J'ai commencé hier un billet sur le régionalisme, et me suis, comme souvent, égarée en chemin !! Car mon propos n'était que de vous parler du régionalisme et de ce qu'il engendre de condescendance, de la part de ceux, nombreux, qui s'en estiment "protégés".
L'autre
jour, un commentaire élogieux et qui m'a beaucoup touchée car il est
parfois agréable de se dire que ce qu'on écrit peut être lu et même jugé
utile, voire intéressant par d'autres que par le petit cercle indulgent
dont nous faisons tous plus ou moins partie, fut publié par un certain
"Martin" sur un de mes billets à propos d'Henri Martin. Mais le lecteur
me reprochait très gentiment et sans la moindre aigreur, bien au
contraire, d'en faire un peintre "régionaliste" (bien que le terme ne
soit pas écrit !!). Je cite "Cela dit, il n'a pas peint que le Quercy
après sa période symboliste,
loin de là: Collioure où il avait une maison, Marseille, Toulouse, ...
Paris est quasiment couvert de ses peintures marouflées (bon, là c'est
moi qui exagère!). Je me permets ces détails car je crois que ce n'est
pas lui rendre justice d'en faire un peintre si local: il avait une
stature largement nationale, son coeur fût-il dans le Quercy." Ce à quoi
je lui ai répondu que notre objectif ce week-end là était Marquayrol et
que, de ce fait, j'ai privilégié dans mes articles les représentations
du lieu par Martin, sachant et disant qu'il était devenu finalement très
parisien, ne venant plus à Labastide du Vert que pour l'été.
Mais
ce qui m'a interpellée dans ce commentaire est l'inéluctable
dévalorisation que ce côté "province" porte toujours en lui. Quand vous
rentrez dans une librairie, dans nos bonnes villes de province, vous
avez accès, présentés sur des tables et dûment encensés par la critique,
bénis par les médias et reconnus de tous, aux romans et essais, les "vrais", ceux
qu'ont écrit les auteurs reconnus, et, forcément, peu ou prou parisiens.
Et si vous voulez un auteur local, on vous indique d'un air un peu
absent et déjà atterré de votre mauvais goût, le rayon "littérature
régionale", "cela doit être par là-bas"... un recoin obscur toujours
difficile d'accès. Même phénomène dans les bibliothèques et autres
centres de documentation.
Pour un peintre, le succès arrive le jour où il parvient à faire oublier sa ville natale, soit par installation définitive dans la capitale, soit pour y avoir séjourné suffisamment pour ne plus être classé "province". L'artiste, qu'il soit acteur, soliste, musicien ou sculpteur a tout intérêt, on s'en doute, à ne pas être trop marqué par sa bourgade d'origine et surtout, il doit s'en être échappé assez tôt pour espérer devenir célèbre. Mauriac, quand il se vit attribuer le prix Nobel fit quelque peu jaser. Quoi ??? un prix de littérature à ce grand interprète de la vie provinciale, et dont l’œuvre était profondément marquée par son milieu et son origine : les images de Bordeaux et des Landes girondines qui revenaient sans cesse sous sa plume n'étant pas nécessairement le meilleur passeport pour la consécration.
Et nos musées sont pleins de ces artistes talentueux qui n'ont eu pour principal défaut que d'être restés dans leurs terres. Un Auguin, Alfref Smith ou Gaston Schnegg à Bordeaux, un Georges Vidal à Avignon ou un Jean-Baptiste Olive à Marseille, restent de "petits maîtres régionaux", voire régionalistes, alors que leur talent, non étiqueté et débarrassé du tampon "province" devrait se déployer à l'égal des plus grands, auxquels on se contente de les comparer, quand, parfois, ils les dépassent. Il est communément admis que, s'ils avaient été "grands" ils seraient "montés faire carrière à Paris". Quelle injustice ... Surtout si l'on sait que certains ne s'y sont guère plu : qu'on se rappelle l'aigreur de Lhote à propos de l'aisance "parisienne" de Tobeen : "C'est désolant, ça me donne la nausée. Il y avait, bien entendu, Tobeen qui est partout et qui connaît tout le monde, et qui est appelé de tous côtés. Sa toile des Indépendants... est déjà vendue ! Avant d'être terminée ! C'est insensé ; et moi là, j'ai l'air d'un couillon, ne connaissant personne."
Pour un peintre, le succès arrive le jour où il parvient à faire oublier sa ville natale, soit par installation définitive dans la capitale, soit pour y avoir séjourné suffisamment pour ne plus être classé "province". L'artiste, qu'il soit acteur, soliste, musicien ou sculpteur a tout intérêt, on s'en doute, à ne pas être trop marqué par sa bourgade d'origine et surtout, il doit s'en être échappé assez tôt pour espérer devenir célèbre. Mauriac, quand il se vit attribuer le prix Nobel fit quelque peu jaser. Quoi ??? un prix de littérature à ce grand interprète de la vie provinciale, et dont l’œuvre était profondément marquée par son milieu et son origine : les images de Bordeaux et des Landes girondines qui revenaient sans cesse sous sa plume n'étant pas nécessairement le meilleur passeport pour la consécration.
Et nos musées sont pleins de ces artistes talentueux qui n'ont eu pour principal défaut que d'être restés dans leurs terres. Un Auguin, Alfref Smith ou Gaston Schnegg à Bordeaux, un Georges Vidal à Avignon ou un Jean-Baptiste Olive à Marseille, restent de "petits maîtres régionaux", voire régionalistes, alors que leur talent, non étiqueté et débarrassé du tampon "province" devrait se déployer à l'égal des plus grands, auxquels on se contente de les comparer, quand, parfois, ils les dépassent. Il est communément admis que, s'ils avaient été "grands" ils seraient "montés faire carrière à Paris". Quelle injustice ... Surtout si l'on sait que certains ne s'y sont guère plu : qu'on se rappelle l'aigreur de Lhote à propos de l'aisance "parisienne" de Tobeen : "C'est désolant, ça me donne la nausée. Il y avait, bien entendu, Tobeen qui est partout et qui connaît tout le monde, et qui est appelé de tous côtés. Sa toile des Indépendants... est déjà vendue ! Avant d'être terminée ! C'est insensé ; et moi là, j'ai l'air d'un couillon, ne connaissant personne."
Pourtant, et pour en revenir à Henri Martin, il est frappant de constater, à la lecture détaillée de ses cotes américaines, de loin les plus fortes, que ce qui plaît le plus et se vend le mieux outre Atlantique, ce sont ses paysages du Lot et la terrasse de la maison de Marquayrol : sans doute parce que nos cousins américains ne sont pas au courant de nos subtils distinguos entre peintre régional ou régionaliste et peintre "national"(??)... déjà qu'ils ont du mal à situer la France sur la carte de l'Europe, il ne faut pas espérer qu'en plus, ils aillent entrer dans nos batailles de Cloche-Merle !! Et c'est heureux qu'il en soit ainsi ...
Statut local, régional, national? Je comprends vos échanges. Mais dans le cas d'Henri Martin s'il pouvait déjà être prophète dans sa ville natale. Nous avons une salle Henri Martin au Capitole de Toulouse, une promenade Henri-Martin au bord de la Garonne. Interrogez donc les Toulousains et demandez leur qui était Henri Martin? Je le dis vraiment sans aucune acrimonie, mais s'il y a 10% de personnes qui le savent, ce sera merveilleux.Tout cela pour dire que l'important c'est peut-être d'être "connu" er "reconnu", que l'étiquette soit régionale ou nationale.
RépondreSupprimerBon dimanche Michelaise.
Et oui Marie-Paule, il est à craindre qu'Henri Martin ne soit même pas connu de ses "compatriotes"... pourtant quel talent. Et dire, comme tu le soulignes que tout tient à une étiquette, connu ou pas connu.
SupprimerTon billet régionaliste me ravi d'autant plus que je retrouve "ma tête de chien" monégasque par Georges Vidal, c'est un vrai plaisir. Tu vois il a beaucoup voyagé finalement, il est allé d'Avignon à Roquebrune Cap Martin car je pense à la vue, qu'il avait installé son chevalet sur le chemin des douaniers. Et en passant il a peint aussi le rouge de l'Estérel.
RépondreSupprimerJean Baptiste Olive, Paul Guigou, Emmanuel Costa et bien d'autres ont laissé de petits bijoux sur les beautés de leurs régions.
J'aime ta façon d bourrée d'humour de nous décrire le régionalisme en librairie.
Ces mots de Lhote qui résume finalement très bien "le monde de l'art parisien" qui fait encore beaucoup courir "la province".
Je ne connais pas bien Henri martin mais, que ses toiles représentant le Lot se vendent outre- Atlantique ne m'étonnent guère.
Dommage qu'ils commencent à bouder sa gastronomie. Mais là c'est une autre histoire !
Bises Michelaise. Belle journée
J'ai oublié : Et pourquoi ce rocher s'appelle t-il la tête de chien alors qui ressemble plutôt à une tortue ? Suite à une déformation linguistique régionale !!!!
SupprimerVoici un lien.
http://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%AAte_de_Chien
Je suis ravie Mireille d'avoir "ta" tête de chien sous les yeux puisque ce Vidal que tu as fort bien identifié, est au-dessus de ma table de travail ! Et tu vas sourire, mais c'est tout à fait dans l'esprit de cet article : quand j'ai vu ce Vidal en vente à Royan, j'en ai eu fort envie et, n'ayant pas la possibilité d'être à la vente, j'ai fixé au commissaire priseur un prix d'achat, raisonnable, persuadée que je ne l'aurai jamais. Or je l'ai acquis très nettement en dessous de la limite que j'avais fixée... j'étais fort étonnée, mais le commissaire priseur m'a simplement dit "à Nice il aurait fait deux ou trois fois plus cher, mais ici cela n'intéresse personne ! Dur la notoriété !! en tout cas cela a largement fait mon affaire !
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