mercredi 21 juillet 2010

ETRANGE ANNIVERSAIRE


En fait, j'ai laissé passer la date ! Mon blog a fêté ses 3 ans il y a maintenant 5 jours. Le 16 juillet 2007, je me livrai à un drôle d'exercice. Je me lançais dans la sphère internet, pour recréer un peu les lambeaux d'un rêve que nous avions partagé intensément, et parfois douloureusement, avec Mandarine et Koka.

C'était presque 10 ans après la publication de notre premier journal familial, édité sur papier, bien classique et à diffusion limitée, longtemps après que nous eussions fêté le numéro 100 en grande pompe, avec tous nos lecteurs réunis autour d'un gateau de circonstance. Mais la dispersion des troupes avait fini par avoir raison de ce projet lancé par Alter un jour où nous fêtions son anniversaire. C'était début 98, il faisait un froid de loup, mais nous avions voulu marquer l'événement par quelque chose d'un peu inhabituel et étions partis avec flûtes, champagne et foie gras sur une aire de pique-nique au bord de la Seudre. Drôle d'idée, mais Alter qui fêtait ce jour-là ses 48 ans, fut comblé. Un camescope numérique, qui dort depuis longtemps dans un arrière placard, la traditionnelle tarte aux pommes d'Henriette, une merveille gustative que je mets quiconque au défi de réussir avec autant de simplicité évidente, et un livre de poèmes de Koka... déjà !!! intitulé "poèmes du fond du coeur".

Le ciel était de nuit
La nuit était de lune
La lune était de marbre
Le marbre était de sang
Le sang était de fleur
La fleur était de feu
Le feu était de bronze
Le bronze était de clé
La clé était de porte
La porte était du ciel.

Koka avait 11 ans, et elle réclame toute votre indulgence !!

C'était, cette semaine-là, la semaine de "la presse à l'école" et Alter, peut-être inspiré par les bulles, a voulu trouver une idée qui souligne notre volonté de suivre cette manifestation... C'est ainsi qu'est né le Petit ReNaudon. On reconnaitra dans le choix du titre la référence au grand ancêtre de la presse, Théophraste pour les intimes, et, pour ceux qui nous connaissent, le clin d'oeil familial. Tout le monde s'engageait à rédiger au moins un article pour ce journal qui devait avoir une périodicité mensuelle. Soucieuse de lui donner une dimension palpable, j'ai décidé de l'envoyer à quelques amis, afin de situer le propos de chacun dans la perspective d'un lectorat. A l'époque, internet était à l'état de balbutiements, les blogs n'existaient pas, cela semblait donc normal de faire un "journal papier" et de trouver des lecteurs. Le journal a vécu, adopté un rythme de publication plus serré, puis de nouveau plus lache : un par an à la fin !! Après la fête du numéro 100, 4 numéros ont péniblement vu le jour et le 105 est toujours resté inachevé. Nous faisions parfois des numéros sur un thème, ce qui facilitait le travail des troupes quand elles manquaient d'inspiration. Nous avions eu ainsi le thème de la carotte, pas forcément évident, ou d'autres tout aussi farfelus. Mandarine avait proposé dans le 104 un thème pour le numéro 105, chacun de nous s'engageant à faire un article sur le sujet imposé "les premières fois", et un appel à témoignage aurait pu nous permettre de compléter le journal.
Ce numéro 104, paru en avril 2006, fut le dernier de notre équipée journalistique familiale et l'invite de Mandarine resta sans lendemain ! C'est en souvenir de cette nostalgie que j'ai eu envie d'écrire à mes filles, et qu'est né Bon Sens et Déraison. Mon premier article était bizarre : je voulais leur raconter nos dernières vacances (il y était question tout à la fois d'un voyage en pénichette, d'un séjour en Avignon et d'une escapade parisienne). Mais, gênée par le caractère inversé du blog, j'avais tout publié le même jour, en remettant les événements dans l'ordre chronologique ! Cela donne un premier ensemble d'article publiés en ce 16 juillet 2007, particulièrement conséquent.
Pour fêter cet anniversaire, avec vous mes filles qui furent tellement pleines de bonne volonté pour suivre cette aventure d'écriture, je vous propose de suivre l'invite de Mandarine, cela pourrait vous inspirer qui sait !! Quant à moi, je tenterai d'y répondre sous peu !
La première fois où je suis allée au théâtre…
La première fois où je me suis épilée…
La première fois où j’ai joué au démineur sur l’ordinateur…
La première fois où j’ai mangé du caviar (bof !)…
La première fois où j’ai lu Le Monde…
La première fois (et la dernière !) où j’ai mis une minijupe…
La première fois où j’ai volé des bonbons…
La première fois où j’ai conduit une voiture…
La première fois où j’ai déménagé…
La première fois où j’ai embrassé un garçon…
La première fois où j’ai rêvé en italien…
La première fois où je suis allée chez le coiffeur…
La première fois où j’ai voté…
La première fois où je me suis vue Autre dans un miroir…
La première fois où j’ai dormi à même le sol…
La première fois où j’ai pleuré en écoutant une chanson…
La première fois où j’ai dansé la salsa...
La première fois où j’ai cru mourir…
La première fois où j’ai quitté l’Europe…
La première fois où j’ai appelé un serrurier…
La première fois où…
Peut-être devient-on vraiment adulte et sérieux lorsque l’on ne sait plus reconnaître les premières fois dans la routine du quotidien… mais lequel d’entre vous n’est pas capable de retrouver dans un recoin de sa mémoire un trésor de premières fois anodines ou magiques ? Alors creusez-vous les méninges : vous pouvez écrire trois lignes ou un roman, peu importe, nous publierons votre contribution dans le prochain numéro, intitulé, vous l’aurez compris… « Nos premières fois » !

Le discours de Fred pour le numéro 100. Une première fois ???

11 commentaires:

  1. Bravo!!! Trois bougies déjà! Une belle motivation familiale de départ et du papier à l'ordinateur tu as su continuer avec bonheur ce blog!!!
    J'ai fêté le premier anniversaire du mien le 11 juillet, je t'invite à regarder ce billet car j'aimerai que tu y laisse un petit com car tu as été parmi mes premiers lecteurs...
    A bientôt et bonne continuation!

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  2. La première fois ... et la dernière fois où j'ai décidé de voler un parapluie...
    Nous avions tous dans la famille des parapluies que nous utilisions très peu ici dans le sud, j'avais cassé ma tire-lire pour en offrir un à ma maman pour sa fête. Je m'en souviens encore, doublé, avec des impressions de roses en camaïeu, le dessus étant couleur chocolat, la poignée se dévissant, allez savoir pourquoi, mais quelle poignée, en métal doré et ciselé! Le grand chic. Tout pour plaire à une maman difficile.
    Je n'avais pas beaucoup d'argent de poche et j'avais économisé toute l'année. Malheureusement ce parapluie que j'avais offert fut substitué très peu de temps après dans un magasin par une personne qui avait du le trouver fort joli.

    Quelques temps après nous allâmes faire un petit voyage à Paris..quel périple, 1000km, traverser la France, on mettait du temps, c'était un grand déplacement. L'Aventure!
    Il ne faisait pas beau, du crachin, de la pluie intermittente, et je décide qu'il me faut récupérer à mon tour un parapluie... quelle idée?
    Le courage me manque à plusieurs reprises, puis je me prends au jeu affreux de celle qui va commettre son larcin!
    Arrivée dans une petite commune aux alentours de la capitale où nous étions invités à passer la journée chez des amis, nous sommes conviés à chercher avec eux...un matelas. Pas très séduisant comme passe-temps, pourquoi ne pas en profiter pour mener à terme mon projet de parapluie...
    Et me voilà à observer les clients susceptibles d'avoir laissé leur bien dans le seau de l'entrée de ce grand magasin; il y a le choix, des noirs en quantité, Oh!mais ce petit bleu, qu'il est mignon, avec des fleurs.. en plus il se plie, c'est une invention encore récente -il y a de cela pas mal de temps-et me voilà substituant subrepticement l'objet avec discrétion, sortant du magasin comme si de rien n'était. Oui, pas mal, sur le moment, sans état d'âme, après tout me dis je dans ma petite tête de linotte pour me réconforter, il est arrivé la même chose à celui de ma maman.
    Mais ce que je n'avais pas du tout prévu, imaginé, c'est cette forte pluie qui nous surprend, violente, soutenue, et bien entendu impossible d'ouvrir ce "pépin" trop voyant,trop reconnaissable... si jamais je croisais les personnes à qui il appartenait, le centre commercial de cette petite cité n'est pas bien grand.
    Quelle affaire!
    A l'usage je me suis vite rendue compte qu'il ne fonctionnait pas bien ce "pébroc", ne se pliant pas comme il le devait, les baleines étant très flexibles. Très mauvais plan.

    Depuis des parapluies j'en ai acheté beaucoup même ici dans le sud, il y en a deux ou trois dans la voiture, autant dans la maison, des bleus, des noirs, des rouges, des tous petits, des plus grands, des encombrants, de ceux qu'on vous ramène de Florence ou que vous avez acheté à Venise,bref une vraie panoplie, mais pas couleur chocolat, ni avec des fleurs bleues. J'en ai pas mal perdus également, je ne sais où. Peu importe.
    Mais lorsqu'il pleut, et cela arrive de plus en plus souvent, j'adore les oublier, ne craignant pas l'eau qui ruisselle sur ma chevelure et arrose mon visage. Quel bonheur!
    Encore une réaction...

    J'aurais pu mal tourner!!!!

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  3. Bonjour, Michelaise.
    Merci beaucoup pour ce partage intime , qui sent si bon la fraîcheur du souvenir...
    Partage si intime que je fus tenté d'en abandonner la lecture...
    Mais , puisque, maintenant, tes souvenirs sont dans le domaine publique...
    J'y retrouve naturellement à la fois la poésie ( je découvre la précocité du talent de ta fille ),l'humour toujours souriant mais quelquefois désabusé de l'intellectuelle que tu es et cette aisance qui devient vite séduction.
    Les premières fois...
    Il y a tant de premières fois.
    Mais, ce qui me gêne, aujourd'hui, c'est qu'elles appartiennent plus au passé qu'au présent...
    Donc , grâce à toi, je vais m'exercer à créer une première fois chaque jour...
    Voilà.
    Merci beaucoup et pour tout.
    Je t'embrasse.

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  4. Herbert, quel optimisme tout d'un coup... tu as raison pourant quand tu regrettes que nos premières fois soient si anciennes... et c'est vrai qu'il faudrait en inventer une chaque jour, mais cela semble un peu une gageure !
    Martine, Idées Heureuses, elle est géniale ta première rapine !!! aurais-je le droit de reproduire ton commentaire (et celui d'Herbert) dans un billet de récapitulation des premières fois de mes lecteurs, s'il y en avait d'autres ce serait sympa !!
    Martine, Enitram, alors tu l'as eu ta première fois, celle à tu as fête l'anniversaire numéro 1 du blog !!! je vais voir cela de ce pas !

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  5. Pourquoi pas, tu l'illustres avec un joli modèle de parapluie...
    Au fait bon anniversaire j'étais tellement dans mon histoire que j'ai oublié les bougies et le champagne.
    Tu as gardé celles d'Alter, tu sais celles qui ne s'éteignent jamais?

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  6. Bon anniversaire Michelaise et bravo pour ce dynamisme à toute épreuve (je ne sais pas où tu trouves la force) dont tu fais preuve chaque jour! Les photos du pique-nique polaire sont très émouvantes et donnent beaucoup de relief à ton billet. Je n'avais jamais fait le lien entre le titre de ton blog et l'ancêtre Théophraste, mais l'inflexion de Renaudot en Renaudon y est certainement pour quelque chose...
    J'ai bien songé à des "premières fois", mais je ne sais pas si elles pourront t'intéresser. En vrac, je te propose "la première fois que j'ai lu Balzac" ou "la première fois que j'ai vu Cecilia"... Mais si c'est trop prévisible comme idée, je peux remplir la case "la première fois que j'ai voté" ou "la première fois que je suis allé à Venise"... Tu me diras ce que tu préfères!

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  7. Ça se précise, si GF s'ajoute, ça ne sera pas mal!!
    J'aurais du faire "la première fois que je suis montée sur le toit de l'Opéra Garnier....n'est ce pas GF?

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  8. J'arrive toujours trop tard pour les anniversaires et je suppose qu'il n'y a plus de gâteau, le mien aura 6 ans à Noël, attendons pour souffler les bougies.

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  9. Oui, en effet Martine, c'eût été une idée et cela m'aurait rappelé de bons souvenirs, mais je t'assure que j'ai eu beaucoup de plaisir avec ta première fois à toi, si drôle et si inattendue!

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  10. Michelaise, pardon d'insister, je vois sur ton blog que tu attends le récit de ma première fois, mais tu n'as pas répondu à mes suggestions de "premières fois". J'ai dû t'en proposer quatre ou cinq, mais j'attends toujours ta réponse pour enclencher l'écriture...

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  11. Le croiras-tu, mais la première fois que j’ai mis les pieds à Venise, je n’ai eu aucun plaisir ! C’était il y a dix ans, à la fin du mois de juin. J’avais voyagé en train de nuit et Danielle (des Merveilles) était venue me chercher à la gare Santa Lucia. Il faisait beau et chaud – si beau d’ailleurs qu’on ne pourra guère expliquer ma déception, comme celle de Balzac, par cette « pluie torrentielle » qui avait accueilli le grand écrivain et qui lui faisait dire qu’elle était « peu agréable pour un Parisien qui jouit, les deux tiers de l’année, de cette mante de brouillards et de cette tunique de pluie ». Mon sort aura été tout autre : le ciel était d’un bleu limpide, les géraniums rouge écarlate, les crépis des maisons fraîchement repeints, le clapotis de l’eau absolument délicieux… Bref, tout aurait pu continuer pour le mieux dans le meilleur des monde possibles si, partout autour de moi, des milliers de badauds ne s’étaient pas eux aussi donné le mot. Au milieu de tous ces touristes dont, il faut bien le reconnaître, je grossissais moi aussi les rangs, déjà bien épais comme ça, on se serait cru à la foire du Trône. J’avais l’impression d’être tombé dans un traquenard, de patauger dans une marmelade de gens qui ne parlaient que français, anglais, espagnol, allemand, tant et si bien qu’au bout d’une journée, j’étais devenu nostalgique de Rome, une ville pourtant cosmopolite, mais dont les limites, largement plus étendues, ont pour effet de diminuer mécaniquement la densité de population.

    Il a fallu je crois trois jours à Balzac pour qu’il change complètement d’avis sur « la belle Venise » et pour que le retour du beau temps lui offre le loisir de contempler « le plus beau ciel d’Italie ». C’est à peu près ce qu’il m’a fallu, à moi aussi, pour m’acclimater à cette ruche de touristes qui bourdonnait dans tous les sens. Deux jours pendant lesquels, au milieu d’un vaporetto bondé, ou d’une gelateria prise d’assaut, je n’arrêtais pas de me répéter en moi-même : « quel endroit cauchemardesque » ! Venise inflige un coup terrible à tous ceux qui pensent qu’ils seront les seuls à venir se recueillir sur la tombe de Monteverdi ou percer le mystère de La Tempête, le chef-d’œuvre de Giorgione. Il faut l’admettre, nous ne sommes pas seuls, et Venise est trop petit pour tous ceux qui l’aiment d’un aussi grand amour ! Il a fallu toute la patience de Danielle pour infléchir ma position. Elle m’a entraîné dans des endroits secrets et déserts de Venise comme ceux qu’AnnaLivia, dans ses Carnets vénitiens, a à cœur de nous faire découvrir. J’ai alors découvert des jardins insolites, des campos habités par des chats indolents, et comme Tadzio, je pouvais marcher longtemps dans les rues du Dorsoduro sans croiser absolument personne. Très vite, mon scepticisme a cédé le pas à un enthousiasme sans limite. J’étais heureux chaque fois que j’entrais dans une église, je les trouvais plus belles que toutes celles de Rome, et paradoxalement assez peu fréquentées, alors que chacune d’entre elles recèle pourtant un Bellini, un Titien, un Véronèse, un Tintoret, quand ce ne sont pas deux ou plusieurs. À l’Accademia, j’étais tellement hypnotisé devant les Madone de Bellini, la monumentale Présentation de la Vierge au temple ou encore la vie et le martyre de Sainte Ursule que le pinceau de Carpaccio a si magistralement restitués, que je ne voyais plus les gens qui se pressaient autour de moi. En même temps, je dois avouer que je ne comprenais pas grand-chose aux scènes sacrées qui s’engageaient sous mes yeux et que cela me frustrait un tant soit peu. Je me suis alors juré de revenir à Venise admirer tous ces chefs-d’œuvre qu’après avoir progressé dans la peinture religieuse et la connaissance des saints et, effectivement, ce n’est qu’après avoir lu La Légende dorée (et m’en être délecté) que je me suis décidé à reprendre des billets de train pour un second séjour à Venise qui, fort heureusement, ne fut pas le dernier.

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