BON ANNIVERSAIRE A "MA DAME" de "A THING OF BEAUTY"

Robert célèbre sa Dame à laquelle je souhaite au passage un "bon anniversaire"... en nous faisant miroiter le gâteau préféré de la belle, dégusté à l'occasion de cet heureux moment. Miam !! Un millefeuille, mon gâteau fétiche : il a un petit air désuet, déjeuner du dimanche en famille tel que je n'en ai jamais connu, tradition bien respectée de la pâtisserie au sortir de la messe, dont on part triomphant en brandissant un charmant paquet de forme pyramidale, en prenant bien soin de ne pas le renverser, bref un ensemble très littéraire de sensations qui me font frétiller l'imaginaire. Au point d'avoir envie de ce genre de sucrerie dès que j'en aperçois une.

Alors l'article de Robert, pas question de le laisser passer sans vous soumettre "LE" problème existentiel sur jour, de la plus haute importance dès lors qu'on abandonne aux grands et aux savants les "vrais" problèmes de ce monde : comment mangez-vous le millefeuille ?

Trois techniques s'offrent aux gourmands :

• celle des gloutons (vous savez, ceux qui vont rôtir dans d'horribles souffrances d'après les fresques de Torcello) : on mord dedans, crac, miam !!! ça vous coule un peu sur les doigts, car en s'écrasant le gâteau libère sa crème et on a une chance sur deux de se retrouver barbouillé de la tête aux pieds de sucre et poisseux ! mais l'enfer est assuré, en droite ligne !

• celles des raffinés : on pose la pâtisserie sur une assiette, on prend délicatement une petite cuillère, et on attaque les 6 couches sans hésiter. La cuillère résiste, a du mal à s'enfoncer, on se fend d'un sourire brave et courageux, et on insiste. On parvient, le coin de la bouche un peu coincé, à libérer une parcelle plus ou moins grosse de cette douceur, qu'il ne reste qu'à porter soigneusement à la bouche. L'inconvénient est que le feuilleté a explosé, les miettes se sont répandues dans l'assiette, la crème a fait des siennes. A la 3ème cuillerée, on est en présence d'un champ de ruines qui ne ressemble plus en rien au savant montage élaboré patiemment par le pâtissier mais au moins, on a conservé sa dignité.

• et enfin ma technique, totalement irrationnelle car justement les épaisseurs sont faites pour cohabiter dans le palais, mais que voulez-vous, je trouve que c'est meilleur ainsi : par feuille. Avec les doigts bien sûr !! On soulève la première couche, celle qui est recouverte trop souvent d'un horrible sucre glace qui rend l'ensemble douçâtre, voire carrément impropre à la consommation. Et oui, quand j'ai lu l'article de Robert, je me suis précipitée toutes affaires cessantes dans les seuls commerces ouverts un lundi dans nos campagnes. Et je n'ai trouvé que cet exemplaire banal et trop sucré, mais il me fallait un millefeuille d'urgence !! Celui de Robert avait l'air, heureusement pour sa dame, plus léger que le mien. Donc, on soulève la première couche, on avale courageusement cet excès de sucre, avec un peu de feuilleté et de crème toutefois. On lèche ses doigts colleux et ensuite peut commencer la vraie dégustation, celle des autres étages, l'un après l'autre, jusqu'à épuisement de la composition !