samedi 13 juillet 2013

AVIGNON OFF 2013-5

En italique, la présentation par la troupe, ensuite mon avis sur la pièce


MARIE TUDOR de Victor Hugo

Théâtre de l'Oulle avec Pierre Azéma, Séverine Cojannot, Pascal Guignard, Frédéric Jeannot, Sacha Petronijevic, Flore Vannier-Moreau, Florence Le Corre, Christophe Borie

LE DRAME PASSIONNEL DE VICTOR HUGO!
Une reine, une femme, déchirée entre l'amour et la haine, le pardon et la vengeance, la fidélité et la trahison.
Après 6 mois de représentations au Lucernaire à Paris, une presse unanime et un franc succès OFF 2012, la Compagnie 13 revient avec son "Marie Tudor".
"Captivant" (Télérama) "Incontournable. Magnifique" (Vaucluse Matin) "Une grande intelligence. Une énergie de talents remarquable" (Figaro Mag P.Tesson) "Quel suspens dans ce mélo" (Nouvel Obs J.Nerson) "Parfait Mélodrame" (G.Costaz) "Très réussi" (Pariscope) "Magnifique" (Trois coups) "Tout le monde devrait aller voir Marie Tudor" (Le Monde) "Un génie génialement servi" (France Catholique)

On y va ou on n'y va pas ??? Après de nombreuses hésitations, nous y sommes allés et n'avons point regretté : une mise en scène sobre et de très bon goût, respectant parfaitement le texte, des acteurs tout à fait corrects, le spectacle n'était ni ennuyeux, ni désagréable. Seul le propos de Victor Hugo est un peu plat, la dramaturgie assez décevante, mais cela ne peut en aucun cas être imputable à la troupe qui s'en sort fort honorablement. Pourquoi le public éprouve-t-il, comme souvent, le besoin de ricaner sans cesse ? J'avoue que ce phénomène, récurrent dans les salles avignonaises, a le don de me taper sur le système nerveux. Et encore plus dans cette pièce qui n'a rien d'un vaudeville. Mais ce besoin de comédie à tout prix est indépendant de l'auteur, voire du talent des acteurs, les gens sont là pour "rigoler" et tant pis pour vous, et tant pis pour Victor Hugo !! Qui, en l'espèce, n'a pas réalisé, c'est clair, son chef d'oeuvre ! Mais tout de même !! Les traits d'esprit destiné à détendre l'atmosphère dans une atmosphère un peu pesante, les petits clins d'oeil destinés à faire sourire le spectateur entraînent inévitablement des rires gras, des gloussements, des ricanements qui cassent le rythme, comme si l'on était en train d'assister ç une grosse farce, comme si le public ne rêvait que de grosse farce.



La Mouette de Anton Tchekhov, traduction et adaptation d' Hélène Zidi-Chéruy 
Théâtre du Roy René avec Laura Melinand, Alexis Moncorgé, Jérémie Loiseau, Blanche Veisberg, Julien Jovelin, Gerard Levoyer, Hélène Zidi-Chéruy 
La belle surprise du festival 2012 revient cette année ! "La Mouette plus chouette dans le Off que dans le In" La Provence (Festival 2012) "Une Mouette qui s'envole vers le succès." JDD "On sort conquis" Figaroscope "Une formidable Mouette" Version Femina
"Ce qui donne la force à ce spectacle c'est l'interprétation formidable de ses acteurs." La Marseillaise
"Une mise en scène efficace, subtile et tonique. Un grand moment de théâtre. A voir absolument!" Reg'Arts "Des comédiens sublimes." L'Hebdo Le Comtadin "Cette Mouette est exaltante et bouleversante." Les Trois Coups.com
Hélène ZIDI-CHERUY nous propose un éclairage moderne sur cette chronique familiale où tout est mélangé, le profond et l'insignifiant, le sublime et le ridicule.

La pièce, joyeusement et fort opportunément allégée, débute un peu abruptement mais finalement c'est plutôt une bonne chose car, avouons-le, l'original de Tchekhov est parfois un peu "longuet" !! L’adaptation est ici parfaitement réussie et respecte totalement l'esprit du texte. Cette « comédie avec quatre rôles de femmes et six rôles d’hommes, quatre actes, un paysage (un lac) ; beaucoup de discours sur la littérature et l’art, peu d’action, cinq tonnes d’amour. » selon l'auteur lui-même, est ici jouée sans référence excessive à l'idée d'oiseau(x) blessé(s), mais en insistant sur l'immuabilité du décor, qui pèse sur les personnages et les flétrit, d'année en année. Chacun poursuit ses ambitions déçues, ses rêves qui s'effritent, et c'est un superbe portrait de groupe, tout en nuances, que nous convie la metteure en scène. 



LA COMPAGNIE DES SPECTRES de Lydie Salvayre
Théâtre du Chêne Noir avec Zabou Breitman
Roman très inspiré de Lydie Salvayre, l’histoire se déroule dans l’appartement d'une mère et sa fille. Un huissier est venu briser le cercle de leur solitude. Il est chargé de dresser l’inventaire des biens avant saisie. Malgré lui, il va se trouver au cœur d’une tourmente verbale, riche en imprécations, en exorcismes de mauvais souvenirs et en exhortations diverses.
"La grâce de Zabou Breitman, sa douce autorité, la sûreté de son jeu, la fermeté de sa voix, sa beauté, sa présence mettent en valeur l’écriture même de Lydie Salvayre."
Le Figaro, Armelle Héliot

Et pourtant je m'étais juré de ne plus succomber au "culturellement" correct qu'incarnent, inéluctablement, les spectacles du Chêne Noir. On y va parce que c'est tendance, parce que ça fait bien d'y être allé et parce qu'on y entend des gens "connus". Bon, moi je vous avoue que je ne connaissais pas Zabou Breitman, mais il me fait admettre qu'elle joue excellemment. Vraiment ! elle incarne les multiples personnages de la pièce avec un talent consommé, un souffle jamais pris en défaut, une diction idéale, et se meut avec simplicité et naturel. Ceci étant, j'étais fort en colère, toujours à cause de ce fichu public qui ricane et glousse à qui mieux, fut-ce aux propos les plus graves, qui s'encanaille à hurler de rire sur les collaborateurs alors qu'il est lui-même si moutonnier, et qui ne demande que des bons mots faciles et approximatifs. La pièce est fortement consensuelle, c'est au fond un exercice de style assez artificiel destiné, sans doute, à se donner bonne conscience. La langue est élégante, certes, mais il ne faut pas pousser le bouchon trop loin en incitant le public à se gausser d'un huissier au même titre que des collaborateurs. Rien n'est émouvant dans cette histoire tragique et les amalgames douteux  y sont trop nombreux. Ceci étant, le cynisme plait, et le Chêne Noir a de beaux jours devant lui. 


AY CARMELA de José Sanchis-Sinisterra
Espace Alya avec Serge Balu et Virginie Rodriguez
Emouvante, drôle et déroutante… - Non, vraiment, nous ne pouvions passer à côté de cette pièce, chef d’œuvre du théâtre espagnol.
1938, ville de Belchite en Aragon, pendant la guerre civile, deux comédiens, Paulino et Carmela, artistes populaires habitués aux salles perdues, s’échauffent, règlent les derniers détails avant que le rideau ne s’ouvre. Ils ont peur.
Tous les comédiens ont peur avant que le rideau ne s’ouvre (si, si…), mais là, le public est armé, en uniformes franquistes, fascistes et nazis, parmi eux il y a l’élite de la croisade nationaliste, en haut, enchaînés, il y a aussi un groupe de prisonniers étrangers qu’on fusillera à l’aube.
Le rideau s’ouvre, Carmela tremble, la représentation va basculer


Il nous fallait, pour clore le festival, une pièce forte et, de fait, Ay Carmela était bien choisie. Pièce sur l'Histoire, celle des "petits", qu'elle dépasse, celle que subissent tous les pauvres gens qui ne la comprennent que trop tard, quand ils en ont été les victimes. Pièce sur l'absurdité de la Guerre Civile, mais en la matière on en a vu de plus percutantes. Pièce sur l'amour, simple et émouvant, de ceux qui ont uni leurs destinées pour un meilleur qu'ils n'osent pas rêver et pour un pire qu'ils n'ont pas d'autre choix que de partager. Pièce sur le théâtre aussi, sur le spectacle et ses maladresses, ses nécessaires compromissions et ses aléas angoissants. Beaucoup de thèmes entrecroisés, un verbe haut en couleur et efficace, une actrice, celle qui accompagne d'Artagnan et Don Juan en excellente ferrailleuse, très en forme. Et très juste dans ce registre dramatique : toujours au top, elle chante, parle, danse, meurt et nous captive tout du long. Même si, justement, c'est un peu trop long ... On n'a pas su, à la sortie ce qu'il aurait fallu raccourcir : les uns trouvaient que c'était le début qui traînait trop, les autres que c'était la fin qui était interminable, et certains ont même prétendu qu'il aurait fallu couper un peu au milieu, mais ce qui est certain c'est que cela dure un peu trop et que, du coup, cela perd en persuasion et en efficacité. Mais rien de bien grave en la matière, et ce serait dommage de ne pas y aller car la pièce est forte et riche.

OFF 2013 - BILAN

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