Sergey Malov est un violoniste consacré, lauréat de nombreux prix prestigieux et se produisant avec les orchestres les plus illustres. Fidèle des Vacances de Monsieur Haydn, il est jeune, sympathique et fort enthousiaste. Sa virtuosité très "slave" lui donne des sonorités qui enthousiasment volontiers le public !
Sa curiosité naturelle l'a déjà, par le passé, amené à jouer, et au même niveau d'excellence que le violon, de l'alto. D'ailleurs, ses trois instruments sont un violon signé Auguste Bernardel, un alto de Pierre Gaggini et un violon baroque d'Alexander Rabinovitch. Et à l'alto, il a aussi été lauréat de plusieurs concours. Autant dire que l'instrument à cordes est son domaine de prédilection.
C'est pourtant en tant qu'amateur, au sens noble du mot, qui aime et se plait à pratiquer, qu'il s'est présenté à nous dans le cadre du Off, armé d'un violoncelle d'un genre un peu particulier, un violoncelle d'épaule. Mis au point par le luthier Badiarov de La Hague, l'instrument se présente comme un gros violon, assez épais et il se joue tenu en travers de la poitrine, accroché autour du cou par une sangle de cuir. Le son est chaud, situé entre alto et violoncelle et Sergey avait choisi de nous interpréter la 6ème suite de Bach au motif que ce dernier utilise "basse" comme mot pour désigner l'instrument pour lequel il a écrit ces pièces. Pourquoi donc, ne pas jouer ces suites, si souvent interprétées au violoncelle, sur cette "viola da spalla", instrument différent de la viole de gambe, et qui figure en tant que tel sur de nombreuses peintures. En gros, le mot de violoncelle, au début du XVIIIème peut très bien avoir signifié pour Bach "viola da spalla". C'est du moins la thèse que développe Sigiswald Kuijken dans un article de 2005, date à laquelle Badiarov lui a construit un instrument d'épaule identique à celui qu'arborait Malov, et sur lequel il joue souvent depuis les suites de Bach.
Sergey, qui nous a demandé fort modestement notre indulgence, avait reçu son violon une semaine auparavant et en jouait avec une gourmandise évidente ! Hommage lui soit rendu pour cette passion, sa curiosité et son ouverture d'esprit qui le poussent à découvrir et jouer d'autres instruments, et surtout pour l'exploit qu'il a accompli durant ce festival, jouant en tant que chambriste dans presque tous les concerts et y ajoutant ses trois concerts du Off qui ont fait qu'il passait son temps à galoper d'un endroit à l'autre de la ville, son violon sous le bras !
Bonjour, Michelaise.
RépondreSupprimerPour moi, c'est une si belle découverte.
Merci beaucoup.
Bonne journée.
Merci Herbert, j'avoue que c'en était une aussi pour moi, jamais entendu cette viole d'épaule.
RépondreSupprimerje suis totalement sensible à ce billet, j'ai vécu quelques années dans une ville où je passais régulièrement devant la boutique atelier d'un luthier, lorsque la porte était ouverte il y avait des parfums particuliers qui s'échappaient et voir les violons pendus me donnaient toujours l'impression que des sons allaient en sortir
RépondreSupprimerles photos sont superbes
C'est en effet étonnant de voir ces instruments en "fabrication", car on a l'habitude de les voir "au travail", sur une épaule de musicien... ou au repos définitif, dans un musée (ce qui est toujours très triste). Mais chez un luthier, cela incite au rêve et cela stimule l'imagination ... voilà un bien beau métier ! Merci Dominique de cet écho personnel qui me touche
RépondreSupprimerVoici en plus: https://www.facebook.com/violoncellodaspalla
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