Quelle surprenante façon d'annoncer une exposition : Giorgione est arrivé de Vienne, Raphaël de Paris, Michel-Ange de Londres... dans un pays qui regorge de Giorgione, de Raphaël, de Michel-Ange le message est vraiment sympathique ! Tout cela pour annoncer un véritable événement, une exposition d'une qualité incroyable, admirablement mise en scène, superbement présentée, idéalement pourvue en chefs d'oeuvres de toute nature, et surtout fondamentale pour mieux comprendre la Renaissance. Pietro Bembo et l'invention de la Renaissance, qui a nécessité 3 ans de recherches et de travail pour voir le jour et a permis des (re)découvertes de premier ordre, se tient à Padoue jusqu'à 19 mai au Palais du Mont de Piété.
Une manifestation majeure que tous les italiens devraient voir (comme ils s'y pressent en nombre durant ces derniers jours, les organisateurs ont décidé des ouvertures exceptionnelles et tardives... cependant, nous avons pu visiter très calmement la foule n'ayant rien à voir avec nos presses parisiennes) et qui fut, pour nous aussi, particulièrement enrichissante. Il faut dire que Pietro Bembo que nous connaissions surtout par le portrait qu'en fit Titien quand il fut, enfin, cardinal - puissant, laid mais tellement intelligent, la pommette haute et le regard d'une acuité sans faille - est un personnage majeur de la culture italienne du début des années 1500 et cette exposition était une façon pour nous de le mieux découvrir. Très didactique, très bien présentée, mise en scène et balisée, elle offre en prime un audioguide de première qualité : le texte est du commissaire de l'exposition, et, suprême luxe, fort bien traduit en français. Du tout confort qu'il est rare de trouver et dont on doit féliciter les organisateurs.
Il ne s'agit pas, vous l'avez compris d'une exposition monographique, ou sur une école, ni même sur un thème, paysage, portrait ou nature-morte, mais bel et bien d’une construction autour d'un personnage, et en parler va surtout consister à vous présenter Pietro Bembo, humaniste éminent, homme d'une culture extrême et raffinée et qui fit beaucoup progresser la pensée de son siècle et des suivants. Il faudra donc pardonner à mes articles ce qu'ils pourront avoir de "pédant", ce que j'y dirai ne sera pas de mon fait, n'ayant forcément pas d'avis ou d'impression à émettre, mais étant simplement destiné à présenter cet homme auquel notre culture doit tant. Et assez peu documenté en France. L'exposition offre, certes, de superbes œuvres d'art mais de toutes sortes : peintures, sculptures, manuscrits, livres, médailles, objets et tapisseries d'artistes dont Bembo fut l'ami. Elle reconstitue aussi une partie de son "musée", rassemblant plusieurs pièces de l'étonnante collection qu'il avait réunies dans sa maison de Padoue, toute proche, via Altinate. Et, en tant que telle, elle vaut pour le parcours, à la fois thématique et chronologique que je vais tenter de retracer pour vous, sans trop m’appesantir (quoique la tentation soit grande de le faire !).
Ce parcours commençait par la formation intellectuelle de Pietro Bembo. Son père Bernardo faisait partie d'une ancienne famille patricienne de la République de Venise, pour laquelle il exerça de nombreuses charges politiques.
Il apporta grand soin à l'éducation et à la formation de Pietro, fils aimé né en 1470, qu'il emmenait tout jeune avec lui dans les plus grandes cours de l'époque, Rome, Florence ou Ferrare. Fin et cultivé, il lui fit apprendre lettres et arts, et l'enfant n'avait que 8 ans quand il l'emmena avec lui dans son ambassade florentine*. C'est sans doute à cette occasion que Pietro apprit la langue de Dante et de Pétrarque, langue dont nous reparlerons plus tard car elle fut sa référence lors de sa visionnaire entreprise linguistique, consistant à unifier la langue italienne.
C'est ce père aimé qui lui donna le fondement de sa culture littéraire et artistique, et s'il n'en fit pas, comme lui, un serviteur de la République, il lui permit de rencontrer tous ceux que l'époque connaissait comme noms illustres. Quant il mourut en 1519, Bembo avait 49 ans, il lui laissait sa riche bibliothèque, de superbes œuvres d'art et sa villa de Padoue où l'humaniste développa l'amour de la campagne. Cet héritage comprenait, entre autres, des œuvres de Léonard de Vinci, de Memling ou de Pietro Lombardo, et il ne faut pas s'étonner qu'ensuite le fils ait ensuite possédé une des collections les plus admirées de son époque. Il n'est pas impossible que Bernardo ait connu Alberti et on sait qu'il s'était référé à Pétrarque pour concevoir sa maison de campagne, conçue comme un édifice de "négoce mondain". Dès lors, l'intérêt pour l'architecture que développa son fils lui vient aussi de lui. Il semble que les deux séjours florentins de Bernardo aient orienté de façon importante l'évolution de ses centres d'intérêts, et, de ce fait, ils déterminèrent les liens futurs de Pietro avec les Medicis, et avec la culture florentine, littéraire et artistique.
L'humanisme de Bernardo, fondé sur la lecture et la relecture des textes antiques, traduits en latin, de la Bible, des grands auteurs des premiers temps chrétiens, fut la source à laquelle Pietro construisit sa pensée. Il annotait ses livres et l'enfant, puis l'homme mûr qui hérita de ces ouvrages, garda toute sa vie présente à portée de main la sensibilité humaniste de son père.
Pourtant peu à peu Pietro vola de ses propres ailes. Par exemple il décida d'aller apprendre le grec, enflammé qu'il était pour la culture antique dans sa plus grande pureté. L'influence de Poliziano fut à ce sujet déterminante, et l'exposition montre deux exemplaires de livres lus par les jeunes gens côte à côte, puisque tous deux les ont annotés. En 1492, Pietro partit donc à Messine pour se former à l'école de Constantin Lascaris. Il y resta deux ans, et à son retour rencontra Manuzio, l'imprimeur de Venise avec l'intention d'ouvrir une imprimerie vouée aux textes grecs. De l'excursion qu'il fit sur l'Etna, il tira un récit, imprimé par le même Manuzio en 1495, sans doute comme un hommage à l'ascension du mont Ventoux par Pétrarque. Il partit ensuite étudier la philosophie à Padoue, puis à Ferrare... Ferrare où régnait le duc Alphonse d'Este, époux de la belle Lucrèce... dont je vous reparlerai bien sûr !
Tout était alors en place pour permettre à l'homme de marquer son temps de son talent et de géniales intuitions dont cette exposition se fait largement l'écho. Lettré, poète, amant fougueux, père de plusieurs bâtards qu'il éduqua fort bien, collectionneurs d'antiques, défenseur convaincu de la préservation des monuments anciens, Pietro Bembo était aussi ami de nombreux peintres. Il constitua une collection magnifique, et s'il n'embrassa pas comme son père la carrière administrative, il fut d'abord secrétaire du pape Léon X avant d'être, enfin, nommé cardinal par Paul III.
Ce magnifique Memling, que je vous ai présenté en morceaux, était l'une des pièces majeures de cette exposition. Il ne fait aujourd'hui plus aucun doute que les deux panneaux, idéalement rassemblés à Padoue ** aient appartenu au même petit tableau d'autel en diptyque, pouvant se présenter ouvert ou fermé, ainsi que le permettaient des serrures. De petites dimensions, il était sans nul doute destiné à la dévotion privée et pouvait être emporté en voyage. Non seulement les deux panneaux ont à peu près la même dimension, mais surtout, présentés côte à côte, ils déroulent deux paysages présentant une évidente continuité.
* Bernardo Bembo, fut ambassadeur de Venise à Florence en 1475-1476 puis entre 1478 et 1480. C''est à cette occasion qu'il tomba amoureux de Ginevra de'Benci, dont il commanda un portrait à Léonard, peint lors du premier séjour de Bembo.
** Le Saint Jean Baptiste provient du Bayerische Staatsgemäldesammlungen, Munich... alors la sainte Véronique vient de Washington, National Gallery of Art
*** En fait plusieurs dates ont été proposées : 1470-1475 (de 1471 à 1474 Bernardo était ambassadeur vénitien auprès de la cour de Bourgogne) mais aussi 1480-1483 ce qui exclurait qu'il ait pu acquérir le diptyque dans les Flandres.
Une manifestation majeure que tous les italiens devraient voir (comme ils s'y pressent en nombre durant ces derniers jours, les organisateurs ont décidé des ouvertures exceptionnelles et tardives... cependant, nous avons pu visiter très calmement la foule n'ayant rien à voir avec nos presses parisiennes) et qui fut, pour nous aussi, particulièrement enrichissante. Il faut dire que Pietro Bembo que nous connaissions surtout par le portrait qu'en fit Titien quand il fut, enfin, cardinal - puissant, laid mais tellement intelligent, la pommette haute et le regard d'une acuité sans faille - est un personnage majeur de la culture italienne du début des années 1500 et cette exposition était une façon pour nous de le mieux découvrir. Très didactique, très bien présentée, mise en scène et balisée, elle offre en prime un audioguide de première qualité : le texte est du commissaire de l'exposition, et, suprême luxe, fort bien traduit en français. Du tout confort qu'il est rare de trouver et dont on doit féliciter les organisateurs.
Il ne s'agit pas, vous l'avez compris d'une exposition monographique, ou sur une école, ni même sur un thème, paysage, portrait ou nature-morte, mais bel et bien d’une construction autour d'un personnage, et en parler va surtout consister à vous présenter Pietro Bembo, humaniste éminent, homme d'une culture extrême et raffinée et qui fit beaucoup progresser la pensée de son siècle et des suivants. Il faudra donc pardonner à mes articles ce qu'ils pourront avoir de "pédant", ce que j'y dirai ne sera pas de mon fait, n'ayant forcément pas d'avis ou d'impression à émettre, mais étant simplement destiné à présenter cet homme auquel notre culture doit tant. Et assez peu documenté en France. L'exposition offre, certes, de superbes œuvres d'art mais de toutes sortes : peintures, sculptures, manuscrits, livres, médailles, objets et tapisseries d'artistes dont Bembo fut l'ami. Elle reconstitue aussi une partie de son "musée", rassemblant plusieurs pièces de l'étonnante collection qu'il avait réunies dans sa maison de Padoue, toute proche, via Altinate. Et, en tant que telle, elle vaut pour le parcours, à la fois thématique et chronologique que je vais tenter de retracer pour vous, sans trop m’appesantir (quoique la tentation soit grande de le faire !).
Ce parcours commençait par la formation intellectuelle de Pietro Bembo. Son père Bernardo faisait partie d'une ancienne famille patricienne de la République de Venise, pour laquelle il exerça de nombreuses charges politiques.
Il apporta grand soin à l'éducation et à la formation de Pietro, fils aimé né en 1470, qu'il emmenait tout jeune avec lui dans les plus grandes cours de l'époque, Rome, Florence ou Ferrare. Fin et cultivé, il lui fit apprendre lettres et arts, et l'enfant n'avait que 8 ans quand il l'emmena avec lui dans son ambassade florentine*. C'est sans doute à cette occasion que Pietro apprit la langue de Dante et de Pétrarque, langue dont nous reparlerons plus tard car elle fut sa référence lors de sa visionnaire entreprise linguistique, consistant à unifier la langue italienne.
C'est ce père aimé qui lui donna le fondement de sa culture littéraire et artistique, et s'il n'en fit pas, comme lui, un serviteur de la République, il lui permit de rencontrer tous ceux que l'époque connaissait comme noms illustres. Quant il mourut en 1519, Bembo avait 49 ans, il lui laissait sa riche bibliothèque, de superbes œuvres d'art et sa villa de Padoue où l'humaniste développa l'amour de la campagne. Cet héritage comprenait, entre autres, des œuvres de Léonard de Vinci, de Memling ou de Pietro Lombardo, et il ne faut pas s'étonner qu'ensuite le fils ait ensuite possédé une des collections les plus admirées de son époque. Il n'est pas impossible que Bernardo ait connu Alberti et on sait qu'il s'était référé à Pétrarque pour concevoir sa maison de campagne, conçue comme un édifice de "négoce mondain". Dès lors, l'intérêt pour l'architecture que développa son fils lui vient aussi de lui. Il semble que les deux séjours florentins de Bernardo aient orienté de façon importante l'évolution de ses centres d'intérêts, et, de ce fait, ils déterminèrent les liens futurs de Pietro avec les Medicis, et avec la culture florentine, littéraire et artistique.
L'humanisme de Bernardo, fondé sur la lecture et la relecture des textes antiques, traduits en latin, de la Bible, des grands auteurs des premiers temps chrétiens, fut la source à laquelle Pietro construisit sa pensée. Il annotait ses livres et l'enfant, puis l'homme mûr qui hérita de ces ouvrages, garda toute sa vie présente à portée de main la sensibilité humaniste de son père.
Pourtant peu à peu Pietro vola de ses propres ailes. Par exemple il décida d'aller apprendre le grec, enflammé qu'il était pour la culture antique dans sa plus grande pureté. L'influence de Poliziano fut à ce sujet déterminante, et l'exposition montre deux exemplaires de livres lus par les jeunes gens côte à côte, puisque tous deux les ont annotés. En 1492, Pietro partit donc à Messine pour se former à l'école de Constantin Lascaris. Il y resta deux ans, et à son retour rencontra Manuzio, l'imprimeur de Venise avec l'intention d'ouvrir une imprimerie vouée aux textes grecs. De l'excursion qu'il fit sur l'Etna, il tira un récit, imprimé par le même Manuzio en 1495, sans doute comme un hommage à l'ascension du mont Ventoux par Pétrarque. Il partit ensuite étudier la philosophie à Padoue, puis à Ferrare... Ferrare où régnait le duc Alphonse d'Este, époux de la belle Lucrèce... dont je vous reparlerai bien sûr !
Tout était alors en place pour permettre à l'homme de marquer son temps de son talent et de géniales intuitions dont cette exposition se fait largement l'écho. Lettré, poète, amant fougueux, père de plusieurs bâtards qu'il éduqua fort bien, collectionneurs d'antiques, défenseur convaincu de la préservation des monuments anciens, Pietro Bembo était aussi ami de nombreux peintres. Il constitua une collection magnifique, et s'il n'embrassa pas comme son père la carrière administrative, il fut d'abord secrétaire du pape Léon X avant d'être, enfin, nommé cardinal par Paul III.
Ce magnifique Memling, que je vous ai présenté en morceaux, était l'une des pièces majeures de cette exposition. Il ne fait aujourd'hui plus aucun doute que les deux panneaux, idéalement rassemblés à Padoue ** aient appartenu au même petit tableau d'autel en diptyque, pouvant se présenter ouvert ou fermé, ainsi que le permettaient des serrures. De petites dimensions, il était sans nul doute destiné à la dévotion privée et pouvait être emporté en voyage. Non seulement les deux panneaux ont à peu près la même dimension, mais surtout, présentés côte à côte, ils déroulent deux paysages présentant une évidente continuité.
L'ensemble a été réalisé vers 1470*** (soit l'année de la naissance de Pietro Bembo) et acquis par son père, Bernardo Bembo, lorsqu'il était ambassadeur de la république de Venise à Bruges. Saint Jean, à gauche, qui montre l’agneau couché près de lui, est assis dans un paysage verdoyant d'arbres et de rochers qui va en s'adoucissant du côté de la sainte, qui tend à la vénération des fidèles le suaire du Christ, installée au bord d'un chemin menant vers une ville fortifiée.
Saint Jean est le dernier prophète de l'Ancien Testament, et, du fait de sa décapitation, le premier martyre du Nouveau. L'agneau qu'il montre du doigt indique qu'il fut le premier à reconnaître le Christ comme le Fils de Dieu, et la source qui coule sur la gauche souligne discrètement qu'il le baptisa dans le Jourdain. La présence de Sainte Véronique à ses côtés, porteuse du Suaire, rappelle la fin du Sauveur et son sacrifice, imprimé sur le voile, objet de grandes dévotions.
Le revers du diptyque invite le fidèle à méditer sur la finalité humaine. Une tête de mort, soulignée par, taillé dans la pierre de la niche qui l'abrite, un mot brutal : MORIERIS (tu mourras), invite à la réflexion sur le Salut qu'annonce Jean baptiste. Pendant que l'autre revers présente, toujours dans une niche de pierre, en forme d'arc celle-là, un calice d'or contenant un serpent bien vivant, aux yeux rouges. Calice qui fait référence à un miracle de Saint Jean l’Évangéliste. Ce dernier était en train de prêcher dans l'île d’Éphèse quand le prêtre du temple de Diane le défia en lui proposant de boire une coupe de venin, afin de démontrer la force de sa foi chrétienne.
** Le Saint Jean Baptiste provient du Bayerische Staatsgemäldesammlungen, Munich... alors la sainte Véronique vient de Washington, National Gallery of Art
*** En fait plusieurs dates ont été proposées : 1470-1475 (de 1471 à 1474 Bernardo était ambassadeur vénitien auprès de la cour de Bourgogne) mais aussi 1480-1483 ce qui exclurait qu'il ait pu acquérir le diptyque dans les Flandres.
Je ne peux que m'unir à l'enthousiasme de ton récit, si ponctuel et bien structuré, en confirmant qu'il s'agit d'une expo magistralement construite, d'énorme interet de plusieurs et meme imprévus points de vue, unique sans aucun doute et passionnante au plus haut degré. Avec tout un tas de choses pour moi à connaitre, au meme temps que je me rendais compte que ce que j'avais appris à l'école sur Pietro Bembo ne m'avait meme pas de loin présenté et fait comprendre la multiformité aussi bien que l'importance, de plus d'un coté cruciale, de ce personnage.
RépondreSupprimerGrande envie de lire la suite...
Mais au moins toi, tu avais conscience de l'enjeu !! Car tu savais, même de loin, que Bembo a beaucoup oeuvré pour votre langue et pour votre culture.
SupprimerVraiment un grand moment de découverte de la Renaissance, de Bembo, un travail magnifique (qui m'a encore une fois fait rêvée d'être "commissaire d'exposition" quand "je serai grande", enfin disons dans une autre vie !!!)... et, aussi, l'immense plaisir d'avoir partagé tout cela avec une "vraie" italienne...
Et, encore une fois, je regrette qu'une telle exposition n'ait pas de suite, car vraiment cela mériterait d'être repris ailleurs... comme par exemple celle de Florence qui aura lieu cet automne à Paris, et celle du Petit Palais (De Nittis) qui est actuellement à Padoue ! C'est bien ce système de musées qui mutualisent leurs expositions ! ils ont plus de moyens et plus de gens sont touchés...
Voilà une exposition que j'aurais aimé découvrir, autour d'un personnage clé dont j'ignore pourtant tout, malgré des années passées à lire des monographies sur la Renaissance italienne. Je n'ai pas fini de lire cet article que j'ai déjà envie de lire le suivant. Je ne savais pas par exemple que c'était Bembo qui avait commandé à Léonard le célèbre portrait de Ginevra de Benci (sais-tu d'ailleurs que ce portrait est le tableau préféré de Cecilia, celui qu'elle aimerait posséder?) Ne me dis pas que ce tableau a fait le déplacement de la Washington Gallery, ou je vais devenir fou, moi qui rêve d'aller à Washington rien que pour le voir!
RépondreSupprimerJ'ai pensé à toi à Naples car j'ai vu un autre portrait de Bembo par Titien!
Sinon, tu as raison, cette façon d'annoncer l'arrivée des tableaux est plutôt originale et amusante. Et une autre chose m'a amusé aussi dans ton récit, c'est l'expression "presse parisienne", moi qui croyais qu'il n'y avait que Montaigne qui parlait comme ça, je découvre que dans ton coin aussi, on continue d'employer "presse" pour "foule"!
En ce qui concerne Montaigne, c'est tout de même un "pays" (dans le sens provincial du terme, = on est du même coin !!) et Dieu sait qu'à Bordeaux, nous sommes fiers de lui !! Alors de là à adopter, inconsciemment, ses mots !!!
SupprimerAlors je te rassure, le portrait de Ginevra n'était pas à Padova, sans doute car Washington a prêté le portrait de Pietro Bembo en cardinal par Titien, portrait pour nous mythique, et finalement seule chose que nous ayons vraiment connue de Bembo quand nous avons décidé d'aller à cette exposition. Quant aux asolani, traduits en français par les asolain, on avait juste la fumeuse impression d'avoir déjà entendu ça quelque part !! Mais tu verras dans l'article suivant, que j'ai essayé de faire pas trop long, le personnage est multiple et fascinant, un personnage clé pour la Renaissance italienne.
Quant à Ginevra, elle fut aimée de Bernardo, le père de Pietro qui lui voua une longue et assidue vénération. On ne sait trop, bien sûr, si cet amour fut seulement platonique, comme il est d'usage de le dire. Mais il en est résulté ce magnifique portrait qui fut, pense l'état actuel de la critique, commandé par Bernardo lui-même à Léonard. En effet, au revers du panneau, on a retrouvé l’emblème de Bernardo, le laurier et la palme,(présents d'ailleurs sur un portrait récemment identifié de Bernardo, un Memling d'Anvers) et les mots "Honor et Virtus", souvent utilisés par Bembo et cachés quand la mention "Virtutem Forma Decorat" fut peinte par dessus. Il semble que leur amour était un fait public et littéraire, célébré par les plus grands écrivains florentins de l'époque (Gianetto, Bolzoni ...). Cet amour permit ainsi la consolidation de la réputation de Bembo père à Florence, et sans doute lui permis de se rapprocher de Lorenzo de Médicis. Il fit ainsi partie de l'élite très cultivée de la ville, unie par des goûts littéraires et artistiques raffinés, partageant le culte de la nature, de l’amour et du chant amoureux. Ambiance qui a forcément imprégné Pietro, qui, enfant, avait suivi son père à Florence.