Au début cela devait être un documentaire d'une quinzaine de minutes, puis, le temps et le filmage aidant, c'est devenu un film. Un plan presque fixe sur cette vieille femelle orang-outan du Jardin des Plantes, pontué des commentaires faussement naïfs de quelques uns des 600 000 visiteurs annuels qui défilent devant sa cage. Un immobilisme décalé qui nous envoie à notre propre curiosité que rien ne vient éclairer. Volontairement, Philibert refuse de nous donner les clés, juste quelques indications sommaires sur le comportement des singes pongo de Bornée, mais rien d'anecdotique, aucun concession à nos interrogations banales. On comprend que les ourang-outans ne sont pas expressifs, qu'ils ne sont guère bavards en captivité et qu'ils sont assez difficiles à cerner.
Certains voudront voir dans ce film étrange, où il ne se passe rien, où l'on ne voit rien d'autre que Nénette à longueur de pellicule, une fable philisophique amère, renvoyant les hommes à leurs propres rodomontades et à leurs inévitables limites. Je ne pense pas qu'il faille intellectualiser à l'extrême le propos. Philibert n'est pas pédant, et c'est tant mieux.
Mais alors, me direz-vous, ni documentaire, ni fable morale... comment peut-on rester une heure dix devant un singe sans s'ennuyer ? Je n'en sais rien, c'est le talent du réalisateur d'"Etre et avoir" d'être sobre face à un sujet ingrat, et pourtant de nous accrocher. Je n'étais, a priori, pas particulièrement portée sur les cages du Jardin des Plantes, et encore moins sur les touristes qui défilent devant. J'avoue que j'ai marché, que j'ai passé une heure agréable, parce que c'est sobre, bien mené, bien illustré, intelligent en un mot. Voilà, vous êtes prévenus ! C'est du Nicolas Philibert, à l'état pur !
Ton commentaire me donne envie d'aller voir le film, Michelaise.
RépondreSupprimerNicolas Philibert, j'aime bien, ...j'aime sa façon de "poser le regard" sur les choses simples, celles sur lesquelles on ne s'attarde pas en général.
Tu me donnes envie d'aller le voir! Cela me rappelle des orang outans que nous avions vu à Jersey, en presque liberté dans un grand pré!
RépondreSupprimerBon dimanche à toi!
Nénette m'a toujours fait verser des larmes...comme le gorille mort il y a quelques années.
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas ce film.
Bonne fête.
Bonjour, Michelaise.
RépondreSupprimerSi ce film t'a plu, c'est parce que tu l'as tout simplement regardé sans tomber dans les pièges que tu dénonces dans ton propos.
J'ai vu que la critique était finalement sévère...
voir au-delà de nenette ? C'est l'erreur à ne pas commettre.
Merci beaucoup.
Bon dimanche.
Je n'ai pas encore vu ce film-là. Mais je trouve dommage de réduire Nicolas Philibert au seul "Etre et avoir" qui a sans doute dépassé ses espérances (et qui a aussi, d'une certaine manière provoqué sa désespérance... Pour ce qui me concerne, le conflit qui l'a opposé ensuite à l'instituteur, M. Lopez si mes souvenirs sont bons, m'empêche de revoir ce film avec sérénité). Pour moi, Nicolas Philibert c'était aussi le cinéaste du "Pays des Sourds", et de "La moindre des choses". Tous ses films sont à découvrir, à voir et à revoir.
RépondreSupprimerBonne journée !
Est-ce vraiment pour moi?
RépondreSupprimerC'est vrai je suis dans ma période animaux
Je ne doute pas du génie qu'il doit falloir pour captiver le spectateur sur un tel sujet
C'est un endroit où je passe souvent :) mais je préfère de loin les filles qui font leur jogging :))
RépondreSupprimerVous avez tous raison, il faut aller le voir comme un Philibert, et pas comme une somme philosophique foireuse (encore !!??? c'est Alter qui déteint sur mon Ego)... ne vous attendez pas à un coup de foudre, mais simplement adopter l'oeil du réalisateur, en toute simplicité. Chic, je suis certaine que la prochaine fois tu iras faire un petit coucou à Nenette !!
RépondreSupprimerTu sais...je me méfie un peu des animaux en ce moment :) La dernière fois, il y a encore la chatte d'une copine qui s'est mise dans un état....c'est très curieux (non sans rire) elle devenait un peu folle. Je me suis même demandé si ce n'était pas mon parfum (c'est Terre d'Hermès...va savoir)
RépondreSupprimerJ'adore ses partitions annotées de couleurs. de vrais tableaux... musicaux.
RépondreSupprimerSuper l'idée de "tableau musical"
RépondreSupprimerChic, Terre d'Hermès, j'avoue que, quand il est sur Alter, je craque ! Alors qui sait ?????
Bonjour Michelaise,
RépondreSupprimerNous sommes tellement envahis à la télévision, de films bien remplis qui ne veulent plus dire grand chose! Après lecture de ta présentation ( excellente) du film animalier, je me dis que sans doute ce vide apparente est probablement plus en mesure de nourrir notre réflexion. Je suis toujours frappé par l'apparent vide de certains paysages qui, lorsque que je les vis( du verbe vivre), c'est à dire, que je me mets en position de devenir" paysage" à mon tour, se révèlent être des porteurs d'émotions, des plages de réflexion,de découverte de la lumière, de territoires géographiques dont le parcours devient "le" sujet de la quête.La perte de soi, pour mieux se retouver
Habitué à ce monde de vide apparent chez mes patients, de cette lenteur de vivre qui nous prend à contre-pied du rythme zappé de la vie moderne, j'ai pris le temps de comprendre ce qui pouvait me relier à ce monde étrange et pourquoi, j'en éprouvait une attirance quasi naturelle.
Sans avoir vu ce film, c'est ce que je ressens à la lecture de ton billet.
Autre sujet:
Je suis allé lire ta réponse à mon comentaire pour " le fils à Jo". C'est vrai,en lisant ton billet sur ce film, je ne t'avais absolument pas comprise. Je te prie d'accepter mes excuses.
Belle journée et bonjour aux canards.
Je t'embrasse,
Roger