dimanche 26 avril 2009

MERCI LIVIA !


Après un petit déjeuner proprement délicieux sur la terrasse de notre chambre d’hôte dont la réputation est due en grande partie à la vue splendide qui y règne, nous partons visiter le musée archéologique d’Agrigente.
Outre tout le matériel votif trouvé dans les différents temples, il renferme une collection de vases attiques, à figures noires et rouges, particulièrement riche et variée. Une mise en scène grandiose permet d’admirer un télamon trouvé sur le site du temple de Zeus. La pièce la plus impressionnante du musée, à part l’éphèbe d’Agrigente (mais en matière d’éphèbe nous sommes un peu blasés et le satyre de Mazzara reste insurmontable), est le cratère de Gela, d’une finesse d’exécution très particulière.
L’enceinte du musée abrite une série particulièrement belle de sculptures d’un artiste yankee, qui marie l’hyper réalisme américain à un classicisme épuré, mariage d’inspiration grecque et de renaissance italienne : Greg Wyatt. Nous avons longuement apprécié sa suite des quatre éléments, inspirée d’Empedocle. Ce dernier place à l’origine de toutes choses l’eau, l’air, la terre et le feu, qui, régulés par les deux forces contraires de l’amour et de la discorde, auraient permis la création du cosmos. Wyatt illustre cette philosophie en s’inspirant du Bernin, et en élaborant des compositions très rugueuses et un peu tourmentée, évocatrices de ces combats indistincts.
L’artiste, qui a séjourné à Agrigente, y est revenu pour l’inauguration de ses statues, qui alternent avec des oliviers centenaires, et a offert à la ville une Bethsabée comparable aux plus beaux antiques.
Après une petite halte arrancini et vin blanc, dégustés sous les palmiers du musée, nous décidons d’aller affronter la foule de la vallée des Temples. En sortant de ce lieu d’un calme parfait, nous lisons un panneau qui, citations à l’appui, nous invite à aller découvrir les jardins de Kolymbetra. Et la première citation est… un extrait de Camilleri dans « La patience de l'araignée » de 2004. Livia vient juste de rentrer de promenade et Montalbano lui téléphone. «Tu sais, j’ai découvert un endroit merveilleux. Il s’appelle Kolymbetra. Imagine, au début c’était une « vasque » gigantesque, creusée par les prisonniers carthaginois » « Où est-ce ? » « Près d’ici, aux temples. Aujourd’hui c’est une sorte d’immense jardin d’Eden, depuis peu ouvert au public ».
Comment résister à cette invitation de Livia ? Kolymbretra est accessible par la vaste esplanade située devant les temples de Castor et Pollux. Le ciel est voilé, pourtant il fait lourd sur cette étendue aride de terre, de pierres et d’oliviers. Un petit chemin descend dans une sorte de « vasque » naturelle, d’une luxuriance inattendue et qui doit constituer l’été un havre de fraicheur inestimable.

Ce lieu idyllique, creusé par les prisonniers carthaginois pour servir de vivier à poissons pour le peuple d’Agrigente, s’est transformé avec le temps en une vallée fertile et ombragée, ponctuée d’une végétation hallucinante. Après avoir été cultivée pendant près de 25 siècles, le lieu était resté à l’abandon pour cause de manque d’eau. Une fondation italienne pour l’environnement, le FAI, l’a rénovée, replantée et depuis peu, on peut s’y promener dans un vaste verger de figuiers, citronniers, amandiers, orangers, mandariniers, auxquels s’ajoutent de nombreuses espèces de maquis méditerranéen. Des oliviers, sans doute millénaires, ponctuent la promenade et offrent une véritable collection de troncs sculpturaux. Cette vallée, appelée modestement « jardin », odoriférante et colorée, est un véritable paradis. Au bout, on découvre les ruines abandonnées du temple de Vulcain, sans doute le moins visité des temples d’Agrigente.

Il est temps d’aller voir cette fameuse vallée des temples, et de sacrifier au rituel touristique. La foule est dense à l’entrée, mais peu à peu les allées se vident, et nous pouvons tout à loisir et presque en solitaires, parcourir cette immense étendue des ruines monumentales. Les temples se succèdent, ça et là surgissent des nécropoles paléochrétiennes, au loin la mer. En plissant un peu les yeux, on peut imaginer que les horribles immeubles de la ville sont en fait les habitations de l’acropole antique. Nous dégustons un lait d’amande sous les oliviers, alors que le soleil, obstinément absent toute la journée, nous fait la surprise d’illuminer discrètement les colonnes antiques sur le site déserté.

1 commentaire:

  1. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

    RépondreSupprimer

Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :
1) Écrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessus
2) Si vous avez un compte, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante Commentaire
Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL

3) Vous pouvez, en cliquant sur le lien S'abonner par e-mail, être assuré d'être avisé en cas d'une réponse
4) Enfin cliquer sur Publier

Le message sera publié après modération.

Voilà : c'est fait.
Et d'avance, MERCI !!!!

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...