moindres ! Même l'ouïe est stimulée avec le craquant, le croustillant, le bouillonnant : on aime de plus en plus vous réserver une surprise de dernière minute au moment du service qui vous émoustille !***


Et comme je vous le disais, élever la gastronomie au rang d'Art n'a rien de bien révolutionnaire : les siècles passés ont déjà pratiqué cette approche : ainsi le XVIIème, qui codifia le "Service à la française", fut une époque bénie pour les présentations savantes et les harmonies audacieuses. L'historique de ces pratiques seraient trop long à vous faire et quelque peu pédant, autant vous renvoyer vers un site qui en propose un tout à fait sérieux. On peut m'objecter le caractère éphémère des "œuvres" concoctées, ou leur dégustation limitée à un cercle d'initiés. Pour autant les recettes se transmettent, s'interprètent, circulent et rentrent dans le patrimoine commun. Et l'invention du "restaurant" a permis de démocratiser les "petits soupers" ! Quant au côté immatériel de cet art, c'est forcément ce qui en fait la richesse. Il ne nous reste plus qu'à déguster un autre livre, lui aussi épuisé, "La cuisine considérée comme un des beaux-arts - livre de chevet de la maîtresse de maison" aux éditions du tambourinaire (1951) !! L'art au chevet de la maitresse de maison, quelle jolie perspective n'est-ce pas ?


* à ce propos, connaissez-vous la guerre franco-mexicaine qui fit de grands dégâts ?? non non, je ne parle des derniers avatars culturels qui furent la conséquence déroutante de la querelle concernant la libération de Madame Cassez. Je parle de la "guerre de la pâtisserie" qui opposa en 1838 la France au Mexique, indépendant depuis peu. Le 4 septembre de cette année-là, "une pâtisserie tenue, à Mexico, par un ressortissant français fut mise à sac au cours d’affrontements faisant suite à une élection contestée... Mis au courant par le pâtissier en question, le roi des Français Louis-Philippe 1er demanda réparation au gouvernement mexicain et exigea le versement de plus de 600.000 pesos. Face au refus catégorique du Mexique de payer la moindre compensation, la France passa à l’acte en l’attaquant militairement." 
** Je pense bien sûr à Brillat-Savarin (1755-1826) ce célèbre épicurien (au sens proprement philosophique du terme) dont la publication la plus célèbre, Physiologie du goût, fut éditée sans nom d'auteur en décembre 1825... au Cuisinier Durand, ouvrage qui constitue l'un des premiers livres de cuisine publié en 1830 par un... avocat (Charles Durand (1766-1854)... au fin gastronome que fut Alexandre Dumas (1802-1870), qui, avec son Grand Dictionnaire de cuisine, nous a laissé un  glossaire d'ingrédients (épices, légumes, animaux), plats, desserts et plus de trois mille recettes. Et pas question d'oublier dans cette liste de "classiques" le terrible angevin Curnonsky, (1872-1956), proclamé prince des gastronomes, pour sa plus grande gloire !
*** sur le site de l'Aquarelle, restaurant à Breuillet, allez sur la page "la cuisine" (rond jaune) et regardez le "veau fumée"

19 commentaires:

  1. J'avais donc bien deviné! Remarque, je n'avais pas besoin d'enfiler ma tenue de Sherlock Holmes, car les billets gourmands que tu intercales entre tes billets artistiques étaient un indice plus gros que la Tour Eiffel pour identifier Paris ou celle de St-Nicolas pour La Rochelle...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah mais !!! je vois, Marie-Josée, que tu deviens experte en tours de chez nous !!! Tu es mûre pour venir les découvrir bien vite ...

      Supprimer
    2. Il faut surtout remercier Des racines et des ailes pour mes connaissances récentes au sujet de La Rochelle ;0)C'est l'une des rares émissions de TV5 qui ne soit pas axée sur le cirque, les vedettes de variétés ou autre divertissements insipides... Aloïs a, comme toujours, raison en matière de télévision, et la mienne finira bientôt au fond d'un placard!

      Supprimer
    3. L'émission que l'on cite pour justifier la télé !! je ne l'ai vu qu'une fois, sur Naples, et j'ai trouvé que c'était un peu long, je me suis endormie (pas l'habitude !!) et pas si documenté que cela. Je pense que c'est une excellente émission quand on ne connait pas un endroit. Mais bon, de là à trouver une place pour une télé dans la maison, jamais !!!

      Supprimer
  2. du grand art ...mais éphémère devant l'ogresse que je suis ,-))
    la gastronomie au rang de l'opéra,tous les sens sont convoqués: on admire, on écoute, on sent,on déguste...et on peut toucher !
    à bientôt
    (josette)

    RépondreSupprimer
  3. Oui, du grand art, c'est vrai, mais éphémère, comme le land art du grand art aussi...

    Malheureusement ce grand art m'est interdit luttant à la fois contre le gras, le sucre et le sel... par contre tous les autres arts ne font pas progresser ma balance et, mes médecins et moi en sommes très satisfaits :-))) Ah ! la rabat-joie !! L'art culinaire comme tu le dis Michelaise est consacré depuis longtemps, il fait partie des richesses du monde... Je me souviens d'une soupe verte comme un jardin qui me donna tant de bonheur au Cambodge, assise dans un petit resto de trottoir, presque au raz de la chaussée, dans les bruits des moteurs des deux roues... Quel souvenir ! Quelles saveurs !

    Je t'embrasse fort et vous touteségalement. du grand art aussi la meneuse de jeu :-)))) Merci à toi, re-bises...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh pas besoin de gras ou de sucre, tu as raison les saveurs simples sont encore les plus artistiques... seule l'absence de sel pose problème car il en faut pour relever les saveurs
      Bon app Danielle !!

      Supprimer
  4. Enfin, je ne résiste pas et dois pousser un... cri final : le mot "ART" est féminin ! qu'il s'agisse du premier ou du dixième, en passant par tous les autres... du moins pour nous les Italiens (et les Allemands aussi d'ailleurs), ouf... (tout aussi l'air et le dimanche, alors que la dent, impossible de se tromper comme ça... c'est masculin !)
    :-))

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je vais en aviser qui de droit (je parle de la dent !!!) et vive l'art au féminin (au passage, mes billets sur la peinture eu féminin, écrits il y a quelques temps, sont régulièrement consultés : cela me fait chaud au coeur

      Supprimer
    2. Est-ce qu'on dit chez vous aussi :
      "fuori IL dente, fuori il dolore" ?
      (dédié à qui de droit...)

      Supprimer
    3. Non cela ne me dit rien... on dit bêtement "un enfant, une dent", ou "avoir une dent contre quelqu'un", "mentir comme un arracheur de dent" et tant d'autres que j'ignore !!

      Supprimer
  5. L'art culinaire a depuis longtemps conquis ses lettres de noblesse auprès des personnalités les plus érudites. Accordons-lui volontiers un triomphe mérité!
    Bonne fin de semaine, Michelaise!
    Anne

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il s'agit bien, en effet, de lettres de noblesse !

      Supprimer
  6. L' Art culinaire, bien sûr,qui est à lui seul recherche, découverte, accueil, attention aux autres, partage, savoir-faire...et en un seul mot: générosité.Car on ne pratique pas cet art gourmand et gourmet en solo..pour soi, mais bien pour tous ceux qui viendront s'asseoir autour de la table .

    Et "l' Art du billet"' à quelle muse l'attribuerons-nous...;-)
    Bon week-end..sous le soleil?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Générosité, quel plaisir que de "faire à manger" pour ceux que l'on aime !! L'accueil aussi, la gourmandise enfin, tu as tout dit Danielle !
      Et merci pour ton dernier petit trait sur l'art du billet, c'est adorable !! soleil oui oui

      Supprimer
  7. Sympathique de retrouver ces visages !
    Bon week end.

    RépondreSupprimer
  8. Cela ne fait que trois fois que je tente ma chance .
    Aller sur les blogs en ce moment relève du miracle dans une région où la connexion est de type sicilien
    Le Gentilhomme me débauche et je rentre fourbue le soir dans notre havre où la connexion assez convenable est monopolisée pour compte-rendu et résultats via la fédé!
    Il s'en passe des choses derrière mon dos
    Merci à vous Marie Josée de m'élever au rang de muse de l'art culinaire
    Cuisiner a toujours été un jeu pour moi et le partage de mes inventions un plaisir
    Je pourrais publier presque chaque jour!
    Je ne suis pas tout à fait d'accord avec Danielle on peut cuisiner sans gras sans sucre et sans sel il suffit de compenser avec d'autres ingrédients comme les herbes pour remplacer le sel
    C'est ce que je fais ,je ne dis pas que je ne sale pas mais je sale très très peu à cause du Gentilhomme ,pour dire une douzaine d'huîtres non rincées suffit à lui donner une poussée de tension!
    C'est dire si il est habitué à peu de sel

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Salut à notre Muse donc
      Cuisiner, surtout pour ceux que l'on aime, est une belle façon de parager.
      Quant au sel, il est heureux qu'il existe des moyens d'atténuer le désagrément de ne pouvoir en user, mais il est vrai qu'utilisé avec douceur, il apporte un petit plus qui excité les papilles !

      Supprimer
  9. C'est un peu vrai Françoise... Mais rien ne remplace le sel aussi bien que le sel...

    Bises du soir

    RépondreSupprimer

Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :
1) Écrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessus
2) Si vous avez un compte, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante Commentaire
Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL

3) Vous pouvez, en cliquant sur le lien S'abonner par e-mail, être assuré d'être avisé en cas d'une réponse
4) Enfin cliquer sur Publier

Le message sera publié après modération.

Voilà : c'est fait.
Et d'avance, MERCI !!!!