ADORABLE !!!

Une petite minute de pur bonheur ce matin, dans un monde où tout va devient tellement agressif, où on a perdu le sens de la courtoisie la plus élémentaire, où on finit par être violent par peur de son prochain. Il faut que je vous la raconte cette minute, car il faut croire en l'homme, encore et encore...
Je partais à la bibli, et au croisement de l'avenue des Vergnes qui vois-je ? Chr... mon éternelle ennemie, dont je n'ose écrire le nom (internet est tellement indiscret... encore que ce soit elle qui ait déclaré entre nous une inimitié inexpiable, elle serait donc ravie de voir qu'elle est consacrée)... vous savez cette collègue du lycée qui m'a voué, de tout temps à aujourd'hui au moins, une haine féroce, refusant obstinément de répondre à mes bonjours entêtés et béats, et me fusillant du regard à toute tentative de conversation. Elle est maintenant à la retraite et habite, comme il se doit, Meschers ! Elle cheminait donc à pied, et regardait avec concentration la ligne bleue des Vosges, ce qui, e, nos plates contrées, donne un air vaguement égaré. Je la suivais donc en riant du regard au cas où elle dévierait pour la saluer, ce qui m'a valu de laisser passer, venant de la gauche, un touriste exité qui roulait comme un fou. Puis, regardant encore Chr... je redémarrais sans voir une autre voiture qui arrivait, elle aussi à vive allure, et toujours de la gauche. Elle me klaxonna, un peu vivement, et je pilais bêtement au milieu du carrefour, pensant lui avoir grillé la priorité... vous savez moi la droite et la gauche, ça marche tant que je ne me pose pas trop de questions.
Plus de peur que de mal, nous sommes reparties l'une derrière l'autre sans plus de cérémonie, évitant à qui mieux mieux les vélos zigzagants, les piétons traînants, et les voitures hésitantes. C'est l'été à Meschers, on ne se pose pas trop de questions, on roule. Alors que j'étais bloquée au carrefour de Super U, quelqu'un tape à ma fenêtre : c'était la jeune conductrice évitée de justesse tout à l'heure qui me faisait signe de baisser ma vitre. Je me dis "zut, elle vient m'engueuler, quelle furie"... Que nenni... elle me prend la main avec chaleur, me la serre avec gentillesse et amitié, et me dit' "excusez-moi, tout à l'heure j'ai eu tort, c'est vous qui aviez la priorité, je suis désolée, je suis tellement énervée"... je garde sa main, ahurie, ragaillardie, la serre avec autant de conviction qu'elle, comme celle d'une amie de longue date, et lui répond que "non, non, pas de problème, c'est moi qui, bref on est tous très énervés par ces temps de foule incontrôlée..." bref, un moment rare, gentillesse, courtoisie, bonne éducation, enfin le rêve quoi ! Et qui ose encore prétendre que le monde va à son auto-destruction par manque d'humanité ? Tant qu'on sera capable de gestes simples et chaleureux comme celui de cette jeune femme, la vie sera belle entre les hommes ! Qu'on se le dise, et surtout qu'on ose le faire aussi !