Un jeudi des églises romanes parmi tant d'autres : le Quatuor Bénaïm se produisait avant-hier à Saint Seurin d'Uzet. L'église est plutôt néo-romane que vraiment ancienne, presque entièrement reconstruite à la fin du XVIIème siècle par des artisans de talent. Leurs chapiteaux sont de belle facture quoique neufS, taillés avec vituosité sans que cela fasse le moins du monde "copie". Par contre, l'aménagement de l'église est très XIXème, époque à laquelle, une plaque en atteste, la commune fut consacrée au Sacré Coeur de Jésus. Ma voisine, accompagnée d'un ami allemand, lui faisait remarquer une rutilante statue de Jeanne d'Arc, lui expliquant que nous avions la particularité d'avoir une sainte soldat. Que son ami connaissait fort bien, tout germanique qu'il soit ! Quand on pense que certains de nos manuels d'histoire font encore l'impasse sur la petite bergère d'Orléans pour de sottes raisons idéologiques !
Quand on entre dans ce modeste bâtiment, à nef unique, l'impression de propre surprend. Les bancs sont neufs, la charpente est impeccable et les murs semblent chaulés de frais. En fait, en février de cette année, l'église a été envahie par plus de 50cm d'eau au moment de la tempête Xynthia, et comme partout en Charente Maritime, les édiles ont eu à coeur de tout remettre en état pour l'arrivée des touristes. Pari tenu et challenge réussi pour la municipalité de Saint Seurin qui nous accueillait avec faste.
Le quatuor Benaïm a été lauréat du concours de quatuors à cordes de Bordeaux en 2007, mais les têtes blanches ou grisonnantes qu'on a applaudit hier soir ne pouvait appartenir à cette formation primée ! En effet, je rappelle que le total des âges cumulés des 4 membres de l'ensemble ne doit pas dépasser 120 ans ! Seul subsiste de cette époque le fondateur,Yaïr Benaïm, premier violon. Se sont joints à lui une japonnaise, un géorgien à l'alto et un arménien au violoncelle.
Ils nous ont interprété du Haydn (le savoureux quatuor "L'Alouette" qui sonne comme un air printannier), le quatuor n°41 de Schumann, si impressionnant de gravité contenue, un mouvement de Schubert, et le très émouvant quatuor n°8 de Chostakovitch. Au total, une interprétation très sage, rendue un peu austère par l'excellente accoustique de l'église. On entend chaque instrument avec un relief étonnant, et aucun effet d'écho ne vient amplifier l'ensemble. Cela permet des élégances et des raffinements somptueux mais cela n'est pas "brillant".
J'ai trouvé qu'ils manquaient un peu de force dans l'Adagio de Schumann, un morceau qui peut vous arracher les tripes s'il est joué avec esprit. Par contre, je les ai trouvés bouleversants dans le Chostakovitch, un morceau écrit à Dresde dans les années 60, plaidoyé éloquent et presque optimiste contre les guerres et leurs horreurs. Impressionné par le spectacle de la ville dévastée, il dédia ce quatuor qu'il écrivit en trois jours, du 12 au 14 juillet 1960, « aux victimes de la guerre et du fascisme » — au nombre desquelles il se comptait au dire de sa fille Galina. En effet il reste volontairement vague et n'emploie pas l'expression victimes du nazisme, incluant ainsi en creux les victimes du stalinisme. Il aurait pensé aussi aux victimes des bombardements alliés auquel le morceau rend ainsi hommage.
« Je me suis dit qu’après ma mort personne sans doute ne composerait d’œuvre à ma mémoire. J’ai donc résolu d’en composer une moi-même… » « Le thème principal de ce quatuor sont les notes D. Es. C. H., c'est-à-dire mes initiales, et j'ai cité certaines de mes œuvres.» Un grand silence a suivi la fin de l'interprétation très sensible que nous en a donné le Quatuor Benaïm, et après des applaudissements nourris, ils se sont retirés sans bis, tant il était difficile d'ajouter quoi que ce soit à cette oeuvre poignante.
Discrète dédicace à qui saura se reconnaître : "Je suis de ouate et non sorcière"
Ce qui ne nous a pas empêché de déguster le cocktail de sorcière dont la teinte bleutée (qu'on verra sur la photo plus haut, en bas à gauche) aurait bien plu à notre Lulu préférée, séduisant mélange de Curaçao et de pamplemousse rose ! Car à la sortie de tous les jeudis romans, la municipalité régale ! Galette charentaise à l'appui...
Musique et ripailles à Saint Seurin d'Uzet. Tu as bien raison surtout de déguster ce cocktail de sorcière. Bon dimanche
RépondreSupprimerBonjour Michelaise. J'ai honte car n'étant pas mélomane, je crains de ne retenir de ton article que la recette du cocktail de sorcière.... C'est du joli... ;-)))
RépondreSupprimerEn tout cas, je suis ravie de savoir que tu as encore passé un agréable moment musical. A bientôt
Mais non Oxy faut pas avoir honte, le cocktail fait aussi partie de la fête, et puis, il est là pour distraire ceux que la musique ne passionne guère ! car tout le monde n'est pas censé aimer la musique classique...
RépondreSupprimerCe hibou mal coiffé fait penser à mon Papi ! N'est-ce pas Oxy ! ;)
RépondreSupprimerJ'aime la musique classique, mais je l'écoute sans être capable de l'analyser, juste pour le plaisir... :-)
RépondreSupprimerBonne journée à toi Michelaise et merci de cette gentille réponse à mon com.
Bonjur, Michelaise.
RépondreSupprimerJ'ai cru ne jamais pouvoir arriver jusqu'à l'église...
Une église propre...
Oui, je comprends...
Mais cela surprend.
Schumann...
Je ne retiens que lui...et ils n'ont pas joué comme tu le sentais...
Pourtant on ne peut pas interprèter Schumann n'importe comment.
Il est trop proche du monde sensible
La vadrouille estivale est d'une belle facture.
Tant mieux pour ceux qui viennent jusqu'ici.
Bonne soirée.
Je t'embrasse.
De ces soirées comme je les aime et que tu sais si bien nous rapporter comme d'habitude.
RépondreSupprimer"Voyez ma couleur est légère comme le liège.Mon cri d'amour la nuit, fait se signer le lâche,et cependant ma face est de lune de tendresse et d'étang;mon nez est courbe mais je suis câline"...
Mes Domaines
page28
J'ai hésité entre les deux
Sans ironie de ma part Herbert, mais nos églises sont parfois un peu humides, un peu négligées... Là, refaite à neuf après la tempête, elle avait fière allure et marquait surtout la volonté de repartir après le désastre ! Tu as raison Schumann c'est terriblement difficile d'être dans le ton... je pense qu'en concert, les musiciens ne sont pas forcément dans les conditions idéales.
RépondreSupprimerAloïs, j'ai appris que Mes Domaines c'est aussi "l'hippomoustique de l'Amazone", la "pieuvre persique", "sorte de Gorgone sans cul ni tête", et le sphinx Mandchou !! Autant dire tout un programme, décliné en 34 poèmes "moins destinés à faire peur qu'à faire rêver" !!! J'adore mon livre sur la donation de Simone.
Oui ,celui de la chouette s'intitule
RépondreSupprimerChouette de Bonne Espérance,il y a aussi Carpe de Lune,Marmotte d'Anzeindaz,Triplettes du Canada....
Mais aussi,beaucoup plus à notre portée La grue cendrée,L'abeille,
Dame Carnage,mais surtout La femme,L'homme deux superbes poèmes qui sont encadrés et accrochés dans la salle à manger aux Tours et que je publierai dans mon billet concernant cette visite.
Cette Simone là un sacré numéro,cela doit venir du prénom!!!