mercredi 21 mars 2012

I BORGHESE A ROMA



On est au début du XIXème siècle.  Camille Borghèse est devenu le beau-frère de Napoléon en épousant sa sœur, Pauline Bonaparte, le 5 novembre 1803.
Son père, Marc-Antoine Borghèse a aménagé à grands frais le casino de sa villa hors-les-murs, située entre la porte Pinciana et la piazza del Popolo pour y loger sa superbe collection d'antiques. Mais la famille a des difficultés financières. Entre 1796 et 1799, les Borghese ont dû payer 60.000 écus à Pie VI pour des armements, 36.000 aux Français du fait d'un emprunt forcé, offrir plusieurs contributions à la République Romaine dont une de 100.000 sequins… Bref, la trésorerie va mal, et ce d'autant plus que le train de vie de Pauline ruine son époux. Elle mène grande vie et son budget toilette est impressionnant. Alors pour se renflouer, les Borghese envisagent de vendre leur collection à Napoléon qui en a d'autant plus envie qu'elle flatte ses aspirations à la gloire. C'est un peu comme si, en achetant ces antiques, il recevait un peu de l'héritage des romains eux-mêmes. Cela ennoblit son propre pouvoir. Et cela lui permet en outre d'augmenter le nombre d’œuvres d’art dont il jugeait indispensable d’orner les palais et les musées de sa capitale. 


Denon, alors directeur du musée Napoléon, jubile de son côté de voir rassemblés l’Hercule Farnèse, le gladiateur Borghèse, l’Apollino de Florence. Auxquels s’ajoutent, en provenance de Naples, à la suite de la chute des Bourbons, des marbres de la collection Farnèse. Il estime la collection Borghese à une valeur marchande de 5 millions et propose à Napoléon de la payer le double. 


Le décret d’achat fut signé le 27 septembre 1807, le montant étant passé de 10 à 12 puis 13 millions. Heureusement, les peintures qui forment actuellement la Galerie Borghese, furent épargnées. Au total ce sont 154 statues en pied, 170 reliefs, 160 bustes, 30 colonnes qui quittent le palais pour rejoindre le Louvre. 


Et voilà que près de deux siècles plus tard, 65 de ces oeuvres font le voyage inverse pour être réinstallées à leur emplacement d'origine, soigneusement déterminé par l'étude des documents et des relevés établis lors de la vente. Vous me direz "quelle idée d'aller voir les antiques du Louvre à Rome ?". Certes, nous connaissons pour les avoir "croisés", la plupart de ces marbres, mais de les admirer dans leur écrin d'origine, aux emplacements choisis par ceux qui les avaient achetés, leur redonne une vitalité nouvelle. Vous comprenez, pour des raisons de symétrie, de complémentarité des sujets, pourquoi les Borghese ont choisi telle ou telle pièce, et vous éprouvez un peu de l'émotion qui a dû les saisir quand ils ont installé l’œuvre fraichement acquise, dans doute à grand prix, à l'endroit où ils l'avaient rêvée. 


Je soumets à votre méditation le salon jaune dans lequel Hermaphrodite endormi a retrouvé sa place, alors qu'au fond, une autre statue d'Hermaphrodite, sortie du placard (dont la porte est de façon suggestive, entrouverte !) à l'intérieur duquel elle était cachée, pour n'être exhibée que devant des visiteurs avertis, vous présente ses "charmes" évocateurs. Je ne parle pas de l'Hermaphrodite endormi, que vous connaissez sans doute, et que l'on présente pudiquement à Giorgio Napolitano. Mais bien de la statue licencieuse, qui trône entre les deux fenêtres... Oui, je sais, on n'y voit pas grand chose, mais je n'ai pas osé prendre de photo tout de même !! Vous vous contenterez de cette évocation ... ou vous irez à Rome ! Une telle audace mérite le voyage...
Le catalogue (que je n'ai pas acheté, Alter était déjà assez chargé avec les autres) était superbe : une somme passionnante, super documentée, sur cette collection prestigieuse qui reste, au Louvre ou à Borghese, une référence en matière d'antiques.


L'AUTRE PALAIS BORGHESE
C'est à la fin du XVIème siècle que Camillo Borghese, futur pape sous le nom de Paul V (il sera élu en 1605) acquit ce palais qu'il offrit à ses frères quand il partit pour le Vatican. La façade sur la piazza Borghese porte encore la noblesse et la sévérité imposées par la Contre Réforme mais la cour intérieure avec ses loggias, ses statues, ses fontaines et ses rocailles révèle un art de vivre que le XVIIème pratiqua sans remords.


Le palais avait été construit en 1560 et les frères du nouveau pape l'agrandirent vers le Tibre faisant appel à l'architecte Ponzio à qui l'on doit la forme originale du palais : en couvercle de clavecin. Qu'on en juge par le plan : l'effet est superbe, d'autant que les lieux ont été, comme de nombreux monuments romains depuis le jubilé de l'an 2000, admirablement restaurés.

12 commentaires:

  1. PASSIONNANT!

    Au fait merci pour la découverte de Canal Académie.
    J'ai consulté aussi le site sur l'estuaire, je prépare notre séjour au bord du Bassin, une escapade sera possible pour admirer cet espace unique.
    Encore merci pour ces partages de connaissances.
    Miss Lemon.

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    1. En effet Miss Lemon, Canal Académie est bourré de reportages de ton niveau, et passionnants. C'est juste le temps qui manque, toujours !!
      Depuis le Bassin, le mieux est de remonter vers le Médoc, de flâner de château en vignoble et d'en profiter pour découvrir l'estuaire côté Gironde !! Mais là où il est le plus agréable c'est vers Blaye !! de l'autre côté !! Et jusqu'à Talmont, Meschers !! Ne pas hésiter à venir se faire offrir le café chez Michelaise !!!

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    2. Pas chauvine pour un sou Michelaise!
      Je ne doute pas de vos dires, je vais étudier la carte et l'excursion que vous conseillez et pour la pause-café, cela serait un plaisir!
      Amitiés.
      Miss Lemon.

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  2. très belles ces photos intérieur-extérieur!
    bonne soirée!

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    1. Merci Eimelle
      Alors finalement l'exposition vous a plu ??
      j'ai tenté de mettre votre blog dans mes préférés, et je ne sais pourquoi cela n'a pas marché
      je vais voir de ce pas si vous avez fait un article !!!

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    2. je n'y suis pas encore allée pour tout dire! J'ai profité du début du printemps pour des week-ends grand air!
      Pour le lien, il semblerait qu'il faille mettre celui du flux RSS :
      http://lecture-spectacle.blogspot.com/feeds/posts/default
      pour que cela fonctionne avec le dernier article et la petite image!
      Bonne soirée!

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    3. Voilà ça marche, pour le lien !!! Quant à Rome, j'imagine que le projet n'est que partie remise... mais l'expo Borghese se termine le 9 avril... ceci étant il y a tant à voir que ce n'est pas grave ! il y avait aussi une expo "Rome au temps du Caravage" qui montrait (un prochain article en parlera) le dernier Caravage "inventé" c'est à dire retrouvé et qui est nettement moins crédible que ceux de Loches !!! cocorico ...

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    4. d'ailleurs à propos des "Caravage" de Loches, journée spéciale à Loches demain , je cite un extrait de l'article :
      Samedi 24 mars, José Frèches et Michel Van Zele seront spécialement à Loches, l'un pour présenter la réédition de son livre consacré à Caravage, l'autre pour faire découvrir son film doté d'un important bonus. José Frèches accueillera celles et ceux qui voudront le rencontrer à la Maison de la Presse, rue de la République à Loches dès 10 h 30, puis en fin d'après-midi à 16 h en compagnie de Michel Van Zele au cinéma Royal-Vigny où sera projeté son film « L'Ombre d'un doute », suivi d'un débat. A l'issue de cette présentation, nouvelle dédicace du livre de José Frèches et du DVD de Michel Van Zele.


      A suivre!

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  3. Et oui la dot de Pauline n’avait rapporté à Camille que 500.000 francs, or elle exigeait, pour ses dépenses de toilette 20.000 francs chaque année...
    La seule évaluation chiffrée de cette acquisition, nous vient d’une lettre de Denon à l’Empereur, datée du 22 mai 1806.
    L'important dans tout cela c'est que nous puissions admirer ces oeuvres
    Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse!

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    1. Et avec la jolie Pauline, il l'a eue, Camille Borghese, l'ivresse !!
      Oeuvres à admirer sans retenue hors de leur flacon quand elles sont au Louvre !

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  4. "Rendons à César ce qui appartient à César"
    En tout cas je garde un très bon souvenir de la villa Borghese, ses jardins et SURTOUT l'exposition du Caravage...

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    1. Ah les Caravage de Borghese, ils valent le voyage à Rome à eux seuls... Tu as raison Enitram, cette villa n'a qu'un défaut, la stupide visite limitée à deux heures qui fait qu'on se fait vider comme des malpropres alors qu'on n'a vu que la moitié des oeuvres ! et autre inconvénient, il faut réserver des plombes à l'avance. Et enfin, durant la première des 2 heures qui nous sont accordées, c'est la foule. En fait le secret c'est de commencer par la fin et de faire la visite à rebours : premier étage d'abord et rez de chaussée ensuite ! Stratégie oblige !!

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