mercredi 13 février 2013

ROAD MOVIES

Deux films à peu près de même durée, et tous deux sur le thème du cheminement, moral autant que physique. Deux films lents, dans lesquels il n'y a guère d'action ou de rebondissement, où le poids du film est porté par un seul homme, ou presque ... deux films dont on pourrait penser qu'ils se ressemblent, et pourtant...


Réalisé par Carlos Sorín Avec Alejandro Awada, Victoria Almeida, Oscar Ayala
J'avais vu, et adoré, Historias Minimas... et j'ai autant aimé, même s'il est légèrement inférieur au point de vue l'intrigue, Jours de pêche en Patagonie. Bon... pour apprécier le dernier film de Carlos Sorín, il ne faut pas avoir envie d'une intrigue compliquée, d'une caméra sophistiquée et d'effets spéciaux. Il y a peu à en dire, c'est un opus d'une sobriété totale, une petite merveille de simplicité et d'humanisme, agrémentée de quelques discrets traits d'humour. 

Il y a, comme toujours chez Sorin, une attention particulière, presque tendre, portée aux personnages, une façon de capter les petits détails du quotidien, une atmosphère "fraternelle" qui rendent l’œuvre facile et douce. Pourtant, pas ou peu d’histoire. Un personnage central, attachant d'emblée, mais banal. Et cet éclopé de la vie, tombeur sans l'avoir voulu, buveur sans y prendre garde, salaud sans volonté de l'être, nous est tristement familier. Sorin procède par petites touches, il crée un climat qui nous permet de revivre avec le personnage, en phase de rédemption. 

L'immensité des paysages, la bande son assez envoûtante, l'interprétation d'Alejandro Awada, tout en douceur et sourires étonnés : pas de doute, peu à peu la sauce "prend" et le charme opère. C'est délicat, subtil et sans pathos excessif. La fin nous surprend alors qu'on aurait bien continué un peu à cheminer aux côtés du héros, les 78 minutes ont passé comme l'éclair. Jours de pêche n'est pas un vrai road movie, il se déroule toujours au même endroit, même si c'est un ailleurs improbable et "exotique". Mais le cheminement a lieu, c'est à l'intérieur du héros lui-même qu'il se produit.

Réalisé par Anna Novion Avec Jean-Pierre Darroussin, Anastasios Soulis, Claes Ljungmark

Pas un instant d'émotion, 97 minutes qui semblent durer 200 ... seule la fin du film nous sauve de l'insidieuse léthargie qui nous prend à son écoute. Darroussin, architecte atrabilaire, toujours pendu à son portable, bougon, éclopé du sentiment et pas vraiment sympathique, connait dans les dernières images une certaine rédemption assez peu crédible, mais qui justifie qu'on soit restés là à bailler en attendant la suite. L'idée du film aurait pu, je le pense, donner quelque chose de très intense, même si le point de départ est assez peu crédible : pourquoi un homme qui n'a jamais vu son fils (et ne semble même pas l'avoir reconnu à sa naissance) irait-il identifier son cadavre au fin fond des îles Lofoten ?

Comme cet homme a peur en avion (heureusement qu'on nous l'explique au début car on se demanderait bien pourquoi il saute dans sa voiture pour rallier le bout du monde !), cela nous vaut un long et laborieux voyage sur autoroutes et routes aux paysages sans grande saveur, pimenté que quelques scènes supposées nous garder éveillés. Le problème est que toutes sont gratuites, convenues et éminemment prévisibles, comme est terriblement prévisible la moindre des images supposées cocasses. C'est fade, académique, et souvent à la limite de la caricature.

Désolée pour ce manque d'enthousiasme, mais je me suis considérablement ennuyée, j'ai passé mon temps à prévoir la scène suivante, malheureusement toujours téléphonée et je n'ai pas eu un pincement au cœur, alors que le sujet se voulait émouvant. On nous dit que la cinéaste confie avoir été inspirée par les peintures d'Edward Hopper pour la ville nordique que traverse Ernest Toussaint, Darroussin dans le film. Il y a sans doute quelque chose dans cette esthétique qui me laisse de marbre, car je n'ai vraiment pas accroché !

10 commentaires:

  1. Je suis d'accord avec ce que tu dis de Jours de pêche en Patagonie si ce n'est que j'en suis sortie très "interrogative" et cela me dérange
    Aucune réponse à mes questions
    On ne sait rien en fait de cet homme.
    Bon?
    Manipulateur?
    On suppose qu'il a des regrets et ce que l'on sait c'est que c'est un ancien alcoolique
    C'est vrai que le minimalisme nous rend l'essentiel dans le cas présent ,que chaque scène compte
    J'aurais aussi aimé voir davantage de paysages ,je garde en mémoire un beau plan avec les bateaux,mais je suis un peu restée sur ma faim

    C'est vrai que pas vraiment de surprise pour Rendez-vous à Kiruna mais j'y ai toutefois trouvé une certaine sensibilité et j'ai trouvé que le rôle d'Ernest collait à la peau de d'Anastasios Soulis

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il me semblait avoir assez bien cerné la personnalité du héros de Jours de pêche : un homme faible ! qui s'est laissé entraîner à boire (représentant de commerce) qui aimait plaire (d'origine italienne, aimant chanter l'opéra) et qui a dû tromper sa femme et oublier sa fille. Il est à un tournant de sa vie, son boulot menacé, plus très passionnant, une alerte santé, il n'a jamais eu beaucoup d'imagination et il comprend tout à coup qu'il est passé à côté de l'important. Et comme il est très égoïste, il pense qu'il suffit de se manifester pour que tout lui soit pardonné. Il n'est pas mauvais, il n'est pas bon non plus, certainement pas manipulateur... il est fragile, affectueux et il vit dans l'instant. Un peu enfantin.
      Quant à Anastasios, c'est vrai qu'il joue bien et que le personnage de Magnus (rien que le prénom ! tout un programme) met du relief dans l'histoire, et "l'adoption" discrète de Magnus par Ernest est sans doute une des trouvailles du film.

      Supprimer
  2. J'ai vu les deux. Fort peu d'action (rire), des similitudes. J'ai préféré le personnage discrètement émouvant de "jour de pêche", et me suis ennuyée à "Kiruna", même si Daroussin joue bien.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et je ne t'ai pas vue au ciné, nous n'étions pourtant pas très nombreux !! mais on n'a pas dû y aller le même jour ! Exactement ce que j'ai ressenti ...

      Supprimer
  3. Vu seulement le Rendez vous à Kiruna. j'aime bien Daroussin, sympa mais pas dans sa meilleure performance. Trop d'autoroutes et de téléphonages à mon goût. A la fin cela devient très beau mais c'est déjà fini

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui sympa Darousin, on aime bien son côté grognon mais gentil, enfin pas là !! Ah oui, que d'autoroutes, heureusement qu'on nous dit qu'il n'aime pas l'avion parce que quand il se lance vers le grand nord, on se dit mais il est dingue !! ce qu'on ne sait pas c'est qu'on va rouler avec lui !!! Quant au téléphone, c'est caricatural, volontairement certes mais on aimerait bien qu'il arrête un peu !
      Les Lofoten oui, c'est enfin beau, mais ça ne dure pas !

      Supprimer
  4. Chère Michelaise, moi j'ai beaucoup aimé le film de Sorin, je m'y suis précipitée dès sa sortie. J'aime ses approches lentes et délicates sur des personnages qu'il nous laisse découvrir tout au long du film, un peu comme dans la vie, il fut beaucoup de temps pour découvrir un être humain, le connaître, le comprendre, chaque plan chez lui est nécessaire dans la narration, il faut du temps pour observer, et de se laisser toucher, la vie des personnage se fait par dévoilements successifs, image par image, il faut prêter l'oreille, avoir l'oeil chez Sorin qui est passé maître dans le genre, on est assuré de prendre son temps, d'être touché, même s'il faut beaucoup d'images pour le dire... Cette histoire est singulière, et pourtant tellement banale, cet homme qui redémarre une existence, pense que tout le monde l'a attendu, il pense que tout est possible pour lui maintenant... Alors que tout est consommé pour les autres, le décalage c'est le film...

    Je te bise du soir Michelaise.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mais Danielle j'ai aussi beaucoup aimé le film de Sorin, me serais-je mal exprimée ??? je l'ai vraiment beaucoup apprécié pour les raisons que tu développes fort bien. Celui que je n'ai pas aimé, c'est Kiruna, je n'ai pas accroché. Et j'ai rapproché les deux car finalement dans l'un la sauce prend et, pour moi, avec presque les mêmes ingrédients, dans l'autre elle foire !

      Supprimer
  5. Réponses
    1. En fragile !! mais il y a de cela !! pensif plus que penseur

      Supprimer

Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :
1) Écrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessus
2) Si vous avez un compte, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante Commentaire
Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL

3) Vous pouvez, en cliquant sur le lien S'abonner par e-mail, être assuré d'être avisé en cas d'une réponse
4) Enfin cliquer sur Publier

Le message sera publié après modération.

Voilà : c'est fait.
Et d'avance, MERCI !!!!

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...