Le 4 août, Xénia Maliarevitch a joué Marine de Cécile Chaminade. Cette pièce, de 1887, développe avec virtuosité de nombreux motifs, fluides et poétiques. Inspirée par un texte de Jean Richepin, elle décline hardiment de délicats effets aux accents cristallins ou sauvages :
O Reine, ô Mer, j'irai ! Sur tes vagues, en elles,
J'ai passé bien des jours et bien de nuits rêvant,
Pour tâcher d'entrevoir les splendeurs éternelles
Des symboles cachés sous ton voile mouvant,
Miroir incessamment agité qui reflètes
Les tourbillons sans but de l'univers vivant.
Le lendemain à midi, c’était le récital de Lydia Jardon, consacré aux préludes de Chopin. Préposée à la garde de la porte afin que les retardataires entrent discrètement, et pour éviter que les touristes, il était midi, n’envahissent les lieux en palabrant, je n’ai malheureusement eu qu’une version un peu éloignée du concert. Un concert « habité » si j’en crois les réactions du public subjugué, totalement sous le charme. Je laisse donc la parole à Alter qui ne s’est pas encore remis de son enthousiasme. « Une technique souveraine, fabuleuse, une virtuosité bluffante servant le texte avec un immense respect. Je n’avais pas la partition, mais je suis certain que tout y était, à la lettre, à la virgule. Allié à ce panache, où rien n’était gratuit ni affecté, Lydia ajoute une puissance, une sensibilité musicale hors norme. La générosité de son interprétation n’a d’égale que l’intensité de l’émotion qu’elle procure à ceux qui l’écoutent ».
Un peu triste de n’avoir entendu ces préludes qu’à travers les bruits de la rue mais j’avais eu l’immense chance d’entendre Lydia au calme, seule spectatrice dans l’église désertée, lors de la répétition de la veille.
Le soir un quintette à vent (hautbois, clarinette, cor et basson) nous a joué du Mozart, sans doute pas le meilleur morceau du compositeur, et l’opus 16 en mi bémol majeur de Beethoven, beaucoup plus inspiré. Le 3ème mouvement a particulièrement emporté l’adhésion du public.
Ici, la répétition d'Elane Filonova, avec son fils qui l'accompagnait sagement ! Aimera-t-il la musique ce petit, ou en sera-t-il dégoûté à vie, malgré le talent de sa maman pour la faire apprécier aux autres enfants ???
Encore un concert de midi aujourd’hui, destiné aux enfants. La pianiste, Elena Filonova, a bien sûr joué des pièces faciles de Chaminade (conte de fée, valse mignonne, aubade, rigaudon et bien d’autres) mais pas mal de compositeurs russes. Elle a expliqué longuement aux enfants la particularité des morceaux qu’elle allait interpréter. Des pièces qui doivent être faciles pour être jouées et appréciées par eux, dont le titre et les sonorités évoquent leur univers et leurs préoccupations. Mais qui doivent aussi leur permettre de progresser grâce à des difficultés techniques pas trop évidentes, pour ne pas les rebuter.
Et son anecdote concernant les Danses de Poupées de Chostakovitch était touchant. Petite fille, elle devait avoir 6 ou 7 ans, elle fut conduite par son professeur de piano auprès du maître malade, qui était venu se faire opérer la main dans la ville où elle résidait. Impressionnée, elle entra dans la chambre du compositeur, souffrant, alité, tout petit selon elle dans son lit d’hôpital. Dès qu’il la vit, son visage s’illumina, et immédiatement il lui demanda de se mettre au piano et de jouer ces pièces de poupées pour lui. Il lui expliqua longuement que pour écrire ces morceaux, il avait tenté de se mettre à la place des poupées, tout le monde sachant que, dès que la nuit tombe, les jouets peuvent enfin mener leur vraie vie de jouet. Et bien sûr, qu’ils font la fête et dansent à n’en plus finir. Un souvenir qu’elle évoquait avec une grande émotion.
Oh, qu'elle est belle et émouvante cette histoire de poupées ! Enfin j'espère que vous ne vous lasserez pas de tous ces concerts d'ici la fin du séjour !
RépondreSupprimerBon week-end !
Une bien belle histoire que celles des Danses de Poupées de Chostakovitch...
RépondreSupprimerAnne
Waouh, Michelaise, j'avais plusieurs billets de retard, pour cause d'évasion sur une île (aussi!) et de concerts...
RépondreSupprimerDes comptes rendus intéressants, comme tu sais les écrire avec une verbe reconnaissable entre toutes,de femmes, de musiques, en somme de femmes musiciennnes...
Vous avez donc passé un séjour inoubliable, merci de nous faire partager cette belle parenthèse musicale.
Ce soir, pour nous, c'était un concert avec les motets de Bach...
A bientôt
Bonjour, Michelaise.
RépondreSupprimerJe nage dans le bonheur...
Oui.
Je dis bien :je nage dans le bonheur.
Merci beaucoup.
Je t'embrasse.
A te lire c'est une prestation qui frise la perfection dans le texte et la musique. Sans oublier cette histoire de petite fille.
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerDe retour d'Ouessant, je lis enfin ce blog et je regarde les photos magnifiques.
Je ne suis pas tout à fait d'accord avec le commentaire sur le quintette de Mozart : Wolfgang a écrit à son papa "je le tiens pour ce que j'ai encore fait de mieux dans ma vie". Philippe Sollers écrit à son sujet "Voici de nouveau la cabane d'enfance en forêt, le bateau, la table d'orientation, la rose des vents, les quatre coins du temps. Le cor est un cœur, le basson le là-bas du son, le hautbois une futaie, la clarinette une clairière. le piano va piano et pianissimo, c'est un membre comme un autre de la confrérie dusouffle."
Bien amicalement,
Guy
Oh non Koka, on ne s'est pas lassé, rien que du bonheur jusqu'à la fin !
RépondreSupprimerMerci à tous de votre intérêt, et ravie de vous avoir intéressés
Guy, vos références sont incontestables et il me faut donc faire amende honorable, peut-être est-ce moi qui n'était pas dispo pour l'écoute à ce moment-là... j'ai été un peu déçue par Mozart que j'adore, mais je réécouterai ce quintette avec plus d'attention à la prochaine occasion. Merci de votre visite ! Et à l'an prochain à Ouessant ???!!!