mardi 5 avril 2011

RITORNO ALLA PATRIA

Bon, je vous l'accorde le titre est pompeux mais avouez que ça "fait classe"... On se croirait dans un opéra de Verdi. L'avantage des décollages de notre bonne ville de Bordeaux, c'est qu'ils nous permettent de survoler l'estuaire et si à l'aller j'étais du mauvais côté, au retour, j'ai pu me laisser aller à l'immortalisation de ma masse d'eau favorite ! Quand on vient du sud on n'a pas l'occasion de survoler l'embouchure mais on se contente de saluer au passage le confluent entre la Garonne et la Dordogne. Meschers est là-bas, au loin sur le côté droit de la photo : occasion pour moi de vous raconter l'histoire de nos eaux.
Selon Caruso 33, le vocable de Gironde remonterait au Moyen Age, au temps où la région était possession anglaise. A cette époque les habitants des rivages de la Garonne et de la Dordogne rivalisaient pour imposer le nom de chacun de leur fleuve respectif à l'estuaire. Lassé de leurs querelles, le roi d'Angleterre aurait demandé au baron de Gironde, possesseur d'un fief près de Bordeaux, d'arbitrer leur différent. Devant le mauvais vouloir de tous, ce dernier aurait décidé de s'ériger lui-même en parrain de l'estuaire. Sa décision fut enregistrée par un arrêt de la cour de Bordeaux du 8 octobre 1459 rappelant que : "la Gironde, notoirement tenue et réputée pour être un fleuve d'eau douce, tire son nom du Château de Gironde situé sur ses bords". D'autres prétendent que le nom, avéré dès le XIème siècle sous différentes formes, viendrait de "giruns undae", autant dire "eau agitée qui tourne en rond". Bien d'autres éthymologies sont proposées, dont certaines, même, d'origine gauloise.
Fleuve d'eau douce ? Que nenni... En fait, la Gironde est un estuaire "partiellement mélangé". La marée est le moteur qui fournit l'énergie requise pour les phénomènes de mélange et de diffusion des eaux douces des fleuves et des eaux marines provenant de l'océan. Cette rencontre de masses d'eaux de densités différentes (0.025 g/cm3 d'écart à 15°C) induit l'installation de gradients de salinité qui sont responsables de la circulation résiduelle : les eaux douces de plus faible densité circulent en surface, alors que les eaux marines pénètrent dans l'estuaire près du fond jusqu'à un point nodal au-delà duquel toute la masse d'eau est fluviale et se dirige vers l'aval. Il existe en fait 3 types d'estuaires qui dépendent du rapport entre le débit fluvial et le volume introduit par la marée : l'estuaire "à coin salé", l'estuaire partiellement mélangé ou bien mélangé. Celui de la Gironde est donc du deuxième type, et se présente la plupart du temps dans un état "stratifié à deux couches".
Le débit fluvial moyen est de 989 m³/s (moyenne sur le siècle dernier) mais a tendance à diminuer ces dernières années. Ce débit est assuré à 65% par la Garonne et à 35% par la Dordogne. Par ces deux fleuves, il arrive donc, chaque seconde de 800 à 1 000 m³ d'eau douce chargée de sédiments ; dans le même temps, deux fois par jour à marée montante, 15 000 à 25 000 m³ d'eau de mer pénètrent à l'embouchure. La rencontre de l'eau douce, riche en limons, avec l'eau salée fait floculer les particules argileuses qui forment un bouchon vaseux, caractéristique des eaux estuariennes.
Mais le plus étonnant est que les eaux des deux fleuves ne se mélangeraient pas non plus, et il est d'usage d'admettre que, pendant des dizaines de kilomètres, on puisse identifier chacune de ces eaux, et l'attribuer avec certitude à son fleuve d'origine. Celles qui passent devant Meschers seraient ainsi issues de la Dordogne. Alors même que l'effet de la marée se fait sentir, selon l'intensité des coefficients, jusqu'à 160 km en amont de l'embouchure. Je vous livre toutes ces informations avec les réserves d'usage, et vous indique ci-dessous mes sources !!
Et sur la discussion, toujours vive, pour savoir si la Dordogne est un fleuve ou une rivière !


Sauvés ! hier soir le soleil s'est encore couché à gauche de Cordouan !


Et ce soir, presqu'en direct, enfin, l'embrasement tant attendu, sans trucage cette fois-ci !

13 commentaires:

  1. des couleurs de feux, bien girondes j'allais dire ! L'Italie est donc finie ? merci pour la carte de l'art Rome antique !!!! Très aimable à vous !

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  2. bonjour vote exposé sur l estuaire est tres instructif les eaux de l ocean,la maréee se faisant ressentir a 160km en amont mais alors le mascaret c est cela?

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  3. Rome c'était juste un long week-end ! Quant aux couleurs girondes, tu ne me croiras pas Gérard mais la photo est absolument non retouchée (juste recadrée) autant dire que ça crachait !!!

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  4. En effet le mascaret est le phénomène de la brusque surélévation de l'eau de l'estuaire, provoquée par l'onde de la marée montante lors des grandes marées. Il se produit lorsque le courant est contrarié par le flux de la marée montante. Imperceptible la plupart du temps, il se manifeste au moment des équinoxes. Je vous recommande ce site :

    http://mascaretgironde.free.fr/

    pour les horaires de passage :

    http://www.obs.u-bordeaux1.fr/mascaret/index.html

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  5. On fait le plein d'informations très très intéressantes et on se perd, regard et esprit, dans les images de cet extraordinaire coucher de soleil...

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  6. Bonjour Michelaise. Je viens enfin de réussir à lire ton article dans son entier.... Cela fait trois fois que j'en commence la lecture et avais été à chaque fois dérangée avant d'en découvrir la fin. Ce que tu nous dis est passionnant et j'aime tout ce qui se raconte autour de la création du nom de Gironde...
    Quand à l'effet marée, nos connaissons bien ce phénomène de mélange des eaux ici dans la baie du Mont St Michel.
    Tu m'as en tout cas appris un nouveau verbe : "floculer"... Je ne l'avais jamais entendu... Pourvu que je le retienne... Ça, c'est pas gagné....
    Tes couchers de soleil sont envoûtants... Quel éclat ! Je serais capable de rester des heures à contempler un tel spectacle...
    Bonne journée à toi Michelaise !

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  7. Merci Oxy de tes commentaires !! Oui on resterait des heures à contempler mais si tu savais comme cet instant est bref !! faut être au garde à vous, pour ne pas rater la chute !!
    Bienvenu Marc, et merci pour le compliment.
    Siu, tu es trop indulgente !!

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  8. La dolce vita est finie ?
    Bon retour...le soleil t'a suivi.

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  9. Ce blog est toujours instructionnant ! Je ne connais rien de la Gironde. Tout oublié de mes cours de Géo. Pour moi le coin c'est le bec d'Ambez, le port, la bourgeoisie enrichie dans le commerce, l'esturgeon...Bordeaux est une ville improbable. Floculer: les chaussettes floculantes sont un grand classique de l'entretien des piscines. Mais pourquoi "chaussettes" ?
    Courdouan: un rapport avec Cordoue ?
    Au, fait est-il, hélas, automatisé, comme la plupart des phares et balises ?

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  10. Dans l'ordre Roberto... oui Bordeaux, enrichissement 18ème, pas toujours très "propre". Bourgeoisie viticole, et de haut de gamme... pas très sympa ! Le caviar de la Gironde, qui se produit en grand secret à quelques kilomètres de chez moi. Chaussettes, va savoir, c'est plus joli que socquettes (démodé !).
    Cordouan, pas de rapport a priori avec Cordoue, mais cette année, où l'on fête le 400ème anniversaire de l'allumage du phare, les autorités locales ont décidé, justement, un jumelage sur ce thème avec Cordoue ! Tu ne croyais pas si bien dire.
    Automatisé, hélas, depuis l'an dernier, au grand dam des derniers défenseurs des gardiens qu'on n'a pas remplacés au moment de leur départ en retaite. Dommage, c'était le dernier phare habité.

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  11. Bonjour, Michelaise.
    Un retour en prise de vue...
    Avec un phare qui n'est pas importé.
    Un retour en beauté.
    Et merci beaucoup pour la pensée reçue à l'instant où Alter et toi entrez dans le rêve de l'endroit en une composition qui se regarde comme une partition...
    Je t'embrasse.

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  12. Herbert j'étais si contente d'avoir enfin de phare dans son disque que je n'ai pas pu résister ! hier soir, c'était encore le cas et quand j'ai saisi mon appareil Alter m'a dit "mais enfin tu ne vas pas leur mettre le phare tous les jours !!"... la rareté de l'instant ajoute au plaisir de la vue !

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