Vendredi, l'émission de France Musique vient de se terminer sur une note cocasse : le quatuor Galatea, invité à jouer un morceau, n'est pas là, les suisses sont en retard !! Un certain cafouillage dans les coulisses, le quatuor précédent ne peut intervenir au pied levé, ils n'ont pas apporté de partition... On finit par passer l'enregistrement d'un morceau joué par les lauréats du dernier concours !
Le temps de quelques courses, d'un moment de détente dans notre somptueux appartement, un autre concert nous attend cours Mably. Zemlinsky nous interprète les morceaux de la finale : après le Mozart, nous nous regardons, consternés. Agités et nerveux, leur emphase ne convient pas du tout à Mozart. Par contre, leur interprétation du quatuor 127 de Beethoven l'emporte sans conteste sur Raphaël que nous avions aimé hier. Ils jouent avec un fondu, une complicité et une implication dans la partition vraiment convaincants. Nous verrons demain lors de la finale si cette différence se maintient, s'ils restent inspirés devant l'aréopage des membres du jury.
Le soir, un peu frustrés par le raté du matin, nous décidons d'aller au concert du Chateau Lafite Rothschild, bien que la perspective m'ait au départ assez peu attirée. J'avais peur d'une manifestation un peu convenue, cocktail et invitations de prestige à l'appui. Nous covoiturons des spectateurs n'ayant pas trouvé de place dans le bus, et partons à l'assaut du Médoc, la fleur au fusil. Un concert, avec le quintette de Schubert en prime, cela ne se rate pas, déclar Alter.
Nous avons le temps en arrivant de découvrir un peu les jardins du chateau, le bâtiment n'ayant quant à lui qu'assez peu de charme. A l'entrée, une heureuse surprise nous attend : on nous offre un petit verre de Lafite Rothschild, ce vin mythique classé dès 1815 comme possédant le plus d'élégance et de délicatesse, et la sève les plus fines des 3 premiers grands crus classés de Médoc. Il s'agit d'un 1995, d'une grande pureté de goût, les tanins sont parfaitement fondus et l'attaque est franche. Malheureusement, le vin est un peu froid, à température de cave et il n'a pas été décanté. On a donc un peu l'impression qu'il est "serré du gousset", et il faut le bloire vite durant le trajet qui nous mène à travers cuves et tonneaux jusqu'à la salle de manipulation et de lavage des barriques où se tient le concert. Il est dommage qu'on ne nous l'ait pas offert durant le temps d'attente qui fut long à l'entrée des caves, nous aurions eu le temps de l'ouvrir dans nos verres au lieu de l'avaler comme une vulgaire piquette...
Le concert se déroule au milieu des futailles, l'air est grisant, une odeur du bois frais domine, avec un relent adouci de vin racé. Dans une salle en rotonde aux accents de crypte mussolinienne, on a installé au centre des chaises en bois doré à coussin rouge qui détonnent dans ce lieu technique.
Partout des chandeliers égrennent une lumière discrète. Nous sommes à l'endroit où se fait, une fois par mois, le lavage des barriques, vaste zone où les sièges s'entassent, serrés et rigides. On a rajouté de ci, de là, quelques chaises entre les tonneaux, pour les spectateurs qui arriveront juste avant le début du concert, après le cocktail maison. L'accoustique est, malgré le chapeau de ciment qui nous surplombe, assez correcte pour un ensemble à cordes et le concert est, effectivement, un grand moment : Alain Meunier, président du concours, est venu enrichir le quatuor Thymos pour interpréter le sublime quintette D956 de Schubert. La magie opère.
Partout des chandeliers égrennent une lumière discrète. Nous sommes à l'endroit où se fait, une fois par mois, le lavage des barriques, vaste zone où les sièges s'entassent, serrés et rigides. On a rajouté de ci, de là, quelques chaises entre les tonneaux, pour les spectateurs qui arriveront juste avant le début du concert, après le cocktail maison. L'accoustique est, malgré le chapeau de ciment qui nous surplombe, assez correcte pour un ensemble à cordes et le concert est, effectivement, un grand moment : Alain Meunier, président du concours, est venu enrichir le quatuor Thymos pour interpréter le sublime quintette D956 de Schubert. La magie opère.
Merci de nous relater les circonstances dans lesquelles vous avez écouté ces concerts. Peut-on dire que l'ambiance d'un lieu contribue à la qualité de la musique?
RépondreSupprimerAnne
Bien inspiré Alter
RépondreSupprimerC'est certain que la magie a dû opérer.
Moi j'ai raté un concert Balzacien à Saché
Voilà un fort joli week-end de l'Ascension pour des mélomanes avertis.
RépondreSupprimerMalgré les quelques improvisations du moment, cela me parait bien intéressant et revigorant.
Bonne semaine à tous les deux pour la reprise d'autres aventures...oups!
Ah Françoise, on passe son temps à en rater... il faut dire que nous vivons dans un monde qui offre tant et tant de possibles, que c'est un vrai casse-tête de choisir, et de renoncer... voire d'oublier !!!
RépondreSupprimerAnne, l'ambiance participe en effet mais nous étions méfiants sur le côté un peu "démago" du chais, ça plait mais est-ce pour autant bon pour la musique ? les musiciens avaient froid aux doigts et ce n'est pas idéal... mais c'est vrai que l'odeur grisante ajoutait un je ne sais quoi aux notes de Schubert !!
Que oui Martine, nous avons vécu un we de l'ascension réellement magique... un peu tristes au départ d'être de vieux égoïstes surtout préoccupés de notre bien-être pour ne pas se sentir seuls, mais c'est la vie ainsi et côté famille, il nous faut composer avec le peu qui nous reste... cela fait un peu stakanovistes du loisir, mais nous avons au moins l'extrême bonheur d'avoir des goûts communs et d'aimer les vivre ensemble.