lundi 9 juillet 2012

AVIGNON OFF 2012 - 1 -

A NU

Marc SAEZ
Tom FONTANA

Tiré du film HBO de SIDNEY LUMET écrit par Tom FONTANA, auteur des séries cultes OZ, Les Borgias, “A nu” est une véritable immersion au coeur des cellules secrètes de la CIA à travers le monde et leurs méthodes d’interrogatoire basées sur le harcèlement psychique et physique afin d’obtenir des aveux. Deux interrogatoires menés en parallèle en Chine et aux USA avec les mêmes dialogues mais pas les mêmes méthodes. Une enquête passionnante et bouleversante qui porte un regard tranchant sur notre société et l’interroge : jusqu'où doit-on aller pour obtenir les aveux d'une personne présumée coupable ? Ces méthodes servent elles la Vérité ? Que reste t'il d'une "démocratie" qui bafoue les droits de l'homme ?
Pour notre première pièce, nous avons fait fort : cela va être une coqueluche du Festival Off cette année. Très politiquement correct, original du point de vue de la mise en scène mais trop, tellement simpliste. L'auteur, un américain présent à cette première, dénonce la paranoïa, réelle, des services secrets américains après le 11 septembre et crie au loup, disant que c'est la porte ouverte à tous les excès, à toutes les déviances. Ou comment, pour sauver la démocratie, on bafoue la liberté. Bon, ça se défend et c'est un réel problème d'avoir à se protéger des fanatiques. Mais l'auteur, naïf et binaire, a tenu à nous imposer un parallèle rigoureux, absolu entre les délires américains et les méthodes chinoises. Il reprend, au mot près, la même scène d'interrogatoire, à Pékin et à New York. On joue au jeu des 7 erreurs, ça distrait, mais cela peut se révéler soporifique !! C'était certes original d'un point de vue scénique mais très critiquable du point de vue idéologique, voire dangereux. Encore une de ces amalgames simplificateurs dont notre société manichéenne est friande et, même si la pièce est plutôt bien jouée, il est difficile de cautionner cette approche. Sans souci d'ailleurs, c'est un pièce qui va plaire et remplira sans mon soutien !

La Passion de Médée

Sarkis Tcheumlekdjian
Selon certaines sources, Médée a tué ses deux enfants pour réparer sa faute : avoir collaboré avec l’ennemi et mélangé son sang archaïque au sang neuf d’un Grec. Une expiation exemplaire que ses descendants ont transformée en rite pour laver l’honneur de leurs femmes fautives. Sur scène, deux femmes se confrontent : l’une dépositaire de cette loi coutumière et l’autre désireuse de liberté.
« La Passion de Médée » pose la question cruciale de la Tradition et de son poids dans nos sociétés en opposant le rite à la révolte.
Comme « Macondo / Erendira », elle est un drame où l’on ne distingue jamais le fil qui sépare le réel du merveilleux.
Nous avons, les années précédentes, adoré Macondo, vu Erendira avec une petite impression de redite mais encore avec grand plaisir, et sommes légitimement allés voir "La Passion de Médée" avec la même troupe. Mais autant, pour les deux premières pièces, le côté picaresque, riche, "gras" du texte de Garcia Marquez seyait à ces spectacles un peu étranges, autant ici, le texte était plat et l'ensemble manquait de souffle. La magie de la mise en scène, déjà connue, ne jouait plus et s'ensuivait un relatif ennui. Oh certes, si vous n'avez pas vu les précédents spectacles, vous aimerez, sinon vous risquez, comme nous, de trouver que cela manque de souffle !

Le jeu de l'amour et du hasard

Marivaux
Le chef d'œuvre de Marivaux, interprété par Les Larrons, s'installe à La Luna après son triomphe au Mouffetard, pour vous offrir 1h50 d'émotions et de rires!
La mise en scène alerte et gracieuse de Xavier Lemaire, à travers la gaieté enjouée des acteurs (délicieuse Isabelle Andréani en Lisette coquine) percent les dérives romantiques et mortifères du XIXème siècle à venir Fabienne Pascaud TELERAMA
L'intelligence du jeu et ce texte sont habités par une grâce folle.Bernard Thomas LE CANARD ENCHAINE
Xavier Lemaire nous offre un bon spectacle : respectueux de l’œuvre, cohérent, toujours intelligent.Jean-Luc Jeener FIGAROSCOPE
Avec eux c’est la fête du théâtre et du rire» PARISCOPE


L'an dernier, nous avons découvert les Larrons dans l'Echange, que nous avions tant apprécié que nous avons envie d'y retourner cette année. La troupe enchaine les deux pièces à La Luna, petit exploit technique qui mérite d'être salué. Et autant la première est grave, profnde, émouvante, autant le Marivaux est drôle, enlevé et plein d'esprit. Un texte qu'on connait par coeur et qui ne devrait plus nous faire rire depuis longtemps. Et pourtant, la mise en scène inventive, le talent des acteurs, le rythme jamais pris en défaut de l'ensemble, tout cela nous emporte, nous fait rire aux éclats, et le bonheur est total. Il faut aller voir ce grand classique, pas revisité (je DETESTE les classiques revisités) et pourtant tout frais, tout neuf et à croquer !

Music-Hall

Jean-Luc Lagarce
Ce soir comme tous les autres soirs, autour d'une chanson de Joséphine Baker, la Fille et les deux Boys partageront leurs anecdotes, leurs mensonges et leurs vérités, quelques chansons fredonnées et quelques pas de danse, leurs numéros de Music-Hall, toujours avec l’humour décapant de Lagarce.
C’est l’histoire de trois acteurs qui tentent, une fois encore, recréant chaque soir ce spectacle comme pour la première fois, de revivre avec le public un moment de communion. Ce moment où chacun sait, ou cherche à savoir, pourquoi il existe...
« Les mots s'adressent à nous et nous parlent de notre propre vie, de nos doutes, de nos frustrations et de nos rêves. Ce spectacle est touchant, émouvant et criant de vérité. »


Koka nous avait dit "j'ai bien envie d'y aller, mais en le voyant coincé sur le programme entre "Faire l'amour avec un Belge" et "Faire l'amour avec un Belge", ça m'a refroidie". Et de fait, devant le théâtre de l'Observance, une salle isolée dans un coin éloigné du rempart où nous n'allons guère, nous nous sommes demandé où nous nous étions fourvoyés : entre "Si je t'attrape je te mort!"et "Un plan à trois", les acteurs qui gravitaient là parlaient du Paris comme des pianistes auraient rêvé de la salle Gaveau ... et l'ambiance était au gros rire. Et pourtant, pour le moment, une de nos meilleures pièces : trois acteurs jeunes, beaux, lumineux qui transcendent Lagarce. Son langage théâtral sophistiqué à force de simplicité, répétitif, entêtant et introspectif est, toujours, très difficile à rendre. Certains le déstructurent, d'autres le surjouent... La Compagnie 21 se l'approprie avec un naturel, une jouissance verbale, une aisance qui lui donnent une fluidité parfaite et pas toujours acquise pour qui s'attaque à Lagarce. Ils ont trouvé le bon rythme, la bonne cadence et la pièce file, douce-amère, sans un instant d'ennui, sans un accroc. Autre mérite de cette troupe, hormis celui, fort important, de savoir dire Lagarce : ils ne font ni dans le pathos, ni dans le misérabilisme : c'est clair, net comme un bilan de vie ratée, mais sans excès d'attendrissements inutiles. Une pièce à voir en ce festival 2012, en ne se laissant pas impressionner par la programmation peu engageante du théâtre qui l'accueille.

Stupeur et tremblements

Amélie Nothomb
"Se contemple, s'écoute et se déguste lentement avec délectation" LE FIGARO. "Une artiste à la sûreté de main implacable" L'HUMANITE. "On aime l'interprétation d'une grande élégance" A NOUS PARIS. "Qu'on aime ou pas Amélie Nothomb, Layla Metssitane peut faire changer d'avis. C'est ce qu'on appelle aussi : un coup de génie" LA REVUE DU SPECTACLE. Stupeur et tremblements n'est pas un jugement de valeur des us et coutumes et de la façon de vivre des japonais. C'est une vision humble, drôle, d'une jeune femme confrontée à un monde nouveau : L'instant n'est rien. Ta vie n'est rien. Aucune durée ne compte qui soit inférieure à dix mille ans.

Bon, une erreur, prévisible, et un ensemble de malentendus... l'une avait mis Nothomb dans sa liste parce qu'un de nos critères de recherche est "nom d'auteur", l'autre a cru qu'elle avait envie de le voir, le troisième a suivi parce qu'il n'avait pas d'avis et le dernier ne voulait pas venir mais, lisant les présentations et critiques affichées à la porte, s'est dit "ça a l'air génial". Bref, nous sommes ressortis contrariés. On peut se permettre de le dire, la pièce a plu, la critique l'a encensée, et nous, nous nous sommes ennuyés. Pas d'excuse : nous savions à quoi nous nous exposions avec Nothomb. Mais nous ne nous attendions pas à voir un amalgame entre le sort des nipponnes et celui des musulmanes voilées, à dodeliner de la tête devant le choix, très approprié au texte d'ailleurs, d'interprétation et de mise en scène, à subir un maquillage de 10 minutes suivi d'un démaquillage aussi long, sur le Boléro de Ravel (là on a compris ce qui nous attendait dès la première note) : la sortie fut houleuse, c'est toujours un peu énervant de s'ennuyer au théâtre et nous nous sommes juré de ne plus succomber au piège Nothomb ... jusqu'à la prochaine chute !!!

Voir aussi 

3 commentaires:

  1. Vous n'aimez pas les classiques revisités? Pourtant cela vaut le coup d'aller voir cette pièce: http://www.avignonleoff.com/programme/2012/auteurs/autres/M/moliere_/le_medecin_malgre_lui_los_angeles_1990_8497/

    Texte original de Molière, mise en contexte dans les années 90s aux Etats-Unis: je l'ai vu il y a deux ans, la pièce est tout simplement exceptionnelle (c'est mon humble avis)

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  2. Si si j'aime les classiques revisités mais revisités intelligemment sans contresens et sans intervention intempestive du metteur en scène... j'avais justement mis ce mèdecin malgré lui los angeles 90 dans ma liste !! c'est marrant ! je ne sais si j'aurais le temps d'y aller... la semaine est si vite passée

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  3. je vais me faire une petite liste au fil de tes comptes-rendus de "tournées à guetter"!
    Bonne suite de festival!

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