L'autre matin, il y avait à Pérignac, petit bourg paisible de 1000 âmes en Charente-Maritime où nous avons vécu près de 20 ans et où Alter exerce encore son art, une manifestation. Oui, oui, les filles, j'ai bien dit une manif *!!! Avec cris, banderoles et journalistes.
Et les quotidiens locaux dès le lendemain titraient "2 enfants de 6 et 7 ans sément la terreur à Pérignac". La télévision régionale elle-même s'en fit, dit-on, l'écho... Alors il faut bien que mon blog relaie l'événement !!
Alter m'avait déjà parlé des problèmes de ces tout petits gosses dont les maîtresses, pourtant chevronnées, ne venaient pas à bout, tant et si bien qu'il avait fallu faire appel au maire, en tant qu'officier de police municipale, pour tenter de rétablir l'ordre dans les classes de l'école primaire. Mais si cette intervention eut un effet, celui-ci resta limité et l'affaire prit de l'ampleur.
Insultes, morsures et coups réguliers, tel est devenu au bout d'un trimestre le lot quotidien des maitresses, du personnel de service, et des autres élèves. Ces deux enfants n'ont aucun lien de parenté : l'un est en cours préparatoire, l'autre en CE1. Lorsqu'ils piquent des crises, leurs débordements n'a pas de limite et ces excès peuvent entraîner des blessures et surtout un stress considérable. Les insitutrices craquent, les autres enfants ont peur, ne dorment plus, ne veulent plus aller à l'école, en un mot l'ambiance est détestable. La situation rejaillit sur le travail scolaire et du retard a été pris dans la progression pédagogique.
Insultes, morsures et coups réguliers, tel est devenu au bout d'un trimestre le lot quotidien des maitresses, du personnel de service, et des autres élèves. Ces deux enfants n'ont aucun lien de parenté : l'un est en cours préparatoire, l'autre en CE1. Lorsqu'ils piquent des crises, leurs débordements n'a pas de limite et ces excès peuvent entraîner des blessures et surtout un stress considérable. Les insitutrices craquent, les autres enfants ont peur, ne dorment plus, ne veulent plus aller à l'école, en un mot l'ambiance est détestable. La situation rejaillit sur le travail scolaire et du retard a été pris dans la progression pédagogique.
Certains parents commencent à retirer leurs enfants de l'école et les autres ont décidé de se mobiliser et d'alerter l'inspection départementale, exigeant une aide, un soutien. Plusieurs mesures ont été prises, psychologue scolaire, instituteur mobile pour seconder les maitresses, mais cela ne suffit pas. Pour se faire davantage entendre, les parents d'élèves ont donc décidé d'occuper l'école de Pérignac.
Et les bonnes gens, dont je suis, restent éberlués que deux gosses de 6 et 7 ans puissent tenir en haleine une centaine d'enfants, les parents de ces derniers, des institutrices qui sont loin d'être des débutantes, et tout une commune qui ne sait plus à quel saint se vouer et craint pour son école. On se renseigne, on tente de savoir ce qu'ont ces gosses pour comprendre pourquoi ils se comportent ainsi. L'un est semble-t-il dans une situation familiale délicate : le père, violent, battait sa mère avant d'abandonner cette dernière, lui laissant la charge de l'enfant dont elle ne vient pas à bout. L'autre semble appartenir à une famille ordinaire, mais sa soeur prend semble-t-il, le même chemin que lui, sans que les parents semblent s'inquiéter du comportement de leurs enfants.
Et les bonnes gens, dont je suis, sont surtout affolés que notre société en soit arrivée à un tel degré de permissivité qu'il lui faille subir les violences d'enfants en souffrance, sans être capable de trouver le moyen d'en protéger les autres. On se réunit, on discute, on négocie, mais les gamins continuent leurs menées inquiétantes et les autres enfants finissent par devenir agressifs eux aussi.
Comme le dit Hannah Arendt "une crise ne devient catastrophique que si nous y répondons par des idées toutes faites", mais il est difficile de porter sur ces événements un regard clair. De tels débordements semblent tellement dénoncer la perte du sens de l'éducation. L'école, transition entre la famille et la société, devrait offrir aux enfants un modèle sécurisant et limpide, exempt des troubles de l'incertitude morale. L’éducation, c’est le renouvellement des générations, c’est aussi une question de responsabilité morale, mais si les adultes ne savent plus exercer l'autorité, c'est comme s'ils refusaient d’assurer la responsabilité du monde dans lequel ils ont placé les enfants. Ces derniers, privés de repères, n'acceptent plus les règles du jeu et on se désespère ensuite, comme nous le faisons chaque jour au lycée en face de jeunes adultes incapables d'assumer les enjeux et les contraintes de leur avenir professionnel, de leur manque total de motivation pour des valeurs que nous ne savons plus défendre. Mais ces jeunes ne font que nous renvoyer à nos dérives et à nos incohérences, et leur comportement n'est finalement que le reflet du dépérissement de nos propres repères.
* Il me faut, pour être parfaitement honnête, avouer que les parents de Pérignac n'en sont pas à leur coup d'essai en matière de manifestation : ainsi que le prouvent ces photos prises sur le site de la mairie du village, déjà en février de cette année ils avaient protesté contre le projet de suppression des maternelles et ont appris à cette occasion l'art de la banderole !
Bonjour !
RépondreSupprimerUn jour, il y a pas mal de temps, j'avais commandé un livre sur les enfants turbulents. Ce livre m'intéressait car les auteurs mettaient en cause les boissons gazeuses du commerce avec ces ajouts de produits non naturels. Si je le retrouve, je vous en ferais part. L' auteur est une pharmacienne Allemande. Livre commandé chez une dépositaire privée en Suisse. So....Béatrice.
Michelaise,tu connais une de mes fonctions dont tu me permettras de ne pas participer au débat,risquant de ne pas être très objective.
RépondreSupprimerCertes le milieu familial influe énormément mais je pense que cela n'explique pas tout.
Ayant été confrontée au problème j'ai été obligée de prendre des mesures.....
Mais j'avais dit que je ne participais pas au débat!!!!
En réponse à ton message sur mon blog. Pour sûr qu'en rentrant du Japon le cirque a recommencé. Tout était près à l'atelier. Il n'y avait plus qu'à charger et décharger les vitrines de Noël. Ce sont les amis qui ont du me véhiculer, car l'année passée, je me suis endormie au volant en revenant de chez un client, où j'étais allée tirer les photos de la vitrine. Pour ce faire, il faut y aller de nuit... après une journée chargée.
RépondreSupprimerLa punition était plutôt reportée sur mes amis... à la retraite qui devaient se lever tôt, pour venir chez moi. Moi, les pieds en éventail... La seule crainte, que quelqu'un m'oublie.Je trouve cette *punition* mesquine. Pour certaines personnes elle peux être catastrophique.Je ne parle pas de ceux qui boivent ou font des excès de vitesse à répétition. Je n'ai heureusement blessé personne. A minuit il n'y a personne sur cette route là. le poteau de fer à démoli ma voiture, et ça c'est déjà une très grande punition quand il faut utiliser ses économies pour en acheter une nouvelle, indispensable. Pas de blessure non plus. Je dois dire que je me sens très protégée par les *hautes instances *.
Béatrice.
Le manque de limites pour un enfant, c'est une vraie catastrophe ! Il semblerait inconcevable de laisser un tout petit enfant dans un lit sans barreaux pour le retenir mais aucune barrière pour le comportement, ça gêne beaucoup moins...
RépondreSupprimerDeux "petits voyous" à Pérignac ?
RépondreSupprimerTrès jeunes, on dirait...
Faut-il utiliser le "karcher" ?
Bon, j'arrête de plaisanter car je crains que la situation de cette petite bourgade ne soit pas une situation "exceptionnelle"...et je comprends fort bien les institutrices, les parents et leur impuissance face à la situation et au stress qu'elle engendre.
Ce qui m'horripile, c'est que, dans ce cas, le premier réflexe est de mettre en cause l'"autorité" des adultes !
Parents démissionnaires, enseignants qui ne savent pas s'imposer...c'est quand même une vue très "courte" !
Moi, je rappellerais cette petite comptine enfantine que tout le monde a chanté: "Le fermier dans son pré"...
Connaissez-vous la première version ?
La première version, ce n'est pas "le fermier prend sa femme", c'est le fermier "bat" sa femme...la femme "bat" son enfant, l'enfant "bat" la nourrice (ou la maîtresse, tiens, c'est plus moderne...), la nourrice "bat" le chien, le chien "bat" le chat, le chat "bat" la souris...et puis, tout le monde se retrouve à "battre" le fromage, le pauvre, puisqu'il est tout en bas de l'échelle et que tout le monde est plus "fort" que lui !
Bref, ce que je veux dire, c'est que plutôt que de chercher un "bouc émissaire" tout en bas de l'échelle sociale (le fromage, le petit bonhomme de six ans ou même son père ou sa maîtresse), faudrait voir à remonter un peu plus haut, parfois.
Notre société et ses injustices énormes(chômage,familles disloquées, pauvreté , misère psychologique plus que financière souvent) exerce une VIOLENCE énorme sur les gens, une violence CACHEE et c'est cette violence "réapparaît" en bout de chaîne, chez les petits "bouts" de six ou sept ans.
Que propose-t-on alors ? Un peu plus d'autorité, un peu plus de répression (et tiens, pourquoi pas la prison pour les enfants de douze ans ? Bonne idée, non ?).
Bref, on fait le coup du fromage !
Qui remontera jusqu' au GRAND FERMIER, tout là-haut, celui qu'on ne met jamais en cause, puisqu'il est le plus "fort" ?
Il y a certainement un travail de longue haleine à mener avec un ensemble de professionnels et le soutien des familles concernées pour que ces deux enfants, "en souffrance" comme vous le remarquez si justement, retrouvent la confiance et l'équilibre qui leur manquent actuellement. Le relais des médias n'est peut-être pas la meilleure chose; en revanche, je m'étonne que des praticiens privés n'aient pas été sollicités: psychologues, médecins, par exemple. Le système scolaire a ses limites, il ne peut pas tout résoudre malgré les bonnes volontés et je crois qu'on ne doit pas hésiter à faire appel à toute l'aide nécessaire en cas d'urgence. Certes, cela a un coût, mais qu'est-il en comparaison de l'équilibre de toute une communauté? Quant aux valeurs à transmettre, j'ose croire qu'elles existent toujours et que chacun fait de son mieux. Le monde et surtout ses lois changent, l'humanité est plus que jamais nécessaire.
RépondreSupprimerAnne
Faudrait en parler à M6 de cette histoire... les Super Nanny ou Pascal le Grand frère sauraient sans doute remettre un peu d'ordre.
RépondreSupprimerlol.
Le désarroi de la communauté éducative me surprend toujours.
Ce n'est jamais évident ces cas d'élèves particulièrement agressifs et désorganisés, comme nous disons ici au Québec. C'est que souvent il faudrait traiter toute la famille, pas seulement l'enfant. Les deux générations sont en souffrance, les parents et les enfants. Ici, certains jeunes ont un médicament à prendre (avec suivi médical dès qu'un diagnostic de désorganisation, d'hyperactivité ou de violence inexpliquée survient à répition). C'est souvent par une solution chimique que le problème se règle. Ce médicament (en sirop si je ne m'abuse) doit être pris quotidiennement et ne pas être oublié. Certains le font même prendre à l'école sous supervision médicale (infirmière en poste dans l'établissement). Mais ça ne résout pas la souffrance morale ou l'absence de valeurs de base solides si les relations familiales sont tendues ou si il y a violence ou laisser-aller à la maison. Ça ne peut qu'éviter les débordements d'agressivité et les morsures ou autres actes violents. Ces jeunes sont aussi souvent placés dans des classes spéciales d'aide, où il y a un ratio maître-élève plus petit. Ex. 15 élèves pour 2 enseignants. Mais, il demeure que le problème doit être solutionné en profondeur. Une travailleuse sociale, ou un travailleur social est souvent mandaté pour faire une enquête et proposer des solutions. Pour le bien de l'enfant, et pour le bien de la société aussi.
RépondreSupprimerJe suis bien d'accord aussi avec la deuxième partie de ton billet. Les valeurs familiales, l'émulation, une morale saine, une autorité aimante, prendre ses responsabilités et assumer ses paroles et ses actes, comprendre qu'on a pas que des droits, on a aussi des devoirs tant comme individu que comme société. Mais c'est difficilement quantifiable et contrôlable. Chacun doit faire un examen de conscience et apporter les correctifs nécessaires, tant à la maison qu'en société, et je vais dire une énormité... mais je la dis quand même: prier. Nos églises se vident, mais nous devrions oser parler de spiritualité et de l'amour avec un grand A et de Dieu à la maison. Nos jeunes riront peut-être, mais ils retiendront quelque chose de cela. C'est à nous de juger du moment opportun.
RépondreSupprimerMerci à tous je suis absolument ravie de vos réactions... j'ai parlé, avec un peu d'humour et beaucoup de tristesse de cette histoire car elle est tellement révélatrice de nos malaises et de notre maladresse devant certaines évolutions de la société. Oui Licorne, la violence a toujours existé, et elle a sans doute été pire que celle qui nous préoccupe tant. Oui Esther, l'amour avec un grand A est toujours une valeur d'actualité et s'est faire le témoin reste important. Oui Anne, les valeurs humanistes sont plus que jamais à défendre et il est nécessaire de le faire. Oui Aloïs, tu es dispensée d'exprimer ton avis, même si nous savons qu'il serait éclairé ! Béatrice, ravie de te retrouver, je réponds bientôt à tous tes commentaires. Un simple mot, sois prudente et ne vas pas jusqu'à l'épuisement ! Même si tu as des protections dans les grandes instances, faut prendre soin de toi !!
RépondreSupprimerMoi, quand j'étais petit, j'ai eu souvent des maîtresses et des maîtres très méchantes(s). C'est l'inverse. Ca me laisse vraiment pas de bons souvenirs. Heureusement, au collège, c'était mieux...enfin surtout grâce aux filles...je peux dire que ce sont elles qui m'ont sauvé :) (et qui me sauvent encore :))
RépondreSupprimerDe toutes façons, tout fout l'camp. L'autre fois, j'ai croisé le père Noel. J'étais vachement content. J'lui ai fait un grand sourire et j'lui ai dit "bonjour père Noel". Ben il ne m'a même pas reconnu ce con ! ( ;-)) )
RépondreSupprimerTon article et les commentaires qu'il a déclenchés sont particulièrement intéressants. Les actes de violence perpétrés par de jeunes enfants sont malheureusement de plus en plus fréquents mais les coupables sont tellement nombreux... La société qui "fabrique" de plus en plus de familles instables : chômage, problèmes d'argent, stress +++, les parents qui, débordés tout simplement trop laxistes baissent les bras et abandonnent certaines valeurs de base et... le gouvernement qui préfère armer un sous-marin nucléaire plutôt que de donner un budget correct à l'éducation. Comment les enseignants avec la meilleure volonté qui soit pourraient-ils gérer convenablement des classes de 30 enfants ? Si les 30 étaient des enfants sans problèmes, des enfants "doués", faciles; ce serait simple sans doute. Mais l'hétérogénéité est le principe des classes et rend l'enseignement très difficile. On ne peut pas encadrer correctement des classes aussi chargées. On ne peut pas soutenir les enfants en difficultés avec de tels effectifs. En ce qui concerne l'enseignement, ce simple point : "alléger-sérieusement- les classes" apporterait déjà un plus. Ces enfants "hyperactifs" ont besoin que l'on s'occupe d'eux, qu'on les remarque. Ils font leur cinéma et détruisent sur leur passage, perturbant leurs camarades, épuisant leurs maîtres et maîtresses. Cette situation est grave et risque d'empirer si personne "là-haut" ne réagit....
RépondreSupprimerC'est triste...
Hélas la réaction que sera-t-elle ? l'exclusion sine die des enfants, une pénalisation de leur attitude, l'intervention du juge, des affaires sociales et du grain à moudre pour les Besson et autres Hortefeux ? Encore heureux qu'il ne s'agisse pas de petits arables parce que là les médias internationaux se déchaîneraient. Ghettoiser ces familles en rupture ? Mettre les enfants dans des centres spéciaux d'où ils sortent dans un état pire qu'en rentrant ? Mais n'y a t il pas, sous l'égide du maire, la possibilité d'une rencontre avec les enfants, les parents et l'ensemble de la communauté avec éventuellement un médiateur rompu aux négociations psychologiques ? Montrer aux familles concernées et aux enfants qu'ils sont aimés, et non pas rejetés, qu'ils peuvent s'appuyer sur les voisins, les amis, les institutions ? Facile à écrire plus difficile à mettre en place certainement. Bon courage en tout cas à Pérignac !
RépondreSupprimerMichelaise. Chic, j'ai retrouvé la référence du petit bouquin mentionné plus haut, en faisant de l'ordre dans mes classeurs :
RépondreSupprimer*La drogue cachée*, les phosphates alimentaires. Cause de troubles du comportement,de difficultés scolaires et de délinquance juvénile. Traduction de Luce Péclard.Edition du Madrier.
Je l'ai commandé . Ch- 1416 Pailly / VD. Téléphone
0041 ( 021 ) 88778 21.
Il y a des années. A voir si c'est toujours possible !
Béatrice.
PS. J'essaye de photographier le texte de la dernière page et le mettrais sur mon blog, si celà peut intéresser quelqu'un !