VOUS EN AVEZ FINI AVEC LES "SOUPES" ??

MOI PAS ! Certes l'hiver s'en est allé, il est patent que le printemps bat son plein et que l'été arrive à grands pas. Mais comment se passer de ce bienfait de la nature qu'est une bonne "soupe"* ? Oui, on en a terminé avec la "poireaux pommes de terres" de Pampille, le pot-au-feu prend du plomb dans l'aile et les crèmes de potirons et autres châtaignes ou lentilles sont remisés au placard. Pour autant, d'autres plaisirs nous attendent : et pour l'heure, ce sont les fanes de radis** qui ont le vent en poupe ! Les feuilles sont si tendres qu'il n'est même pas nécessaire de les équeuter...

Mais lisons d'abord Pampille, dans son inénarrable article intitulé "Le mauvais dîner" (les caractères sans italique sont NDLR). "Le mauvais dîner a lieu généralement dans une salle à manger trop blanche, meublée de meubles prétentieux et biscornus, qui n'inspirent pas la sécurité (aïe aïe aïe, manger la peur au ventre ? non, tu as raison Pampille !!). La table est richement décorée d'orchidées par le fleuriste, l'argenterie étincelle, les cristaux ont une douceur de mousseline, la vin luit dans les carafes, l'électricité flamboie (!!! quel gaspillage !), la nappe est décorée d'entre-deux véritable de dentelle (brodé par les jeunes filles de l'ouvroir de Sarlat, celles mêmes qui firent le "trousseau de belle-maman" !). Malgré tout ce luxe, tremblez ! D'abord il y a 18 couverts (oups !!!) et on sera un peu serré, et puis je connais la maîtresse de maison : elle est de celles qui attachent plus d'importance au plaisir des yeux qu'au plaisir du goût (quel manque d'à propos !) ; et, les jours de réception, quand elle a commandé son dîner, écrit ses menus, téléphoné au fleuriste et au glacier, elle croit son devoir accompli. Elle sort tout la journée, fait des visites et rentre juste à temps pour s'habiller. Quelle imprudence et quelle négligence !... (Aloïs, je te vois avec ton "autocuisine" que dirait Pampille ???? attention !!!)

Aussi, dès le début du dîner, je m'inquiète, car je sais que le potage a été servi d'avance dans les assiettes ; naturellement, il est tiède ; c'est un vague consommé à la reine (pourtant "nous" sommes royaliste, cela devrait "nous" plaire ?!), dans lequel nagent trois petits pois et des petits carrés à l’œuf (c'est quoi ça ??) ; et l'on en a si peu, dans le creux de son assiette, que c'est comme si on n'avait rien.

Apprenons donc à ceux qui ne le savent pas encore que la soupe est chaude (ah ah !! Alter, voilà notre éternel conflit du soir résolu, j'ai raison, c'est Pampille qui l'a dit ! na !! pas de glaçon pour refroidir le potage, honte à toi !). Elle est faite pour ouvrir et dilater l'estomac des convives (beurk !) ; son odeur doit donner faim (certes !!) ; elle doit faire dans l’estomac un moelleux tapis ( trop joli !) sur lequel on pourra sans danger mettre par la suite des mets plus épicés (ce qui ne veut pas dire qu'elle doit être épaisse et lourde comme une pâtée de chien) (ouf, sauvés !)".

Revenons à nos fanes de radis. Comme d'habitude, pour tout bon potage qui se respecte, on se demande ce qu'on pourrait y rajouter pour en changer le goût. Quoi de vert dans le frigo ? Quelques feuilles d'épinards, cela fera l'affaire. Quoi de vert au jardin ? Certainement pas les feuilles d'huître, même si la mertensia maritima s'est merveilleusement remise de l'hiver et bourgeonne à qui mieux mieux, cela n'a aucun intérêt cuit ! Autant les garder pour l'apéro, avec une tartine de beurre salé. La roquette n'a pas encore montré son nez, ce sera donc une belle branche de céleri aromatique : excellent pour le parfum.

Alors faisons simple : on fait revenir un ou deux oignons, on ajoute les herbes pour les faire "suer" (j'adore l'expression !!), on noie d'eau, et enfin on ajoute deux grosses pommes de terre pour donner du corps. Sel et poivre bien sûr. Et quand tout cela a bien mijoté, un petit coup de mixer en ayant soin de rajouter, selon les goûts ou les disponibilités du frigo, de fromage de chèvre (oui, oui, le reste des bûchettes du tourteau fromager !) ou de vache bien frais ! Plus qu'à déguster avec un peu de persil ciselé pour le décor, et la soirée sera légère, pas comme chez Pampille ! Un simple plateau de fromage, arrosé d'un bon vin et dégusté avec une parfaite bonne conscience après ce brouet fort diététique, et le repas est un bonheur !

Après les fanes de radis, il y aura l'oseille, les asperges, les artichauts, les courgettes (n'est-ce pas Aloïs ?), les potages à la tomate, les crème de chou-fleur, et le super-minestrone de l'été. Différent chaque fois puisque, là encore, c'est en ouvrant le frigo qu'on trouve sa recette ! Alors vraiment, vous avez vraiment abandonné les soupes, vous ? Quel dommage !!

*"soupe" : aux "potages", "consommés", "veloutés", "bouillons", "crèmes" et autres décoctions aux noms variés je préfère le mot simple et presque générique de "soupe", vaguement démodé, un peu prolo (oups, ça existe encore ce mot ?) et sans ambition gastronomique ! du quotidien à l'état pur ! 

** article "censuré" par Alter, qui me fait "charitablement" remarquer (et il a raison le bougre !!) que j'ai déjà "fait" la soupe de fanes ... et il n'y a pas si longtemps que cela ! Mais comme ici on n'admet pas la censure, le billet paraît quand même ! Tout ça, c'est la faute à Pampille...