Il faut toujours un dernier spectacle en Avignon, et, allez savoir pourquoi, en général il est franchement mauvais !! Jeudi était notre dernier jour (car en fait ces "critiques" paraissent le lendemain, voire le surlendemain) et nous avions pour le choix des derniers spectacles, décidé d'aller au théâtre des Doms, juste à côté de notre chambre d'hôte, (plus simple pour les bagages) où l'on mange bien (sympa avant de prendre le train) et où, en principe, la qualité est au rendez-vous.
David Serge En visite au Futuroscope avec ses trois enfants, David apprend la mort de son père sur un lit d’hôpital. Une libération : un père insupportable. Excentrique et drôle. Absent mais envahissant. Bourré d'amour et de défauts.
Futuroscope, Judéoscope, Familloscope.
Ludique et violente, rythmée et émouvante, la parole galope d’un corps à l’autre, d’un père à l’autre, d’un fils à l’autre. De plongeoirs pourris en monstres tièdes, comment les mots du père font-ils de nous, à notre insu, ce que nous sommes ?
Une vraie merveille que ces "langues paternelles" : le texte est riche, sensible, bouleversant de vérité et il nous touche en plein dans le mille : parent, enfant, toutes nos facettes sont mises à mal et on adhère à chaque détour inattendu des mots de Daniel Schneidermann, alias David Serge. Un texte dense et complexe, plein de nos constradictions et de nos angoisses, transmuhées en paroles incantatoires pour dépasser la peur, mettre le rire sur la honte et enfin accéder à l'âge d'adulte. Clopin clopan, petitement, mais sûrement. Il faut tant d'années pour se remettre de ses parents, et tant aussi pour se remettre aussi de ses enfants ! Vous pouvez sans doute lire le livre, et c'est sans doute ce que je ferai... encore que ! J'ai adoré la pièce, mais finalement je crois qu'en ce qui me concerne, j'ai vraiment viré ma cutie en tant qu'enfant et réglé à peu près tous mes comptes avec mes parents ! Alors je ne sais pas trop si j'ai envie de me replonger dans les affres de l'adultitude ! Vous pouvez aussi aller sur le blog de Daniel Schneidermann dont le nom ne m'impressionne pas plus que celui de David Serge, avec ma manie de n'avoir pas la télévision ! Ce qui fait que je n'étais pas au courant de la geste de ce livre. La petite histoire veut que David Serge n'ait expédié que quatre exemplaires anonymement à des éditeurs. L’un d’eux, Robert Laffont, y répond favorablement, ne demandant que quelques modifications de pure forme au manuscrit. La numéro deux de l’éditeur (Nicole Lattès semble-t-il) s'occupe personnellement du lancement de l'ouvrage. La mise en place est de 12000 exemplaires (contre 2000 habituellement au livre d'un débutant).
Peu après la sortie du livre, il obtient une critique dithyrambique dans "Le Nouvel Observateur", dirigé alors par Laurent Joffrin, vieille connaissance de Daniel Schneidermann et accessoirement son patron au journal Libération. L'écrivain et critique littéraire Pierre Assouline évoque Kafka et Paul Auster dans son article "Qui est David Serge" paru dans l’hebdomadaire du 2 février 2006. Un joli conte de fée que cette brève tentative d'anonymat, pour être jugé sur pièce et non sur sa réputation. Certains ont le grand mérite de ne pas s'y être trompés.
Si vous êtes à Avignon, n'hésitez pas à aller voir ce moment magnifique de théâtre : les trois jeunes acteurs sont bourrés de talent, drôles, sincères, efficaces en diable. La mise en scène qui, selon la tendance qui se fait jour actuellement, délègue à l'un ce qu'est censé dire l'autre, pourtant présent sur scène à ses côtés, crée une sorte de récit indirect à voix multiples, changeantes et pleines de nos contradictions personnelles. Ce spectacle, tout de mots enrichis, mots dits et mots écrits, est particulèrement réussi. Je ne sais ce qu'en pense l'auteur, mais le texte semble ici admirablement servi et c'est une des réussites du Festival.
13 tableaux d’une terrible aventure. Huit «grands» enfants vont tenter de reconstruire un bout de société, au milieu de cette île déserte où leur avion s’est écrasé…
Nature paradisiaque ou hostile? Solidarité du groupe ou violence tribale? Peur de l’inconnu ou bonheur d’une liberté absolue? Ces jeunes Robinsons, anti-héros barbares, mettent à mal le mythe de l’innocence enfantine et montrent la fragilité de la civilisation! Juste huit comédiens dans une boîte noire, sans décor, qui s’interpellent, chantent, s’affrontent, se rassurent…
A quelques minutes près, nous n'avons pas tenu jusqu'à la fin. A force de bailler, de m'ennuyer, de me tortiller sur mon siège j'ai préféré lever le camp. Alter m'a suivie, Koka est restée jusqu'à la fin, ce qui nous a permis de savoir comment se termine ce spectacle loufoque et sans intérêt. Le plus étonnnant est que les acteurs jouent remarquablement bien, que la mise en scène est de très bonne qualité, bien rythmée, bien enlevée, bref tout pour plaire. Sauf que le texte est plus creux que creux, plus vide que vide. Rien, pas de texte, un prétexte trop léger pour faire un spectacle digne de ce nom. Tant et si bien que ce qui, au départ, semblait léger et drôle devient vite assommant et terriblement lassant. Il faut sans doute que le dernier spectacle que l'on voit à Avignon soit raté pour n'avoir aucun regret de partir !
Quelques précisions en guise de conclusion pour répondre à certains commentaires: ces articles sont publiés juste après avoir vu le spectacle, mais avec un jour ou deux de décalage (ce qui explique que j'ai vu à 20h ce que je publie à 19h35... cela a été vu la veille !). La partie en italique est le simple copié-collé de la présentation du programme du Off, ce qui m'a décidé à aller voir le spectacle et résume en général au plus près l'intention de la troupe ! La photo est prise pendant le spectacle, en général de loin et le plus discrètement possible, c'est à dire sans flash et en faisant attention de ne pas casser le texte ou l'ambiance par ces éclairs rouges qui tentent de cerner le sujet dans le noir !! ce qui explique la mauvaise qualité de ces photos. Quant au choix parmi les 1000 spectacles du Off, il se fait avant le départ, en triant sur les noms d'auteur... Allez savoir pourquoi, le premier nom que je cherche est toujours Montherlant !! Que je ne trouve d'ailleurs jamais. Après avoir cherché Giraudoux, Corneille, Anouilh et tous les autres, je prends la liste des spectacles par noms d'auteur, et je regarde ceux susceptibles de m'inspirer. Avec méfiance toutefois, car les adaptations de textes littéraires ne sont pas du théâtre ! Il faut beaucoup talent pour les rendre intéressants sur scène. Enfin je fais un dernier tri sur les salles, les lieux où, les années précédentes j'ai vu des spectacles de qualité. Il est des salles que je préfère éviter, pour y avoir eu de nombreuses déceptions, il est des salles où je vais voir des spectacles dont je ne connais ni l'auteur, ni la troupe, et dont le sujet a priori ne me dit pas grand chose : parce que j'ai confiance dans la programmation du lieu. Ainsi les Doms (et, parfois, je me plante !!!), le Grenier à Sel, la Caserne des Pompiers etc... Je crois que le choix de la salle est primordial à Avignon. Ensuite, il faut faire de la logistique, lieu, heure, temps de déplacement etc... En revanche, j'évite en général découter les rumeurs de files d'attente, ou de suivre les conseils dispensés par les acteurs en fin de spectacle. J'ai eu en la matière trop de vautrages, car allez savoir pourquoi, il n'est rien de plus difficile à partager que des goûts !
Je reconnais les parasols de l'étage du théâtre des Doms !
RépondreSupprimerSans transition avec l'effet esthétique des protecteurs solaires, votre publication une fois de plus est remarquable.
Vous me donnez envie d'aller voir "les langues paternelles" alors que j'hésitais, et quant à "Disparu", si je ne m'y suis pas autant ennuyée que vous et si j'y suis restée jusqu'au bout, je suis d'accord avec tout le reste. D'ailleurs, je n'ai conseillé cette pièce à personne, bien que ce soit les Doms et une compagnie belge à qui on a rien à reprocher si ce n'est, effectivement, le choix du texte !
Quant à certains théâtres où on peut aller en fermant les yeux et les autres, ou au contraire, il vaut mieux fuir, je confirme !!!
Bravo pour ces comptes rendus qui défient tout journaliste spécialisé dans ce travail pour lequel il est rémunéré...
RépondreSupprimerIl devrait y avoir une page écrite par les spectateurs fidèles et férus de théâtre:"qu'en avez-vous pensé?" dans les écrits qui illustrent cette grande épopée théâtrale.
Il y a fort longtemps Alain avait accompagné pour ce festival, qui porte bien ses 63 ans, de jeunes comédiens du CNR qui actaient une pièce d'Harold Pinter, "l'anniversaire". Il y avait une table, des chaises, un bar, 3 ou 4 acteurs, il en parle encore.
Une vraie aventure à l'époque, car l'avant-garde faisait bien grincer les dents.
Un des "anciens"jeunes fait dans la pub, l'autre intermittent du spectacle joue avec Jean Claude Drouot, le troisième vend des appartements....un a disparu très jeune.
Et oui cela fait partie de la vie d'artiste!
encore bravo et au prochain!
Bien vu. Vous êtes dure avec le Kronope mais vous avez peut-être raison et votre analyse m'aidera à y voir plus clair. Le Baiser de la Veuve: bon trio d'acteurs mais j'ai trouvé le texte ou plutôt l'histoire "faible". Du soap pendant la première partie. Très américain, pas assez construit sauf à la fin. Trop tard pour moi malgré le talent des acteurs.
RépondreSupprimerNe ratez pas Rhinocéros chez Timar, Motobécane au Petit Chien, Le Mot progrès à l'Oulle..Vu ce jour un truc sans intérêt (déjà le titre...)malgré le talent de l'actrice: "J'me sens pas belle" aux 3 Soleils. Salle comble qui pouffe quand la fille traite son ami "d'enculé". Puis l'excellent "Comment M. Mockinpott fut libéré de ses tourments" de Peter Weiss. à peine 1/3 de jauge. Allez comprendre...Bonne suite...R.
Ah Martine, Jean Claude Drouot, un sacrément grand que celui-là... et pourtant, nous ne sommes pas allés le voir cette année, pas le temps et puis les récits cévenols qu'il jouait ne nous tentaient guère. Alain devrait retourner faire un tour au Festival ne serait-ce que pour y ressentir le souffle de cette folie qui anime les troupes en action !
RépondreSupprimerMerci Mathilde, pas un drame que ces disparus mais nous étions un peu las je crois et l'absence de texte nous a surtout ennuyés. Il me semble que vous pouvez aller voir les langues paternelles sans risque, vous me direz !
Roberto j'ai adoré le Kronope dans La Tempête et l'Oiseau Bleu l'an dernier, mais là cette histoire de possédées de Loudun (commandé au-je cru comprendre par la ville de Loudun, oups !!!!) m'a atterrée. La mise en scène était fort belle (enfin à mon goût) par contre je trouvce qu'ils se sont mesurés à une histoire qu'ils ne maitrisaient pas. Motobecane je l'ai vu mais pas cette année, et je ne sais si c'est le même, j'avais bien aimé. Comment Mr Mockinpott... voilà qui aurait pu me tenter, mais voilà, c'est fini pour cette année... sniff !! On ne vient que 5 jours et on se fait un concentré qui doit nous tenir lieu de brouet pour toute l'année, ou presque !! Merci de votre passage Roberto !
Merci Michelaise de partager ainsi ta passion, tu me donnes envie de retourner au théâtre !
RépondreSupprimerBelle semaine.
Bonjour, Michelaise.
RépondreSupprimerUn foisonnement de cultures et d'art en cet Avignon inépuisable.
J'ai toujours rêvé y aller, mais la foule me fait peur...
Et est-ce bien utile quand il suffit ( presque ) de te lire et regarder pour s'y croire ?
J'aime tout. Mais Pessoa m'a beaucoup plu...
Merci, merci.
Et bon dimanche.
Merci Herbert, déjà au "boulot" pour laisser sur nos blogs tes gentils commentaires. Tu as raison la foule d'Avignon est très intense mais, comme toujours dans ces cas-là, il suffit d'une traverse, d'une ruelle écartée et on est soudain seul au monde. M'enfin soyons honnêtes, il vaut mieux supporter la chaleur et la presse... sinon, c'est pénible !
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