mercredi 12 juin 2013

VILLE E BARCHESSE


Vous avez peut-être, après la villa Pisani (un palais plutôt !), la villa des Vescovi, l'illustration parfaite de l'idéologie renaissance qui fait de la villa un lieu de contemplation de la nature, un petit détour par la villa Maser et ses fastes peints par Véronèse, sans parler de l'atypique Villa del Catajo, plus château que villa, vous avez sans doute, dis-je, une impression de redite ?? Pourtant, il existe actuellement encore 3 477 "ville venete" répertoriées... le critère d'appartenance à cette dénomination est d'être une demeure construite entre le début à la fin du XVème siècle dans "il Territorio da Terra" de la République de Venise, par des patriciens vénitiens ou des nobles de cette cité dans le  but d'en faire, non leur demeure principale, mais une "casa in villa", pour la villégiature avec, souvent, une activité agricole. Nombre d'entre elles ont été ensuite agrandies et remaniées, mais l'idée de base est la même : ce sont des demeures secondaires pour des vénitiens privés de nature et de campagne ! Je vous vois frémir "elle est bien capable de nous faire un recensement des 3 477 villas notre Michelaise !! Pensez-vous... Nous avons, certes, déjà parcouru trois fois ces territoires terrestres de la noblesse vénitienne, mais même si l'on y croise des demeures superbes à chaque pas, nous n'en avons vu que fort peu. D'abord, l'immense majorité sont encore privées et la plupart d'entre elles ne peuvent qu'être aperçue de très loin, voire devinées dans des parcs aux dimensions révélatrices. Très peu d'entre elles sont ouvertes à la visite, et souvent cette dernière se limité à un accès au parc. Enfin le territoire qui les accueille est vaste puisqu'il couvre les provinces de Belluno, Padova, Treviso, Udine, Vicenza,Verona et bien sûr Venezia. Autant dire que toutes, loin s'en faut, ne s'étagent pas sur les bords du Brenta. Ces dernières étant, de fait, les plus faciles à voir car elles sont toutes une façade sur le fleuve et sont, en tant que telles, "ouvertes".
Alors, simplement pour en finir avec cette petite virée basée à Mira, en plein cœur de l'aire originale de naissance de la villa, visite en photos ! En nous intéressant autant au bâtiment central, la villa proprement dite, qu'à ses annexes, les barchesse destinées à ranger le matériel agricole, à stocker les récoltes et à parfois à accueillir cuisines et logements du personnel. Leurs élégantes arcatures, leur proportions équilibrées et leur allure de demeures basses et aérées en ont souvent fait d'agréables adjonctions d'été à la demeure principale.


Villa Emo : une impressionnante mise en scène, où tout est fait pour glorifier nature et perspectives... Les barchesse sont rattachées, au début par une simple colonnade(on le voit sur un plan de 1781), transformée ensuite en habitations, au logis central, pour exalter l'ampleur du complexe.


Villa Foscari dite La Malconteta : ce qui est le plus saisissant dans ces villas palladiennes, c'est la constance de leur allure et leur immuabilité dans le temps ! Mais il arrive parfois, comme ici, que la véritable place de village que formaient les barchesse et les communs aient disparu.



Parfois, c'est le contraire. Comme  à la villa Valmarana de Mira, dont il ne reste que les deux barchesse : en effet, au XVIIIème la villa fut détruite par ses propriétaires pour éviter de payer une taxe sur les immeubles "de luxe" ! Regardez bien la gravure d'en haut, et repérez la villa, toute coincée entre les deux bâtiments agricoles !! Ils conservèrent ces deux constructions agricoles, constructions somme tout bien plus luxueuses que la villa elle-même, assez modeste si l'on en juge d'après la gravure d'époque. La barchessa de droite, qu'on visite, avec sa somptueuse loggia, ses pièces peintes à fresques par Michelangelo Schiavone dit Chiozzotto (1712-1772) et sa vue suggestive sur le Brenta, n'a rien d'une vulgaire grange !



Villa Widmann à Mira : Seriman, Foscari Widmann-Rezzonico a été construite pour une noble famille vénitienne d'anciens marchands arméniens catholiques, d'origine perse. Quand Diodato Seriman épousa, en 1705 Elisabetta Tornimbeni, obtenant de ce fait parmi les biens constituant la dot de cette dernière, des terrains à Mira, il existait déjà sur place un petit palais : il y ajouta de vastes "barchesse"; des jardins et une muraille d'enceinte ornée de statues. Plus tard au cours du XVIIIème, la villa fut agrandie, surélevée d'un étage, et décorée dans le goût nouveau d'un rococo dit à la française, qui n'est certainement pas du meilleur effet ! L'intérieur est richement orné de superbes fresques de Guiseppe Angeli, un collaborateur de Piazetta.


Villa Pisani à Stra : même ici, où pourtant la villa est immense et luxueuse, presque trop, les communs ont un charme inégalé ! Gloriettes, écuries, hangars et jardin d'hiver y sont autant de séjours dont on se contenterait comme maison de vacances ... et plus, si affinités !



La villa Foscarini Negrelli Rossi construite entre 1617 et 1635 face à un pont sur le Brenta, est, avec ses quatre obélisques fièrement plantées sur le toit, ses statues et son péristyle, plutôt imposante. Pourtant sa barchessa, construite en retrait et relativement modeste à première vue, est un chef d'oeuvre d'équilibre et d’élégance. Tant et si bien qu'elle fut rapidement transformée par les propriétaires en foresteria, avec deux appartements et un grand salon pour y donner des fêtes, salon qui manquait à la villa dont l'intérieur, actuellement consacré au musée de la chaussure, est plutôt modeste malgré ses airs bravaches. L'ensemble fut somptueusement pourvu de fresques de Domecico Bruni (1591-1666), complétées par un cycle figuratif dû à Giorgio Massari( 1687-1766). Ici encore, la barchessa devient, rapidement, aussi belle et plus facile à vivre que la villa proprement dite.


Villa Barbarigo à Maser : ici les barchessse sont rattachées au corps principal, et la villa est, aujourd'hui encore, une "ferme" qui vend ses produits viticoles et agricoles aux visiteurs. Sous la protection vigilante des fresques de Véronèse, c'est un des plus purs produits de l'idéal de la villa : rentabilité, bien-être et villégiature.


4 commentaires:

  1. toutes plus magnifiques les unes que les autres! Merci de nous faire voyager ainsi!

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    1. Le plus étonnant c'est la somptuosité de ces bâtiments agricoles souvent bien plus beaux que les villas !

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  2. On peut rêver s'y être passé dans une autre vie...
    merci pour le voyage et les visites.
    bonne soirée Michelaise

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    1. Tu as raison Josette, ces villas et leurs barchesse sont tellement "réelles" et immuables qu’on a presque l’impression d'un changement d'époque !

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