jeudi 18 septembre 2008

ARPEGE

Il m'a fallu ce dernier jeudi musical roman pour découvrir l'église Saint Pierre... Il faut dire que son vilain clocher 18ème ne plaide pas en sa faveur, et on ne lui prête guère attention quand on la longe. Pourtant il s'agit bien du plus ancien monument de la ville, et si les bombardements ne l'ont pas épargnée, éventrant ses voutes et la laissant fort mutilée, donc fort reconstruite, elle offre un superbe chevet plat du XIIIème, très "templiers", scandé de belles colonnes encastrées surmontées de chapiteaux modestes mais expressifs.
Le concert de ce soir était assuré par le
qui, à l'occasion de ses 20 ans d'existence interprète l'intégrale des quatuors de Beethoven. Nous avons eu droit en ce qui nous concerne au 12ème quatuor, en mi bémol majeur. Je ne sais si cette pièce est un morceau de la maturité de l'artiste, mais j'ai trouvé que c'était une œuvre mûre. Les excès de la passion et la tristesse sont gommés. Et de cette nostalgie surmontée, naît une sorte de sérénité un peu désespérée, car on sait que la sagesse n'est pas un aboutissement, comme on veut l'affirmer pour en occulter les renoncements. Devenir sage c'est en fait admettre la perte de la passion dont on sait pourtant qu'elle est seule source de bonheur et de souffrance. Ce quatuor, je l'ai entendu comme un chant pathétique aux accents de fausse légèreté, souvenirs cristallins et pudiques de rêves maitrisés et de folie domptée. La violence contenue des passions jugulées s'y achève en sanglots élégants. Je l'ai trouvé infiniment triste et grave, sous des dehors presque guillerets. Je ne sais si j'ai impulsé à mon écoute un sentiment personnel de nostalgie amère, ou si Beethoven était dans un état d'esprit de rédition quand il l'a écrit. Toujours est-il que les titres des mouvements, Maestoso, Allegro teneramente (avec tendresse), Adagio ma non troppo e molto cantabile, Scherzando vivace et Finale, semblent aller dans le sens de mon interprétation.
La seconde partie du concert était difficile et sans concession, composée de morceaux peu flatteurs : des pièces de Liszt tellement modernes et dépouillées que je croyais qu'il s'agissait du morceau contemporain qui a suivi. Ce dernier, Night Prayers de Giya Kancheli, était d'un abord ingrat, sans mélodie, et d'une infinie tristesse. C'était un long enchainement de sons déchirants et lugubres, avec quelques images d'une lumière presque champêtre, comme le chant d'un pâtre dans l'air du soir. Il nous fut livré avec ardeur par les interprètes, comme si nous étions un parterre de mélomanes avertis. Et de fait, la beauté intemporelle de ce lamento des temps modernes était telle que nous avons applaudi à tout rompre, la fin de l'œuvre étant particulièrement prenante.
Quant au bis, certes plus gai comme nous le promit Nicolas Risler, il s'agissait du scherzo du quatuor numéro 16 : autant dire qu'il n'avait rien de facile ni même de réellement joyeux. Au total un soirée de grande qualité artistique, mais vraiment destinée à un public de connaisseurs, voire de mélomanes très avertis.

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