En hommage à Autour du Puits
Nous avions, quand nous décidâmes cette escapade, de grandes ambitions ! Outre les expositions de Toulouse et de Montpellier, objectifs essentiels de ce week-end à peine rallongé, nous avions le projet de faire "la route caravagesque", autant dire Albi, Narbonne, Pézenas, pour y admirer dans les musées et les églises, les toiles d'artistes inspirés par le grand italien. Las !! Non contents de n'avoir pas eu le temps de ces errances, nous n'avons visité ni Toulouse, ni Montpellier, tant les expositions nous ont captivés. Par contre, y ayant élu une chambre d'hôte au demeurant fort agréable, nous avons passé une journée à Castres. Et le dimanche à Castres, un jour à peine ensoleillé d'automne, dans une ville déserte où n'erraient, au même pas que nous, qu'un groupe décalé de coréens en veine d'exotisme, c'est assez inédit ! Provincial, endormi, paisible et secret, autant dire délicieux !!
Il y régnait un vent d'autan de force 7 ou 8, je ne suis guère experte en force des vents, mais je puis vous assurer qu'après avoir failli voir notre appareil photo choir dans l'Agout, obligée de l'arrimer vaille que vaille sur le parapet du pont, je n'ai réussi qu'une photo totalement floue, car le vent en question agitait l'appareil comme une feuille d'automne.
L'Agout, parlons-en, c'est lui qui fait le charme de Castres, bordé de ces demeures qui étaient, dès le Moyen Âge, le lieu d'activité
principale des castrais. Des maisons d'artisans qui abritaient différents
corps de métiers : tanneurs, teinturiers, parcheminiers,
papetiers et tisserands.
"Toutes ces maisons ont des bases médiévales dont les
ouvertures sont en berceau ou en ogive. Les caves appelées «caoussino»
en occitan (littéralement cela signifie usine à chaux) ouvrent sur la
rivière et possédaient des lavoirs. Après avoir nettoyé et rincé les
peaux dans l'Agout, on les déposait dans les cuves emplies de chaux. Au
rez-de-chaussée étaient situés les appartements des ouvriers puis ceux
des maîtres.
Cependant, il n'était pas systématique de trouver sous le
même toit l'habitat et l'activité professionnelle de l'artisan. Dès
l'époque de Louis XIV, les documents cadastraux indiquent fréquemment
des propriétaires différents pour les «caoussino» et les étages
supérieurs.
Aux deux derniers étages, se trouvaient les séchoirs, l'un
plus haut que les pièces d'habitation elles-mêmes afin que les cuirs ne
traînent pas par terre. Ces pièces sont pourvues de petites ouvertures
qu'il devait être aisé de fermer avec des volets de bois pour, en été,
défendre les cuirs des ardeurs du soleil et en hiver de la force de la
gelée. Sous les toits, le deuxième séchoir portait le nom de « soleiller
», largement ouvert pour laisser pénétrer la lumière et l'air.
Ces maisons, appelées aussi «la petite Venise» ont conservé leurs encorbellements de bois et leurs balcons." (source office de tourisme de Castres)
Ces maisons, appelées aussi «la petite Venise» ont conservé leurs encorbellements de bois et leurs balcons." (source office de tourisme de Castres)
A Castres, peu de restes médiévaux, mais on y croise pourtant une tour carrée romane, unique vestige de l'abbaye Saint Benoit construite au XIème siècle, qui présente une caractéristique inusitée, rendant totalement improbable sa survie : quelques temps dans doute après sa construction, toujours vers le XI-XIIème car le décor y est encore typiquement roman, quelques maçons peut-être rendu fous par ce fameux vent d'autan, qui, c'est bien connu, altère gravement la raison, ouvrirent un portail dans le contrefort de la tour ! Oh certes, ils réalisèrent là de biens jolis décors sculptés, animaux fantastiques, lions, anges musiciens ... mais ils créèrent une faiblesse définitive dans la solidité de la construction, provoquant des désordres architecturaux énormes. Regardez les fissures qui déchirent tout cela : on se demande bien comment tout n'est pas encore tombé !!
Castres connut des heures de gloire : de 1630, après que Richelieu ait fait démanteler ses fortifications, à la veille de la Révocation de l’Édit de Nantes, la ville apaisée, dirigée par une chambre mixte (mi protestante, mi catholique), intellectuelle, riche en industries du textile et de la peau, connut la plus belle période de son histoire. Il en reste quantité de belles demeures, qui disent encore sa prospérité.
Au XIXème encore, la ville gardait encore de beaux restes, et le théâtre municipal construit au début du XXème siècle, en 1904, montre que la ville n'avait, avant l'exode rural et la désertification des campagnes, rien perdu de sa superbe. Sa verrière Art Nouveau, dont certains ont pu contester l'élégance, reste spectaculaire, et il semble que la décoration intérieure soit de très belle qualité.
Castres s'enorgueillit enfin d'un citoyen célèbre, Jean Jaurès, auquel elle a dédié sa place principale, ornée en son centre d'une fière et sobre statue du député républicain du Tarn. Le défenseur de Dreyfus, journaliste, historien, leader socialiste et orateur parlementaire au tempérament affirmé, et finalement assassiné le 31 juillet 1914 à cause de ses convictions pacifistes, reste le personnage le plus marquant de cette petite cité calme.
Une ville paisible où tout est fermé le dimanche, on y bat le pavé dans un calme extraordinaire, les rideaux sont fermés, les stores sont baissés, les magasins sont clos, pas le moindre restaurant pour déjeuner ... et si l'on y rêve parfois de grand large et de phares sur l'Océan, c'est avec la discrétion qui sied aux petite villes de province.
Mais l'endroit possède un charme supplémentaire, qui explique que nous y ayons passé un dimanche entier, c'est le musée Goya. Sans doute un des musées de France les plus riches en art espagnol. Mais c'est une autre histoire !!!
A SUIVRE
Musée GOYA à Castres
Goya en son musée de Castres
Castres : Francisco Pacheco le maitre de Velasquez
Castres : la conquête d'un rêve éveillé : Hybrides et Chimères
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Merci de me faire connaitre cette ville si belle et intéressante.
RépondreSupprimerEn dépit de ces fissures qui en effet font un peu peur, l'ange qui joue le violon est si tendre et délicieux...
Quant à vous deux, vous méritez l'Oscar du couple dans n'importe quelle version, meme la floue !
Mais a-t-on idée aussi de percer un portail dans un contrefort, on n'a jamais vu ça !! alors c'est bien beau de rajouter de jolis anges, mais tout de même !!
SupprimerQuant à la photo, plus floue, tu meurs ! si tu avais vu l'appareil pendant la prise de vue !!!!
Comment avez vous fait pour obtenir une photo aussi floue, c'était le désert pour trouver âme-qui-vive charitable pour appuyer sur le bouton, ou alors la personne était aveugle ou encore vous avez bougé durant l'automatisme de l'appareil...chatouilleux???
RépondreSupprimerBelle journée, tes billets sont toujours supers!
Belle et douce journée
Martine de Sclos
Ah là tu as raison Martine, le grand désert et pas âme qui vive pour appuyer sur le bouton !! Sauf une dizaine de coréens, totalement improbables, mais ne parlant pas français !
SupprimerDonc, nous avons posé l'appareil sur le parapet du pont, et là, le vent était tellement fort que l'appareil menaçait de finir dans la rivière !! Donc je l'ai calé derrière un réverbère, mais le vent le secouait quand même, très fort !!! on souriait, mais un peu jaune car on s'attendait à le voir tomber dans l'eau !
C'est un bien joli reportage sur une ville que je connais mal. Deux où trois passages furtifs sur la route entre Carcassonne et Albi il y a cela plus de vingt ans.
RépondreSupprimerLa seule chose dont je me souviens est cette splendide verrière à la Majorelle.
Tes photos et textes sur la "petite Venise" sont forts intéressants et les rideaux rouges des arcades ont un petit air "pescheria".
Dommage que dans ces villes de province, passé l'été l'activité s'endorme le dimanche. Mais cela ne profite t-il aux promeneurs amoureux ? En tous les cas sur cette photo au flou très artistique finalement, le rouge est mis. Je ne parle pas du pantalon mais du feu tricolore ahah.
Bises et bonne journée.
Très bien vu Mireille, c'est le côté pescheria qui m'a fait photographier les rideaux du bar, désert, lui aussi, et fermé, comme il se doit !
SupprimerQuant au théâtre, nous n'avons malheureusement pas pu y entrer, mais j'ai l'impression que la visite vaut le détour ! En tout cas, c'est vrai que l'extérieur, déjà, est étonnant ! Quant à nos petites villes de province endormies, elles ont un charme qu'on n'épuise pas
Eh bien grâce à toi je découvre Castres moi la Montalbanaise!!
RépondreSupprimerJe n'ai jamais été attirée par cette ville
Albi lui a toujours volé la vedette à mes yeux.
Par contre Pézenas!
Ses portes quelles merveilles
Tout y est l'arc brisé,en anse de panier, en accolade,en segment le fronton triangulaire ,le bossage,le linteau clavé,décoré....
Quant à la ferronnerie
Lors de mon dernier passage dans cette ville j'avais vu dans une librairie un livré dédié à ses portes je ne l'ai pas acheté pensant le retrouver plus tard
Je le regrette bien car je n'ai pas revu
Merci pour ma petite collection de puits
Ah ah Aloïs, si tu ne connais pas Castres, tu vas être servie !! et j'espère bien te donner envie d'aller visiter son musée Goya, car il est étonnamment riche : on sent qu'il est "habité" par un conservateur "qui en veut" et qui rassemble là tout ce qu'il peut se faire "déposer" en art expagnol. Il y a de vraies merveilles. Pour le reste, je veux bien croire que Castres ne t'ait jamais attirée outre mesure, et sans cette chambre d'hôte, fort sympathique, choisie dans la ville, nous n'aurions jamais passé un dimanche à Castres. Finalement, cela aurait dommage ! Cette impression de ville endormie, c'était délicieux. SUrtout sous le soleil. Pézenas était prévu au programme, mais que ne prévoit-on quand on décide une petite évasion !! En général, on en fait le 10ème !!!
SupprimerUne belle découverte, avec un riche passé.
RépondreSupprimerJ´attends avec impatience ton billet sur le musée Goya.
Ma pauvre Alba, ce ne sera pas un billet, mais je ne sais combien !! tu me connais ... En tout cas, un endroit que tu aimerais, l'art espagnol y est illustré de fort belle façon. Hommage soit rendu au conservateur !!
SupprimerCastres... rime pour moi avec "cheval" ! J'y suis allée de nombreuses fois pour des concours de dressage ou de complet,(il y a un très grand centre équestre) quand notre club tournait à plein. Donc, pas trop le temps de visiter la ville ces jours là.
RépondreSupprimerAh si, lors de notre participation à "Festicheval"... (on n'a rien gagné !) tous les matins, pendant 4 jours, nous faisions un défilé en amazone dans les rues de la ville !
Et que dire du Vent d'Autan.... apparemment, tu en as eu un bon échantillon !
Néanmoins, je vois que cette ville a des aspects intéressants, et que ses vieilles maisons ont beaucoup de charme.
Biseeeeeeeeeeeeeees de Christineeeeeeeeeeeeeeee
Oh ce vent Christine... tu me vois, même floue, sur la photo cramponnée à mon sac et tu vois ALter me tenant comme pour m'éviter de m'envoler ! Allons, si tu retournes à Festicheval, prend une demie journée pour aller visiter le musée Goya, je t'assure qu'il vaut le détour ! Oui la ville est intéressante mais c'est surtout le musée qui vaut le détour !
SupprimerJe découvre votre blog par un détour sur celui de Françoise. Sur le côté une petite icone parlant de Toulouse (où je vis), de Castres... Un clic et je découvre un billet et des photos qui m'enchantent. Je ne vais plus vous...lâcher.
RépondreSupprimerOh Marie Paule, je suis ravie et bienvenue parmi nous... mais vous savez, je ne parle pas que de Toulouse !!! Pour autant, là, c'est sûr, je me suis éclatée sur le sujet... notre petit séjour à l'occasion des expos Caravage a été tellement riche !
SupprimerCoucou Marie-Paule très heureuse de te retrouver chez Michelaise. Moi j'aime beaucoup.
SupprimerBisous à toutes les deux
Je découvre le Castres de Michelaise et c'est bien plaisant.
RépondreSupprimerUn Castres bien calme Evelyne mais tellement plein de charme discret !!
SupprimerCastres ? Mais quelle est l'origine de ce mot ?
RépondreSupprimerCastrum en latin !! Mais, et je cite le site de l'Office du Tourisme "En dépit de son origine latine castrum, la ville n'a pas été fondée par les Romains, bien que la découverte d'une villa gallo-romaine à Gourjade atteste une présence aux Ier et IIe siècles de notre ère."
SupprimerJe te recommande un billet du blog Ethymo...logique sur le nom de la ville : Castres(81) où l'on apprend que la langue romane avait repris ce vocable castras pour les lieux fortifiés ou bien défendus : donc l'origine n'est pas toujours romain ! Et aucun rapport avec une quelconque castration des habitants !!