Dialogue croisé dans un couloir :
- "C't' aprem ça fait trop chier de rester là"
- "M... est absent toute la journée, il est malade"
- "Ah oui, super trop cool... Bon dis, c'est l'heure, faut aller manger"
- "Bof, trop nul, semaine du goût... c'est la semaine de la merde, ouais !"
Des dialogues comme ça, sauf à se boucher les oreilles, on en subit sans discontinuer dès qu'on franchit le rubicon et qu'on plonge dans le monde des ados... On se trouve confronté à ce désenchantement permanent qui vous fait douter d'avoir encore envie d'agir. Révolte d'aïeule pas dans le coup que cette révolte devant tant de bofisme ? Révolte parce que ces gens qui les "font chier" ou qui "font de la merde", ce sont des gens qui aiment leur métier, qui se donnent un mal fou pour les éduquer, leur ouvrir les sens, leur faire découvrir notre culture, nos richesses, nos diversités.
Alors j'ai eu envie d'écrire ce billet en hommage à notre "chef", une femme remarquable qui fait son métier avec un véritable amour du travail bien fait, qui soigne ses menus avec constance et talent, qui concocte des petits plats chaque jour pour des centaines de bouches affamées qui n'attendent, ne réclament et n'apprécient que les frites. C'est la "semaine du goût", et elle invente, innove, toujours avec des moyens modestes car la ligne budgétaire d'un self de lycée, ce n'est pas Byzance.
Quelques unes de ses initiatives, goutées pour vous mettre l'eau à la bouche et que quelqu'un, quelque part, salue son travail : des pains de légumes variés, une timbale à la ratatouille, de l'agneau au fenouil et au curry, comme légumes du chou-fleur safrané et des salsifis à la ciboulette, en dessert un cake au miel avec cannelle et noix à s'en lécher les doigts ! Oui, je suis bien en train de vous parler d'une cuisine de collectivité, pas d'un restau étoilé ! Bon, je n'ai pas osé sortir mon téléphone pour photographier tout cela, car on garde quand même son quant-à-soi dans un self de lycée, mais je tenais à rendre hommage à cette femme, qui aime son boulot et qui a à coeur, chaque jour, de nous offrir des saveurs nouvelles et une cuisine "comme à la maison".
Quelle chance d'avoir une nourriture de qualité dans un établissement scolaire ! Je me souviens trop des barquettes "cellophanisées" que nous avions !
RépondreSupprimertu as raison astheval et notre chef est une femme étonnante ! ce qui me révolte c'est le boffisme des jeunes, dont elle éduque le goût, et pas que pendant la semaine du goût, et qui font carrément preuve d'obscurantisme !
RépondreSupprimerDésenchantement certainement, plus le bonheur, sans doute, de s'asseoir à une table familiale...
RépondreSupprimerHommage à ces cantinières d'école qui font l'effort de nourrir équilibré ! Personnellement, j'ai un mauvais souvenir gustatif de ma cantine de lycéenne mais partager le repas avec des camarades, ça valait le coup !
D'autant plus que le salaire ne doit pas être mirobolant...c'est vraiment par conviction que cette personne cherche à améliorer son travail et ainsi renouveler les gestes de tous les jours pour ne pas tomber dans une lassitude décourageante.
RépondreSupprimerA féliciter pour le professionnalisme,le sérieux du boulot,les innovations.
On devrait peut-être mettre les étudiants derrière les fourneaux, une fois pour voir et ...goûter.
Ben oui, les jeunes sont bof ! non non , je ne veux pas y croire, y'en a sûrement qui savent encore apprécier !!
RépondreSupprimerMazette comme dirait notre (La)Michelaise,Diantre comme dirait quelqu'un que je ne nommerai pas,je veux bien manger tous les jours dans ta cantine.
RépondreSupprimerSi tes ados connaissaient ce qui est proposé dans ma cantine pour la semaine du goût je comprendrais leur dédain.
Tes jeunes ne connaissent pas leur bonheur d'avoir manifestement une cuisine "centrale",un peu de "liaison froide" ne leur ferait pas de mal.
Ma pauvre Michelaise tu ne pourras rien changer,ils ne connaissent pas,ils n'ont pas appris,le fenouil,la ratatouille,le curry????
C'est quoi cette bête???
une timbale?? safrané??????????????????
pas de gros mots s'il vous plait.
Je suis dure mais réaliste
Oui, c'est bien cela, la peur de l'inconnu, le désintérêt devant la nouveauté... quel dommage n'est-ce pas ! Pour "ma" chef qui ne le lira pas, merci de vos commentaires !!!!
RépondreSupprimerLe langage grossier et la mentalité corrompue de ces personnes… Ça me choque !
RépondreSupprimerCertains, ne connaissent pas leur bonheur. C’est bien regrettable et je les plains.
Bonne fin de semaine Michelaise.
Je t’embrasse. Do.
Oh j'ai connu ça ! l'été dernier, j'ai aidé à animer un camp d'ados... je trouvais qu'on avait vraiment assurer sur les repas, à varier, à équilibrer à proposer des choses justement pas trop " cuisine de collectivité"... et bien les ados ils ne mangeaient rien à table et ensuite courraient s'acheter des chips et cahouettes en tout genre ! Je pourrais plus être ado...
RépondreSupprimerEt bravo à a chef de ton lycée pour son audace à l'innovation ! Au moins les profs apprécient ;-)
bravo de rendre hommage à cette femme de l'ombre. je crois que c'est une sorte de mode chez les jeunes : faire les dégoûtés comme les copains; c'est décourageant malgré tout! mais il faudrait tout refaire l'éducation le sens de l'effort, le respect du travail d'autrui ... vaste programme!
RépondreSupprimerbonne journée
Michelaise je ne pense pas qu'il faille s'offusquer outre mesure de ce genre de dialogue plus proche de la spontanée/bétise/enfantine d'ados encore attardés dans des raisonnements limités donc frustrants pour des oreilles plus évoluées ayant déjà un long vécu ils veulent surtout se donner un genre ; le refus et la critique de tout c'est tout de même plus cool pour eux que de chercher à comprendre voir apprécier ce qui est de fait appréciable ....l'âge ingrat pour eux et difficile pour les adultes , le must ...ils changeront assez vite la vie est ainsi ... il faut laisser le temps au temps l'apprentissage est une longue route
RépondreSupprimerBonne journée !
A++Sacha
Une certaine forme de barbarie au quotidien s'installe, ce n'est pas nouveau et ça ne va pas aller en s'améliorant. Ce propos optimiste est celui d'un prof qui observe les élèves d'ici et d'ailleur depuis 30 ans ! Je préfère cependant croire de toute mes forces en l'exception, comme cette maìtre es fourneaux qui mériterait bien les palmes académiques, ne serait-cn que parce qu'elle nous réconcilie, avec son héroïsme quotidien, avec l'humanité que nos chère têtes blondes avaient failli nous faire perdre de vue !
RépondreSupprimerBises
une image-hommage et clin d'oeil :
http://www.cabrojo.com/anims/cuisinier.gif
bon là je suis en train de baver sur la semaine du goût mais c'est du filet ;))
RépondreSupprimerC'est vrai, les inconsciences des ados, faut pas dramatiser, tu as raison Sacha, cela est absolument logique et n'a pas de portée sérieuse. J'étais seulement peinée parce qu'on se donne du mal mais ce n'est sans doute pas en vain !!!
RépondreSupprimerQuant à la barbarie des ados, c'est pas du neuf Fred, Hannah Arendt explique ça tellement bien dans la crise de la culture qui date de 1961... et oui, et oui presque 50 ans !!!
Chic, filet de bave ou filet de boeuf ??? Voyons, un peu de tenue à table !!!
Emilie, j'adooooore "je pourrais plus être ado" ! voilà une remarque bien envoyée, t'as raison d'ailleurs,c'est pas un truc tentant d'être ado !!
Colibri et Do, je vous laisse le mot de la fin, "ils ne connaissent pas leur bonheur" !
Oh, Hannah Arendt ! :-)
RépondreSupprimerJe partage aussi l'avis de Sacha.
Mais c'est dur pour le personnel qui fait de gros efforts et est confronté à ce type de réaction...