Le petit port de Saint Seurin d'Uzet s'animait hier soir d'une joyeuse petite foule venue écouter une "sculpture musicale monumentale". Michel a commencé par pester contre le quart d'heure charentais, qui en fait s'expliquait par une dégustation de caviar offerte aux spectateurs, agrémentée d'un petit vin blanc charentais, vert mais agréable. On vous déposait quelques grains de précieux œufs d'esturgeon dans ce petit creux de main qu'on appelait autrefois la tabatière, pour y déposer le tabac à priser. N'ayant qu'une fois dans ma vie goûté du caviar, j'avoue n'en avoir pas eu de souvenir précis, et ce que j'ai mangé hier soir m'a paru fort bon, doux mais avec du caractère.
Sur la place du port, accrochés entre les arbres, de grands arceaux de bois se balançaient doucement dans l'air tiède de cette fin d'après-midi, et bientôt 5 personnes sont venues animer cette sculpture : le sculpteur, Denis Tricot qui agitait les vagues ou faisait vibrer les cordes, un autre "musicien" qui, armé d'un archet ou de mailloches intervenait sur les attaches ou sur les bases de bis, une violoniste, qui parfois aussi, chantait, et deux danseurs qui jouaient de leurs corps et de l'orgue. Certes cela n'a rien de conventionnel, mais c'est un spectacle complet, de vent et de tempête, de danse et de jeu, où l'œil essaie de capter les sons comme autant de surprises. J'ai bien aimé ce moment, ses inventions et ses cascades d'harmoniques et de timbres inattendus. Michel, qui m'avait accompagnée à contre-cœur, n'a voulu ni goûter le vin, encore moins le caviar, et a détesté l'orgue. Bon, on n'était pas du tout au diapason.
Notre soirée cinéma n'était pas franchement assortie non plus. En fait, Michel avait lu le synopsis de L'empreinte de l'ange, et s'il est bien un film qui ne s'y prête pas, c'est bien celui-ci. Du coup, moi qui ne savais rien, j'ai été prise par le rythme de thriller et je me suis laissée guidée par Safy Nebbou sur les chemins d'une angoisse lourde et prenante, et j'ai été bien meilleur public. Lui, qui connaissait la fin, n'a pas adhéré et n'a pas vraiment aimé. Nous en avons discuté ensuite, et malgré nos approches presque opposées, car il ne faut absolument pas connaitre l'histoire et c'est clair que cela ôte au scenario tout son intérêt, il faut avouer que c'est un film correct, prenant, mais pas à proprement parler un chef d'oeuvre. Le style thriller d'abord n'est pas vraiment adapté à l'histoire. Il entretient une ambiance qui occulte le côté éminemment psychologique de l'intrigue. Certains points sont fort bien traités, mais au final Catherine Frot est trop lisse pour traduire l'angoisse de cette femme qui sent qu'elle est en train de replonger dans une panique sans fond, dont tout son entourage lui dit et lui répète avec raison que c'est une folie. Elle n'est pas assez pathétique, le rôle était très lourd et elle n'est pas à la hauteur. Sandrine Bonnaire, beaucoup plus crédible, n'intervient pas assez et le film développe trop la première partie pour la mettre en valeur. L'articulation autour d'un renversement de situation n'est pas assez caractérisée par la mise en scène, alors que c'est finalement tout l'intérêt de l'histoire. Certains acteurs secondaires sont à la limite du récité, mais globalement on assiste à une bonne direction d'acteurs, les enfants en particuliers sont absolument justes et naturels. Ne serait-ce l'inutile et grotesque scène finale, qui ne mérite qu'un coup de ciseau pour rendre au film sa dignité, c'est globalement une bonne prestation, avec quelques faiblesses mais très honorable pour une deuxième réalisation.
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