dimanche 29 août 2010

QUAND J'AI DINE AVEC SEGOLENE

Des Daltons en folie dont les drapeaux indiscrets soufflaient au buteur le sens du vent, aux spectateurs envahissant sans contrainte le terrain après le match, l’ambiance était pour le moins bon enfant.

J’ai ENFIN compris pourquoi Alter n’aime pas trop aller voir les matchs de rugby en direct. Vous le savez sans doute, si vous êtes assidus de Bon Sens et Déraison ou simplement si vous vous intéressez au rugby, la nouvelle de la saison c’est que La Rochelle est monté(e ?). Pour les non-initiés, je m’explique : le club de rugby de La Rochelle qui était, avec un succès certain depuis quelques années, en Pro D2 a, la saison dernière, fait partie des deux clubs sélectionnés pour accéder au fin du fin du rugby, j’entends le Top 14. Chaque année, deux clubs « montent » remplaçant deux malheureux relégués qui « descendent » ! Il paraît, c’est Marc qui le dit, donc l’info doit être fiable, que l’aventure dure rarement plus d’une année, les « montants » étant depuis quelques années inéluctablement les éliminés de la saison suivante. Autant dire que, pour La Rochelle, le challenge, ce n’est pas le bouclier de Brennus (l’horrible récompense accordée en grande pompe à l’heureux gagnant du Top 14, brandi comme un trophée magnifique par les joueurs en folie le jour de la finale, qui galopent en tour de piste triomphal sous les vivats de la foule en délire), mais bel et bien d’essayer de rester dans les 14 meilleurs.

Donc, ayant la chance cette année d’avoir à portée de roue des matchs prestigieux, et comme ce sont encore plus ou moins les vacances, j’avais réservé des places pour le match La Rochelle Bourgoin Jallieu. Faut dire que le stade Marcel Déflandres, petit poucet du championnat puisqu’il affiche entre autres handicaps le plus petit budget, a élargi pour l’occasion sa capacité d’accueil à 12000 places, ce qui vous laisse imaginer l’allure conviviale du lieu, coincé entre des HLM de la banlieue rochelaise. Du coup, vu la petite jauge, il est hors de question d’aller voir des matchs prestigieux contre Toulouse, Toulon ou Clermont. 8000 abonnements ont été vendus, ce qui laisse peu de chance de décrocher un billet d’entrée, sauf pour des affiches modestes. C’était le cas hier, et nous n’étions « que » 11500, certains ayant sans doute zappé cette rencontre au demeurant assez discrète. Nous avions la chance d’être au premier rang, et, quoiqu’un peu de côté, cela nous a permis d’être souvent dans l’action.

Où l’on admire la pratique courante qui consiste à s’essuyer les crampons sur l’adversaire à terre, sans penser à mal, et quelques exploits en touche des adversaires…

Le match a été assez vivant malgré la fébrilité des joueurs. Le vent, qui est forcément une caractéristique majeure du jeu sur la côte, incitait les deux équipes à jouer à la main, ce qui, pour le spectacle, est plus prenant. La défense des burgaliens était serrée et nous n’avons eu que deux essais, dont un refusé par l’arbitre. Pourtant le spectacle n’était pas sans intérêt. Les rochelais étaient largement dominés en mêlée, mais ils se sont finalement assez honorablement sortis d’affaire en gagnant par 20 à 12, ce qui leur a permis d’enregistrer leur deuxième victoire sur trois matchs, repoussant un peu le spectre de la relégation incontournable des nouveaux arrivants. On se prend à espérer !!

Mais me direz-vous, pourquoi donc Alter, qui adore le rugby, prétend préférer le voir à la télévision, démarche d’autant plus complexe que, non contents de n’avoir aucun poste de télévision chez nous, nous n’avons plus aucun moyen de recevoir ni de projeter la moindre émission. Un match de rugby, ce n’est pas la parité, loin de là, surtout dans nos provinces. 90% d’hommes et 10% de femmes. Autant dire que les messieurs sont charmants, ils menacent à tout instant de vous plaquer, ce qui m’est tout de même arrivé deux fois hier, et ils engagent très volontiers la conversation. A l’entracte, mon jeune voisin a subrepticement laissé la place à son papa ou à son tonton, qui m’a baratinée durant toute la seconde mi-temps, allant même, c’est le comble, jusqu’à me demander des précisions techniques sur les actions en cours. Autant dire qu’Alter a trouvé que j’étais fort dissipée, et que je ne suis pas prête à le ramener applaudir La Rochelle… Qui sait, nous aurons peut-être des places pour le match contre… Agen ? Mais je sens que ma tendre moitié, qui a beaucoup protesté contre les roucoulades (oups !!! vous voyez comment un amateur de rugby peut roucouler vous ??) de mon voisin de stade, va se faire tirer l’oreille !!

Pourtant, j’avais tout fait pour l’amadouer, nous avons terminé la soirée chez Grégory Coutenceau, aux Flots, lieu très tendance hier à La Rochelle, où se croisait et se saluait avec moult courbettes doucereuses et maints sourires ambigues, la fine fleur de la classe politique socialiste. J’ai un peu triché pour mon titre, en dédicace à Cildemer avec qui j’ai un deal sur le sujet, ce n’est pas Ségolène qui siégeait près de nous, mais monsieur Delanoë et plus loin monsieur Ayraud, pour la plus grande joie de Marc et Fanfan qui nous les montraient avec enthousiasme. Sans eux, et faute de culture télévisuelle, nous ne les aurions guère repérés, tant l’absence de petit écran nous rend balourds. A France Inter ou ailleurs, nous n’avons que le son de leur voix ! Et le brouhaha des conversations, pas si feutrées qu’on aurait pu le croire dans un lieu si fortement politisé, excluait toute entreprise de ce genre.

Marc nous désigna le maire de Nantes d’un geste, en l’appuyant d’un jugement flatteur « ce bel homme grisonnant ». Puis, avisant celui de Paris qui saluaient des connaissances, il émit sur sa santé et sa bonne figure apparentes des appréciations optimistes et satisfaites. Il m’est revenu plus tard que monsieur Delanoë a eu quelques ennuis de santé, et, de toute évidence, Marc se réjouissait de sa forme, comme il l’aurait fait pour un parent ou un ami. J’avoue que les effets palpables de la « peopolisation » me laissent toujours pantoise. En particulier la propension que cela entraîne chez les uns et les autres de s’approprier avec naturel l’intimité des gens célèbres, avec bienveillance et assiduité, et d’en faire en quelque sorte un proche dont les péripéties les touchent. Cela brouille les repères et les cadres sociaux, provoquant chez de parfaits inconnus une empathie surprenante et, avouons-le, hors de propos.

11 commentaires:

  1. J'ai bien aimé ton titre, coquine, et ton analyse de la peopolisation...

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  2. Et bientôt Ségomiche ? Sourire...

    Jean-Marc Ayrault a effectivement un certain charme qui agit sur ces dames: j'ai pu le vérifier étant assis à côté de lui pour un spectacle au Grenier à Sel, où il ne manque pas de se rendre pour encourager les compagnies des Pays de Loire venues au Festival Off d'Avignon. Mes voisines, toutes de sa petite troupe d'affidés venus en délégation, buvaient ses rares paroles. Il s'ennuyait visiblement pendant la pièce mais n'a pas manqué d'applaudir très fort à la fin. Il ne pouvait bien sûr manquer à sa réputation de faux-cul émérite. Accusation injuste car par les temps qui courent lui tailler un tel costard c'est laisser bien nus tous les autres..isn't it ? Rires...

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  3. Ce fut donc une belle journée! Il faut expliquer à Alter que c'est toujours flatteur de se faire "draguer" même si le monsieur n'est pas à notre goût...cela prouve que l'on a encore "quelques restes" plaisants...on peut du moins y croire!
    Il faut lui faire comprendre également et c'est là l'essentiel que nous sommes des femmes FI-DE-LES et aimantes. C'est le plus important! Nous savons que nous n'échangerions pour rien au monde nos grands chéris même pour un magnifique rugbyman et son ballon ovale.
    Allez, profitons dans la bonne humeur et le rire de nos ultimes journées de vacances. D'autres aventures nous attendent pour septembre...

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  4. Ah Norma, cette fascination pour la gent célèbre, quand on ne la ressent pas, paraît tellement étrange !
    Roberto, j'ADORE ta description de ce monsieur dont j'ai joyeusement écorché le nom, mais que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam... un drôle de loustic apparemment
    Martine, ton analyse est PARFAITE, et je crois qu'Alter a été flatté de l'intérêt que suscitait sa tendre moitié, faut dire que, comme je le disais, il y a bien peu de femmes dans ces matchs !!

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  5. Bonjour, Michelaise.

    Cmme c'est réjouissant, tout cela !!!
    Je vais finir par aimer le rugby...
    Quant aux autres, évudemment...C'est déjà fait.
    Merci beaucoup.
    Je t'embrasse.

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  6. Pierre était jaloux lorsque je lui ai annoncé ton programme samedi!
    Oh la peopolisation beurk,je me souviens d'un soir sortant du cinéma nous marchions sur le boulevard derrière quatre personnes très entourées,nous dirigeant vers notre cantine à huitres.
    Le gentilhomme a décidé de dépasser ce groupe cerné de gros messieurs à oreillettes,en les dépassant nous avons reconnu F Mitterrand et la mère de Mazarine ainsi que le couple Badinter.
    Entrés dans notre cantine,et faisant la queue je me retourne et me trouve face au quatuor,nous sommes ressortis aussitôt!!
    Laissant tout le monde baver autour d'eux
    le boulevard était longé de voitures en double file bondées de messieurs à oreillettes et de motards déguisés en loubards
    Cela m'a énervée

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  7. Deux victoires en trois matchs : La Rochelle se défend bien dans la cour des grands, on dirait !!
    Quand à la "peopolisation" des politique, j'avoue que ça me laisse de marbre... je n'arrive plus à m'interesser à la "vie" politique de ce pays, qui consiste surtout à brasser du vent et à baver sur les collègues... c'est tellement dommage que tous autant qu'ils sont, ils n'arrivent pas à construire des choses positives !!
    Bisous

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  8. allons koka, ne fais pas de désespérance, je suis certaine qu'il y a des gens bien parmi eux !!!
    Herbert, si on te met au rugby, c'est super !!! avoue que le rugby à La Rochelle c'est un joli programme
    Ah Françoise, la prochaine fois qu'on vient voir un match à Paris, on fait digne à Pierre... quant à ton anecdote, elle croise la mienne, c'est étrange tout de même ces réactions

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  9. Ah Michelaise, tu m'épateras toujours !!! Tu sembles avoir une telle facilité à passer d'une critique de concert, à un match de rugby que j'en reste pantoise... Moi j'agirais de façon très peopolisée si je te croisais avec Nickolson (bon moyen de te repérer... ;-)) Tu es mon people favori sans sens et avec des raisons... ;-)))

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  10. J'avoue être comme Koka. Je ne m'intéresse pas du tout aux "stars" (qu'elles soient politiques ou non) et j'ai vraiment du mal à comprendre l'intérêt de beaucoup pour les Voici, Voilà etc.

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  11. Et je m'en réjouis pour toi, Astheval, quelle perte de temps pour ceux qui fantasment sur les stars...
    Oxy, je suis toute rouge de confusion, merci de cette déclaration toute gentille qui me fait énormément plaisir... j'essaie de varier mes billets, sans pour autant tomber dans l'artificiel, mais cela vient de notre propension à être des "amateurs", au sens humaniste du terme, qui "aiment, apprécient, pèsent et pensent (un peu)" au lieu de subir !!

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