lundi 2 juillet 2012

ART CONTEMPORAIN A CHAUMONT SUR LOIRE



L'art contemporain à Chaumont sur Loire, ce sont, à chaque détour de pièce, dans chaque coin de parc, dans les communs, dans les granges, partout, des surprises... Plus ou moins bonnes, plus ou moins convaincantes, mais dès lors qu'on est décidé à se laisser surprendre, une vraie poésie se dégage de bon nombre de ces installations.


Comme ces tulipes scannées par Luzia Simons, puis tirées en très grand format... Dans la plus pure tradition des bouquets hollandais, elles se reflètent dans le cadre de bois doré du XVIIème qui leur fait face, avec un à propos qu'on retrouve souvent à Chaumont !! (accrochage permanent)


Les photographies, installations, vidéos, sont souvent en lien avec la nature, Chaumont est le royaume des jardins, ne l'oublions pas. Pas question de tout vous dévoiler, ce serait trop long et mon article est plus destiné à vous donner envie d'aller au Domaine de Chaumont qu'à faire un reportage. Pourtant, comme pour les jardins, je vais vous présenter mes coups de coeur !



D'abord Sarkis. Lors de la première visite de Sarkis au château, l’ambiance était mélancolique : il neigeait et les salles étaient presque désertes. On lui fit visiter les appartements qu’on propose au public, salles bien agencées, meublées, confortables, puis il monta à l’étage : là, des murs décrépis, des  pièces vides et désolées…. 



Plus haut, au grenier, des objets abandonnés, des lambeaux de papier peint qui se détachaient et pendaient lamentablement. Tout était froid, humide, figé, comme le paysage sous la neige qu’on apercevait par des lucarnes obscurcies de toiles d’araignées. Ces images embuées, immobiles et nostalgique firent naître chez l’artiste l’idée de ces vitraux.


 
Une promenade à travers ces salles déclassées, dans lesquelles on a laissé les reliefs d’une vie antérieure, permet de parcourir ces lieux en attente, animés seulement par ces vitraux colorés et suggestifs.


Parfois le sujet se rapporte au contenu ou à la destination première de la pièce, parfois c’est juste une évasion.  L’effet est étonnant, on n’a pas l’habitude de visiter un grenier, de regarder les lézardes et d' admirer des murs qui s'écaillent.



Des entassements de portes, des natures mortes revisitées, d’anciennes tentures qui pendent sans plus rien à cacher... on erre, on soulève un peu de poussière et beaucoup de souvenirs. Il faut prendre le temps, changer de registre et ralentir sa respiration. En s’accordant, à chaque fenêtre, une pause pour laisser aller son imagination, vers un ailleurs qui transcende le temps présent, celui des soupentes, et invente des rêves que le plomb du vitrail encadre sagement. Vous avez jusqu'au 31 décembre 2014 pour vous laisser guider !


Ensuite j'ai beaucoup aimé l'installation vidéo de Samuel Rousseau, Arbre et son ombre, qui ne demande d'ailleurs pas beaucoup d’explication : elle se regarde, en silence et avec un certain émerveillement. En 13 minutes, à partir du tronc nu et privé de sève d’un châtaignier en hiver, on va tout doucement et pourtant en accéléré absolu, revivre le cycle des saisons : les branches poussent, les bourgeons naissent, les feuilles grandissent, puis vibrent dans l’air chaud de l’été avant de tomber, lentement mais inexorablement.


C’est, nous dit-on, un prouesse technique qui associe photo et numérique... mais peu importe ! Ce qui compte, c’est ce quart d’heure de silence et de respiration, qui célèbre le renouvellement permanent de la nature, la force et la fragilité des arbres et l'éternel retour de la végétation. La sérénité qui règne dans cette salle, l'air émerveillé des spectateurs, la délicatesse avec laquelle chacun se déplace pour éviter de troubler la chute des feuilles, sont autant de preuves que l'idée est efficace !! (Jusqu'au 7 novembre 2012)


Pour finir, la série « Écriture de pluie » (pluie seule, pluie barrée) de Patrick Tosani décline des trombes d’eau, épais rideaux aux teintes irisées ou maussades, dans lesquelles le spectateur est invité à pénétrer, voir à se noyer par son reflet qui, soudain, s’incruste dans la photographie, et la pluie devient miroir. Quoi de mieux pour signer ce billet ! (Jusqu'en novembre 2012)


7 commentaires:

  1. Comme toujours un surprenantet brillant billet...
    mon coup de coeur pour la vie d'un arbre à partir de son ombre, je trouve là une belle représentation de l'illusion et de l'éphémère.
    Bonne journée
    Josette

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  2. Vraiment un moment étonnant que cet arbre et son ombre : un moment de réflexion sur l'écoulement du temps, inexorable, inattendu et pourtant riche en émotions.

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  3. Comme le dit l'artiste
    "Les vitraux ne racontent pas une histoire, ils sont ouverts à l’histoire de notre monde, à des milliers d’images ".
    Ce que j'aurais préféré ce sont les photos de Darren Almond,j'ai découvert ce photographe il y a deux ans à Clermont Ferrand j'ai été subjuguée .
    Ses photos prises en Sibérie avec les arbres comme pétrifiés,carbonisés.
    Ainsi que ses paysages et ses références à certains peintres comme on pouvait le lire sur les cartels/
    Il y avait aussi des films ,dont un sur le pôle Sud
    Je me souviens que ce photographe ne veut pas dire si il utilise l'argentique ou le numérique

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  4. Les photos d'Almond étaient, en effet, impressionnantes. J'ai apprécié aussi, pour les souvenirs que cela a fait surgir « Regard sur un patrimoine rural : le Périgord en 1979 » une exposition de Gilles Walusinski ... 1979, j'avais 25 ans !

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    1. ... et je faisais, nous faisions des photos qui ressemblaient à celles de Walusinski !

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  5. Très beau, et je ne suis pas étonnée que la talentueuse photographe et son Alter soient devenus eux-mêmes œuvres d'art.

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  6. L'arbre de Rousseau est mon préféré ! Tu sais combien j'aime les arbres !

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