Mayalène est, à cet égard, une compagne d'enthousiasme jamais prise en défaut, elle qui, à chaque instant admire les couchers de soleil, les levers de lune, les tempêtes et autres brouillards sur l'estuaire, en se plaisant à dire en boucle "mais quelle chance on a !! regarde comme c'est beau ! mais regarde donc !!!"
Que oui, on en a de la chance d'habiter dans un coin du monde si doux, si riche en merveilles naturelles et architecturales toujours renouvelées. Car la côte de Beauté, donc la région de Royan et l'estuaire de la Gironde, c'est aussi, la Saintonge... et dès qu'on rentre dans les terres, c'est dans chaque village, une petite merveille qui nous tend les bras. Un tissage de blanches églises, aux teintes délicatement surhaussées d'or dans le soleil, qui s'égrènent tous les quelques kilomètres comme autant de découvertes à admirer en passant ou à détailler quelques instants. Témoin cette adorable église de Lorignac. Un petit village plus que modeste dans lequel nous passons chaque fois que nous allons à Bordeaux. De l'église nous connaissions le clocher, trapu et rectangulaire, aperçu de la route et surmontant un bâtiment de moyenne envergure.
Là, la photo n'est pas de moi, mais nous sommes passés le matin et le soleil n'éclairait pas la façade : je ne suis contentée de prendre des détails. Et puis, vous vous en doutez, il a beau faire un temps idyllique dans notre belle Saintonge, les feuilles n'ont pas encore poussé !!!
Et voilà que l'autre jour, à la faveur d'une déviation inopportune et pourtant fort bienvenue pour le plaisir des sens, nous passons devant Saint Pierre : "arrête-toi !! c'est trop beau..."
N'est-ce pas qu'elle est belle cette façade à un seul portail, même pas la tripartite habituelle des "grandes" églises saintongeaises. Modeste mais absolument craquante : admirez d'abord l'élégance absolue des proportions. Je suis bien incapable de vous dire si l'architecte a manié le compas et le nombre d'or mais l'ensemble est d'un équilibre et d'une harmonie totalement idéaux.
Au-dessus de portail, la rangée de 7 arcatures, parfaitement proportionnées, discrètement ouvragée avec ces petits arcs qui retombent sur de discrets chapiteaux, à peine en saillie sur la colonne, scande la lumière et anime, à peu de frais, l'espace laissé libre avant la corniche finale, supportée par une collection de modillons aux motifs inventifs. Sous cette galerie, une bande de pierres au simple décor de grille, animent le passage vers l'entrée.
On s'approche et la triple voussure du portail déploie pour notre seul plaisir des décors géométriques pleins de saveur, réguliers, riches et n'épargnant aucun retour de pierre. On imagine le tailleur qui a décoré ces arcades, en train de dessiner ces motifs simples et pourtant pleins de charme.
Et puis, levant le nez, on remarque le petit bonhomme tout nu, à l'anatomie parfaitement détaillée, qui a été placé comme un clin d’œil complice aux générations futures, au centre de l'arc supérieur. "Même pas au centre", remarque Alter, très technique," il n'y a pas de claveau à cet arc, et pourtant, il tient" !!!
De part et d'autre de l'entrée, deux chapiteaux plus riches que le reste de la décoration apporte le luxe nécessaire au portail. Celui de gauche s'orne de la traditionnelle feuille d'acanthe, grasse, charnue, prise dans un entrelacs souple et moelleux,qui la met en valeur.
A droite, du côté noble, le chapiteau met le visiteur en garde et le prévient contre les risques de sombrer dans le péché. Deux d'entre eux sont évoqués, tous deux jouxtés par d'horribles démons dont l'air épouvantable vous dissuade à tout jamais de vous laisser glisser sur la mauvaise pente.
A droite, la luxure, représentée par une femme, cheveux longs, amorce de poitrine, dont un démon aux dents acérées tente d'arracher la jupe. On en distingue plus très bien quelles sont ses intentions, mais la femme jour ici le terrible rôle de tentatrice que les églises romanes se plaisent à lui donner souvent.
Et à gauche, un avaricieux, accompagné lui aussi d'un petit diable moins impressionnant que le premier mais satanique tout de même. L'homme, l'oeil fixe, porte autour du cou une énorme bourse qui l'entrave et l'encombre et l'on devine que ce fardeau va le précipiter sous peu dans les feux de l'enfer ! La pesanteur maudite de cette escarcelle maléfique vous donne instantanément envie d'ouvrir la vôtre pour la délester de son trop-plein et d'apprendre au plus vite la générosité.
La porte était fermée, nous n'avons donc pas pu voir l'intérieur qui réserve, si l'on en croit le panneau explicatif installé devant l'église, d'autres surprises. Mais on reviendra, la prochaine fois on quittera la route principale pour venir la visiter !
Et à gauche, un avaricieux, accompagné lui aussi d'un petit diable moins impressionnant que le premier mais satanique tout de même. L'homme, l'oeil fixe, porte autour du cou une énorme bourse qui l'entrave et l'encombre et l'on devine que ce fardeau va le précipiter sous peu dans les feux de l'enfer ! La pesanteur maudite de cette escarcelle maléfique vous donne instantanément envie d'ouvrir la vôtre pour la délester de son trop-plein et d'apprendre au plus vite la générosité.
La porte était fermée, nous n'avons donc pas pu voir l'intérieur qui réserve, si l'on en croit le panneau explicatif installé devant l'église, d'autres surprises. Mais on reviendra, la prochaine fois on quittera la route principale pour venir la visiter !
Elle n'est pas belle notre Saintonge ????
Mais si elle est belle! bon dimanche!
RépondreSupprimerMerci Eimelle !! quand tu écrivais ces mots nous étions dans "ta" Touraine !! marrant non ?
SupprimerMais si elle est belle ta Saintonge !!! On le savait mais tu le confirmes par ces belles images de cette église romane...
RépondreSupprimerBeau dimanche !
Une des plus modestes sans doute mais une des multiples !!
SupprimerMerci Enitram
la beauté est dans le regard...on peut passer mille fois par le même endroit et ne jamais la voir !
RépondreSupprimerbon dimanche Michelaise
Et voilà, c'est exactement cela Josette
SupprimerJe me souvenais aussi de Lorignac pour y avoir mangé de délicieux escargots ,une année nous avions même mangé des crépinettes d'escargots avec des huîtres achetées sur le marché de Royan
RépondreSupprimerForcément les cagouilles, ici, c'est le plat "national" !
SupprimerMais oui ! Elle est très belle ta Saintonge et j'ai hâte que tu nous proposes la suite de la visite avec tes commentaires toujours aussi pointus et détaillés.
RépondreSupprimerEn tout cas, tu as devant toi une activité toute trouvée quand l'heure de la retraite sera venue : guide touristique, apôtre de la Saintonge, porte-parole des monuments historiques...
Ta voie est toute tracée Michelaise ... ;-)
Bon dimanche à toi !
Ah mais Oxy, j'aime bien cette activité que tu me proposes pour la retraite ... si elle arrive un jour car partis comme nous le sommes, elle ne cesse de reculer, reculer, reculer encore ! et franchement j'aimerais mieux finir apôtre de la Saintonge que de l'Education Nationale qui a été si ingrate avec moi !
SupprimerQuelle belle région, c'est vrai. Mais vous savez la regarder, surtout. Il n'est pas donné à tout le monde d'avoir un regard si précis.
RépondreSupprimerMerci petit bonheur !! bienvenue chez Michelaise, parfois un peu trop précise mais bon "comme on connait les saints on les honore", autant dire à chacun ses manies !
SupprimerAh la lumière de la Saintonge et la barde de la Saintonge qui trouver les mots justes pour entonner ses mérites!
RépondreSupprimerÀ vous lire je retrouve le plaisir que j'avais à acquérir et à consulter les volumes sur l'Art Roman de la collection Zodiaque. J'espère que vous avez ou trouverez celui sur la Saintonge. C'était toujours un plaisir érudit de lire leurs analyses historiques et stylistiques sur les monuments qu'ils répertoriaient. Collection hélas disparue (le vieillissement sans doute des érudits qui faisaient ce travail à La Pierre qui Vire). Mais que cette simplicité esthétique associée à cette charge culturelle est loin de nos 'valeurs actuelles' !
RépondreSupprimerMille mercis pour la beauté.
Elle est superbe ta Saintonge et quand je pense qu'un peu d'elle coule dans mes veine, je suis aussi fière que toi.
RépondreSupprimerSuperbement détaillé comme d'habitude.
Bises et belle soirée
Mais oui qu'elle est superbe !
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