Pour cette journée de reprise de contact avec la réalité, nous avons tout de même tenté un atterrissage en douceur... Fin de la lecture à haute voix de "La concession du téléphone" de Camilleri, ce délicieux roman historico-social qui se déroule dans la Vigàta de la fin du XIXème. Bien avant Montalbano donc. Filippo Genuardi, négociant en bois mais surtout jeune dandy consommateur d'innovations technologiques (il possède en particulier l'un des 3 quadricycles à moteur Panhard d'Italie), veut se faire installer une ligne téléphonique. Il écrit pour cela au préfet de région, un Napolitain visiblement paranoïaque. Dans ses hilarantes demandes écrites, "Pippo" Genuardi fait une bête petite faute d'orthographe au nom du préfet et le voilà soupçonné d'être un dangereux agitateur. Suivra, par lettres interposées aux dialogues savoureux, un feu d'artifice de malentendus, mensonges, quiproquos, etc. La mafia locale met aussi son grain de demi-sel dans cette curieuse aventure. Mais pourquoi diable Pippo tient-il tant à avoir le téléphone? Il faut déguster al dente ce merveilleux moment sicilien pour connaître la fin, chaleureuse et drôle. Comme l'est toujours Camilleri.
Et nous avions aussi nos "pléourotes" entendez pleurotes, à déguster. Lors de notre dernière étape, à la villa Clementina à Piazza Armerina, nos hôtes Rita et son mari, ont tenu, je vous l'ai raconté, à nous offrir quelques uns des délicieux exemplaires de leur production de champignons. Ils sont allés nous les cueillir de bon matin juste avant le départ, et nous les ont emballés avec soin pour un transport sans dommage. Nous étions un peu inquiets pour le passage en douane, mais les vigiles après nous avoir fouillés l'un et l'autre car nous sonnions de toutes parts, n'ont rien trouvé à redire au contenu de mon sac. A l'arrivée, les pleurotes avaient une odeur assez peu sympathique, ayant un peu macéré dans la chaleur d'une boite hermétiquement close. Mais cette impression s'est vite dissipée pour faire place à une fragrance anisée, douce et insistante.
Et ce soir, grillées, avec ail, persil et citron sicilien, accompagnées d'une délicieuse côte de veau, elles nous ont fait un festin royal. Rien à voir avec nos pleurotes locales, blanches, fragiles et sans grand goût. Celles-ci étaient fermes, brunes et merveilleusement parfumées, un vrai festival pour les papilles. Michel prétend que, sur certains marchés italiens, on trouverait jusqu'à 200 espèces de champignons différentes. Pas de doute, un pays dans lequel sur les sites archéologiques, on voit des pancartes disant que toute cueillette de "funghi" (et très accessoirement l'accès aux fouilles) est sévèrement interdite et sera punie d'une lourde peine d'amende (ainsi que nous l'avons lu sur l'île de Moscia) est forcément un pays où on apprécie les champignons. D'ailleurs, tout chauvinisme mis à part, c'est tout de même le pays de la truffe blanche du Piémont, celle dont on dit qu'elle est supérieure à toutes les autres. J'avoue n'en avoir jamais goûté, mais nous ne perdons rien pour attendre ! Lors d'un prochain voyage peut-être !!
Ah nostalgia ! Pour avoir suivi votre périple humain et culturel, je comprends fort bien cette nostalgie !
RépondreSupprimerMerci Moun, tu as raison notre périple était aussi, et c'est un super plus, humain ! Ces rencontres ont rendu le voyage tellement plus vrai.
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