dimanche 8 janvier 2012

PALETS... PALAIS !!


A l’heure où d’aucuns se battent comme des chiffonniers pour s’approprier le souvenir de notre petite Jeanne, et où d’autres, nettement plus raisonnables à mon sens (n’étions-nous pas hier, selon le calendrier de l’Imprévisible, le jour de « limites du raisonnable »), s’asticotent sur les mérites d’un célèbre pâtissier-chocolatier parisien, je viens d’entamer mon cadeau de Noël, enfin un d’entre eux, puisque l’époque est à l’opulence : ma boîte de chocolats de la « chocolateriede la Couronne » à Pau. Moi qui ne suis guère adepte du cacao, et laisse volontiers les boîtes de douceurs chocolatées aux autres,  me faisant toujours l’impression d’être une extra-terrestre d’un héroïsme suspect (car on imagine volontiers que c’est pour préserver ma ligne que je résiste), j’ai une passion immuable pour un certain chocolat : celui que fabrique, depuis 1953, cette pâtisserie paloise que nous avons découverte quand nous habitions la ville du bon roi Henry.


Car nous avons habité plusieurs années dans cette capitale régionale où Alter a fait ses armes chez un confrère et ami, et dont on vante volontiers le charme remarquable. Nous avions choisi un appartement situé dans un de ces immeubles barbares dont le début du XXème siècle aima, sous couvert de modernisme, équiper sans avoir garde de les enlaidir, ses centres villes. Le Palais des Pyrénées fut conçu en 1930 par Henry Lillaz. Il remplaçait une « halle moderne » datant de 1838, et s’appelait alors Palais du Commerce et des Fêtes. Ce bâtiment se présentait comme un complexe art déco couvert, comportant des commerces mais aussi des salles de spectacles, un casino ou encore un mini-golf. Comme la construction coupait la perspective sur les montagnes enneigées, dans les années 50 on détruisit la couverture de l’allée centrale, pour dégager la vue vers le sud, rajoutant malheureusement à cette occasion deux horribles tours aux angles du bâtiment et quelques étages à chacune des ailes. Puis à la fin des années 2000, la municipalité, désireuse de « requalifier » le centre urbain de la ville, réhabilita le complexe en un centre commercial dernier cri, qui fait un peu oublier les verrues de 56. Nous nous étions installés là car l’agence nous vantait la vue sur les Pyrénées, vue en effet superbe à la double condition d’être sur le balcon et que le temps ne soit pas bouché, ce qui arrivait souvent. Et mon horizon, que je trouvais franchement débilitant, se limitait à la « barre » d’en face, au sommet de laquelle je voyais osciller les jours de grand vent, avec un entêtement obsessionnel, une forêt inquiétante d’antennes de télévision.


Bref, je n’ai pas gardé de cette époque un souvenir ému, étant sans doute plus attirée par la campagne et les petits oiseaux, mais par contre, j’ai conservé pour la chocolaterie de la Couronne un attachement gourmand que rien n’est jamais venu démentir. Comme disait Alter, même si la tendance est aux nouveaux parfums, et la Couronne n’hésite pas à conjuguer le Earl Grey ou la feuille de menthe fraiche dans ses compositions, il faut "revenir aux fondamentaux" (expression rugbystique s'il en est !). Et cet artisan, qui se targue d’avoir été le fournisseur attitré du Général de Gaulle, reste dans une déclinaison toute traditionnelle, mais ô combien délicieuse, de la gamme chocolatée.


C’était en 1959 : on venait de découvrir de gros gisements de gaz à Lacq, près de Pau, et le Général de Gaulle qui commençait tout juste son premier mandat présidentiel, vint visiter la ville que le malheureux roi Henry avait délaissée pour Paris. Le maire de l’époque lui fit découvrir avec beaucoup d’enthousiasme tous les charmes du lieu, du boulevard des Pyrénées au château d’Henry IV. Mais ce que le Général retint de sa visite c’étaient les créoles de la Couronne, une douceur faite de crème de chocolat noir mêlée de Fine Champagne. On raconte qu’il apprécia tellement cette confiserie qu’il s’en faisait livrer régulièrement à l’Elysée et qu’il croquait chaque soir une « créole » avant de se coucher. Mais ce n’est pas la seule spécialité qui mérite qu’on s’y attarde : la plus classique est le Palet des Pyrénées, ganache caramel au beurre salé (sel de Salies de Béarn, bien sûr) sur un très fin croquant de feuilletine, le Suédois, aux raisins secs macérés au Cointreau est à fondre de plaisir… S’y ajoute tout un éventail de saveurs, du Berlioz (ganache au chocolat noir pur du Vénézuéla) au Chopin (ganache à l’infusion de Earl Grey) en passant par le Balzac, une étonnante douceur à la poire William,  le Rubis, et toutes les autres ganaches qui me font craquer. Il y a bien sûr aussi tout une collection de croquants, une autre, très variée, de pralinés mais, vous l’avez compris ce sont les ganaches qui ont ma préférence.


Alors, loin des querelles parisiennes, et surtout sans prendre parti (mais avec zeste de provoc !!), je fais un clin d’œil aux belligérants, Danielle, auteure kamikaze d’un conflit que seuls quelques pots de confiture de mirabelle pourront apaiser, GF qui est parti en croisade pour défendre son pâtissier préféré et Aloïs, brave chevalière, gourmande et gourmette, qui a volé au secours de notre critique musical préféré. Avec, pour témoin amusée, notre amie québécoise qui s’est, in petto, dit « ah, ces français dès qu’il est question de gastronomie, ils s’enflamment !! »

19 commentaires:

  1. Turin est la capitale du chocolat !
    Je pense que le Général de Gaulle était un gourmand il se faisait aussi livrer des gaufres de chez Meerts fourrées à la vanille de Madagascar !

    RépondreSupprimer
  2. Michelaises moi je les trouve superbes tes chocolats de la Couronnes, j'adore aussi le chocolat, quand il n'est pas trop sucré...

    Ton clin d'oeil me va droit au coeur, la querelle pour le pâtissier est amusante, d'autant qu'aujourd'hui même, ayant renoncé à l'expo photo du Musée Carnavalet (trop de monde) je suis allée noyer mon chagrin chez le pâtissier en question, j'ai choisi le saint Honoré, sa religion est apaisante :-)) c'est ce qu'il me fallait pour reprendre des forces et attendre un jour meilleur pour admirer les photos. J'ai emporté mon joli paquet...Et repris le métro avec le Saint au bout de mon bras...

    Merci Michelaise pour ta bonne humeur et ta grande liberté...

    Bises du soir.

    RépondreSupprimer
  3. Et pourtant, l'un des meilleurs chocolats dégustés (noir, comme il se doit pour moi) l'a été dans l'Underground, à Montréal.
    J'ai oublié le nom du chocolatier mais notre amie québécoise le connaîtra peut-être...
    Bonne semaine, Michelaise.

    RépondreSupprimer
  4. Turin métropole chocolatière, Montréal capitale de l'Underground, Paris royaume du Saint Honoré, la science politique moderne devrait revoir "ses fondamentaux" !!! et nos "penseurs" seraient bien inspirés de lire Bon Sens et Déraison qui me semble le forum le plus tendance de l'année, un vrai think tank où l'on débat des VRAIS problèmes !!! Merci à vous trois de votre contribution à cette grave et nécessaire réflexion ...
    Et n'oublie pas Danielle, quelques pots de mirabelle au mois de juillet, et GF sera doux comme un agneau ! Tu nous raconteras les photos bientôt car j'imagine qu'en semaine le Carnavalet sera plus tranquille.

    RépondreSupprimer
  5. Pour ce qui est de la provoc avec moi ce sera un coup d'épée dans l'eau.
    J'ai pour habitude de ne pas parler de ce que je ne connais pas.
    Manifestement ces chocolats semblent te ravir,du moins c'est ce que laisse penser la description que tu en fais.
    Je n'ai jamais prétendu que Paris avait le monopole de quoi que ce soit,cette chocolaterie dont tu parles ne date pas d'hier et c'est bien connu c'est dans les vieux pots que l'on fait les bonnes soupes.
    En matière de chocolats je suis d'un grand classicisme Debauve et Gallais a toujours ma faveur même si cela peut sembler suranné et poussiéreux à certains .
    Comme d'aucuns ne se sont jamais aventurés à aller voir ce qui se passait de l'autre côté du périphérique je ne me suis jamais risquée à expérimenter ces chocolats dont les boutiques fleurissent dans les centres commerciaux,je pense que l'industriel et le chocolat ne sont pas très compatibles.
    Certains se décrivent comme sculpteur de chocolat d'autres comme fondeur en chocolat,j'ai une nette préférence pour le fondeur dont les mosaïques valent le détour

    RépondreSupprimer
  6. Pauvres de vous toutes qui ne connaisser pas la CHOCOLATERIE de maule tout petit village perdu des yvelines un comble le nom exact est "chocolaterie Colas" l'atelier est juste au dessus du magasin, non seulement les chocolats sont merveilleux mais leurs présentations sont particulièrement spectaculaires, éventuellemnt le client peut demander une "boite" personalisée,
    je vous abandonne ayant pris du poids rien qu'en écrivant 3 lignes.
    bonne journée
    (Josette)

    RépondreSupprimer
  7. Bonjour, Michelaise.

    Un billet exquis, s'il en est...qui nous conduit vers ton passé palois dont je retiens le goût prononcé de ton palais.
    Si prononcé qu'il en devient musical et si affiné qu'il en ferait oublier ton péché de gourmandise, même en s'abritant derrière plus haut que toi...
    Merci beaucoup.
    Bonne journée.

    RépondreSupprimer
  8. En te lisant, tout en croquant un morceau du toit du chalet tout chocolat suisse que je grignote depuis Noël,je me demande si nous allons bientôt assister à un remake style "Michelaise et la chocolaterie" ?
    J'adoreeeee le chocolat et les tiens me font envie !

    Biseeeeeeeeeees de Christineeeee

    RépondreSupprimer
  9. Est-ce que ce serait Léonidas en sortant des Halles de la Gare pour aller vers la Place Ville-Marie, Norma?

    Je ne connais pas tous les couloirs qui relient plusieurs de édifices du Centre-Ville, mais il est vraisemblable que vous soyez passée par celui-là si vous reveniez d'une excursion en train, vers Québec par exemple. Les chocolats à la crème fraîche de Léonidas sont très bons.

    RépondreSupprimer
  10. Ah!Ah! Mes truffes ne faisaient pas le poids, bien qu'elles fussent au piment d'Espelette...

    RépondreSupprimer
  11. Allons donc Aloïs pour le coup d'épée dans l'eau, c'est ainsi qu'ils sont le plus sympathiques, n'est-ce pas ! Et nous retiendrons le nom de ton "vieux pot", en l'occurence Debauve et Gallais !
    Josette, tu as parfaitement saisi le sens de mon billet, c'était pour que chacun y aille de "son" chocolatier et le tien restera parfaitement confidentiel... mais avec un pareil clin d'oeil on le retiendra, Colas par ci, COlas par là vive le chocolat !!
    Gourmande, moi ??? jamais Herbert, penses-tu !!! hi hi qui va le croire ??
    Christineee un chalet tout chocolat suisse, voilà qui est fort attrayant, au chocolat au lait ou au noir ?? allez tu as même, ce sont encore un peu les fêtes, de préférer le lait, chez Michelaise on a tous les droits !
    Marie Josée, je sens que tu vas te faire incendier, Léonidas, voyons, ce n'est que du chocolat industriel et, tu l'auras compris, le challenge ici ne concerne que les artisans... allez, nous te pardonnons pour cette fois-ci, mais attention, ne recommence pas !
    Nonue, je ne sais pas si tes truffes ne font pas le poids mais si j'en juge par ce qu'il en reste, elles ont été à la hauteur de la comparaison : du vrai artisanal mazette, mais que veux-tu je n'allais pas vanter la chocolatière amateure de Meschers, on m'aurait encore plus dit que je parlais de particularismes locaux !!!... Le piment est sans doute la raison de cet engouement, mais je crois que tu as mis autre chose dedans, car il y avait un délicieux craquant qui m'a vraiment séduite... et puis, cela faisait une éternité que je n'avais pas dégusté de truffes maison.
    Bref, vous l'avez compris, je me faisais l'écho de la plus jolie bataille de ce début d'année et mon billet n'avait d'autre ambition que de vous faire sourire.

    RépondreSupprimer
  12. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

    RépondreSupprimer
  13. Tu m'as fait fondre.....avec ton chocolat! Dire que je viens de perdre 5 kgs... Trop envie de voir ce qui se trame du côté de Pau et de faire des infidélités aux Henriet, Dalloyau and co de chez nous...
    Pat de Biarritz !

    RépondreSupprimer
  14. Et voilà !!! Biarritz, la patrie du chocolat n'est-ce pas ????

    RépondreSupprimer
  15. Mais non! LE chocolat, c'est par là : Chez Chauvet oui oui, comme la Grotte!
    Chocolatier Chauvet créateur du Mille feuilles de chocolat.

    Nous avons bien de la chance d'avoir tous ces artisans pour nous ravir les papilles!

    Bonne soirée Michelaise, mais croquer un chocolat avant d'aller se coucher, c'est mauvais pour les dents!

    RépondreSupprimer
  16. Biarritz ??? je croyais que c'était Bayonne le port qui a vu arriver les premières cabosses ! il y a encore du chocolat sous les arceaux...
    (Josette)

    RépondreSupprimer
  17. Allons bon Miss, voilà le mille feuilles, en chocolat de surcroit ! Pour le coup les dents vont en prendre pour leur grade en effet !
    Josette Bayonne pour le port, mais on n'est pas si loin ! allez on a plein de nouvelles bonnes adresses !

    RépondreSupprimer
  18. Bonsoir Michelaise. J'ai lu à l'envers tes articles, me régalant des superbes photos des tableaux vus au Louvre avant de me lancer dans cette dégustation de chocolats appétissants. Je ne suis pas sûre que ce soit l'idéal pour mon foie encore un peu fatigué... Mais en ce qui te concerne, je pense que pour tes prochaines visites au Louvre tu devrais emplir tes poches de ces délices chocolatés. C'est un apport en énergie non négligeable et après ça tu devrais courir comme un lapin et ne plus craindre la fatigue. Pour ma part, j'ai eu le plaisir de déguster les créations d'un chocolatier à Nanterre. Je viens de retrouver la boîte -vide, hélas-. Le chocolatier s'appelle Gilles Cresno et ses chocolats sont si bons et si fins; ils mettent de si bonne humeur, qu'ils devraient être remboursés par la Sécurité sociale....

    RépondreSupprimer
  19. Je serai bref et n'ai qu'un mot à dire : "Miam !"

    RépondreSupprimer

Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :
1) Écrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessus
2) Si vous avez un compte, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante Commentaire
Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL

3) Vous pouvez, en cliquant sur le lien S'abonner par e-mail, être assuré d'être avisé en cas d'une réponse
4) Enfin cliquer sur Publier

Le message sera publié après modération.

Voilà : c'est fait.
Et d'avance, MERCI !!!!

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...