mardi 10 juin 2008

EXAMENS

Banal, banal, que fait un prof au mois de juin ? Il fait passer les examens... les oraux, les écrits, les jurys, bref ça le sort !! Cette année j'ai eu la chance d'en faire passer une partie à La Rochelle (le reste sera moins fun, puisque ce sera Poitiers, beurk)... C'est ainsi qu'hier Michel est venu avec moi profiter de notre belle "capitale" pendant que je trimais !! Il a visité le Musée du Nouveau Monde et surtout pris quelques photos (vous savez que quelques, en ce qui le concerne cela se compte en dizaines).

J'ai trimé très vite afin de me libérer et de le rejoindre, ce qui nous a permis de passer une soirée agréable. En fait ce qui a motivé ce déplacement, c'était la projection à La Coursive de My Father My Lord, que tu avais tant envie de voir Marie, et dont les fiches du cinéma disaient grand bien. Le titre est superbe, l'argument prenant, et nous étions tout contents d'avoir l'occasion de voir ce film qui ne bénéficie que d'une dizaine de copies. Las... L'esthétique jaunâtre de la pellicule, la bande son sur-dimensionnée dans un émotionnel de guimauve, des acteurs improbables (le rabbin est vieux comme le monde, et peu crédible en père attentionné), la scène de la mort de l'enfant mal tournée, ennuyeuse et ratée, tout concourt à rendre l'ensemble raté, pas émouvant pour un sou et finalement ennuyeux. L'exotisme que représente, à notre époque laïque, l'importance des convictions religieuses lors d'une épreuve, est sans doute ce qui a suscité l'enthousiasme de certains critiques, mais c'est d'un intérêt moyen quand on connait des cathos du même acabit. On a affaire à des juifs intégristes, certes, mais sans excès, car le réalisateur est quand même assez fin pour éviter de tomber dans la caricature absolue. De plus, pour les goys que nous sommes, les interprétations sont difficiles. Témoin la mitzva du renvoi du nid. C'est un commandement qui enjoint à celui qui veut prendre des œufs dans un nid, de chasser auparavant la mère. Lue ex abrupto, avec notre sensibilité chrétienne et humaniste, la scène du film où le rabbin renvoie la pigeonne du nid où elle couve ses œufs sur le bord de la fenêtre, peut paraître "cruelle", vue au travers des yeux de l'enfant qui ne comprend pas et qui a peur. Il est clair cepndant, expliquée, que la mitzva est bonne car, si l'on a besoin, pour se nourrir, de "voler" les œufs à la mère, il est préférable de ne pas le faire devant elle. Pourtant, d'après le réalisateur, justement, ce qui est important, ce n'est pas de juger la mitzva, est-elle bonne ou mauvaise, justifiée ou injustifiée, humaine ou cruelle. Ce qui compte pour un juif intégriste, c'est de l'appliquer, parce que c'est une mitzva. C'est seulement cela qu'il veut dire, mais de nombreux critiques s'y sont mépris, et y ont vu la preuve de la rigidité d'un comportement religieux borné. Nous mêmes avons eu du mal à saisir le sens de la scène. Ceci étant, les dialogues se limitent à des citations bibliques assez soporifiques, et comme l'exotisme n'agit pas, cela devient vite soulant. C'est prévisible, lacrymal et on attend la fin avec impatience. On ne peut s'empêcher d'évoquer, après avoir vu le film, le chef d'œuvre absolu de Kieslovsky, son premier film du Décalogue, poignant, prenant, époustouflant et parfaitement, totalement juste.
Comme Michel avait très mal à aux pieds à la suite de ses escapades photographiques, il n'avait pas une envie folle de continuer à démabuler dans la ville, et nous sommes donc allés voir, en attendant My father, my Lord, un autre film, argentin, réalisé par Lucia Cedron : Agnus Dei.
Là encore, un premier film, mais tellement plus sensible et beaucoup plus prenant que l'autre. Un très beau film, sur la rédemption, sur la mémoire. Il raconte commentton ne vit toujours qu'un aspect d'un événement ce qui fait qu'on se trompe souvent sur le jugement qu'on porte sur lui. Les images sont superbes, presque trop (mais on pardonne largement cela à un néophite), les acteurs justes et sensibles (la gamine est bien dirigée), l'histoire crédible et surtout très humaine. La confrontation entre le passé et le présent est construite avec une grande élégance et beaucoup de subtilité, les mêlant longuement avant que nous arrivions à trier le bon grain de l'ivraie. Si j'ai personnellement regretté que la fin soit téléphonée, c'est encore une fois une critique mineure sur le film d'une jeune réalisatrice qui promet d'être talentueuse.
Nous avons fini la soirée au "Comptoir des Voyages", une des nombreuses annexes de Coutanceau, qui nous a un peu déçus. Beaucoup de bruit pour rien pour, au final, un repas très verbeux, ah ces titres de plats qui tiennent sur 3 lignes, mais bien modeste du point de vue gustatif.



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