vendredi 30 août 2013

JEUDIS MUSICAUX (août 2013)

En fait, le trio Dali, trio constitué depuis au moins 2008, a pour violoniste Jack Liebeck, absent à La Tremblade, où le remplaçait Tai Murray, la superbe violoniste américaine qui, après avoir parrainé l'Académie musicale de Royan 2013, fit florès à Violon sur le sable et qui avait accepté de venir jouer en formation de chambre, pour notre plus grand plaisir. Je ne sais ce que valent les Dali, mais la présence au violoncelle de Christian-Pierre La Marca me semble d'excellent augure. Toujours est-il que ce jeudi-là, Amandine Savary et lui étaient galvanisés par la présence de Tai et le bonheur de ces trois-là d'être ensemble, leur engagement, leur excellence en un mot, nous ont transportés. 

Prêts à attaquer !

La première pièce, la sublime sonate de Schubert, fut jouée un peu lentement, mais qu'importe, c'est tellement beau. Le trio numéro ... de Fauré et surtout le trio numéro 1 opus 8 de Brahms, oeuvre de jeunesse et pleine d'une fougue qui seyait parfaitement à ces jeunes et talentueux interprètes, ont été enlevés de main de maîtres(s), et ce fut un grand moment de communion musicale.


Car ils étaient parfaitement impliqués dans les œuvres, et leur maîtrise de la partition, leur virtuosité et leur souci permanent d'union ont fait merveille : les voix étaient parfaitement audibles, les chants bien détachés, et ils se passaient la parole avec une telle fougue que ce fut, vraiment, un grand moment de musique.



Le quatuor Ébène, juste avant la première note, devant la très belle abside de Mornac sur Seudre

Une "grande" journée que ce jeudi 8 août, riche en émotions et en vibrations d'une rare qualité. La réputation du quatuor Ébène n'est pas à vanter, et elle est amplement justifiée : on a là un des plus grand quatuors qui soient, et ce ne sont pas des "paroles verbales". Ils jouent même Mozart, une toute petite pièce de 10 minutes, de façon impeccable, subtile et précise, ce qui est pour moi le test suprême ! Leur entente parfaite, leur lecture intelligente et cultivée de la partition, leur sonorité d'une beauté étonnante (ils ont, nous dit-on, de merveilleux instruments anciens que je n'ai pu identifier, car il s'agit d'un prêt privé) sont autant de qualités précieuses qui en font vraiment une des références actuelles en matière de quatuor à cordes.


Dans ce petit film qui présente de façon fort sympathique les quatre musiciens, Gabriel Le Magadure parle d'un éthique du son, et, de fait, rien de surprenant alors, que le public soit scotché. Dans le quatuor de Ravel, entendu maintes fois lors des concours où il constitue une pièce de prédilection des formations en compétition, ils furent extraordinaires : plus "raveliens" que nature, ils atteignaient un équilibre rare : lyriques, éblouissants dans les pizzicatti, intimes dans les passages nostalgiques, brillants partout, ce fut un vrai feu d'artifice.

Les deux églises du 8 août : Mornac-sur-Seudre et Cozes

Quant à Mendelssohn, ce fut très fort. Le quatuor en la mineur, opus13, composé par le jeune compositeur à 17 ans, fut réalisé l'année de la mort de Beethoven, et il s'inspire ouvertement mais avec beaucoup de caractère, de l'opus 132 du maitre. Mendelssohn écrit à un ami "Tu le reconnaîtras dans les notes du premier et du dernier mouvement, mais il parle dans les quatre morceaux". Ces pages d'obédience beethovénienne certes, mais déjà pleines de la personnalité de l'artiste, émerveillent par leur audace, leur intensité, en un mot leur richesse. Et sous les 4 archets d’Ébène, d'une délicatesse inouïe, d'une homogénéité impressionnante, la pièce est terriblement émouvante. A vous arracher des larmes, si si !! Au point que les artistes refusèrent, à juste titre, d'ajouter un bis à ce moment de perfection absolue.

Toujours avant la première note, cette fois-ci à Cozes, l'église où il pleut du miel !! Un essaim d'abeilles, installé dans les combles, en a produit une telle quantité que le précieux liquide ambré suinte sur les voûtes du transept ! Voilà qui est symbolique quand on écoute des interprétations d'un tel raffinement ...

Le soir, à Cozes, ils jouèrent le quatuor en fa mineur, opus 80, écrit 20 ans plus tard, et alors que Mendelssohn traversait une crise grave : accablé de charges trop nombreuses, attaqué par la presse, la mort de sa soeur Fanny (le 14 mai 1847) fut pour lui comme un coup de grâce. Il disait alors "ne plus pouvoir penser à la musique sans ressentir la plus grande désolation et le vide de la tête et du cœur". Ce "Requiem pour Fanny" est une pièce sombre, désespérée même, révolte contre la mort, prophétique puisque le musicien décéda le 14 novembre de l'année où il l'écrivit. Les Ébène l'ont joué avec une urgence dramatique, un tempo rapide et presque haletant, poussant au paroxysme la noirceur de ces lignes, pétries de souffrance et d'angoisse.


Marielle Nordmann et Nemanja Radulovic

Un duo inhabituel, sinon inattendu, pour lequel les partitions sont, nécessairement, des transcriptions. Deux instruments qui, pourtant, sont faits pour s'entendre : parfois homogènes, parfois contrastés, l'un frotte ou pince, alors que l'autre pince !! Deux interprètes aussi de haute volée...



Mais, allez savoir pourquoi, l'ambiance 15 août, le programme, l'air du temps ?? nous nous sommes ennuyés. Faut dire que vu l'enthousiasme des spectateurs qui étaient si nombreux qu'il fallut laisser la porte de l'église ouverte pour permettre à ceux qui n'avaient pas eu de place d'en profiter un peu, pas besoin de s'écorcher les mains pour applaudir, ils le faisaient pour nous, debout encore ! Ben oui, Radulovic est très tendance... Bon voilà, un concert de passé, on fait une croix sur le planning. Au suivant...


 La minuscule église du Chay, entièrement reconstruite au XIXème et qui a gardé ses stucs joliment restaurés

 Quatuor de violoncelles, avec François Salque, Aurélienne Brauner, Honorine Schaeffer et Noé Natorp. 

Le programme de cette première carte blanche donnée à François Salque, autour du violoncelle, était dédié à la musique romantique française, et, cerise sur le gâteau, aux pièces spécialement écrites pour plusieurs violoncelles. Ce qui nous a permis de découvrir un répertoire peu connu mais fort agréable, joué avec beaucoup d'engagement par les jeunes instrumentistes que François Salque a réunis autour de lui et qui, malgré leur très jeune âge, sont fort prometteurs.


Nous avons ainsi découvert deux duos d’Offenbach, une suite pour trois violoncelles de Fernand de la Tombelle et deux mouvements d'une sonate de Max d'Ollone, toujours pour trois violoncelles. Cela a permis à Alter, qui n'aime pas trop les transcriptions, de garder le sourire !! Nous avons beaucoup apprécié les sonorités très puissantes et fort subtiles d’Aurélienne Brauner et d'Honorine Schaeffer.


Mais c'est surtout l'âme de cet ensemble, l'ancien violoncelliste  du quatuor Ysaÿe, qui a provoqué notre admiration. Très impliqué, mettant judicieusement "ses" jeunes en valeur, modeste et pourtant tellement brillant, il dégage de cet artiste un vrai charisme, qui fait merveille avec les instrumentistes. Il fait passer sa passion pour l'instrument, et on le sent excellent pédagogue : pas intrusif, ferme sans être directif, il laisse chacun s'exprimer avec bienveillance. Il est resté en retrait, attentif et discret, et n'a joué que deux pièces, dont Le chant des oiseaux, la célèbre mélodie catalane adaptée par Pablo Casals pour le violoncelle, et ce fut pour tous, même pour ses accompagnateurs, un vrai enchantement.


 Orchestre de violoncelles, avec François Salque, Aurélienne Brauner, Honorine Schaeffer, Noé Natorp, Elise Kleimberg, Bertille Arrué, Romain Chauvet, Michèle Pierre, Paul Colomb et Moïse Langlet. 

Le concert de Saint Palais avait attiré la foule des grands soirs : il faut dire que Frédéric Lodéon en assurait, pour le plus grand plaisir de "chouchou et poulette en goguette", la présentation. Je raille un peu, sans méchanceté je vous l'assure, car Lodéon rend la musique facile et surtout, en l'espèce, permettait aux instrumentistes de se réinstaller entre chaque morceau : un vrai ballet de chaises musicales, chacun jouant un tour dans les aigus, un tour dans les graves... tous ayant leur moment de gloire, soliste ou premier violoncelle, François Salque ne tirant jamais la couverture à lui, bien au contraire !! Entre chaque pièce c'était donc la valse des pupitres et des chaises, et monsieur Lodéon émaillait notre attente de quelques anecdotes croustillantes comme il en a le secret.


Le programme comportait surtout des arrangements, certains pas très convaincants, comme le Lamento d'Ariane, d'autres plus réussis (dus d'ailleurs à Roland Pidoux) comme un air de Don Carlos ou un extrait de la symphonie du Nouveau Monde. Le concert, après l'inévitable recours à Paganini (avec les variations sur une seule corde sur un thème du Moïse de Rossini), s'est terminé pour la plus grande joie de "chouchou et poulette" par un mambo enlevé, qui a réveillé tout le monde avant le pot final ! Bon, vous me connaissez, je suis toujours un peu énervée quand on remplit les églises de gens qui n'ont qu'une hâte, c'est que cela se termine, raclant les chaises, toussant et faisant sonner leurs sms, mais cela n'enlevait rien à la qualité du concert, très agréable au demeurant, et de bien belle tenue. Tous ces jeunes lauréats du Conservatoire de Paris et de Lausanne, que nous retrouverons peut-être à la Roche Posay le week-end prochain, ont un bel avenir devant eux. Et François Salque les coache avec beaucoup de sensibilité. Et même si je râle, bravo à Yann qui remplit tellement les églises qu'elles débordent : c'est nécessaire pour la survie de ce festival sensationnel qui nous réserve encore un grand mois de concerts !! Vous ne couperez pas au 4ème billet !!

mercredi 28 août 2013

RETOUR SUR EXPO : MATHURIN MÉHEUT

A suivre : Colette et Méheut


Mathurin Méheut au musée national de la Marine : la seule exposition vue en juin qui soit encore active, grâce à une prolongation jusqu’au 1er septembre.

Une exposition en tous points passionnante, que nous n'aurions eu l'idée d'aller voir si Koka, qui l'avait découverte en voulant faire plaisir à son breton de mari et avait éprouvé un vrai bonheur en la visitant, ne nous l'avait recommandée. Car Méheut est un artiste gai, surprenant, prolifique et doué. Cet artiste inventif et infatigable, n'appartenait à aucun mouvement et n'avait pas honte d'avoir commencé sa carrière comme apprenti d'un peintre en bâtiment ! C'est le seul apprentissage qu'avait trouvé son père, menuisier, quand il lui déclara à 14 ans qu'il voulait être peintre. Il commença très vite à délaisser les échafaudages et les rouleaux pour apprendre les Arts décoratifs, et ses décors de services de tables lui valurent son premier premier prix accordé par la revue Art et décoration. Il reviendra d'ailleurs à ses premières amours en réalisant en 1925 son superbe Service de la Mer, dont de nombreuses pièces figurent en bonne place à l'exposition.


Plus tard, vers 1910, il se spécialisa dans les croquis d'animaux marins, croquis qui lui valurent une commande d'importance pour illustrer un livre intitulé Etude de la mer : flore et faune de la Manche et de l'Océan. La précision de ses rendus, la richesse des détails anatomiques de ses poissons et autres crustacés, mais surtout les couleurs enchanteresses de ses aquarelles, assurent très vite le succès de ses œuvres. Tant et si bien qu'il se voit accorder une bourse pour un voyage autour du monde, voyage qui commence par le Japon et qui tournera vite court pour cause de déclaration de guerre et de mobilisation.


De la guerre de 14-18, Méheut a ramené des séries impressionnantes de dessins, véritables témoignages terriblement émouvants de la vie dans les tranchées et de la façon dont les hommes survivaient à l'horreur. "Un artiste combattant" dira de lui Armand Dayot (1851-1934 critique et historien d'art, fondateur de la revue L'Art et les Artistes) dans son article sur les artistes combattants de l'Illustration.*


Il dessine sur un morceau de papier, un calepin, avec un vague crayon ou un fusain : "Je serai bien heureux si ces pauvres feuillets, où j'ai dessiné ce que j'ai pu et comme j'ai pu, échappent à la tempête", écrit-il à ses amis auxquels il envoie ces croquis pour les sauver de la pluie et de la boue.


C'est d'ailleurs ce côté "reporter", toujours en éveil, toujours en train de gribouiller sur un coin de nappe ou sur une feuille volante, qui est l'un des charmes les plus accomplis de cet artiste qui ne cessait, dirait-on, jamais de dessiner. Ses correspondances sont sublimes, chaque lettre est enluminée de croquis, d'aquarelles, de dessins vifs et précis qui devaient ravir les destinataires de ces missives. Il "raconte" : la Bretagne, les métiers, ses voyages, ses observations, tout lui est prétexte à croquis.


En 1921, le musée des Arts Décoratifs lui organise une autre grande exposition où il montre ses dessins du Japon, de Bretagne et du front. Nommé peintre officiel de la Marine, il reprend parallèlement son activité d'illustrateur Gardien de feu d'Anatole le Braz, La Brière de Chateaubriant, Mon frère Yves de Pierre Loti, Raboliot de Maurice Genevoix ... nombreux sont les livres qu'il illustrera tout au long de sa carrière, livres documentaires, livres scolaires et même, en collaboration avec Colette, livre pour enfants.**


Artiste infatigable, il a tâté de toutes les formes d'expression artistiques : dessinateur, mais aussi graveur, sculpteur, très imaginatif, décorateur de vaisselle ou d'intérieurs de paquebots de luxe, Méheut a un talent jamais en repos, aux mille facettes, toujours actif, toujours inventif. Céramiste, il travaille pour la Manufacture de Sèvres, cartonnier, il collabore avec les Gobelins, décorateur il embellit la villa d'Albert Kahn à Cap Martin, des restaurants et de nombreux transatlantiques.


Une exposition qui fut, si l'on en croit le commissaire de l'exposition, passionnante à organiser !


D'après le site de Ker à Phil : L'Illustration, N° 3834 du 26 Aout 1916

** Regarde, livre illustré pour enfants auquel je consacrerai le prochain billet.

lundi 26 août 2013

COPYRIGHT SUR LE TIRAMISÙ

La version michelaise, le rose, c'était des dates d'anniversaire, rien de très officiel dans la recette !

Pour finir avec le sourire cette série un peu déprimante consacrée aux droits de l'image (1), il nous faut aujourd'hui traiter d'un sujet ô combien plus important et, entre tous, passionnant : celui du Tiramisù. Si l'on faisait un micro-trottoir (oui, je sais l'été se termine et les micros-trottoirs ne sont plus de mise mais bon, faites-moi la grâce de faire comme si) pour savoir, selon nos compatriotes, d'où vient le Tiramisù on obtiendrait ceci :
"Naples" (Alter) ...
"Région, je ne sais pas, mais ça remonte au XVème siècle... si, si, c'était un peintre,  Tirami... ruiné à la suite de la dilapidation du patrimoine familial, on l'appelait Tirami sans l'sou, et fort gourmand, qui a inventé ce dessert. Depuis on a oublié l'origine mais ça remonte à lui, sûr" (l'époux de Koka, en verve !!)....
"Ça me fait penser à un port..."
"???"
"Oui, à cause des p'tits rats... moi je verrais bien Venise" (Koka... qui, pour le coup, serait la plus proche de la vérité vraie). Et pendant ce temps, ces messieurs, plongés dans Wikipedia, triomphent (enfin l'un d'entre eux : "ça remonte bien au XVIème"... Sauf que ... il ne faut pas toujours se fier à Wiki et là, pas de doute, ils ont tout faux.

Roberto Linguanotto vous présente fièrement ce qu'il considère comme le seul vrai et authentique "tiramesù" (avec un e, oui, oui) pendant que madame Campeol, le soutient dans sa croisade !! En tout cas, il s'est bien débrouillé car son site s'intitule tiramesu.it !

Car l'affaire fait grand bruit en Italie, où l'on se bat ferme pour se voir reconnaître la paternité de cette douceur ineffable, que nous adorons tous déguster sur une terrasse ensoleillée, en rêvant d'en reproduire les parfums dans notre petite cuisine franco-française. Et c'est Trévise qui a le vent en poupe : la Région Veneto a mis tout son poids dans la balance pour faire reconnaître l'authenticité de l'invention pour Ada Campeol, la propriétaire de "Alle Becchiere" à Trévise, qui souhaitait créer un dessert énergisant (énergétique ??) alors qu'elle allaitait son premier-né. Plus exactement ce serait son jeune chef, Roberto "Loli" Linguanotto, qui aurait eu l'idée de ce dessert revigorant. L'homme, toujours en activité, revendique haut et fort la paternité de cette friandise, devenue monnaie courante sur nos tables. Et la région Veneto, par la bouche de Luca Zaia, son président qui, lui au moins, se consacre à des choses sérieuses (2), soutient sa thèse. Autant dire que le Tiramisù remonterait alors, au mieux, au début des années 70, et Zaia défend son dossier avec ardeur (3). "Il est juste et bon, dit-il, de demander la reconnaissance territoriale de cette spécialité, comme preuve d'un événement historique (rien que ça !!) mais aussi pour valoriser Trévise et la Vénétie d'un point de vue alimentaire". Et de déplorer qu'il y ait tant de "pères" putatifs pour cette recette et trop de versions différentes qui "ne rendent pas justice à l'inventivité du lieu qui l'a vu naître, véritable terreau de traditions pâtissières qui ont permis son apparition". S'appuyant sur le copyright obtenu par la pizza napolitaine (STG, spécialité traditionnelle garantie), il ne voit pas pourquoi le Tiramisù n'aurait pas, lui aussi, ses lettres de noblesse. Fussent-elles récentes ...

En attendant qu'on reconnaisse la recette authentique, on vous propose de quoi le préparer vous-même, oups !!

Et pendant ce temps-là, c'est vous dire si l'affaire est d'importance, Flavia Cosolo déclare "c'est mon père qui l'a inventé à la fin des années 40". Le papa en question tenait alors le célèbre restaurant "Vetturino" à Pieris (près de Monfalcone), on l'appelait d'ailleurs "Mario del Vetturino", et il était régionalement célébré pour l'excellence de sa cuisine, d'un haut niveau gastronomique. En plus de ses talents culinaires, Mario était connu pour son engagement antifasciste (4), durant les années 40. Et, toujours selon sa fille, ce serait lui le véritable inventeur dans les années 30, du Tiramisù, une coupe de chocolat au sabayon (on n'avait pas encore de mascarpone) qu'il appelait, dit-elle "la coupe Vetturino", et qu'il rebaptisa au début des années 40, Tiramisù. L'inspiration lui serait venue du commentaire d'un client qui, ayant particulièrement apprécié sa coupe Vetturino lui aurait dit "Ottimo, c'ha tirato sù" (super, il nous a revigoré !). Flavia précise que si personne ne prit note à ce moment-là de l'invention, la mémoire collective de Pieris a conservé trace de l'événement, et célèbre son père comme le génial concepteur de la recette originale.
Quant à Norma Pielli, de Tolmezzo, elle affirme de son côté avoir inventé le dessert en 1951. Et, affirme-t-elle, il était si apprécié que "les gens de Monfalcone et de Trieste venaient chez elle pour le déguster".
Les historiens de la gastronomie se penchent donc avec angoisse sur cet épineux problème : ils s'accordent à reconnaître que qu'il doit être né quelque part dans le Nord-Est au cours du XXème siècle, mais éprouvent encore quelques doutes sur son origine trévisanne.

Gourmand, jouisseur, d'une laideur immortalisée par les peintres, Cosme III de Médicis était aussi affecté d'un embonpoint impressionnant. Pas étonnant avec un tel régime...

Nous avons en fait 5 régions en concurrence : la région Veneto (de Venise), le Firoul-Vénétie-Julienne, mais aussi la Toscane, le Piémont et la Lombardie. Toutes les légendes (5) sont bonnes concernant ce dessert au nom prometteur "tire-moi vers le haut, emmène-moi au septième ciel, fais-moi m'envoler" !!! Ceci étant, et après avoir admis que le nom évoque forcément des pensées coquines, et ce d'autant plus volontiers qu'on attribue au Tiramisù des vertus aphrodisiaques, je pencherais volontiers pour la reproduction par tous ces savants inventeurs d'une recette traditionnelle et logique, recyclant des restes de biscuits, y ajoutant le café si apprécié dans la région du Frioul-Vénétie-Julienne, et l'enrichissant d’œufs pour rendre le dessert plus riche.

Pour autant, la bataille m'a intriguée : certes, il y a la fierté d'avoir mis au point une spécialité reproduite avec frénésie dans le monde entier. Il semble, d'après les enquêtes menées par les impétrants au copyright, que les anglo-saxons et les chinois soient, et de loin, les plus accros à la bagatelle. Car, vous me l'accorderez aisément, c'est bien d'une bagatelle qu'il s'agit ! Et si vous googlisez le Tiramisù, vous trouverez des choses aussi surprenantes que celui à la fraise, au speculoos - très tendance-, à la banane, au pain d’épice, glacé (cela devient une crème glacée), léger (une provocation puisqu'il est, par définitition, "reconstituant"), sans oeuf (une hérésie, même si j'avoue la commettre sans complexe), sans mascarpone (et pourquoi pas sans biscuit ??), breton (non mais, on rêve !!! aux pommes et au beurre salé !)... le seul que je n'ai pas trouvé étant le tiramisù salé, dont j'ai d'ailleurs du mal à l'imaginer ! Vous croisez les 5 règles d'or pour le réussir quoiqu'il arrive, le secret de la perfection en la matière, bref, la littérature est inépuisable et surtout, rarement conforme à la recette originale. On comprend donc l'intérêt de tenter de sauvegarder la tradition, sauf qu'elle n'a rien de très ancestral !! Mais surtout, et c'est sans doute ce qui explique l'ardeur des belligérants en matière de copyright, il y a dans tout cela, comme toujours, de réels intérêts financiers à la protection d'une recette.

Les plats à pizza dans leur jus, je n'ai pas eu le courage de les astiquer pour vous !!

Cette protection existe, au niveau européen, depuis 1992, sous la forme de la spécification STG, spécialité traditionnelle garantie, qui ne protège  pas un terroir mais "met en valeur une composition traditionnelle d'un produit ou mode de production". Les italiens se sont montrés particulièrement friands de ce cachet d'authenticité, puisque la mozzarella ou la pizza napolitaine l'ont obtenu assez rapidement. Le seul produit français sur les rangs étant, pour le moment, la moule de bouchot. Et ça marche comment ? Prenons l'exemple de la pizza napolitaine (que ma grand-mère, originaire de Gaete, dénigrait à qui voulait l’entendre, la traitant de pizza du pauvre, à la pâte trop épaisse et à la garniture misérable !! et elle mettait tout son savoir-faire à nous fabriquer des pizzas d'une finesse devenue légendaire et délicieusement garnies !). Un texte paru au Journal Officiel définit en 8 articles la recette imposée. Elle doit être circulaire, ne pas mesurer plus de 35 cm de diamètre (persuadée que les plats de ma grand-mère étaient bien plus larges, j'ai dû me rendre à l'évidence, ils ne font "que" 30 cm de fond), elle ne doit pas dépasser 3 mm d'épaisseur en son centre et 2 cm sur les bords... (là, j'entends ma mémé se retourner dans sa tombe!) La texture doit être "souple, élastique, facilement pliable" et c'était la fierté de la cuisinière que de jongler avec sa pâte fine mais si solide qu'on pouvait en faire ce qu'on voulait ! Trois accommodements seulement ont droit de cité pour le STG : la marinara, ail et origan, la margherita, basilic et mozzarella des Apennins du Sud, qui devient "extra" si elle contient de la mozzarella de bufflonne campanienne. La pâte, étalée à la main, est cuite dans un four qui doit atteindre 485°C. C'est pour cela que nous avions de plats à pizza puisqu'il était inconcevable de la cuire à la maison, on l'apportait donc chez le boulanger qui la glissait dans son four entre deux pains. Et, une fois la recette immortalisée, les restaurants, en l'espèce les pizzerias, peuvent demander l'homologation STG, qui, on l'imagine aisément, constitue une garantie de qualité pour les clients et permet, soit d'avoir une clientèle plus étendue, soit de pratiquer des tarifs plus élevés que les concurrents qui n'ont pas le label.


Quant au Tiramisù, à défaut de disposer de la recette "authentique", qui reste à définir, et faute de vous conseiller la mienne, par trop allégée puisqu'elle est sans œuf, et d'origine romaine - damned - je vous suggère celle-ci, d'une grande délicatesse d'élaboration !!! Entre les blancs d’œufs fermes comme les seins d'une Vénus de Botticelli et le caffè, qui est comme "l'espièglerie, à peine dissimulée, de Giacomo Casanova derrière son élégance et son raffinement", je suis certaine que vous y trouverez votre compte ! Et au diable les copyrights, mais cela, vous l'aviez déjà compris !!!


(1) Articles sur les droits de l'image :
Suite de PHOTOS ??? DROIT A L'IMAGE(1)
PHOTOS ??? DROIT A L'IMAGE(2)
PHOTOS ??? DROIT A L'IMAGE(3)
PHOTOS ??? BÂTIMENTS ET ŒUVRES D'ART (4)

(2) ce n'est pas comme dans "certaine" région, dont la présidente, royalement, se préoccupe de choses bien plus futiles, comme par exemple, de fermer les formations "campagnardes" pour les rouvrir en ville !!!

(3) Il faut dire que Zaia a été aussi, de 1998 à 2005, président de la province de Trévise...

(4) Et là, de gastronomique, le conflit devient politique car Luca Zaia est de la Ligue du Nord !!

(5) Selon l'Echo républicain "La légende qui semble le plus en accord avec la signification du nom tiramisu est celle-ci : durant la Renaissance italienne, les Vénitiennes un peu coquines faisaient du tiramisu pour le déguster avec leurs amants le soir. Elles étaient persuadées que ce dessert exquis donnait de l'énergie à leur partenaire pendant leurs relations sexuelles. Les prostituées de l'époque, qui travaillaient au-dessus des cafés, en achetaient la nuit pour retrouver de l'ardeur lorsqu'elles se sentaient un peu lasses. On dit aussi que pendant la Seconde Guerre mondiale, les femmes préparaient à leurs maris du tiramisu à base de restes de gâteaux qu'elles arrosaient de café. Lorsque le soldat mangeait un morceau de ce mets, l'odeur forte du café lui rappelait sa femme. Une autre légende fait remonter l'invention à la fin du XVIIème (je corrige, bien que le XVIème soit reproduit à l'envi !! car Cosme III c'est 1642-1723) siècle, lors de la visite du duc de Toscane, Come III de Médicis, à Sienne. Conquis par cet entremets, le duc ramena la recette à Florence d'où elle se répandit en Vénétie, à Trévise et à Venise. C'est là que le mascarpone fut ajouté à la recette originale".

samedi 24 août 2013

PHOTOS ??? BÂTIMENTS ET ŒUVRES D'ART


Bon, ça c'est MA maison, MON balcon, MON citronnier et  ... les arbres du voisin ! ... Comment ?? Oh Michelaise, tu ne fais attention à RIEN ... et le droit à l'image de cette bonne Oxy ... aïe, aïe, aïe, je sens qu'Oxy va me demander d'enlever ce cliché ....

En fait, en matière de photos (ou d'images en tous genres) publiées sur l'internet, il faut distinguer selon que l'image représente une personne (on applique alors le droit à l'image tel que nous l'avons détaillé dans les articles précédents, ou selon qu'elle représente des biens ou des œuvres. Certaines étant protégées par le droit d’auteur, d'autres non. Pour les dernières, c'est relativement simple, mais pas si évident que cela. Personne ne peut vous interdire c'est clair de publier la photo de votre maison, de votre vieux pigeonnier mais si le bien ne vous appartient pas ??

Voilà Oxy, la photo est parfaite, plus rien à dire ... quoi quoi ? tu as l'air un peu brouillée, "brassée" comme on dit en Charente ? ben que veux-tu c'est la rançon de la gloire ! Si je ne fais pas cela, les paparazzi vont te voler ton image et la négocier au prix fort auprès d'un magazine people !!

La question est alors "faut-il l'autorisation du propriétaire lorsque l'on réalise des photos dans la rue" ? Car, en effet, les maisons que vous "accrochez" au passage dans votre objectif, ou que vous visez bien précisément, appartiennent à quelqu'un, et on ne plaisante pas avec le droit de propriété. Certes, dans l'affaire Gondrée en 1999, la Cour de Cassation a décidé que le propriétaire du café Gondrée, premier bâtiment libéré par les Alliés en 1944, disposait d'un droit sur son bien et, en conséquence, pouvait s'opposer à ce qu'il figure sur une photographie. Seulement l'affaire n'était pas si désintéressée que cela puisque ce monsieur, en fait, voulait une rémunération pour permettre à une société d'édition de publier son café en carte postale. Et la Cour en a décidé ainsi, bloquant tout l'art photographique à destination commerciale puisque les professionnels ne pouvaient plus prendre de photos de rue sans prendre des risques considérables. C'est pourquoi en 2004, une revirement de jurisprudence a mis un frein aux dérives de l'affaire Gondrée. Dans l'arrêt du 7 mai 2004 la Cour de Cassation a rejeté la demande du propriétaire de l'Hôtel Girancourt, une demeure historique, qui prétendait obtenir rémunération pour la publication d'une photo de sa bâtisse par les promoteurs d'un projet immobilier, proche de l'Hotel Girancourt, et qui mettait en avant cette bâtisse pour monter l'environnement agréable et distingué du futur immeuble.

Pardon Madame ... pardon Monsieur, elles sont chouettes vos maisons à colombages, m'autorisez-vous à les photographier et à les utiliser dans un article de mon blog 1) pour raconter mon voyage à Limoges, 2) pour illustrer un billet sur le droit d'image ? Oui !! Vous êtes trop gentil... pouvez-vous me signer ce papier qui détaille notre accord ? Comment je vous emm... ? ... mais vous êtes le 7ème à qui je demande cela (ben oui, y a 7 maisons sur ma photo !!) et les autres m'ont mieux reçue que vous !!

Il a été décidé que le propriétaire d'un bien ne dispose pas d'un droit exclusif sur l'image de celui-ci et que, dès lors qu'il ne subit, du fait de la publication d'une photo de son bien, aucun trouble de jouissance, il doit tolérer que ce bien soit admiré, photographié et publié. Ouf, on ne pouvait même plus faire de tourisme sinon !! Car vous pouvez m'objecter que ces règles ne valaient que pour des utilisations commerciales des clichés, mais ceux d'entre nous qui ont des blogs "commerciaux", car acceptant, contre rémunération, des encarts publicitaires sur leur blog, étaient dans le collimateur. Vous vous voyez sonner à toutes les portes pour avoir l'autorisation de photographier puis de publier toutes les jolies maisons admirées durant vos vacances ?



Par contre, mais c'est logique, cette autorisation est nécessaire dès lors que vous voulez faire des prises à l'intérieur d'un domicile ou d'une propriété. Et comme, sous peine d'être accusé d'atteinte à la vie privée, c'est à vous qu'il appartiendra de prouver que vous avez eu toutes les autorisations en cas de conflit, il vaut mieux être raisonnable et si, lors de la visite d'une demeure privée, il y a en beaucoup, on vous dit que toute photo est interdite, rangez votre appareil, ce serait dommage de devoir partir dans une procédure longue et coûteuse, perdue d'avance. C'est pourquoi j'étais ravie, lors de notre voyage en Italie, de payer un billet spécial pour avoir l'autorisation de prendre des photos à l'intérieur de la Villa dei Vescovi qui appartient au FAI : on peut trouver cela révoltant, mais au moins, une fois payé cet écot, on est tranquille et l'autorisation est facile à prouver**. La chose se pratique de plus en plus, on donne aux photographes ayant acquitté le "péage" un bracelet, qui permet aux gardiens de ne pas les poursuivre de leur vindicte. Vous râlez, vous pestez, vous trouvez que c'est immoral de faire feu de tout bois et de faire raquer le touriste ? Moi qui toujours très anxieuse de me faire reprendre, je trouve cela très commode. C'est trop pénible de faire des photos en douce, dont on ne peut rien faire ensuite !

Bon, c'était une mairie, cela se voit non ?? Donc ... ah oui mais, la date était le 21 juillet 2012... un samedi (et oui c'était le mariage de Koka !!) et la mairie d'Issy les Moulineaux est fermée le samedi. Allez c'est pas grave, je change la date de la photo ... 30 juillet 2013. Mais vous avez vu l'heure ?? Mazette, je ne vais pas m'en sortir ! Et en plus, la date de prise de vue est encore visible, je ne suis pas assez douée en informatique !

Si par contre vous vous trouvez dans un lieu public, église, magasin, mairie etc ... vous avez le droit de faire des photos pendant les heures d'ouverture de l'endroit. Mais me direz-vous, que ferais-je en un tel lieu hors des heures d'ouverture ? Tu pinailles Michelaise ! Mais non : vous pouvez par exemple y être invité pour une soirée privée : dès lors qu'il y a un contrôle à l'entrée, et une limitation des visiteurs aux seuls invités, vous êtes dans un lieu "privé" et une autorisation de photographier est obligatoire. C'est qu'on ne plaisante pas avec la vie privée !! Quoique ?? Si vous avez un avion et que vous profitez de votre survol pour photographier l'intérieur d'un parc ou d'un jardin, fut-il fermé à la visite, vous n'avez besoin d'aucune autorisation pour le faire ! Bon, si vous publiez la photo de la maîtresse de maison en tenue d'Eve au bord de sa piscine, vous contrevenez, c'est clair, au droit à l'image, mais vous pouvez garder ces jolis clichés pour votre musée personnel, rien à redire ! Bizarre non ? Bon, je sais que vous n'avez pas d'avion, mais on ne sait jamais, si vous gagnez au loto d'ici peu !!!

Il nous reste à envisager les droits que nous avons pour publier des photos d’œuvres d'art, donc d'objets our de monuments relevant du droit d'auteur. Tant que l'oeuvre n'est pas tombée dans le domaine public (ce qui arrive 70 ans après le décès de l'auteur) il faut l'autorisation de ce dernier ou de ses descendants. En effet, quand l'oeuvre photographiée a été créée par un auteur vivant ou mort depuis moins de 70 ans, et quelle représente le sujet de l'image il faut pour la publier l'autorisation écrite de l'auteur.  Vous avez l'impression de faire oeuvre utile en publiant les photos de la sculpture d'un artiste local, pensant qu'il sera content que vous lui fassiez de la pub ? Il vous faut normalement obtenir son autorisation écrite ...etc etc. Vous flashez sur une fresque dans un bistrot et vous vous dites que vous allez parler du bistrot, de l'artiste et tutti quanti, photo à l'appui ? Quelle imprudence !! Quant à votre article sur la tombe Brion par Scarpa, c'est une vraie catastrophe ! Vous qui pensiez faire oeuvre utile en parlant d'une oeuvre d'art qui mérite d'être mieux connue.... les descendants du de cujus ainsi que ceux de l’architecte vont vous faire subir les derniers outrages ... sauf que c'était dans un cimetière et que cela doit être un lieu public.

Ceci n'est pas la Tour Montparnasse ... non, non, je vous assure, c'est une photo des toits de Paris, et ce n'est tout de même pas de ma faute si ce gros truc barre l'horizon !! Mais je dois mentionner les noms de architectes, sauf que je suis inculte et que je ne sais pas que cette Tour mérite le détour et l'admiration, na !

Vous trouvez la pyramide du Louvre très belle, ou très laide ? Peu importe votre avis, pour en publier une photo sur le net, si l'on s'en tenait au strict droit d'auteur tel que l'ont longtemps pratiqué les tribunaux, surtout en matière commerciale*, il vous faudrait l'autorisation écrite de monsieur Pei, avec le nom de l'oeuvre, les utilisations et exploitations que vous envisagez de faire de la photo, l'objectif poursuivi, le territoire de diffusion et la durée de cette dernière. Impraticable me direz-vous... et absurde ! A cela s'ajoute, nettement plus praticable, le fait que l'artiste possède un droit moral, "perpétuel, inaliénable et imprescriptible", qui oblige à citer son nom dans toute exploitation que l'on veut faire de son oeuvre, fut-elle tombée dans le domaine public. Cela procède du droit à la paternité de l'oeuvre, qui est un droit moral. Donc, pour toute photo d'oeuvre d'art, vous êtes censé en noter l'auteur, le plus précisément possible. Et puis, comme la règle précédente est carrément inapplicable, les tribunaux ont mis au point la notion de "liberté de panorama". C'est une exception au droit d'auteur permettant de reproduire une oeuvre d'art ou d'architecture protégée par le droit d'auteur mais se trouvant dans le domaine public.

Selon la théorie complémentaire dire de "l'arrière-plan", développée par la jurisprudence, la cour d'Appel de Paris a rejeté la demande par les 4 architectes concepteurs d'une indemnisation pour publier la Tour Montparnasse en carte postale, décrétant que la carte représentait en fait ... la rue de Rennes. Devant les excès de certains architectes, il a fallu légiférer : la loi du 1er août 2006 a donc décidé que l’architecte ne peut interdire « la reproduction ou la représentation, intégrale ou partielle… [de son] oeuvre architecturale, par voie de presse écrite, audiovisuelle ou en ligne, dans un but exclusif d’information immédiate et en relation directe avec cette dernière, sous réserve d’indiquer clairement le nom de l’auteur ». Voilà qui est tout de même plus réaliste et cohérent dans notre civilisation de l'image. Sus à la pyramide du Louvre !!

ENFIN ! un sujet qui n'ouvre droit ni à droit à l'image, ni à protection des droits d'auteur... les bons moines d'Aubazine qui ont conçu et réalisé ce superbe ouvrage d'art pour porter l'eau de la source au monastère sont morts depuis longtemps, plus de 8 siècles, ils n'ont pas laissé d'ayants-droits, ça j'en suis certaine ou alors illégitimes, pas de droit d'un paysagiste à l'horizon, ce sont des herbes folles qui bordent le canal des moines... donc je vais pouvoir mettre ce cliché sur mon blog ! NON ??? mais pourquoi ?? Ah l'architecte des monuments historiques qui a restauré le canal ?! ben oui, je n'y avais pas pensé... je plaisante bien sûr mais avouez que cela devient vite "prise de tête" !

Quant aux œuvres rentrées dans le domaine public, il ne faut pas croire pour autant qu'elles soient faciles à reproduire ! Supposons qu'il vous prenne l'envie de photographier et d'exploiter une image des jardins de Le Nôtre. Vous n'avez pas besoin d'être grand spécialiste en Histoire pour savoir que le célèbre jardinier est mort depuis plus de 70 ans, vous pensez être tranquille. Que nenni ! Achille Duchêne, le paysagiste qui les a restaurés, a exigé et obtenu que les tribunaux considèrent ces restaurations comme une oeuvre originale ! Alors vous pensez, mon article sur Villandry, danger danger ...


Fort heureusement, sauf à être financé par de la publicité, la mise en ligne de votre blog n'est pas encore considérée comme une exploitation de l'image !!! Sinon, vous devriez faire attention aux photos de nuit de la Tour Eiffel*** ou du château de Chambord, les illuminations étant, elles aussi, protégées par le droit d'auteur. Et oui, on ne pense pas à tout : ainsi les meubles, bijoux, créations de couture, chaussures, coiffures sont aussi protégées, et toutes les décorations apposées sur un monument ancien, comme par exemple les pots de fleurs installés sur le Pont Neuf par Christo en 1994, aussi ! Ruggieri pourrait bien m'attaquer pour les photos de ses feux d'artifice. Mais que pensez-vous de l'interdiction qui est faite de photographier le rayon des épices aux Galeries Lafayette Gourmet, qui est tout de même un lieu public ?? Où va se nicher l'art tout de même...

Bon d'accord, celle-là, elle est couverte par un droit d'auteur, mais Chic m'a donné l'autorisation de la publier, si si, je vous l'assure, suffit que je retrouve le mail !

Conclusion : vous pouvez continuer à tenir un blog sans trop de souci puisque vous n'en tirez aucun profit, à moins que vous ne soyez, bien sûr, un blogueur avec bandeaux publicitaires, ou "sponsorisé", voire "professionnel"****. De toute façon, quel que soit votre statut, même simple particulier avec quelques centaines de lecteurs par jour, une déontologie est nécessaire en matière d'image, et celle que vous pratiquez, comme la mienne, fait foin de toutes ces prises de tête et repose, naturellement, sur le bon sens, le bon goût et la bonne éducation ! Alors qu'on cesse de nous traiter comme des incapables de l'éthique, comme des irresponsables du déclencheur, nous savons ce qu'est le respect d'autrui. Car il faut bien l'admettre, toutes ces histoires de respect du droit d'auteur, de la propriété artistique ou de droit à l'image se résume, trop souvent, à des plumes de paon destinées à masquer une oie qu'on engraisse, ou qu'on souhaite engraisser.

Car tout n'est, malheureusement, qu'histoire de gros sous à verser aux uns et aux autres, et ce, durant des périodes qui, si l'on y réfléchit bien, sont étonnamment longues. Un sculpteur, qui a eu le chance d'avoir une commande d'une municipalité, et qui a été payé pour sa réalisation installée en bonne place sur un giratoire, devrait percevoir, lui et ses héritiers après lui, des droits durant plus de 100 ans, chaque fois qu'un péquin s'aviserait de photographier sa sculpture ? Comme les héritiers de Picasso continuent à toucher, pour chaque reproduction utilisée à des fins commerciales, des royalties qui se chiffrent en sommes tellement importantes qu'il a fallu créer une société, Picasso administration, pour gérer tout cela. De la simple carte postale à la reproduction d'un tableau dans un livre d'art ou en couverture d'un roman, en passant par le magnet ou l'éventail vendus à la sortie des musées, tout est bon pour enrichir les héritiers qui, ont vraiment touché le gros lot. Moi, je parlerais d'enrichissement sans cause, car l'oeuvre a été payée, par un musée, par un collectionneur, au départ par un acheteur, et cela continue à produire des droits.

Pas simple d'illustrer mon propos sans contrevenir au droit d'auteur ! Je me suis donc, encore une fois, livrée au détourage sauvage, à partir de photos de ventes publiques trouvées sur le JDD et sur le Nouvel Obs... quant à l'automobile, j'avais la même il y a peu, autant dire que j'ai déjà versé mon écot !! Une source anonyme très informée parlait de 3 millions d'euros par an en 2007...j'ai participé ... deux fois même !!

Que les héritiers aient un droit moral sur l'oeuvre pour éviter qu'elle soit galvaudée par les marchands du temple qui voudraient, par exemple, en orner une voiture, on le comprend aisément ! Sauf que les héritiers, ici, s’accommodent fort bien des marchands en question et s'ils prétendent, un peu faux cul quand ils interdisent aux carnavaliers d'Aix de réaliser des chars d'inspiration cubiste ou aux écoles de la ville, qui recevait une exposition du peintre, d'orner les sets de table des écoliers de reproduction d'oeuvre de leur génial ancêtre.

Alors, qu'on cesse donc de nous interdire, partout, de faire des photos : cette manie du "sécuritaire" finit par porter atteinte à nos libertés les plus élémentaires. On peut faire des photos sur une plage, fut-ce Paris Plage, et on sait assumer l'usage qu'on en fait : nous ne sommes pas des inconscients ou des balourds, nous avons une morale civique et, en tant que blogueurs, nous faisons de notre mieux pour l'appliquer. Sinon, nous allons en être réduits à faire comme Ahae : chaque jour une photo prise de notre fenêtre !

Quand même, on a de la morale dans les blogs ! Par exemple jamais, au grand jamais on n'oserait utiliser une photo pareille dans nos billets... Je parle de celle de la vignette en haut à droite (allons messieurs, cessez de grossir le cliché pour tenter de mieux voir, circulez, y a RIEN à voir !) , car l'autre, le fond, elle est très "1900" ! Ne sont-ils pas touchants tous ces citadins sur le sable ? Je vous assure que chez moi c'est pas aussi joli en ce moment !!

* Selon les Cahiers de l'Ordre des Architectes, numéro 32 du deuxième trimestre 2008, pages 16 à 18 : "En matière de photographies, constitue une atteinte aux droits moraux et patrimoniaux de l’architecte sanctionnée par le paiement de dommages et intérêts, la reproduction :
-  dans une brochure diffusée au niveau national et sur des présentoirs publicitaires, de la photo de l'immeuble qu'il a réalisé, sans que son autorisation n’ait été sollicitée et sans que son nom ne soit mentionné (CA Besançon, 1ère ch. civ., 8 janv. 1998, n° 18/98, SA La Rochère c/ Di Nisi.)
- dans le cadre d’une publicité, pour illustrer l’application d’un procédé d’imperméabilisation, de photographies du ministère des finances de Bercy sans citer le nom des architectes (CA Paris 4e ch. 20 octobre 1995, SPPM c/ Chemetov et autres, RDI n° 18, janvier-mars 1996).
- de la photographie de l’ensemble d’une cité lacustre, grâce à une vue aérienne, pour assurer la publicité d’un camping la jouxtant (« Port Grimaud », V Prés. TGI Draguignan, 16 mai 1972 et pour une autre cité, même solution, Paris, 16 juin 1979.)"

** Et en plus les 3 euros sont versés pour une bonne cause puisque le FAI oeuvre pour la protection de sites historiques et naturels ! Je vous renvoie au billet sur la villa dei Vescovi "Per il paesaggio, l'arte e la natura. Per sempre. Per tutti"

*** allez on dira que les photos sont celles d'Alter et de Michelaise ! et que la Tour n'est là que par hasard... Quant aux Champs Elysées, pas de doute, c'est bien la foule qu'on a immortalisée

****Une experte en la matière explique (anonymement) que les blogueuses mode les plus puissantes peuvent gagner 5 000 euros par opération pour mettre en scène des marques dans leurs "posts". Mais pour gagner une telle somme, il semble qu'il faut que le blog génère au moins 600 000 pages vues en un mois. Une autre forme de monétisation s'est mise en place : le lien d'affiliation. "Il s'agit de commissionner les blogueuses sur les ventes de produits générées grâce à leurs articles"(source)


jeudi 22 août 2013

BREF DICTIONNAIRE DES MACCHIAIOLI



Pour en finir avec les Macchiaioli, un article hommage où je présente très succinctement chacun d'eux, des noms que nous connaissons mal et pourtant, tous, des personnalités attachantes. J'ai illustré chaque brève note d'un portrait, choisi sur le net, le plus proche possible de l'allure qu'avait le peintre dans les années d'existence du mouvement, préférant toujours les peintures ou les autoportraits, quand c'était faisable. Dernière remarque : pas la moindre femme chez les peintres florentins, alors que les impressionnistes avaient des collègues femmes !!


Guiseppe ABBATI (Naples 1836 - Florence 1868) volontaire durant trois ans dans les troupes de Garibaldi, il est blessé en 1860 à la bataille de Capoue où il perd un œil. Il s'engage à nouveau aux côtés du héros en 1862 et se porte volontaire lors de la campagne militaire de 1866 en Vénétie. Un soldat mais aussi un excellent peintre, qui se taillera une place de premier plan parmi les macchiaoli. Il meurt en 1868 des suites d'une morsure de son chien que lui avait offert son mécène, Diego Martelli. On remarque le chien et le bandeau sur l'oeil perdu dans ce portrait que fit Boldini de lui.




Cristiano BANTI (Santa croce sull'Arno, 1824 - Montemurlo 1903) D'une famille aisée, il accueille les peintres dans ses maisons toscanes, peint avec eux et achète nombre de leurs oeuvres, constituant une belle collection qui est exposée aujourd'hui au Palazzo Pitti. Nommé professeur à l'Académie des Beaux-Arts de Florence en 1884, il sera chargé de réorganiser le musée des Offices. Remarquez combien Boldini, toujours lui, met d'acuité dans ses portraits : on voit ici combien Banti était, par rapport à ses autres collègues, un "dandy" !






Giovanni BOLDINI ( Ferrare, 1842 - Paris, 1931) celui qui a fait le plus de "vieux os" !! et la carrière la plus brillante ! mais il n'est macchiaolo qu'un temps ! au tout début de sa carrière. Plus jeune que les autres, il préfére le portrait au paysage, et réalise de nombreux portraits de ses amis peintres avant de les quitter pour s'installer à Paris en 1867. Dès lors, sa carrière est établie, il devient vite célèbre et recherché : il s'éloigne de la manière macchiaoli dès 1876 et développe un technique très rapide et synthétique qui va jusqu'à dissoudre le sujet dans des impressions colorées. Boldini, le grand portraitiste de tous ses compagnons de palette, s'est aussi représenté : distingué, raffiné, prêt à partir pour le Bois ou l'Opéra, il est le prototype de l'élégant parisien !!



Odoarno BORRANI (Pise, 1833 - Florence, 1905) habitué du café Michelangiolo, il s'engage dans l'artillerie toscane. Proche des deux écoles, il pratique aussi bien Castiglioncello que Piagentina. En 1876, il tente d'ouvrir une galerie avec Lega pour promouvoir le nouveau courant artistique mais ce projet est un échec. Il ouvre alors une école privée de peinture pour subvenir à ses besoins. Il obtient quelques succès mais finit dans la misère, obligé de faire des décorations sur céramique ! Dans son autoportrait, Borrani se campe les bras croisés, un livre à la main et sa petite moustache à la Napoléon III lui donne un air très fier !

Vincenzo CABIANCA (Vérone, 1827 - Rome, 1902) peintre de tableaux de scènes de genre, il s'enthousiasme pour la macchia à son arrivée en Toscane et devient, selon Cecioni "le plus affirmé, le plus violent, le plus absolu des macchiaoli". Après avoir peint avec ses amis toscans, il part pour Paris et à son retour, s'installe à Parme, puis à Rome où il connait un certain succès. Boldini nous le présente la mâchoire décidée, l’œil vif et d'une élégance de muscadin !






Adriano CECIONI (Fontebuona, 1836 - Florence, 1886) reçoit en 1863 une bourse pour étudier hors de Toscane. Il part alors à Naples où il rencontre De Nittis et fonde avec lui l'école de Resina et le rejoint même à Paris. Mais il n'aime pas l'art français et peu à peu se brouille avec tout le monde. De retour à Florence dans les années 1870, il devient le théoricien de la macchia, s'imposant comme critique d'art. C'est un virulent polémiste et ses écrits sont fondamentaux pour l'étude du mouvement. En 1884, un poste de professeur lui assurera la matérielle et lui permettra de finir sa vie sans trop de soucis financiers.
On sent le querelleur dans ce portrait que fit de lui Borrani, l'homme a les bras croisés, l'air altier et décidé et fixe le spectateur d'un air qui n'a pas l'intention de s'en laisser conter !

Giovanni (dit Nino) COSTA (Rome 1826- Marina di Pisa 1903) rencontre De Tivoli en 1849 lors de la défense de Rome. Obligé de fuir la ville après la défait de la République Romaine, il finit par s'installer à Florence en 1859 où il retrouve son ami florentin au Café Michelangiolo. Lors d'un séjour en France, il séjourne quelques temps auprès des artistes de la forêt de Fontainebleau. De retour en Toscane, il combat auprès de Garibaldi, puis, la paix revenue, s'implique dans la vie politique. En 1878, se forme autour de lui une nouvelle école, l'école Étrusque, et il connait un certain succès (Biennales de Venise, exposition diverses). Il a laissé ses mémoires, document passionnant sur la vie d'un artiste en cette seconde moitié du XIXème. Frédéric Leighton, rencontré dans les Castelli Romani, lors de son exil à Arricia, puis retrouvé à Londres en 1861, en a laissé ce portrait doré et chaleureux, presqu'intime.

Vito D'ANCONA (Pesaro 1825 - Florence 1884) est, comme Banti, originaire d'une famille aisée. Passionné pour la littérature italienne et étrangère, en particulier les naturalistes français, il fréquentera de nombreux artistes français et italiens, participant aux premières recherches sur les Macchiaioli et se passionnant toujours pour les derniers développements artistiques. Il s'installe d'ailleurs à Paris en  1860, et y reste 7 ans. Après son retour à Florence, bien que très malade, il continue à peindre, obtient même une médaille d'or à Naples et c'est que lorsque la paralysie l'immobilise définitivement, en 1878, qu'il cesse toute activité. Il se représente, jeune encore, les traits déjà un peu empâté, et non encore pourvu de l'abondante barbe qui le caractérisera par la suite.

Serafino DE TIVOLI (Livourne, 1826 - Florence, 1892) participe, lui aussi, aux batailles de Rome, et est l'un des ardents protagonistes des discussions politiques du Michelangiolo. Il découvre Paris très tôt, en 1855, à l'occasion de l'Exposition Universelle et y rencontre Troyon, Rosa Bonheur et Decamps. De retour à Florence, il est l'un des premiers à encourager un changement de technique et à théoriser la macchia. Sa carrière sera inégale et, après un long séjour à Paris de 1873 à 1890, il rentre à Florence où il meurt dans le dénuement. Aucun portrait ou autoportrait du "Père de la Macchia", juste cette photo de lui, très "bourgeois" placide avec gilet et chaîne de montre !


Giovanni FATTORI (Livoune 1825, Florence 1908) était un amateur passionné de romans historiques de Walter Scott ou Victor Hugo et c'est sans doute pour cela qu'il aimait peindre des scènes de batailles, épiques. Ardent défenseur de la Macchia, il sera pourtant, à partir de 1880, parmi les déçus de cette génération et développera une sensiblité picturale très différente de celles de ses débuts, plus proche du naturalisme européen. Il s'autoportraiture de façon classique, tout jeune, palette et pinceau à la main, le cheveu un peu fou, presque romantique !






Silvestro LEGA (Modigliana, 1826 - Florence, 1895) a, nous l’avons vu, fait u peu bande à part quand il est tombé amoureux de la fille aînée de Spirito Batelli. C'est grâce à l'accueil de ce dernier à Piagentina qu'il fondera l'école du même nom, branche jumelle des machhiaoli. Son séjour auprès de sa belle est une période d'intense production artistique pour lui et il y affirme ce style lumineux et paisible qui le caractérise. Après la mort de Virginia, il fait une dépression, sombre dans l'inactivité et développe une maladie oculaire qui l'empêche de peindre. En 1876, il tente d'ouvrir une galerie à Florence avec Borrani, mais le projet échoue. Il meurt assez pauvre en 1895, d'une maladie d'estomac. Tout jeune, son autoportrait le montre anguleux, lui aussi adepte de la moustache et du bouc, et pourtant presque timide et très réservé.



Antonio PUCCINELLI (Castelfranco di Sotto, 1822 - Florence, 1897) obtient, après la première guerre contre l'Autriche, un bourse pour aller étudier à Rome. Lorsqu'il rentre à Florence, il se voit attribuer un poste d'enseignement à l'Académie de la ville. Pourtant il s'intéresse à la peinture "moderne", et veut même, en 1858, fonder un périodique pour promouvoir les peintres toscans contemporains. Le projet échoue et, connaissant un réel succès, il est nommé professeur à l'Académie de Bologne. Son portrait, dont je n'ai pas réussi à identifier l'auteur, le campe en parfait artiste : béret, foulard et blouse de peintre brune.



Raffaello SERNESI (Florence 1838 - Bolzano, 1866) fréquent bien spur le Café Michelangiolo, ocmbat dans le corps expéditionnaire toscan, puis de retour à Florence, aime à peindre en plain air avec tous ses amis macchiaioli. Il montre un intérêt marqué pour les peintres du Quattrocento (comme Borrani, Lega et Fattori) et participe de près à l'école de Piagentina. Il présente au salon de Florence de 1861 un tableau Petits voleurs de figues, jugé immoral par le jury ! En 1866, il combat aux côtés de Garibaldi pour prendre la Vénétie. fait prisonnier par les autrichiens, il meurt des suites de ses blessures à Bolzano. C'est le héros militaire du groupe, mort jeune pour leur idéal commun. Le seul portrait que j'ai trouvé de lui s'est vendu en vente publique (c'est pour cela qu'il est barré d'un filigrane inopportun) : c'est un autoportrait assez conventionnel, (pourtant Sernesi devint un macchiaolo ardent), et l'on ne devine pas, sous les traits de ce jeune homme assez académique, la fougue qui fut sans doute celle de l'artiste. 

Le père de Telemaco SIGNORINI (Florence, 1835 - Florence, 1901) était peintre à la cour du grand-duc de Toscane. Ce qui n'empêcha pas le fils d'être parmi les plus ardents inventeurs de la "macchia". Enrôlé comme tous dans l'artillerie toscane, il fera aussi un séjour à Paris. On lui doit des toiles audacieuses, comme la salle des agitées au Bonifacio de Florence, la prison de Portoferraio ou le Ghetto de Venise qui suscite lors de son exposition de vives critiques. Il devient, au milieu des années 1860, un écrivain polémiste et brillant, et on peut le classer parmi les théoriciens du groupe. Il participe aux différentes publications sur les macchaiaoli et voyage beaucoup. C'est leu seul, mis à part Boldoni, qui recevra une commande de Goupil, et il se verra attribuer un poste de professeur à l’Académie de Florence sur la fin de sa vie. Sa photo le montre chaussant de fines lunettes qui accentuent son air d'intellectuel convaincu ! 




Federico ZANDOMENEGHI (Venise, 1841 - Paris, 1917), avec un nom pareil, est bien sûr vénitien, et c'est là qu'il se forme. Il participe en 1860 à l'expédition garibaldienne des Deux-Siciles, et se retrouve étiqueté déserteur par la police autrichienne. Ne pouvant rentrer à Venise, il erre un peu et finit par y revenir, ce qui lui vaut d'être arrêté et emprisonné en 1862. Il s'évade et part à Florence où il se lie d'amitié avec le mouvement machhiaiolo. Lorsque Venise est libérée, il rentre chez lui mais garde des contacts avec le groupe. En 1874, il va s'installer à Paris où il devient proche des impressionnistes et participe même à leurs expositions. Pourtant, il rêve de revenir à Venise, désir qui ne sera pas exaucé, même si la Biennale de Venise lui consacre, en 1914, une importante exposition rétrospective. Il porte beau sur cet autoportrait qui le peint inquiet, le sourcil froncé et la bouche entrouverte, comme s'il était en train de s’apostropher lui-même !




Sources des photos illustrant cet article :
L'article est écrit grâce au lexique fourni par le catalogue de l'exposition.


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