samedi 28 août 2010

EN CHANTIER : THEATRE A BLAYE

Les Chantiers de Blaye fêtent leurs 22 ans… Un festival de théâtre qui a choisi de privilégier la création et les talents locaux. Le site est magnifique, la programmation riche et inventive, et cette année on y rencontre Beckett, Cervantès, Shakespeare, ainsi que des auteurs contemporains, connus (Noëlle Renaude) ou inconnus. L’estuaire est, et cela n’est pas pour nous déplaire, à l’honneur, en particulier avec les pièces qu’on va entendre sur les îles, alliant théâtre et navigation, mots et images.
Cette année c’est vers l’île Patarin que la Ginette nous a transportés. Là,  nous avons trouvé un accueil fort agréable : partout des transats, pour s’installer, flâner, rêver, se reposer entre deux spectacles, dans un cadre vraiment bucolique.

Le thème de la résidence de création était « les petites comédies de l’eau ». Le directeur artistique, Mustapha Aouar, a eu l’idée de confier, dans différents lieux, à des auteurs locaux le soin de rédiger de courts textes célébrant le fleuve local qu’il met en scène ensuite. Il y a eu le Niger, il y aura notre estuaire. L’an prochain.


En attendant, nous avons suivi avec un plaisir inattendu « les petites comédies de l’eau, Niger », jouées par la compagnie de la Gare. La vie, l’amour, la naissance, la mort, 4 textes simples mais efficaces interprétés avec beaucoup de verve par cette jeune troupe.


Les auteurs aquitains, qui participent au projet « Petites comédies de l’eau, Gironde » ont lu leurs textes. Mustapha Aouar leur avait posé comme contraintes "une courte pièce de 20 minutes environ, jouée par 4 acteurs au maximum sur un scène de 3 mètres carrés"... un sacré challenge ! Nous n’avons pu entendre que Dominique Paquet, car les autres spectacles se déroulaient en même temps. Elle avait construit sa saynète autour du thème de l'épave de l'Ardennois qui repose au large de Talmont et dont on aperçoit encore la carcasse les jours de forte marée. Nous reviendrons l’an prochain à Patarin pour voir la mise en scène !!


Un plateau repas fort diététique et délicieux et de surcroît esthétique, arrosé d’un Côte de Blaye bien frais, nous a permis de profiter du lieu tout à loisir.

Sans doute échaudés par de nombreuses mésaventures météorologiques, les organisateurs ont peu à peu abandonné les aléas inévitables du spectacle en plein air. Les représentations dans les fossés de la citadelle, où l’on vous distribuait à l’entrée des carrés de gaze imbibée de citronnelle et des couvertures et où l’on se réchauffait à l’entracte autour d’un grand feu de bois en buvant du vin chaud appartiennent aux souvenirs d’anciens combattants. Le  spectacle de Dario Fo , Johan Padan à la découverte des Amériques, que nous devions voir en extérieur, a été déplacé dans la poudrière, car la chaleur était telle que l’acteur ne se sentait pas le courage de jouer sous une telle canicule. Il faut dire qu’il se livre à un véritable exploit technique, faisant le bruitage, jouant des lumières, et égrenant un texte varié où il joue tous les personnages, et conte avec verve les péripéties de cet aventurier du XVème siècle finissant. La poudrière faisait un écrin parfait pour cette fresque picaresque, mais j’ai personnellement aimé modérément ce spectacle qui m’a semblé long et un peu ennuyeux.
Nous étions venus voir la pièce au nom accrocheur de Visniec « Le mot progrès dans la bouche de ma mère sonnait terriblement faux ». Avec un titre pareil, soit on renonce avant d’arriver au bout, soit on se dit que cela doit cacher quelque chose d’intéressant. Et, de fait, Visniec tisse un texte dense et prenant autour du thème de la déchirure familiale, des destinées croisées d’un frère et d’une sœur qui furent ennemis, le drame des parents dont les enfants s’entretuent, l’éternel thème de la renaissance après l’horreur. La vie qui, pour continuer, a besoin que le deuil s’accomplisse et que le pardon s’invente. Visniec manie le verbe avec une souplesse qui rend ses pièces très humaines, rien de désespéré même si le thème est sombre, rien d’amer même si la désespérance est latente. 
Notre escapade s’est terminée par une « version pupitre », un genre que j’apprécie particulièrement. « C’est ma terre, c’est les miens » était un texte de Philippe Touzet, auteur girondin qui conte la vie d’une famille du début des années 20 à la fin des années 50. Les acteurs, installés comme les musiciens d’un orchestre, lisaient leur texte, changeant parfois de personnage, liés par le récit tout en didascalies que disait l’un d’entre eux. J’ai pris plus de plaisir qu’Alter à cette représentation, ce dernier n’appréciant que modérément ce qu’on pourrait appeler un certain régionalisme qui lui a semblé trop simpliste. 


4 commentaires:

  1. Que de bonheurs il vous apporte cet estuaire
    L'ambiance doit être extraordinaire,je crois que ce qui me mettrait le plus en transe ce serait d'aller sur l'île Paté.
    Je n'y suis jamais allée et j'en rêve ,j'ai toujours aimé les constructions de Vauban,il est un lieu que j'aime particulièrement c'est Brouage

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  2. Tiens, mon dernier com a disparu (à propos des incivilités des "touristes" et autres...)

    Théâtre de Blaye: au moins 3 ou 4 des pièces programmées ont été données ici dans le Off (Avignon). Becket bien sûr, régulièrement programmé ce qui est bien la moindre des choses pour un auteur qui a vécu des années difficiles pendant la guerre en Vaucluse, Le Grand Silence, Mais que sont deveus les révoltés du Bounty ? et Le Mot Progrès...La richesse de cette pièce de Visniec est telle que l'on passe à côté de bien des allusions et dérisions. Je l'ai vue deux fois partagé entre larmes et sourires. Les drames des balkans sont à l'image de nos déchirements, de nos nostalgies, de nos craintes et de nos espoirs. Pièce récompensée par les Coups de Coeur de la Presse en 2009.

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  3. L'organisation de ce festival me fait un peu penser aux "Traversées de Tatihou" de notre région sauf qu'au lieu du théâtre, c'est de la musique que l'on découvre sur l'île...

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