"Les vacances de Monsieur Haydn"... Découvert un peu par hasard sur le web, ce festival de musique de chambre en est à sa 5ème édition.
Son créateur et animateur est un violoncelliste, Jérôme Pernoo, qui parvient à maintenir dans cette manifestation un savant cocktail de professionnalisme et de talents, de joyeux happening et d'humour décalé. Il règne durant ces trois journées musicales une ambiance à la fois studieuse et décontractée. Cela se déroule dans la petite ville thermale de La Roche Posay, dans la Vienne. Les lieux de concert sont éparpillés un peu partout, école, gymnase, église, cinéma, donjon, casino... Certains sont inconfortables, on ne peut décidément rien contre les bancs d'église, mais tous sont équipés avec soin pour permettre la meilleure acoustique possible. Cela n'a l'air de rien, mais c'est une marque incontestable de respect du public. Lequel public, bon enfant et de bonne éducation, marque son enthousiasme avec une chaleur jamais prise en défaut. En fait, le festival est aussi l'occasion d'une sorte de "camp de rentrée" des jeunes musiciens des conservatoires...
Partout dans la ville, en parfaite harmonie avec les concerts "officiels", ceux pour lesquels on achète des places et ceux pour lesquels on met avant d'entrer son obole dans une petite caisse marquée "comme vous voulez !", se déroulent de petites prestations d'une demie heure environ, qui permettent à ces jeunes de faire leurs premières armes en public. Certains sont carrément doués et on y fait de belles découvertes. Comme disait un festivalier avec lequel nous avons un peu lié amitié, "même si certaines prestations sont plus faibles, cela a au moins le mérite de rappeler que, jouer un instrument, en concert qui plus est, demande travail, effort, et talent... et combien finalement c'est difficile et rare". Par ailleurs, la présence de tous ces jeunes a l'immense mérite de rajeunir nettement la moyenne d'âge du public et leurs ovations sont à la mesure de leur enthousiasme : joyeuses et tout sauf convenues !
Partout dans la ville, en parfaite harmonie avec les concerts "officiels", ceux pour lesquels on achète des places et ceux pour lesquels on met avant d'entrer son obole dans une petite caisse marquée "comme vous voulez !", se déroulent de petites prestations d'une demie heure environ, qui permettent à ces jeunes de faire leurs premières armes en public. Certains sont carrément doués et on y fait de belles découvertes. Comme disait un festivalier avec lequel nous avons un peu lié amitié, "même si certaines prestations sont plus faibles, cela a au moins le mérite de rappeler que, jouer un instrument, en concert qui plus est, demande travail, effort, et talent... et combien finalement c'est difficile et rare". Par ailleurs, la présence de tous ces jeunes a l'immense mérite de rajeunir nettement la moyenne d'âge du public et leurs ovations sont à la mesure de leur enthousiasme : joyeuses et tout sauf convenues !
Plutôt qu'un long et fastidieux énoncé des concerts entendus, et Dieu sait s'il y en avait, je vais me contenter de quelques anecdotes décrivant au plus près les émotions ressenties.
- Année des anniversaires : Mendelssohn partageait avec Haydn le gâteau : pour l'un c'était le bicentenaire de sa naissance, l'autre, celui de sa mort. La programmation se répartissait donc équitablement entre eux, et on jonglait entre instruments baroques et instruments modernes. Pianoforte et Steinway se partageaient aussi la scène.
- Deux "grands", visiblement joyeux de côtoyer cette belle jeunesse, attentifs et vigilants, accompagnaient les jeunes : sans autre prétention que d'être à leur diapason, Alain Planès assurait beaucoup d'accompagnements au piano et Gérard Caussé participait avec entrain à de nombreuses formations du trio à l'octuor. Quelle modestie de la part de ces talents consacrés que de jouer ainsi le jeu de l'enthousiasme, de la fougue et de suivre sans jamais se mettre en avant !
- Salles multiples dont, ville thermale oblige, le casino : pendant le concert on entend parfois, en accompagnement incongru et aléatoire, les pièces qui tombent en avalanche dans les jack pots de la grande salle d'à côté !
- Toujours au Casino, la culture classique n'a pas encore posé ses marques : une brave dame, armée de deux seaux à champagne fait soudain irruption dans une salle où 200 personnes silencieux, dans le noir, écoutent religieusement un duo piano-violon. Elle claque bruyamment la porte, n'a pas un instant d'hésitation, toute à sa préoccupation. Elle traverse toute la salle, seulement ralentie par le noir et se dirige vers un bar, où elle commence à farfouiller bruyamment dans ses ustensiles. Stupeur, têtes tournées, un organisateur va lui demander en chuchotant de remettre son travail à plus tard. Dépitée, elle lui répond à autre voix qu'elle n'en a cure, et devant l'insistance d'un autre venu à la rescousse, finit par jeter ses sceaux dans l'évier et repart en tapant du talon. La porte vole une deuxième fois, et cogne sans égard pour le public ahuri !
- Nous avons retrouvé, en "vedette" l'excellent quatuor Modigliani que nous avions entendu à Mornac, et avons pu apprécier encore une fois la rareté de leur sonorité, portée par le fameux ensemble d'instruments taillés dans le même arbre par Vuillaume, les Evangélistes
- Le plus jeune des musiciens (enfin je pense) était Raphaël Sévère, 15 ans à peine, clarinettiste talentueux qui s'est offert le luxe de jouer en trio avec Gérard Caussé et Jérôme Ducros, un peu tendu peut-être mais sans faillir ! Quel exploit !!! C'est celui qui est plus frang que les autres, avec sa chemise blanche et son immense sourire !
- La bonne humeur était de mise et les spectateurs disposaient à chaque concert, pour tester leur neurones, d'un exercice dont je n'ai pu vérifier la justification "historique" : chaque programme nous offrait en marge deux ou trois contrepèteries des plus classiques. Que je mettais quant à moi, au moins un quart d'heure à comprendre ! Même Michel a réussi à en trouver une, c'est vous dire !
- Toujours dans le domaine du contrepet, une spectatrice expliquait à son voisin que, quand elle était gamine, existait près de chez elle une librairie fort BCBG dont l'enseigne "Au Verger des Muses" excitait les imaginations des collégiens venus y faire l'achat d'un manuel de grammaire ou d'un Gaffiot. Devant l'incrédulité de son interlocuteur sur l'innocence de ce nom, elle affirmait que la tête de la libraire qui vendait, en outre des missels, ne laissait aucun doute sur sa parfaite naïveté. Son successeur décida, on le comprend, de rebaptiser la librairie "le Verger des rêves".
- La Roche Posay n'est pas très loin des vignobles de Loire, et nos entractes étaient égayés par un bar offrant un excellent vin des coteaux du Layon ou un pétillant méthode traditionnelle tout à fait honorable.
- Et soudain, Alain Planès, toujours très digne, a dégrafé le premier bouton de sa chemise noire : c'était pour interpréter l'allegro moderato du trio numéro 42 de Haydn... dès le morceau suivant le maître est redevenu digne et sa chemise est close !
- Nous sommes à la salle des fêtes, juste après le concert du soir, des effluves de curry flottent au dessus des réchauds, on tire le vain des cubis et on fait la queue pour partager le repas de jeunes. Les musiciens sont nombreux et affamés. Soudain Planès et Caussé arrivent, et la seule prérogative qu'ils s'accordent en riant est de doubler tout le monde car ils ont grand faim après leur prestation. Même pas choqués de n'avoir point été invités au "resort" luxueux du coin ! Cela dit bien le côté bon enfant du festival.
- Un moment de grâce : "les 7 dernières paroles du Christ" de Haydn, jouées par le quatuor Modigliani et lues par Robin Renucci... Cela dure une heure trente, il est près que 15 heures et le public sous le charme, assis sur des bancs d'un inconfort œcuménique, ne bouge ni pied ni patte... Un des moments les plus marquants du Festival
- Toujours Haydn, le duo composé par Jérôme Pernoo et Sarah Nemtanu s'amuse : et nous, public, nous sommes portés par cette joie de jouer, tout est facile quand les musiciens sont heureux !
- Dimanche 18 heures : c'est le concert des adieux. La dernière œuvre réunit 8 interprètes pour une sompteuse interprétation de l'octuor à cordes en mi majeur, opus 20 de Mendelssohn. Un univers sonore radieux et jubilatoire.
- Et comme ce sont "les vacances", on termine par une pochade : méli mélo des tangos, valses musettes, les roses blanches, mêlée d'extraits classique, interprétée par nos 8 artistes qui ont chaussé pour l'occasion les lunettes de Papa Haydn, orange et énormes... Gérad Caussé n'y voit goutte et tord le nez pour tenter d'apercevoir ses notes !
- Ma question du week-end est restée sans réponse : le directeur du conservatoire de Bordeaux était, dans ma jeunesse, un certain Jacques Pernoo... Le jeune Jérôme a-t-il un lien de parenté avec lui ? Sans doute, mais je n'ai pas plus résolu cette énigme que celle de la réalité historique du talent de Haydn pour les contrepèteries... Google a des limites !!
Vous avez eu beaucoup de chance d'assister à ce festival. Merci de nous avoir fait partager vos impressions.
RépondreSupprimerAnne
J'en avais entendu la publicité sur Radio Classique et regrettais de ne pouvoir y aller.
RépondreSupprimerC'était du reste la première fois que j'en entendais parler.
Ce devait être formidable,chanceuse,il faut prendre les bons moments quand ils se présentent
Superbe !!!!! Un festival comme je les aime !!!!!Dans une très belle ville thermale reposante... merci de partager vos impressions (je confirme ce que vient d'écrire Anne !)Bonne semaine, je pars en vacances et j'emporte mon ordi... A bientôt!
RépondreSupprimerAh comme cela, nous aurons de tes nouvelles, car c'est dur ces absences vacances avec silence radio !! oui Enitram, un festival simple, chaleureux, jeune et plein de talents anciens et à découvrir...
RépondreSupprimerOui Aloïs, sur France Inter aussi Lodéon faisait une pub d'enfer, mais le vendredi, trop tard pour improviser ! mais l'an prochain ???
Et oui, Anne, finalement notre belle région a des charmes cachés ! Ma voisine, qui habite Angoulême, m'a apporté un dépliant du nouveau musée de la BD avec Corto qui orne la première page ! encore une invite à aller découvrir la statue et les lieux !!
Bonjour,
RépondreSupprimerVoila que l'équipe du festival est tombée sur votre blog... Quel plaisir de lire votre enthousiasme et de voir résumé ainsi ce week-end de fête! C'est grâce et pour des spectateurs comme vous que les "vacances" sont apparues, et qu'elles continueront encore longtemps (espérons le!!) .
en effet, Jacques Pernoo est... l'oncle de Jérôme! Au sujet des contrepètries, on hésite à vous répondre, parce qu'il y a une part de mystère à conserver tout de même!
Merci encore pour votre soutien!
L'équipe du festival "les vacances de Monsieur Haydn"
Waouh !!! je suis trop contente... Merci "l'équipe du Festival" de m'avoir aidée à résoudre ce problème épineux et insolite de parenté... Quant à mon enthousiasme, je suis certaine que tous vos spectateurs le partagent et c'est une vraie réussite humaine. Comme de plus la qualité est au rendez-vous, l'organisation au top, c'est un rendez-vous que nous ne manquerons plus !!
RépondreSupprimerLe seul problème est que cette "authenticité" et cette ambiance rendent difficiles, et les concerts "classiques", un peu convenus, avec un public pas forcément mélomane, passent moins bien... je vous dis cela car je sors d'un tel concert et j'avoue que cela n'a pas été le grand bonheur ! Mais bon, on ne va pas devenir difficile et les jeudis romans sont aussi un festival méritant, très différent dans l'esprit (31 concerts dans de toutes petites églises du pays royannais étalés de juin à septembre... c'est quand même une chance !)
Merci à vous de ces moments rares et à l'an prochain !