lundi 4 juin 2012

ET DE TROIS !


ON THE ROAD
Bon, moi je n'ai pas aimé, voilà. Film porté aux nues lors de sa sortie, occasion rêvée pour faire traverser l'Atlantique au légendaire "rouleau de Thérouac", comme on dit les "rouleaux de la Mer Morte" et l'exposer jusqu'au 19 août au Musée des Lettres et Manuscrits. Je vous renvoie au site de l'exposition pour le mythe de ce tapuscrit (youpi !! ça nous change des manuscrits raturés; d'autant qu'ici il est de bon ton de dire et redire qu'il fut écrit "d'un seul jet") vendu  2,5 millions de dollars par Christie’s en 2001 et acheté par Jim Irsay, un amateur de rock, propriétaire de l’équipe de football d’Indianapolis. Géniale intuition aux relents de marketing bien compris que ce document en forme de route, long comme un jour sans pain, 36,5 mètres, pas de doute, c'est porteur et a sans doute collaboré au succès du film. Mais je me suis terriblement ennuyée, et ce, dès le début. J'ai trouvé que ces délires alcoolisés, émaillés de sexe et de drogue, sonnaient creux. Du déjà vu, Rimbaud, Céline et tant d'autres étaient déjà passés par là et la fièvre libertaire des jeunes en veine d'avenir n'a rien de bien novateur. Le traitement du film est plat, répétitif : défonces et coucheries ne traduisent pas une quête d'absolu qui nous ferait rêver de n'avoir plus 20 ans. Pour les points positifs, on peut aimer les paysages, les reconstitutions (encore que, les meules rondes du début ne me semblent pas très "années 50") et le jeu des acteurs (enfin, d'après Alter, moi je n'ai pas accroché). Mais sinon j'ai trouvé ce film terriblement livresque, décousu, embué de faux bons sentiments, pas particulièrement bien filmé et surtout, d'une longueur insupportable. Il m'a fallu, en bonne épouse, rester jusqu'à la fin car Alter pensait, comme il le pense toujours, que cela allait s'améliorer, mais j'ai regretté de ne pas savoir dormir au cinéma.


DE ROUILLE ET D'OS
A l'inverse, j'ai été très touchée le dernier Audiard. Un film d'une subtilité, d'une intensité qui m'ont vraiment émue. C'est filmé avec une finesse et une intelligence toujours au rendez-vous avec ce metteur en scène, qui s'affirme décidément comme un "grand". Des destins précaires se côtoient, s'enlacent, se repoussent et s'assemblent, jonglant avec le tragique sans jamais tomber dans le pathos. C'est un film de contraste où le beau conjugue la laideur en la transfigurant, où la force se met au service de la faiblesse, et où, surtout, la délicatesse surgit de la brutalité, comme une fleur sur un fumier... Les relations humaines sont traduites avec beaucoup de justesse et d'émotion. Au service de cette belle histoire, des acteurs au diapason, dont on a déjà longuement chanté les louanges (Marion Cotillard a, à juste titre, été encensée pour sa prestation). Chaque personnage est crédible, bien cerné, son passé expliqué, fut-ce par une simple phrase, chacun se situe dans ce scénario bien ficelé et captivant. Et surtout, in fine, ce film est l'histoire d'une renaissance : la scène sous la glace qui évoque, sans la plagier et en lui ajoutant une autre dimension, la scène du premier commandement "Un seul Dieu honoreras" dans le Décalogue de Kieslowski, est à ce égard une totale réussite. Moi qui me demandais, quelques minutes avant comment il allait conclure, pas facile de terminer un tel film, j'ai été comblée !


LES VIEUX CHATS
Ce film chilien est, lui aussi, une belle leçon d'humanité. Même s'il est, formellement et psychologiquement, mois fort que le précédent, c'est un excellent moment de cinéma, un peu dur certes car il s'y glisse, malgré la caricature évidente, assez peu de sourire, mais d'une grande efficacité narrative. Modeste en apparence, le tournage se réduit à un intérieur, celui, un peu oppressant, de l'appartement qui fait l'objet des convoitises de la fille du vieux couple, et un extérieur qui constitue le cadre du dénouement. Difficile de faire plus simple: quatre personnages, des décors cossus mais banals, une intrigue très ponctuelle. Pourtant, peu à peu, les personnages se révèlent complexes, chargés d'un lourd passé affectif, les décors cachent des symboles qu'il faut saisir au vol, et l'intrigue se déroule sans nous décevoir jusqu'à une fin qui n'a rien de convenu. 
Le couple de vieux acteurs est juste et touchant, voire poignant et incarne à la perfection le drame de la vieillesse et la menace de la dépendance. Il faut dire que c'est un "vrai" couple,  Belgica Castro, 91 ans, est là aux côtés de son mari Alejandro Sieveking, avec lequel elle vit depuis plus de 50 ans !! Et le tournage s'est déroulé principalement chez elle. C'est ainsi que les "vieux chats" du titre sont également les siens : d'après les réalisateurs, ces animaux étaient tellement présents pendant le tournage qu'il aurait été inimaginable de ne pas les inclure dans le film.Quant à la panne d'ascenseur qui tisse la trame de ce micro-drame familial en isolant ces vieux et en les rendant plus vulnérables, elle est réellement arrivé à l'actrice il y a peu. Autant vous dire que tout cela sonne juste !


PS je n'ai pas, contrairement à mon habitude, mis de lien vers Allociné car il semble que les vidéos du site soient susceptibles de transmettre le virus Gendarmerie Nationale qui sévit en ce moment sur la toile. On peut aller sur le site mais il faut éviter d'ouvrir quoi que ce soit m'a dit mon "informaticien" !

2 commentaires:

  1. Si j'avais vu plus tôt cet article, je serais allée voir "De rouille et d'os". Je n'étais pas très motivée. Je ne serai pas là pour "Le grand soir", j'espère avoir l'occasion de le voir plus tard...

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    1. Désolée on aurait pu te passer un coup de fil pour t'inviter à venir ... mais on est assez nuls, on arrive toujours lors des premières minutes ! Bon tu pars en vacances donc ?!

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