DEBUT DE SAISON

Voilà, la vie "culturelle" reprend dans notre province éloignée, l'arrivée prochaine des touristes, supposés seuls vrais consommateurs de "culture" attise les projets et fait vibrionner les organisateurs de tout poil ! En l'espace de 3 jours, et après des mois de régime sec, 3 concerts à Royan ou environs proches : ce soir le Requiem de Mozart à l'église Notre Dame (je crains que nous n'y allions pas, cela ressemble à un concert "commercial", du tout fait vendu en "prêt à écouter"), demain le trio Smetana, là nous avions très envie d'y aller mais une obligation amicale nous en empêche, et hier soir c'était Meschers qui était à la fête. Concert d'ouverture de la saison des "Jeudis Musicaux des Eglises Romanes", festival dont j'ai déjà parlé moultes fois puisqu'il offre, répartis entre début juin et fin septembre, 31 concerts disséminés dans 31 églises romanes de la région. Prix d'entrée : 12 euros, avouez que c'est de la démocratisation ça ! Non content d'aller chez les gens, de leur offrir de vrais (et beaux) concerts dans des endroits qui ne voient jamais un violoncelle ou un piano le reste de l'année, on rend l'accès à ces manifestations vraiment abordable.

Comment l'église de Meschers, entièrement ravagée vers 1620 à l'occasion de heurts entre hugunots et catholiques et dont il ne reste que quelques morceaux de murs datant du XIIème siècle a-t-elle droit de cité dans ce festival censé se dérouler dans des églises romanes, cela reste un mystère mais chaque année nous avons notre concert. Et cette année, nous avons même eu le privilège de faire "l'ouverture de la saison"... Une soirée annoncée, j'ai mes informateurs, par Radio Classique, qui nous a permis d'entendre Bertrand Chamayou au piano, Lise Berthaud à l'alto et Nicolas Baldeyrou à la clarinette. Pour des oeuvres de Schumann, inégales, Kurtag, ennuyeux, et le trio des Quilles de Mozart... Un ensemble de qualité, mais qui nous a laissé un peu sur notre faim, manque d'émotion et de musicalité. Le trio improvisé, simple juxtaposition de forts talents incontestables, donne forcément un résultat correct du point de vue technique mais manquant de liant, la sauce a du mal à prendre. Sans doute le public n'était-il pas très porteur : agité, toussant, raclant les chaises, applaudissant entre les mouvements, nos musiciens n'étaient donc pas au top de leur forme. Il faut dire que sur plus de 200 personnes, il y avait tout juste 86 entrées payantes, ce qui démontre, si besoin en était, le côté formel et convenu de la soirée, pour un public absolument pas concerné, mais fort enthousiaste !! Si Lise Berthaud m'a conquise par son rythme dansant et son implication évidente, le clarinettiste m'a laissée froide. Quant à Bertrand Chamayou, trop présent dans une structure en trio, pas toujours d'une grande sensibilité dans son touché, il n'est pas mozartien pour deux sous, et réussit mieux dans la musique conteporaine ou les marches de Schumann.