C'est à Chaumont sur Loire, et c'est tous les ans ! Tant et si bien que c'est déjà la 21ème édition du Festival des Jardins du Domaine de Chaumont sur Loire, un festival que nous avions envie de voir depuis des années, et que nous avons découvert avec tout le reste du Domaine, avec beaucoup de curiosité. Une journée entière est nécessaire pour tout voir : le château, les parcs, les expositions d'art contemporain, les installations permanentes et le Festival. Le thème de l'année était "le Jardin des délices, jardin des délires", et, pour le coup, les inventions fusaient ferme dans ces 26 parcelles attribuées à des paysagistes, parfumeurs, architectes, urbanistes, cuisiniers etc !!! Parfois un peu gratuits, mais souvent poétiques, toujours inventifs, on découvre ces jardins dans un labyrinthe vert, surplombant la Loire et le château en échappée, et c'est un vrai bonheur !
Je ne vais certes pas tous vous les présenter, certains sont ratés, d'autres pas photogéniques, et puis, si vous avez envie d'y aller, il faut bien vous réserver quelques surprises, cela dure jusqu'à fin octobre 2012. J'en ai donc retenu quelques uns parmi mes préférés.
Le plus poétique : "Le jardin Bijou" (Loulou de La Falaise, créatrice de bijoux, France)
Un écrin de verdure, précieux et sophistiqué, constitue un tapis végétal délicat sur lequel se déoucpe une fontaine aux perles scintillantes.
Composé de plantes robustes et fleurissant jusqu’à l’automne, le jardin déploie un tapis
végétal à l’aspect moiré mettant en valeur ses fleurs aux couleurs d'améthyste, de lapis lazuli, de perles et de corail. Et l'on peut y faire halte auprès de la fontaine qui murmure :
« Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j’aime avec fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière. »
(« Les Bijoux », extrait « Les Fleurs du Mal », Charles Baudelaire).
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j’aime avec fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière. »
(« Les Bijoux », extrait « Les Fleurs du Mal », Charles Baudelaire).
Le plus surprenant : « Le calendrier des sept lunes » (Régine Charvet
Pello et son équipe, designer, Alix de Saint-Venant paysagiste, Marc de
Ferrière Le Vayer, professeur et Xavier Matthias, maraîcher bio, France)
Le Festival dure sept lunes ! Sept cycles à parcourir
pour épouser calmement le passage du temps. A chacun des croissants de ces sept
lunes, une surprise apparait. Cachées dans 28 cabinets des curiosités, on
découvrira peu à peu durant toute la saison, quelques étrangetés de la nature, comme
les griffes du diable, un cocofesse, une éponge végétale, une courge du Siam
et tant d’autres merveilles inattendues.
Le plus "nature" : « Emeraude » (Oudir et Joineau, architectes,
Geffroy, paysagistes, France)
Un monde lontain, inaccessible, autour duquel on tourne sans
pouvoir y pénétrer… La clé n’est peut-être pas là où on le croyait ! Une
fois la porte franchie, on bute sur un mur en pisé, lisse. Au-dessus, un monde
végétal miniaturisé… où est le jardin ? Là-haut, impénétrable, mais
débordant de plantes majestueuses et se laissant deviner, désirer. Impression
de mystère et pourtant de luxuriance, on chemine entre ces murs de terre, entre
des planches inégales et, au loin, le château de Chaumont nous invente un autre monde.
Le plus odoriférant : "Toi et Moi, une rencontre" (Nicolas Degennes et
Francis Kurkdjian, et les parfums Givenchy)
Des invités au Festival des Jardins qui ne viennent pas du
monde du jardin : ils laissent libre cours à leur imagination et on leur
donne carte verte ! Dans ce jardin féérique, tout de noir et de rouge
vêtu, la fontaine embaume. Sur le seuil, trois ardoises verticales, comme des totems
noirs, obstruent le passage et laissent diffuser entre leurs failles la douce
lumière de l’intérieur. Un chemin de bitume contraste avec un désert de
paillettes de mica aux reflets noirs, quelques rochers sombres et une explosion
de fleurs blanches… Surgissant sur ce sol volcanique improbable, 4 arbres
majestueux se dressent, tout de rouge vêtus et aux branches desquels fleurissent
des messages amoureux ! Enfin, cachée au fond de ce monde mystérieux, une
fontaine parfumée, miroir limpide agité par le jaillissement d’un jet plein d’arômes,
invite à la halte et à l’assouvissement des sens ! On se perd dans ces
effluves délicats, sous le bruissement de bambous noirs.
Le jardin des renards rouges » (Susan Frye,
architecte et paysagiste, Katya Crawford et Veree Parker Simons, enseignants en
architecture, Nouveau Mexique, États-Unis)
On franchit, pour entrer, un odorant rideau de plantes
grimpantes, et au loin, le jardin, énigmatique et prenant, décline la sauge et
le chardon. Un bassin de nénuphar, qu’on franchit pas une passerelle de bois,
invite à la promenade. Pourtant, au loin, le danger rôde : les renards
sont maîtres des lieux. Amis ou ennemis ? On se sent guetté et pourtant en
sécurité, émotions contradictoires et ambivalentes.
Le plus "coquin" : "Le jardin des délires délicieux" (Guillaume
Vigan, paysagiste et Alexandre Granger, architecte et urbaniste ; France)
Jardin des sens, du plaisir et du désir : une vaste
chambre à coucher dans laquelle on pénètre en traversant un verger de pommiers,
aux fruits bien rouges. Au centre, un lit à baldaquin, déposé sur un socle de
roses rouges, invitation au repos, à la méditation et à la rencontre amoureuse.
Autour, la vigne vierge court, la végétation est généreuse, sensuelle, tous nos
sens sont en éveil.
Le plus drôle "Liberté, égalité, fraternité" de Sim FLEMONS et John WARLAND, paysagistes, Royaume-Uni
Le plus simple est de vous livrer exactement l'intention des concepteurs : Après des années de soulèvements, la communauté des nains de jardin
ne peut plus supporter son extermination. Arrachés à leur tranquille
existence souterraine, marginalisés par la société horticole
traditionnelle, dérobés par des fronts de libération mal inspirés et
moqués par des jardiniers élitistes, ils engagent la révolte. Les nains de jardin mènent leur propre révolte, en quête de liberté, d’égalité et de fraternité. Leurs revendications sont simples :
- Tous les nains de jardin ont leur propre beauté
- Tous les nains de jardin remplissent un rôle esthétique utile dans la société horticole
- Tous les nains de jardin ont droit à la quiétude d’un logis souterrain
- Les nains de jardin exigent la fin de leur soumission horticole contemporaine
« Hasta la victoria siempre! »
Et pour finir, mon coup de coeur : le rêve vert et fou que Jean-Philippe Poirée-Ville : l’ombre du Château.
C'est une immense liane, une spirale végétale reliant l’architecture à la nature et qui se balance doucement au dessus du parc du château. Son concepteur, Jean-Philippe Poirée-Ville a mis au point un procédé qui permet de créer cette audacieuse structure végétalisée, aux lignes entrelacée, suspendue entre ciel et terre. Elle dessine des entrelacs,
pareils à l’interminable ruban que déroulerait une princesse. Les courbes de la "sculpture" végétale s'opposent à la rigueur toute géométrique du superbe château classique.
Le jardin des parfums aurait ma préférence, et "l'ombre du château" me plaît aussi beaucoup. On vous suit avec grand plaisir tout au long de cette promenade poétique que vous avez l'art de nous présenter. Merci, Michelaise!
RépondreSupprimerIl faut avouer, Anne, que le parfum c'est surprenant ! J'ai aussi beaucoup aimé les murs de pisé. Et puis, il y a d'autres, vous n'êtes pas très loin Anne !
SupprimerVoila un vrai reportage. Superbe. Un rêve ce voyage et donc pas encore réalisé mais cela viendra bien un jour !!!
RépondreSupprimerUn rêve assez facile à réaliser mais il faut trouver le temps n'est-ce pas Robert ?
SupprimerQuel plaisir ce reportage ! voilà une manifestation où j'ai très envie d'aller et ce ne sont pas tes photos qui vont m'en dissuader !!! il me semble que j'aime particulièrement le jardin des parfumeurs et celui des renards rouges... mais j'imagine que dans chacun il y a une idée à retenir , une vision à adopter, une fantaisie à s'approprier... merci pour ce partage... je vais rêver encore un peu plus!
RépondreSupprimerJ'avoue que c'est plus décoratif que jardinier, je veux dire catherine, qu'on y rêve mais on n'y trouve pas vraiment d'idées... mais je ne suis pas forcément très en quête d'idées, donc j'ai "musardé"
SupprimerQuoique ta première photo à bien y regarder... hummm il est magnifique celui-là aussi!!!
RépondreSupprimerTu n'as plus qu'à y aller, donc !
SupprimerWouhhhhhhhh Michelaise ...!!!! Mais comment fais-tu pour "pondre "régulièrement des articles d'une telle longueur et d'une telle densité... Je suis comme mes courgettes ou mes tomates cerises moi... je mûris lentement et parfois je n'aboutis à rien...
RépondreSupprimerEn tout cas, je n'ai pas le cerveau assez clair pour te lire ce soir. Je reviendrai donc découvrir cette belle page demain.
Bon dimanche à toi.
Peu à lire ici, Oxy, plutôt à regarder, et avoir, en principe, envie d'aller à Chaumont ! Tu es déjà tellement occupée pauvre Oxy...
SupprimerEt bien meme moi, qui n'ai ni de travail ni de jardin, je souscris le "comment fais-tu..?" d'Oxy, car il est indéniable que d'etre si prolifique, à un si haut niveau, ce n'est vraiment pas chose courante...
RépondreSupprimerEt quant à monsieur Alter, qui complète si bien le tableau, heureusement que ce jour-là il ne portait pas de chemise sur un ton de rose, si non il en aurait été presque englouti..!
Monsieur Alter, justement, j'ai hésité à le mettre car, précisément, sa chemise jure un peu, mais bon, fallait bien la jouer passion passion !
SupprimerJe suis enthousiasmée par cette visite guidée.
RépondreSupprimerPar ce que j'ai vu et par le ton "Michelaisien" de l'affaire : sérieux et plein d'humour!
Bon dimanche.
Merci Miss, c'est agréable comme concept ce Festival de jardins, même si, fondamentalement, c'est surtout la porte ouverte à l'inventivité, plus qu'à des progrès horticoles !
SupprimerAvec ce temps incertain du printemps je n'y suis encore pas allée cette année, il y a l'air d'avoir de belles trouvailles, l'ombre du château en particulier me plait beaucoup!
RépondreSupprimerAh oui, l'Ombre du Château, c'est vraiment le jardin de demain, encore plus surprenant que les murs de verdure, le jardin qui se balance doucement au vent, sur fond de Loire et d'architecture, superbe
SupprimerUne très belle visite ! Mais j'aime les jardins un peu sauvages...
RépondreSupprimerCelui que je préfère ici, c'est le jardin des renards rouges !
Dans le genre jardin sauvage, mais faussement domestiqué, mon préféré reste Emeraude, cette végétation folle qui dégringole de murs de pisé, sages et droits !!
SupprimerSuperbe-magnifique !Tu as vraiment le don de nous emballer avec art !
RépondreSupprimerDu coup ça me donne furieusement envie de retourner à Chaumont que j'avais un peu délaissé...
Bises du matin Michelaise.
Eh eh, Danielle, j'ai pensé à toi en faisant mon reportage, je me suis dit qu'il fallait que tu y fasses un saut cet été !! qui sait ?
SupprimerLe thème était donc le délire cette année?
RépondreSupprimerIl y a quelques années le thème était "les jardins ont de la mémoire" et il y avait entre autres jardins "Le mémorial de Tulse Luper"!!!
Il y a une jolie vidéo sur le site de l'INA
Et cette année, c'était prévu pour la Déraison de Michelaise, même si parfois certains jardins sont un peu ratés, cela reste toujours très évocateur. Merci pour la vidéo
SupprimerÇa y est ! J'ai fait ma promenade au milieu de ces jardins aussi fous qu'étonnants... Mes préférés : le premier si fleuri, le "nature" et ses murs, si sobre, le rouge et ardoise si graphique et enfin le dernier avec cette liane particulièrement étonnante et photogénique.
RépondreSupprimerLe château a l'air beau lui aussi et offre un cadre superbe pour ce festival.
Merci d'avoir partagé avec nous cette sortie originale.
Même si il y avait peut-être plus à regarder qu'à lire aujourd'hui, je maintiens mon admiration pour la qualité de tes articles et leur belle documentation. Tu as une capacité de réalisation vraiment extraordinaire.
J'ai l'impression que le travail te fond dans les mains. Tout le contraire du moi... ;-)
Tu comprendras donc aisément mon admiration...
Bonne semaine à toi Michelaise :-)
Oxy je suis confuse, mais j'oublie vite et je prends tes compliments avec naturel : j'aime tellement faire ces billets ! Quant aux jardins, tu as cité tous ceux que je préfère !!
SupprimerUn régal, encore une fois. Et que les photos sont belles!
RépondreSupprimerMerci Noune, quant aux photos, c'est sans mérite, d'autant qu'il faisait bien gris : ce sont les jardins qui sont beaux !
SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerGénial ! je ne sais pas si il y aura de nouvelles éditions de *Lausanne jardins *. En tous cas je trouve très ludique de laisser s'exprimer des artistes *jardiniers* hors norme. Un plaisir des yeux différent.
RépondreSupprimerje découvre avec joie l'edition de cette année .. magnifique serpent végétal! merci..
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