Louvre calme et presque désert un petit matin de novembre : c'était pour l'exposition "La Cité Interdite au Louvre" : Alter avait fort envie d'aller la voir et Koka, à juste titre, disait "mais on en a déjà vu tellement à Bruxelles il y a deux ans"... Pourtant nous avons parcouru avec plaisir les trois espaces qui, dans le musée, constituent l'exposition.
Le plus impressionnant, et accessible à tous, est celui qui, sur les bases des remparts du Louvre Médiéval projette des diapositives évoquant l'histoire de ce palais surgi ex nihilo de la volonté de l'empereur Yongle au XVème siècle. Palais sur Palais, l'idée est belle d'autant que les photos sont ponctuées de poèmes de Quianlong qui rythme votre progression de façon très évocatrice. Au bout, toujours ouverte à tous, une salle présente une immense maquette de la Cité Interdite dans laquelle il est amusant de se perdre : j'ai toujours eu un faible pour les maquettes et leur côté cinématographique qui invite au rêve.
Sur les murs quelques ornements architecturaux comme ce longwen, un dragon installé sur les toits qui avait pour fonction de protéger les habitants.Tout autour les uniformes colorés des Huit Bannières, associés à un célèbre rouleau peint représentant l’empereur inspectant ses troupes, rappellent la fonction militaire de ce lieu fortifié.
Puis on croise Yongle (r.1403-1424), le fondateur de la Cité interdite, contemporain de Charles VI (r.1380-1422), Jiajing (r.1521-1566) le créateur du Temple du Ciel, contemporain de François Ier (r.1515-1547), ou Wanli (r.1573-1619), célèbre par son mausolée aux Tombeaux des Ming et contemporain d’Henri III (r.1574-1589) et d’Henri IV (r.1589-1610).
L'espace qui, enfin, m'a personnellement le plus intéressée, est celui installé dans la galerie Richelieu autour de la personnalité de Qianlong. Au XVIIIe siècle, l’Empire du Milieu est, avec le territoire le plus vaste de son histoire, au zénith de sa puissance. Qianlong y règne en monarque qui entend tout régenter, la politique comme les arts. Peintre, calligraphe, collectionneur, il recueille dans ses palais les plus beaux fleurons de l’empire et attire des artistes occidentaux comme Giuseppe Castiglione (1688-1766) ou Jean-Denis Attiret (1702-1768).
L'impressionnante galerie de grandes peintures de chevaux réunie ici décline de véritables portraits des animaux favoris de l'empereur, portraiturés avec style par le célèbre jésuite italien. De-ci de-là des portraits de cet empereur "éclairé" et au fond, l'étonnante reconstitution d'une salle du trône avec force apparat, gongs, cloches et dragons en tous genres !
Sur les murs quelques ornements architecturaux comme ce longwen, un dragon installé sur les toits qui avait pour fonction de protéger les habitants.Tout autour les uniformes colorés des Huit Bannières, associés à un célèbre rouleau peint représentant l’empereur inspectant ses troupes, rappellent la fonction militaire de ce lieu fortifié.
L'espace le plus savant est celui qui, à l'entresol Sully, permet de suivre l’histoire croisée des dynasties en Chine et en France. Le principe est
d’insérer dans la trame chronologique des salles de l’histoire du Louvre, la
série des principaux souverains chinois et de montrer, pour chaque grande
période, les échanges qui ont pu exister entre les deux pays. Dès l'entrée, deux frises parallèles rappellent l’histoire de chacun des États. avec des références croisées entre les
monarques de France et ceux de Chine. Lors du parcours, les œuvres de la Cité interdite sont présentées dans des vitrines bleues, celles du Louvre dans des
vitrines beiges.
Dès la fin du
XIII ème siècle, eurent lieu des
tentatives de contacts entre la France et les Khans Mongols.
Portrait de Yake Tegusi, héritier du trône, 元后妃太子像册 — 雅克特古思太子像, Anonyme ; extrait d’un portfolio de portraits des impératrices, des concubines et des princes héritiers de la dynastie Yuan, Dynastie Yuan (1271-1368)
© 故宫博物院 / Musée du Palais impérial.
Qianlong, d’âge mûr, à l’occasion d’un grand passage en revue des troupes, 乾隆大阅图 (中年), Artiste anonyme de la Cour, Dynastie Qing, période Qianlong (1736-1795)
© 故宫博物院 / Musée du Palais impérial.
Portrait de l’impératrice, épouse de l’empereur Mingzong, 元后妃太子香册 — 明宗皇后像, Anonyme ; extrait d’un portfolio de portraits des impératrices, des concubines et des princes héritiers de la dynastie Yuan, Dynastie Yuan (1271-1368)
© 故宫博物院 / Musée du Palais impérial.
Puis on croise Yongle (r.1403-1424), le fondateur de la Cité interdite, contemporain de Charles VI (r.1380-1422), Jiajing (r.1521-1566) le créateur du Temple du Ciel, contemporain de François Ier (r.1515-1547), ou Wanli (r.1573-1619), célèbre par son mausolée aux Tombeaux des Ming et contemporain d’Henri III (r.1574-1589) et d’Henri IV (r.1589-1610).
Le
mandat céleste du deuxième empereur des Qing, Kangxi (r.1662-1722) est de
longue durée comme celui de son contemporain Louis XIV (r.1643-1715) et voit l’établissement
d’échanges intellectuels entre les deux pays, menés à l’instigation de pères
jésuites. Plusieurs livres chinois issus des collections de Louis XIV
illustrent ces liens concrets.
Portrait
de l’empereur Yongzheng en costume occidental, 雍正帝半身西服像屏 ,Dynastie Qing, période
Yongzheng (1723-1735),
© 故宫博物院 /
Musée
du Palais impérial
Portrait de l’empereur Yongzheng chassant un tigre, 雍正帝行乐图像册,
Oeuvre anonyme, peinte dans les ateliers du palais, Dynastie Qing, période
Yongzheng (1723-1735) © 故宫博物院 / Musée du Palais impérial.
Après le règne relativement court de Yongzheng, féru comme on le voit sur les peintures, de "mode à la française, le parallèle se poursuit sous le mandat du
petit-fils de Kangxi, Qianlong (r.1736-1795) qui couvre les règnes de Louis XV
(r.1715-1774) et de Louis XVI (r.1774-1792).
Le parallèle entre les deux pays s’achève sur l’évocation de l’impératrice
Tseu Hi (Cixi) au règne étonnamment long (r.1861-1908).
A gauche : Pin, faucon et champignon d’immortalité, 郎世宁嵩献英芝图轴, Giuseppe Castiglione (Lang Shining), Dynastie Qing, période Yongzheng (1723-1735)
© 故宫博物院 / Musée du Palais impérial.
Réalisée pour l'anniversaire de l'empereur Yongzheng par Castiglione, cette peinture représente les voeux de ce derniers ! le faucon représente la force, les lingzhi rouges sont des champignons d'immortalité et enfin le pin symbolise la longévité.
A droite : Message d’un printemps de paix, 郎世宁平安春信图轴, Lang Shining (Giuseppe Castiglione 1688-1766), Dynastie Qing, période Qianlong (1736-1795)
© 故宫博物院 / Musée du Palais impérial.
L'espace qui, enfin, m'a personnellement le plus intéressée, est celui installé dans la galerie Richelieu autour de la personnalité de Qianlong. Au XVIIIe siècle, l’Empire du Milieu est, avec le territoire le plus vaste de son histoire, au zénith de sa puissance. Qianlong y règne en monarque qui entend tout régenter, la politique comme les arts. Peintre, calligraphe, collectionneur, il recueille dans ses palais les plus beaux fleurons de l’empire et attire des artistes occidentaux comme Giuseppe Castiglione (1688-1766) ou Jean-Denis Attiret (1702-1768).
« Poulain tout à son aise », cheval isabelle, 郎世宁自在驹图轴, Giuseppe Castiglione (Lang Shining), Dynastie Qing, période Qianlong (1736-1795)
© 故宫博物院 / Musée du Palais impérial.
Le parallèle Louvre-Cité Interdite est intéressant et le didactisme éclairé et séduisant. Mais, même si les objets exposés sont de belle facture, certaines confrontations semblent un peu forcées et pas toujours très justifiées. L'exposition comble sans doute les relations franco-chinoises et font forcément plaisir aux mécènes chinois très fortunés qui est de bon ton de courtiser, mais à dire le vrai on visite ces espaces comme deux expositions parallèles sans vraiment de lien, sauf très ténu.
Ensuite, nous avions prévu de visiter Au Royaume d'Alexandre le Grand, La Macédoine Antique. Encore une exposition riche, passionnante, forte de plus 500 objets retraçant l’histoire de la Macédoine antique depuis le XVe siècle avant notre ère jusqu’à l'époque romaine impériale. Des merveilles, parfois inédites et difficiles d'accès mais que voulez-vous, après la Chine, nous étions un peu saturés et nous avons traîné nos guêtres entre les vitrines, admirant de ci de là un collier, une statue, admirant sans comprendre, juste pour le plaisir.
Après une halte bien reposante et nécessaire chez Angelina (nous n'allons pas souvent au Louvre alors on se la joue "grand luxe" !!) impossible de quitter les lieux sans autre forme de procès. Mais comment visiter le Louvre ? Quand on peut y venir comme d'autres vont faire un tour à la plage, pas de problème, on butine, n'est-ce pas Danielle ! Mais nous, les provinciaux, comment nous tirons-nous de ce challenge ???
PS les informations techniques concernant l’exposition La Cité interdite au Louvre proviennent du site de l'exposition, ainsi que les photos.
Ensuite, nous avions prévu de visiter Au Royaume d'Alexandre le Grand, La Macédoine Antique. Encore une exposition riche, passionnante, forte de plus 500 objets retraçant l’histoire de la Macédoine antique depuis le XVe siècle avant notre ère jusqu’à l'époque romaine impériale. Des merveilles, parfois inédites et difficiles d'accès mais que voulez-vous, après la Chine, nous étions un peu saturés et nous avons traîné nos guêtres entre les vitrines, admirant de ci de là un collier, une statue, admirant sans comprendre, juste pour le plaisir.
Après une halte bien reposante et nécessaire chez Angelina (nous n'allons pas souvent au Louvre alors on se la joue "grand luxe" !!) impossible de quitter les lieux sans autre forme de procès. Mais comment visiter le Louvre ? Quand on peut y venir comme d'autres vont faire un tour à la plage, pas de problème, on butine, n'est-ce pas Danielle ! Mais nous, les provinciaux, comment nous tirons-nous de ce challenge ???
PS les informations techniques concernant l’exposition La Cité interdite au Louvre proviennent du site de l'exposition, ainsi que les photos.
Passionnant à vous lire malgré vos réserves.
RépondreSupprimerPas de photos de chez Angelina?
Bonne soirée.
Miss.
Tu as mis le doigt sur la plaie, comment nous provinciaux organiser non seulement une visite du Louvre mais encore un voyage dans la planète parisienne où le temps distance n'est pas le même que dans nos villages. Heureusement le net permet d'éviter les files d'attente. Nous avons programmé Alexandre pour lundi matin j'espère que nous en sortirons avant le soir !
RépondreSupprimerBonne question Miss, la photo d'Angelina sera le prétexte au deuxième article.
RépondreSupprimerBon Robert, je vous fais confiance, je suis certaine que ta dame et toi optimiserez mieux que nous votre vosote au Lovre. Apparemment Alexandre est vraiment une très belle et passionnante exposition, dommage que nous l'ayons parcourue l’œil torve et le pas lourd !
C'est marrant, j'y étais moi aussi au Louvre, hier soir, pour l'expo que tu évoques. Moi j'ai trouvé que ce parcours croisé Chine/France était très tiré par les cheveux et que le Louvre avait fait de nécessité vertu en plaçant cette expo dans les salles dévolues à l'histoire du Louvre et non dans une salle à part. On a flashé à peu près sur les mêmes pièces (l'empereur avec la perruque louis-quatorzienne), mais personnnellement j'aurais sélectionné la théière en jade et surtout pour la boîte ronde à décor du caractère Shou de nuages et de grues.
RépondreSupprimerPS: Je te préviens, je t'attends au tournant avec Angelina, surtout depuis les misères que tu m'as faite sur le blog de Danielle. Pour moi, Angelina est l'endroit le plus répugnant de Paris, alors attention à ce que tu vas dire!!!
Ouf ! Merci Michelaise ton post était nécessaire pour la cité interdite, car mon butinage :-))) a bien contourné l'histoire... Elle avait bien bien besoin d'un bon tuteur...
RépondreSupprimerC'est vrai le Louvre est une belle plage, d'où je peux voir des flottes entières arriver aux ports, cueillir des fleurs en plein champ, "traîner mes guêtres" par tous les temps, sans parapluie, avant juste des couleurs dans les yeux et des émotions dans le coeur...
Quel plaisir d'être Parisien en dehors des vacances scolaires :-))))
Passe une très belle journée.
Bises du matin.
Et que dire de nous d'Outre-Atlantique? C'est vrai que nous avons le Metropolitan à proximité, mais je ne prends pas les avions comme des taxis malheureusement! Alors comment faire? Faire venir le Louvre au Québec!
RépondreSupprimerTon article est très intéressant, Michelaise, et malgré tes réserves à l'endroit du parallélisme un peu forcé entre les deux empires, j'avoue que le simple fait de savoir qu'il existait déjà des échanges entre la Chine et la France bien avant notre siècle est pour moi une découverte. J'ai trouvé particulièrement saisissante la représentation que tu as choisie de l'empereur Yongzheng en costume occidental!
Cela étant dit, j'aurais probablement, comme toi accroché à la salle présentant de grandes peintures de chevaux, animal que j'aime presque autant que les chiens, ce qui n'est pas peu dire. Lorsque le musée du Louvre a envoyé quelques chefs-d'oeuvre à Québec, en 2008, pour célébrer les quatre cents ans de notre capitale nationale, j'ai passé plus d'une heure devant les esquisses d'Edme Bouchardon pour la statue équestre de Louis XV, tentant même d'en reproduire certains détails, car la capacité d'observation de ce peintre qui n'avait pas l'adjuvant photographique à sa portée, me semblait tout simplement renversante! Si je retrouve le lien au département des arts graphiques de ton cher Louvre, je te l'envoie!
Bonne fin de semaine
Excuse-moi : c'était un sculpteur, évidemment...
RépondreSupprimerVoici le lien, et j'espère que cela fonctionnera, car Tilia a pris le temps de m'expliquer : Tête de cheval bridé de profil
Je recommence, car c'était un dessin en particulier, sois patiente, mais tu es enseignante, donc...Tête de cheval bridé de profil
RépondreSupprimerVoilà! si cela s'affiche correctement, ça valait l'effort!
Oui GF, c'est nettement tiré par les cheveux et c'est ce que je crois avoir suggéré dans mon billet. Pour autant c'est intéressant et les parisiens pure souche sont priés de ne pas nous enfoncer au motif que je leur ai fait des misères ... j'ai simplement admiré Danielle pour son courage, elle est montée au front sans bouclier, en face de note GF haendelien, tonnerre et foudres brandies, elle a vachement du cran cette nana. Pour Angelina, je crains que tu ne sois déçu, on s'y est surtout reposés dans un cadre dont personne ne peut nier qu'il soit agréable.
RépondreSupprimerJ'ai fait l'inverse: Alexandre et la Macédoine d'abord; Le Louvre et la Cité Interdite après.
RépondreSupprimerDonc j'avais l'esprit frais pour la 1ère expo que j'ai beaucoup appréciée (un peu tromperie sur la marchandises : une grive d'Alexandre un cheval de Macédoine). mais magnifique!
Arrivée dans la 2ème expo,je n'avais plus la concentration suffisante pour tout apprécier. J'ai trouvé la confrontation un peu artificielle. A qui s'adressait-elle? aux Chinois en vacances à Paris? ou aux Parisiens qui souhaitent se dépayser en Chine? peu satisfaisante la chronologie chinoise. Si on ne connaît pas les dynasties cela fait un peu grand écart. quand à la partie Louvre, proprement dite, je n'ai pas accroché.
Moralité : choisir son expo, prendre son temps et ne pas avoir les yeux plus grands que le ventre!
Je suis ravie Miriam de ton témoignage et de ta conclusion !! Ravie de constater que je ne suis pas la seule à avoir "cané" sur le 2ème expo !! manque de bol, on avait commencé par la mauvaise ... parce que c'est vrai que c'était vraiment artificiel cette mise en parallèle ! On se sentait pas concerné... les chinois en vacances à paris, hi, hi sans doute était-ce le but ! pour leur faire plaisir, car finalement c'est un gisement de touristes remarquable !!!! bref...
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