L'ethnographie, l'étude stupéfaite des moeurs parisiennes, l'observation attentive des comportements de nos contemporains capitaux (ben oui, de la capitale !!) ce sera pour plus tard... Place aux réjouissances locales !
Après avoir arpenté avec Koka les expos "à ne pas rater" sur la place de Paris, notre petit microcosme pouvait sembler modeste, mais pas de complexe sur l'Atlantique !! Nous avons visité avec elle une exposition fort intéressante au Musée de Royan, consacrée aux pilotes de l'estuaire. J'avais décrié la manifestation précédente, il est naturel que je salue la qualité de celle-ci.
Modeste comme il se doit : le musée de Royan, installé dans l'ancien marché de Pontaillac, offre sur le pourtour du bâtiment, là où se tenaient les bancs de maraîchers et des mareyeurs, des collections permanentes qui déjà valent la visite : Royan au XVIIème siècle, le siège de la ville par Louis XIII et les destructions punitives drastiques qui freinèrent longtemps son développement ; Royan ville balnéaire en vogue dans les années 1900, villégiature courue des Bordelais et les Parisiens ; Royan martyre en 1945, qui disparut presqu'entièrement sous les bombes, détruite par les bombardements alliés ; Royan enfin des années 50, un schéma urbanistique volontaire et cohérent, une ville nouvelle construite avec des matériaux révolutionnaires, le béton, le verre et l'acier et aussi le design de l'immédiat après-guerre. S'y ajoute un cabinet de curiosités, constitué de manière éclectique dans les années 30, pour offrir au visiteur une vision exotique et universaliste du monde, de l'oeuf d'autruche à la dent de requin en passant par la lampe à huile romaine !
Au centre de la halle, un espace dégagé et suffisamment vaste est dédié aux expositions temporaires, environ 3 par an, la conservatrice des lieux ayant de nombreuses initiatives. Jusqu'en mai 2010 un parcours est consacré à un métier typique de notre région, et qui fit rêver plus d'un petit garçon : pilote de la Gironde.
Notre estuaire qui se targue avec ses 75 kilomètres d'être le plus long d'Europe, est aussi une zone à hauts risques pour la navigation et il fut le témoin de nombreux naufrages. Les canaux de navigation y sont étroits et par gros temps, les dangers sont d'autant plus grands qu'on n'est pas coutumier des lieux. Ce sont des pêcheurs de Saint-Palais qui, dès le XVIème siècle, ont eu les premiers, l’idée de se porter au devant des navires afin de proposer leurs services pour les conduire « à bon port » vers Bordeaux. C'est ainsi qu'est né le métier de pilote.
Ces "chevaliers de la mer" qui guident les navires qui s'engagent dans l'estuaire, possèdent une science poussée de la navigation, transmise depuis des générations, le métier s'exerçant bien souvent de père en fils. Il en reste aujourd'hui seulement 21, les mouvements maritimes étant nettement moins nombreux qu'autrefois dans cet espace maritime un peu abandonné des circuits économiques, et une grande partie de l'activité étant actuellement effectuée par hélicoptère.
Sur la gauche, le superbe Régulus, coulé par les anglais au large de Meschers, peu de temps après l'exploit d'Antoine Bauchère
L'exposition débute par le récit des hauts faits d'un michelais célèbre (enfin à Meschers !!). Antoine Bauchère reçut en effet la légion d'honneur pour avoir piloté en 1813 le Régulus, vaisseau de 73 canons jusqu'au pertuis de Maumusson, réputé impraticable par des navires de cette taille. D'autres pilotes sont évoqués, la vie de ces hommes et de leurs équipages est détaillée et l'exposition s'enrichit de nombreuses maquettes de navires, en provenance des églises locales où elles sont d'ordinaire suspendues, y faisant office d'ex-voto. Un bâton de Jacob, instrument pour mesurer la hauteur des étoiles et du soleil (je vous renvoie au lien savant ci-dessous pour en saisir le fonctionnement !)
Nous avons ainsi découvert ce qu'est exactement un pilote lamaneur, un mât de "tape-cul", un "bâton de Jacob" (instrument de mesure par rapport aux astres) et un minahouët (petit maillet pour fourrer des cordages) ! Nous pourrons maintenant regarder les manoeuvres d'abordage des pilotes qui interviennent encore au large de nos fenêtres en étant un peu plus avertis, même s'il est clair que leurs instruments ont changé !!
Très intéressant. J'aime bien ces expositions consacrées à des métiers, fussent-ils disparus ou toujours actuels, rares, exotiques ou courants, mais ayant souvent en commun d'être méconnus. Nous en apprenons à tout âge, sur le mode de vie de quelques personnes pour qui c'est bien plus qu'un mode de vie, un privilège, que dis-je, une passion! La navigation fera toujours rêver le commun des mortels, dont moi-même!
RépondreSupprimerQuel bel hommage que celui-ci à ces navigateurs.
RépondreSupprimerCet estuaire à perte de vue,dont tu nous régales bien souvent avec tes superbes photos ,peut devenir un piège et un danger à cause de ses passes
Il suffit d'explorer les cartes marines,et leurs épaves....
Désolée pour cette première lecture avec des images en double et énormes, encore un problème avec l'envoi des photos... cela arrive souvent
RépondreSupprimerOui, un dur métier et qui mérite qu'on s'y arrête... Quant aux épaves, tu as raison Aloïs, la Gironde en est truffée...
Il y a toujours quelque chose à voir du côté de Meschers et tu sais si bien le partager...
RépondreSupprimerQuand je vois ces beaux trois mâts comme Régulus, je rêve d'une escale à Maurice, (lorsque j'habitais à La Réunion), où nous avions visité une fabrique de bâteaux et nous avions rapporté l'Astrobale !!!!
Bon bout d'an !
Je connais peu l'histoire de la mer. En Suisse nous n'avons que des marins d'eau douces. Je me rappelle Honfleur où il y a sauf erreur un petit musée avec des maquettes de navires. Mais surtout Notre Dame des Grâces ( ? ), tout là-haut sur la colline, où, chaque années au mois de mai, juin, les marins montent à la chapelle en procession pèlerinage, en portant des maquettes de bateaux. La chapelle en est pleine.
RépondreSupprimerJ'était là-bas en un mois de septembre,allant voir une expo : *la mode fait son cinéma*, entendue sur la télé France 2.
Les photos de cet événement, je les ai obtenue par l'office du tourisme, pour ma vitrine sur les pèlerinages. Histoire de faire connaître un pèlerinage pas très connu ?
Bien sûr il y a les grands musées maritimes, comme celui de Londres ou de Madrid qu'il ne faut pas manquer quand on est dans la région.
Je connais 2 marins qui seraient ravis par cette exposition !
RépondreSupprimerToujours émouvantes n'est-ce pas Béatrice ces maquettes de bateaux... suspendues au-dessus de nos têtes, elles nous rappellent les peurs et les angoisses de ceux qui les ont pendues là, au retour de difficiles voyages, en remerciements d'être revenus...
RépondreSupprimerAstheval, si tes marins passent par Royan, cela dure jusqu'en mai... qu'ils fassent le détour par notre petit musée !!
Pour en savoir plus sur les pilotes, ne manquez pas la projection du film Pilotes de Gironde à la Corderie Royale, Rochefort, le 5 avril 2011 à partir de 18h30 (film de Bernard Mounier et Jean-Luc Blanchet. Coproduit par France 3 Aquitaine et Grand Angle Production,. Entrée gratuite.
RépondreSupprimer