mardi 18 septembre 2012

BELLE-MERE

 
Je l'étais déjà depuis le mois de juillet, et pourtant je ne l'ai compris qu'à l'instant, en lisant un mail de Siù : je viens d'acquérir un nouveau statut, une nouvelle "dimension" sociale : je suis une belle-mère ! Avons-nous, dans mon entourage, assez plaisanté sur les fameux chapeaux qui, comme des indicateurs tonitruants et ironiques, marquent, le jour de la cérémonie, l'accession de deux "dames" d'âge disons "moyen plus" ("plus plus" en ce qui me concerne !!) ) à l'état de "belle-doche", à distinguer soigneusement de la "marâtre", seconde femme du père ! Car on peut être belle-mère beaucoup plus jeune, il suffit, et par les temps qui courent cela n'a rien de rare, d'épouser un homme déjà pourvu d'enfants !
Dans tous les cas, un équilibre à trouver, une affection à dispenser, des excès à ne pas commettre, une distance à mesurer bien précisément, bref, un rôle social à apprendre, intégrer et jouer avec le plus de naturel possible. Pour moi qui ne sais guère apprendre des rôles, l'aventure est périlleuse, mais il nous faut éviter les poncifs. Certes l'affaire est plus simple, me semble-t-il, dans le sens d'un gendre qu'envers une belle-fille : là, j'avoue que je serais totalement paniquée à l'idée d'éviter le schéma classique de la belle-mère envahissante, omnisciente, compatissante, méprisante... Bref celle qui sait ce que son fils aime, qui fait le ménage tellement mieux que vous, qui cuisine de façon divine, qui ne se prive jamais d'une critique directe ou détournée, qui, en un mot, se pose (ou est posée) comme unique et incontournable modèle féminin. Le lien privilégié qui se noue entre une maman et son fils crée un attachement particulier entre eux et rendent la construction d'une relation belle-mère belle-fille parfois délicate, voire carrément problématique. Classique et prévisible : voir son fils, son bébé, sa merveille construire une relation d'altérité avec une autre femme est toujours un peu douloureux, et, pour beaucoup se pose, consciemment ou non, en terme de rivalité. On peut donc l'éviter, avec un minimum de bon sens ou de réalisme.


Mais entre une belle-mère et son gendre, les problèmes sont différents. Remarquez d'ailleurs que les blagues de fin de banquet, entre la blonde et les belges, et les sketchs croustillants d'humoristes inspirés et autres gaudrioles sur ce thème, portent toujours sur la belle-mère du gendre, et non sur celle de l'épouse, car pour cette dernière l'affaire est trop conflictuelle pour en rire. "Belle-maman" fait rire *, jaune certes, mais la relation qu'elle noue avec le mari de sa fille est toujours teinté d'un léger déséquilibre, qui peut aller de l'attachement excessif à l'antipathie pure et simple.


La difficulté pour un homme porte essentiellement sur les rituels imposés par sa femme, et il a du mal à se situer dans un contexte fusionnel entre la mère et la fille, pas forcément apparent mais très profond. Pour créer, puis nourrir des liens nouveaux, il se sent en porte-à-faux et vaguement dérouté par ce contexte féminin dont, parfois, il peut se sentir exclu. Rien de grave au début, mais cela peut virer rapidement à l'irritation, l'indifférence étant souvent la solution choisie comme étant la plus confortable.


Il est donc nécessaire de prendre conscience de ce nouvel "office" et de l'aborder avec le plus de délicatesse possible. En l'espèce, j'ai le sentiment que mon côté un peu "méditerranéen", démonstratif et spontané, doit être maitrisé. Mes traits un peu trop "nature" et ma décontraction doivent être contrôlés : pas question d'effaroucher ce jeune homme que sa réserve naturelle ne porte guère à l'épanchement désordonné. Il va falloir que Michelaise se domine et adopte avec le mari de Koka une conduite rassurante et sage, vaste programme n'est-ce pas ?? Elle a commencé en négociant le droit de ne pas arborer le jour de la noce le fameux couvre-chef qui l'effrayait tant, contre une décoration d'église qui, quoique peu conventionnelle, a donné entière satisfaction au jeune homme : vous voyez qu'elle est capable de s'adapter !!!

Je sens que vous allez encore craquer pour Alter, papa parfait s'il en est, capable d'ouvrir le "bal" en valsant et de rocker ensuite, après avoir "tombé" la veste !!


* Une fois n'est pas coutume, on lit rarement des blagues, foireuses de surcroit, sur Bon Sens et Déraison. Voici cependant un petit florilège de traits cruels sur le sujet, extraits du livre de Bertrand Morisset "Spécial belles-mères, 400 histoires drôles et autres aphorismes pour les mettre dans votre poche ou pas "
- Quel est le poids d'une belle-mère? (1,2 kg urne comprise.)
- La fortune vient en dormant, l'appétit en mangeant et la belle-mère en râlant.
- Deux maris discutent : « Ma belle-mère est un ange. — Tu en as de la chance, la mienne est encore en vie… »
- Quelle est la différence entre une belle-mère et une télé? Sur une télé, on peut couper le son.
- Une belle-mère à son gendre : « Vous me ferez mourir de chagrin! » Le gendre : « Tant mieux, comme ça, on ne retrouvera pas l'arme du crime! » (Michel Audiard)
- « Ma belle-mère a été mordue par un chien errant dans la rue. — Oh, c'est terrible. — Oui, tu aurais dû voir ce pauvre chien mourir dans d'atroces convulsions. »
- « Avoir sa belle-mère en province quand on demeure à Paris, et vice-versa, est une de ces bonnes fortunes qui se rencontrent toujours trop rarement. » (Honoré de Balzac)
- Sur la plage, un petit garçon demande à son papa Charles : « Dis papa! Pourquoi mamie, elle court en zigzag? — Tais-toi et passe-moi les cartouches! »

15 commentaires:

  1. On ne la rencontre pas très souvent, ça c'est sur, une belle-mère -pour se passer de bien d'autres qualités qui t'appartiennent- sympa comme toi... et là je suis plus que sure, ton gendre -meme ou justement dans sa réserve naturelle- saura et sait bien l'apprécier... Finalement, quand on lit : "Il va falloir que Michelaise se domine et adopte avec le mari de Koka une conduite rassurante et sage, vaste programme n'est-ce pas ??" on voit tout à coup palir les blagues habituelles, meme la plus subtile devenant grossière, alors qu'on pense : ah, en avoir, des belles-mères comme ça..!
    Meme pour le peu qu'on voit dans les photos, vous etes tou(te)s rayonnant(e)s : le trio Mandarine-Koka-Maman est à encadrer tel quel, mais bien sur sans oublier de tirer un grand coup de chapeau à Papa, qu'on découvre dans ses multiformes et impeccables qualités de danseur à coté de celles de pianiste ! Et quant à la mariée, si vive, aimable, élégante... bref, ravissante, elle est... à embrasser toute entière !!
    J'avoue avoir comme un soupçon que c'était un mariage hors du commun, et dans le meilleur sens.
    Meme les poissons y sont ravis !

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    1. Tu as vu Siu, il y en a même un de poisson qui a posé pour la photo !!! Merci pour tous ces compliments qui seront, je l'espère, dument lus par qui de droit (Koka !!) et Alter !!

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  2. N'ayant pas connu la mienne et ne l'étant pas, je suis très mal placée pour développer une réflexion sur les belles-mères. Je peux demander à Antoine mon mari mais, les rapports étaient parfaits entre ma Maman et lui.
    J'aime beaucoup l'humour de la photo titre, c'est vraiment une belle mer !!
    Celle de l'église aussi avec, une décoration originale et émouvante. Quelle jolie idée d'associer les deux pour ce jour de joie.
    Par contre je peux parler de ce restaurant où est prise cette belle photo du bonheur "au macaron". Je le connais bien. C'était un peu notre "cantine" lorsque nous "montions" à Paris pour les différents salons liés à nos activités.
    Peut être le plus ancien restaurant de la capitale ou du moins le plus ancien ouvert par un italien au XVII eme siècle. Haut lieu chargé d'histoire, de littérature, de théâtre etc ... l'encyclopédie y est née et citer tous les illustres convives qui s'y succédèrent serai vraiment trop long.
    Pour finir sur un point commun avec ce billet : Bonaparte ne pouvant s'acquitter de sa note y laissa son chapeau en gage. Il put lui, puisqu'il en avait un !!!!
    Meilleurs vœux de bonheur aux "novis" comme l'on dit vers ici.
    Bises à la nouvelle belle-mère.
    PS : je possède le menu de ce restaurant imprimé pour le bi-centenaire de la révolution française. Offert gentiment par le chef de rang à ma demande. Joli souvenir.

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    1. Bravo Mireille d'avoir reconnu le Procope, car j'avais discrètement caché le nom pour n'avoir pas l'air de "la ramener". Tes anecdotes sont passionnantes et montrent que tu es, en effet, une "habituée". Merci pour ce partage. Koka et son époux avaient concocté un mariage "parisien", véhicule la mariée = autolib, déjeuner dans "le plus vieux restaurant de Paris", tour en bus des années 50 sur les plus belles avenues de la capitale, embouteillage monstre place de la Concorde à cause de la manif devant l'Ambassade des Etats Unis, et champagne (frais) sur le Champ de Mars, face à la Tour Eiffel ! C'était original et vraiment sympa !
      Merci pour les voeux aux "novi" : nous avions, pour leur dire dans ces termes, un cousin marseillais qui leur a donné le titre toute la journée !!!

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  3. Hélas...ayant 2 garçons et pas de fille...je suis une "vraie" belle mère ! une place difficile à trouver, habitant entre les 2 foyers l'un en Loire Atlantique et le second en Moselle, il faut se partager équitablement en fonction des emplois du temps des "jeunes" ...être présente mais non intrusive là est la question !
    bonne journée
    (josette)

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    1. ET oui, pas facile, si on est trop discret on sa fait taxer d'indifférence, si on est trop présent, on est accusé d'envahissement ?? enfin j'imagine car je suis encore toute novice, et je sens intuitivement que "mes" jeunes ne vont m'accuser de rien du tout, ils sont trop mignons !! Il s'agissait surtout de se livrer à une réflexion générale sur un sujet commun à tous, à propos d'un événement personnel ! c'est le ton du blog et l'idée de ce partage ...

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  4. Belle-maman!un sujet sensible qui raniment des souvenirs tout aussi sensibles.Un roman écrit sur du papier de verre.Comment aurait-il pu en être autrement?Une gamine juste sortie des cahiers et une femme déjà âgée dont la vie gravitait autour de son unique gamin!28 ans , universitaire, mais élevé au village...par une mère qui ne connaissait rien de la vie .Heureusement mon beau-père, ingénieur était lui beaucoup plus ouvert sur le monde...
    Il y eut beaucoup de pleurs mais c'était il y a un demi-siècle.Aujourd'hui les femmes ont évolué, elles vivent avec leur époque.Certaines ont encore une vie très active au moment de prendre du " grade". Les jeunes sont libérés et n'ont plus les mêmes échanges, les mêmes rapports avec leurs parents.
    Finalement, j'aurais bien aimé être la belle-mère d'une...belle-fille!
    Ma fille a de la chance, belle-maman qui est de la génération de mon mari, est charmante et elle apprécie autant sa belle-fille que je n'apprécie son fils...en fait, aujourd'hui, tout est affaire de mesure...de compréhension...de liberté aussi ...ce qui n'était pas nécessairement le cas..avant...

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    1. Oui, tu as raison Danielle, les modes de vie sont différents et les comportements aussi. On n'a plus trop envie de se mêler de la vie des jeunes couples. On sait mieux l'inanité des conseils. Et on est beaucoup plus modeste quant à ses certitudes !!! Donc tout est mieux huilé !

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  5. Il y a être une "jolie-maman" et avoir "une belle-mère".
    Tu feras partie du premier groupe sans aucun doute. J'essaie de l'être aussi, cela sans peine. Mais ma fille que tu connais pour avoir fais faire quelques bonnes prières par les Clarisses lors de son mariage a la deuxième espèce et je puis te dire que ce n'est pas de tout repos pour cette jeune femme mariée (3 ans hier). De ces mères qui ne coupent pas le cordon et ont un amour abusif pour leur gars... cela peut tuer un couple et je frémis à tout ce que doit faire Marine pour contrer la "beldoch".
    Heureux les jeunes qui ont de par leur union réussis à agrandir la famille en bonne intelligence. Je souhaite qu'il en soit ainsi pour toi et Alter, vous me paraissaient être respectueux et sensibles à l'écoute des desiderata de vos jeunes.
    Une pensée émue devant les photos des "filles" et le pas de deux du papa et de sa fille, cela me rappelle Alain et le premier slow avec la sienne ....Ils sont si fiers et si attendrissant nos bonshommes devant leur "poupée"!!!!
    Soyez Heureux!
    Martine de Sclos

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    1. Trois ans hier, déjà Martine ?? il me semble que c'était hier !! D'autant qu'on voit Marine, resplendissante en ce beau jour, sur ton blog !!
      J'ai souri en voyant ma "belle doche" transformée en beldoch, faut dire que cette graphie convient mieux au personnage !!
      Quant à l'attendrissement de nos maris devant leurs filles, il est toujours très émouvant, et j'étais très fière de voir Alter faire danser sa fille avec tant de sérieux !

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    2. "Un amour abusif" comme écrit Martine...oui, certainement mais point de véritable amour maternel lequel n'est vraiment épanoui qu' avec le bonheur des enfants.

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    3. L'amour abusif est rarement altruiste, en effet !!

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  6. Courage, ça va bien se passer ... et félicitations ;-)

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