jeudi 6 juin 2013

ÊTRE ADULTE


C'est sans doute un ensemble de petits indices, fugaces déclencheurs d'un état d'âme qui soudain vous absorbe, qui ont brutalement provoqué une de ces prises de conscience dont je vous assaille parfois. Un sentiment de douceur enfin retrouvée, une fraise aux allures étranges, quelques petits bateaux qui jouaient à se suivre, allez savoir ce qui peut vous passer par la tête ?? Toujours est-il que je roulais tranquillement vers une quelconque obligation, les mains sur le volant et l'esprit vacant, quand j'ai été submergée par un problème de première importance : "Je suis un être adulte ... mazette ! mais finalement c'est quoi être adulte ?". 

Je me rappelle précisément l'endroit où ça m'a prise : un petit rond-point banal et mal relevé qu'il faut toujours négocier au ralenti. C'est cela la province, on roule beaucoup et on pense... "Car finalement ce mot "être" n'est pas fortuit. Être cela suppose un état... on est vivant, je suis vivante, on est à la retraite, je ne suis pas à la retraite, la barbe cette réunion !" Forcément, je n'avais pas envie d'y aller, encore un truc inutile qui me faisait perdre mon temps... quel temps ? Ben celui qui me reste à vivre, tiens pardi ! " On est au chômage, on est parent, on est sportif... bref, dans tous les cas, cela suppose un point de départ à cet état : le jour où on vous vire, le jour où l'on vous embauche, le jour où l'on s'arrête de travailler, le jour où l'on se met à faire du sport, le jour où votre enfant naît .. bref... mais alors c'est quoi le point de départ de l'état adulte ?".


Ce qu'il y a de commode avec ces réflexions nébuleuses, c'est qu'elles vous occupent très sérieusement tout le temps du trajet : il faut dire que le mien est d'une grande monotonie - à part le moment magique où je passe devant Talmont et où je m'extasie, avec une belle constance, sur la beauté du lieu et sur la chance que j'ai de voir ce site magnifique chaque fois que je vais travailler - tout est simple : pas de feu tricolore, pas d'embouteillage, rien que des kilomètres qui succèdent à d'autres kilomètres, champs, prairies, melonnières, villages paisibles, petit bois exposé au nord où il faut être prudent les jours de grand froid ... aujourd'hui, ça va, pas besoin de ralentir. "Mais alors moi, c'est quand le jour où je suis devenue adulte ? Y a forcément eu un élément déclencheur... quel peut bien être le matin où je me suis réveillée avec la certitude de l'être ?


Arrivée à ce point crucial, j'ai tout d'un coup été saisie d'un doute "Suis-je vraiment certaine de l'être ? A quoi je pourrais le savoir ?? Bon d'accord, je déteste le jeunisme et je me prétends adulte, mais dans le fond de moi, c'est quoi toutes ces réactions enfantines qui me font, si souvent, me sentir toute petite et si vulnérable. Car enfin, être adulte, c'est ne plus être un enfant. Avec la joyeuse crise d'adolescence qui assure la transition... alors on doit devenir adulte le jour où l'adolescence se termine. Ouais, je ne suis pas plus avancée". Non, certes, mais pendant ce temps-là la voiture avance toute seule, l’œil enregistre la progression, la main anticipe les virages, faut dire qu'on la connait bien cette route-là. "Pourtant je suis adulte, je le revendique mais j'ai des pensées de gosse... mais ça je ne le dis à personne. Des joies simples et naïves, des peurs irraisonnées, des besoins de tendresse qui se brisent sur l'arrête imbécile du consensus social... bon, sérions les problèmes. J'ai dû devenir adulte le jour où j'ai eu mon premier bébé, cela vous pousse un truc pareil, forcément. Non, erreur, vu l'enthousiasme dont on fait preuve quand on est jeune parent, la force spectaculaire qui vous propulse et vous fait jouer votre rôle avec un sérieux indéfectible, c'est pas un truc d'adulte ça, c'est un jeu de rôle. Et on le joue à fond, avec l'inconscience de l'enfance justement."


Le gros avantage de cette façon d'occuper son temps, c'est que les bétaillères et autres tracteurs poussifs ne vous énervent même pas, les mamies qui roulent à 70 dans les villages comme sur la route vous laissent de marbre, vous êtes perdu dans vos réflexions. "Alors le déclencheur, c'est le jour où j'ai perdu mon premier parent... non, le deuxième ... non, rien du tout, c'est pas ça du tout ! Au contraire, la perte des parents ça vous fait régresser dans votre tête, même si vous comprenez brutalement ce qu'on peut appeler le saut de génération, ça vous rend pas adulte pour autant. Faut trouver mieux." Les ronds-points s’enchaînent, tiens déjà la bretelle de l'autoroute, c'est vraiment calme aujourd'hui. "Le point de départ de l'âge adulte, c'est peut-être la première paye ? Ou la première fois où l'on paie des impôts... à moins que ce ne soit le jour où l'on achète une maison ! Ah ben si c'est ça, j'ai dû zapper un truc car je ne me suis jamais sentie propriétaire de ma maison, pourtant elle est à moi, mais c'est bizarre comme impression, je n'ai pas la tripe propriétaire... attention ma fille, tu t'égares..."


Attention ... c'est quoi cette grosse moto qui me fonce dessus, pleins gaz ? Mais il n'a pas tout compris celui-là, on n'est pas aux 24h du Mans... ah oui, faut dire que j'approche de mon point d'arrivée et ici c'est un peu moins "campagne" qu'avant, nationale, camions, bon faudrait peut-être se concentrer sur la conduite. "Adulte et vacciné... c'est quoi cette histoire de vaccination ? Fumeux comme truc... Quand est-ce que j'ai appris à devenir adulte sapristi ... lucide, responsable, raisonnable, capable de résister aux élans irrationnels, sage, sérieuse, maître de mes émotions, tirant parti de mes échecs pour rebondir ??? Tu parles, y a un hiatus quelque part, y a quelque chose qui m'échappe parce que là, c'est clair, je ne suis vraiment passée à l'âge adulte. Toujours cette furieuse envie de changer les choses, ce refus de tomber dans le consensus mou, cette folle impression qu'il FAUT agir pour ne pas être complice de ce qu'on déplore, ne serait-ce pas une immaturité incompatible avec ce fameux état adulte ?". 


Un dernier rond-point, on longe la jardinerie, puis le petit chemin de long de la Seugne, le joli ruisseau tout tacheté d'iris d'eau, qui brille sous le soleil ... Bien s'arrêter au stop, et hop, voilà la parking. Il faut cesser de cogiter en rond, rassembler son énergie pour aller "jouer l'adulte", celui qui est prudent et sage, sérieux en un mot. "Mais qui s'octroie le droit, maintenant, en toute liberté, de choisir, en toute connaissance de cause, de n'être ni sage ni prudent, parce qu'il a compris que tout n'était pas figé et qu'il est devenu pragmatique. Peut-être simplement parce que les certitudes sont la pire entrave à la liberté et qu'il faut savoir admettre que nos idéaux ne sont pas forcément les bons, et qu'il vaut mieux douter que de se prendre trop au sérieux au motif, justement, qu'on se prétend adulte. On n'est jamais vacciné contre la bêtise, et pour ne point y sombrer, il faut admettre ses limites, fussent-elles folies. Et si c'était cela être adulte ?". Au boulot Michelaise, assez gambergé...


PS toute remarque grivoise sur la troisième photo sera IMPITOYABLEMENT censurée : c'est une fraise,... à bon entendeur, salut !! Certes on se demande encore ce qui a bien pu lui arriver, une manifestation sans doute de son aversion pour l'âge adulte, synonyme pour elle de dégustation ! Et elle a réussi sa révolte, je n'ai pas eu envie de la manger, peur que ces petites feuilles me chatouillent le fond de la gorge. 

21 commentaires:

  1. je ne serai donc jamais adulte !
    bonne soirée Michelaise

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    1. Nombre d'entre nous ne le sont jamais en effet, ou se contentent de faire semblant de l'être quand c'est nécessaire.

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  2. Jamais vraiment adhéré à ce besoin d’être adulte. Comme s’il fallait pour cela se défaire d’une enfance qui est précisément ce qui nous caractérise. Etre adulte par rapport à sa progéniture, à son boulot ou à son patron si on veut peut –être, mais l’être 24h sur 24, et bin non. Nenni.
    Même si j’ai payé mes premiers impôts à l’âge de 20 ans, et acheté, (et durement payé, l’auteur du blog s’en souvient) ma maison à l’âge de 25 ans, je me sens toujours enfant. J’ai aussi quelques excuses : je vis en province, à la campagne, addict au chant des oiseaux et taquinant volontiers la binette au jardin. Un indécrottable donc qui se retrouve à 100pour cent dans tes allégations.
    Et qui a des ambitions : le Bon Dieu nous invite à devenir des enfants. Si, si c’est écrit quelque part dans la Bible. Pour être capable d’aimer comme eux, sans calcul, sans espoir de retour, sans escompte : librement, totalement, sincèrement.

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    1. Signé Amparo par un tour de passe passe involontaire, mais c'est Fred qui a écrit!

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    2. OUi oui, j'avais bien rétabli... Je crois que quelque part tu as raison quand tu soulignes que le fait d'ahbiter avec les oiseaux est une sacrée entrave au passage à l'âge adulte : pourtant eux, quand il s'agit d'élever leur progéniture, le sont diablement : le ballet des mésanges et des rouge-queues autour des nids en ce moment montrent qu'ils ont sacrément le sens de leur rôle ! Et pourtant, dès que les petits ont quitté le nid, un peu poussé d'ailleurs, nos amis ailés reprennent leur belle insouciance, comme si de rien n’était. C'est peut-être ce qui m'arrive... Pour toi, il faudra attendre et continuer à assumer ton rôle bien dignement quelques temps encore. En fait ma remarque est tristement dans l'air du temps, les seniors que nous sommes ont du mal à rester sérieux en vieillissant, nous sommes une génération terriblement égoïste (car c'est aussi une caractéristique d'enfant ça, pas seulement capable d'aimer librement, totalement et sincèrement, ce qui est vrai aussi) et avons parfois des tendances égocentriques pas forcément brillantes. Au motif qu'on a été contraints durant notre "vie adulte", on régresse et on se lâche, nombre de films et de littérature font feu de ce type de comportement en ce moment. Ce qui me frappe c'est la façon dont nous (pas toi Fred, tu es trop petit !!)n les papiboomers, avons géré le monde et notre vie. Sans faire d'autoflagellation, je me dis qu'on en a bien profité. Du monde !
      Mais passés ces discours "raisonnables", je n'arrive pas à me sentir vraiment adulte, encore moins que quand j'étais ado, plus sûre de rien, délicieusement cui cui les petits oiseaux, terriblement craintive... bref, vive la vie à la campagne !!

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  3. De mes cotés on dit, en dialecte bien sur, et l'optimiste qu'était ma mère le répétait souvent, "mai un mal che no xe un ben", ce qu'on pourrait interpréter par : il n'existent pas d'événements négatifs qui ne comprennent aussi quelque chose de positif. Voilà ce que j'ai pensé en lisant cet article, à propos du fait que Michelaise pencherait sans doute pour que son lycée soit plus près de chez elle, mais au meme temps... remerciée soit cette route qu'elle est obligée de parcourir, puisqu'elle favorise le fait d'affiner de pensées si intéressantes !
    Très souvent, en regardant un enfant meme très petit (son sérieux et sa concentration dans une activité ou un jeu, sa volonté d'atteindre un but, son ouverture sans limites vers la réalité...) j'ai l'impression d'etre face à une attitude tout à fait adulte.
    Tandis que pas mal d'adultes, quand ils s'enferment, renoncent, deviennent défaitistes je trouve parfois qu'ils démontrent une espèce d'entetement assez infantile.
    C'est quoi donc, etre adulte...?...et combien d'enfant faut-il garder en soi pour vraiment l'etre..?.. Voilà ce qui me passait par la tete ce matin alors que, juste après le billet de Michelaise, et "come il cacio (le fromage) sui maccheroni", je suis tombée là, à m'étonner non seulement de la beauté d'un lieu, mais aussi de l'intacte et féconde maturité d'un... enfant de 89 ans.
    Pour moi, Michelaise et Lolo... le couple du jour !

    http://avignon-in-photos.blogspot.it/2013/06/tradition-provencale.html

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    1. Lolo, il me fait penser à mon cousin marseillais, qui est un bébé à côté (72 ans) mais qui a le même discours, la même faconde, la même joie de vivre ! Pour autant, depuis que j'ai appris les escargots ont des dents, je me sens nettement plus "adulte" !!!
      En fait, je retire de ton commentaire qu'en matière d'enfance ou d'âge adulte tout est question de circonstances et très relatif !!

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  4. Puisque je suis une désobéissante, je vais commencer par la fraise.
    C'est une......mutante qui peut faire l'affaire pour le nez de Cyrano de Bergerac (nous restons dans la région). C'est bon là, c'est délicat et pas grivois non ?
    Bon pour le reste n'étant pas particulièrement tentée pour développer cette question philosophique et psychologique et certainement pas non plus compétente je vais te dire que je ne sais pas quand on devient adulte. (Je sais pas si tu vois les méandres que j'emploie).
    Tout ce que je sais c'est que l"aldultisme" ne m'a pas encore atteint, c'est sûr et ne m'atteindra sans doute jamais ! Il est bien trop tard.
    Je mourrais donc jeune, c'est bête ça non ? Quand je dis jeune je parle de l'état d'esprit pas de l'enveloppe dont je ne me préoccupe absolument pas.
    Cette vieille maladie qui m'accompagne depuis l'âge de 17 ans comme un épée de Damoclès à certainement stoppé mon envie de devenir adulte.
    En tous cas j'ai été ravi de te suivre dans tes pensées et dans ton parcours matinal bien sympathique.
    Bisous et belle journée

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    1. Allons pour le roc !… le pic !… le cap !… "Que dis-je, c’est un cap ?… C’est une péninsule !"
      Quant à l'adultisme, c'est une chose bien complexe... et je crois, on le dit mais il y a du ressenti qu'on ne découvre, pour de vrai, qu'avec l'âge, qu'en effet "on ne vieillit pas dans sa tête" et que le décalage devient de plus en plus surprenant au fut et à mesure que l'enveloppe nous fait des niches !!

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  5. Je vois que je ne suis pas la seule à avoir pensé à un nez en voyant cette fraise.... Un nez sans doute atteint d'acné... juvénile... , mais pourquoi pas... ;-)
    j'ai beaucoup aimé cette réflexion qui t' a occupée tout au long de ton parcours matinal.
    Etre adulte, en effet ... Quelle drôle de question !
    Il m'arrive de m'obliger à croire que je le suis quand je me surprends (plus que fréquemment) à réagir comme une gamine... Mais je n'aime pas qu'adulte risque avec "sérieux" et "raisonnable" Je n'ai aucune envie de l'être et je veux rire et m'extasier de petits riens comme la gamine que je suis encore au fond de moi. Bien sûr lorsque le miroir me renvoie l'image d'une femme mûre je me demande parfois s'il n'y a pas une erreur... Je ressens parfois un tel décalage entre mon âge et ce qui se passe dans mon p'tit coeur si jeunot encore... ;-)
    Alors tant pis pour l'apparence j'assume la naïve et insouciante petite personne que j'étais, que je suis, que je serai.... ;-)
    Bonne journée à toi Michelaise

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    1. Et c'est cette image que nous offrons, on garde dans notre tête nos réactions enfantines, car c'est gênant d'offrir aux tiers ce décalage entre ce que dit le miroir et ce que dit notre p'tit coeur. On a toujours beaucoup de mal à comprendre que l'autre, celui qui est en face de nous et qui justement a quelques années de plus que nous, est, lui aussi, encore un enfant dans sa sensibilité. Sauf quand on lui offre une condescendance de mauvais aloi, celle dont on gratifie les personnes vraiment très âgées et manifestement "ailleurs", on subi le diktat de l'apparence.

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  6. C'est une bonne question, l'une de celles que tout le monde se pose sans avoir la réponse (avec : "mais pourquoi les jeunes d'aujourd'hui sont-ils si [...]" et "que des vieux dans les salles de concert : la fin de la musique classique?").
    J'ai toujours un choc quand je réalise que mes amis ou moi avons le même âge que mes parents quand je les ai connus, si je puis dire. Il y a quelques jours, je me suis dit que L. était vraiment super jeune et très enclin à la déconne malgré ses 35 ans passés et ses deux enfants, alors que mon père à cet âge là me paraissait vieeeeeeeeuuuuux.

    Prendre mon independance financière peu de temps après avoir quitté la maison familiale a été assez symbolique pour moi, malgré tout.

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    1. OUi tu as raison Blandine, l'indépendance financière est un pas symbolique !! Nos parents nous semblent forcément toujours vieeeeeeeuuux ! Et pourtant, ils ont, eux aussi, des rêves d'enfants, des réactions d'adolescents, des imaginaires qui vadrouillent, je puis te l'assurer !

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  7. Michel de Lyon8 juin 2013 à 07:42

    Vous avez lu Kerouac Michelaise ? C'est ingénieux cette pérégrination sur la route de campagne et cette divagation dans votre tête. Un peu Montaigne sur sa monture dirait G.F. J'espère que vous n'avez toujours pas trouvé ce qu'est 'être adulte' parce que, j'en ai bien peur, le jour ou vous donnerez la réponse à cette question vous serez devenue une... Allez mettez le qualificatif que vous voulez. En ce qui me concerne, la réponse à votre question c'est : être adulte c'est quand on ose s'aimer comme on est. Jeune, on veut aimer, ensuite, on veut être aimé, et puis un jour, on se regarde dans la glace en se disant qu'après tout, il y a du blanc et du noir et qu'on accepte le noir justement parce qu'il y a du blanc. Et contrairement aux coloristes, on n'est pas dans le gris. Tout le reste n'est que construction sociale, regard des autres, de ses antécédent, de ses descendants. Ce sont souvent ces regards qui nous pèsent.
    Heureusement que je ne suis pas philosophe ; j'ai pu trouver une petite réponse à votre grande question et ce n'est que la mienne. Mais j'y ai mis du temps.
    Bonne fin de semaine.

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    1. Merci pour Montaigne, mon "pays", mais je crains que GF n'ait pas votre indulgence !! Vous avez tellement raison quand vous dites "quand on OSE s'aimer tel qu'on est", c'est une sacrée audace que de s'accepter !
      Ceci étant, tout ce que vous dites, et ce que nous disons car nous sommes nombreux, si j'en juge par les commentaires, à n'avoir pas le même âge dans la tête et à l'état civil, est vrai... et, à propos du regard des autres, on ne se sent "vieux" que, justement dans ce regard, et là, c'est drôlement révoltant, car ce regard ne correspond pas à ce qu'on ressent. Alors certains tentent de s'adapter aux attentes sociales, d'autres sont naturellement passionnés par des valeurs d'adultes (fric, pouvoir ou conquêtes en tous genres) et les derniers, sans doute les plus courants, sont décalés. Sauf à savoir se positionner, s'adapter !
      Merci de nous partager "votre" réponse Michel ! Bon week-end à vous aussi...

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  8. J'ai bien aimé vous suivre au cours de votre réflexion et de votre route, particulièrement sur "le petit chemin de long de la Seugne, le joli ruisseau tout tacheté d'iris d'eau, qui brille sous le soleil". Qu'on se sente adulte ou pas, n'est-il pas plus important, à l'heure des bilans personnels, de ne pas se dire que "La vie a passé comme un grand château triste que les vents traversent"?

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    1. Belle phrase d'Aragon qui me semble, ici, particulièrement à propos ! Merci pour votre participation à cette réflexion Anne, qui est un peu la nôtre tant on se sent jeunes dans nos têtes, un truc qui n'était pas prévu au programme mais qui étonne !!
      Quant à "l'heure des bilans personnels", j'avoue que c'est une formule qui me sied tout à fait tant je trouve, au-delà de toutes ces interrogations qu'il est primordial, parfois, de savoir faire ce genre de pause !

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  9. Un petit bilan personnel de temps en temps pour se remettre sur les rails de ses priorités, c'est très utile. On s'en éloigne si souvent pour toutes sortes de raison. Mais être "adulte", je ne sais pas ce que c'est.S'il me falait à tout prix définir le concept, je dirais que sont adultes ceux qui ne rejettent pas sur les autres la faute de ce qui leur arrive ou arrive au monde mais voient la part qu'ils y ont pris.
    Pour le reste je me sens très "gamine", de plus en plus même en "vieillissant"!
    Bises.

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    1. J'avoue, Marie Paule, que j'aime bien ta définition de l'âge adulte : ne plus dire "c'est pas moi, c'est la faute à l'ordi ... pardon, c'est les z'autres !!", assumer, se sentir concerné, voire responsable, pas mal du tout !! Et une de plus dans la cour de récré, c'est fou ce qu'on peut être gamins tous !!

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  10. Pour donner de l'écho à ton texte, je laisse parler mon maître Jacques Genin : ""Je n'étais pas prédestiné à la pâtisserie. J'ai grandi dans les Vosges, avec huit frères et sœurs. J'ai eu une enfance très dure, des parents buveurs et violents. La cuisine était la dernière de nos préoccupations et on ne prenait pas de goûter. Mais tous les jours, je rêvais de flans, d'éclairs, de tartes au citron acidulées, comme autant de havres de paix et de douceur inatteignables. Je voulais posséder tous ces gâteaux que je voyais dans les vitrines embuées des boulangeries. Je ne les avais jamais goûtés, mais, curieusement, je savais le goût qu'ils avaient, ou plutôt, qu'ils devraient avoir. Envers et contre tout, malgré mon enfance pourrie, gâchée, j'ai réussi à sauver la part d'enfant en moi, pour recréer ces rêves.
    J'ai fui le foyer familial à 13 ans en prenant le premier apprentissage qui s'offrait, dans une boucherie. Peu à peu, sur le tas, j'ai appris à cuisiner. J'ai ouvert un restaurant à 26 ans, à Paris. Mais c'est pour ma fille que je me suis lancé dans la pâtisserie et le chocolat, pour qu'elle ait les plus beaux anniversaires, pour lui offrir des moments inoubliables que je n'avais jamais eus.
    Le travail a été mon refuge, c'est ce qui m'a sauvé, et c'est aussi pourquoi je suis capable de tant d'abnégation, d'investissement total, au risque de m'oublier parfois et d'être trop exigeant avec les autres. Je cherche à toucher la perfection des pâtisseries françaises classiques. Chacune a son histoire, un bout d'histoire de France qui transparaît à travers la gastronomie. Quand je prépare un paris-brest, je pense à celui qui a eu cette idée, sans doute un fou de vélo, avec l'envie saugrenue de créer un lien entre la pâtisserie et cette course...
    Le flan, je n'en ai jamais mangé d'autre que le mien. Mais je l'ai toujours imaginé. Gamin, je me souviens observer des gens à l'arrêt du bus croquant dans un flan. Il y avait d'abord un crac, puis le moelleux fondant, je savais comment cela devait être. La tarte au citron, c'est encore un autre parcours. J'en ai mangé une fois, dans un resto. C'était mauvais. Je me suis d'abord dit, à quoi bon faire ça ? Et puis je me suis demandé comment le faire bien... Cela devait forcément pouvoir être bon, j'avais un souvenir "non vécu" de son goût. Ma mémoire fantasmée est ma mesure à moi."

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    1. Pas de doute GF tu as trouvé LE texte qui mettra tout le monde d'accord : l'âge adulte est donc celui où l'on réalise ses rêves d'enfants... et si ces rêves sont sucrés, l'âge adulte n'en est que plus talentueux. Nous n'allons malheureusement pas tous au bout de nos rêves et alors, nous devenons "vieux" c'est ça ?? En tout cas, la jeunesse éternelle est assurée à ceux qui savent faire le chemin que Genin nous trace. Merci pour ce commentaire fort à propos.

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