mercredi 28 août 2013

RETOUR SUR EXPO : MATHURIN MÉHEUT

A suivre : Colette et Méheut


Mathurin Méheut au musée national de la Marine : la seule exposition vue en juin qui soit encore active, grâce à une prolongation jusqu’au 1er septembre.

Une exposition en tous points passionnante, que nous n'aurions eu l'idée d'aller voir si Koka, qui l'avait découverte en voulant faire plaisir à son breton de mari et avait éprouvé un vrai bonheur en la visitant, ne nous l'avait recommandée. Car Méheut est un artiste gai, surprenant, prolifique et doué. Cet artiste inventif et infatigable, n'appartenait à aucun mouvement et n'avait pas honte d'avoir commencé sa carrière comme apprenti d'un peintre en bâtiment ! C'est le seul apprentissage qu'avait trouvé son père, menuisier, quand il lui déclara à 14 ans qu'il voulait être peintre. Il commença très vite à délaisser les échafaudages et les rouleaux pour apprendre les Arts décoratifs, et ses décors de services de tables lui valurent son premier premier prix accordé par la revue Art et décoration. Il reviendra d'ailleurs à ses premières amours en réalisant en 1925 son superbe Service de la Mer, dont de nombreuses pièces figurent en bonne place à l'exposition.


Plus tard, vers 1910, il se spécialisa dans les croquis d'animaux marins, croquis qui lui valurent une commande d'importance pour illustrer un livre intitulé Etude de la mer : flore et faune de la Manche et de l'Océan. La précision de ses rendus, la richesse des détails anatomiques de ses poissons et autres crustacés, mais surtout les couleurs enchanteresses de ses aquarelles, assurent très vite le succès de ses œuvres. Tant et si bien qu'il se voit accorder une bourse pour un voyage autour du monde, voyage qui commence par le Japon et qui tournera vite court pour cause de déclaration de guerre et de mobilisation.


De la guerre de 14-18, Méheut a ramené des séries impressionnantes de dessins, véritables témoignages terriblement émouvants de la vie dans les tranchées et de la façon dont les hommes survivaient à l'horreur. "Un artiste combattant" dira de lui Armand Dayot (1851-1934 critique et historien d'art, fondateur de la revue L'Art et les Artistes) dans son article sur les artistes combattants de l'Illustration.*


Il dessine sur un morceau de papier, un calepin, avec un vague crayon ou un fusain : "Je serai bien heureux si ces pauvres feuillets, où j'ai dessiné ce que j'ai pu et comme j'ai pu, échappent à la tempête", écrit-il à ses amis auxquels il envoie ces croquis pour les sauver de la pluie et de la boue.


C'est d'ailleurs ce côté "reporter", toujours en éveil, toujours en train de gribouiller sur un coin de nappe ou sur une feuille volante, qui est l'un des charmes les plus accomplis de cet artiste qui ne cessait, dirait-on, jamais de dessiner. Ses correspondances sont sublimes, chaque lettre est enluminée de croquis, d'aquarelles, de dessins vifs et précis qui devaient ravir les destinataires de ces missives. Il "raconte" : la Bretagne, les métiers, ses voyages, ses observations, tout lui est prétexte à croquis.


En 1921, le musée des Arts Décoratifs lui organise une autre grande exposition où il montre ses dessins du Japon, de Bretagne et du front. Nommé peintre officiel de la Marine, il reprend parallèlement son activité d'illustrateur Gardien de feu d'Anatole le Braz, La Brière de Chateaubriant, Mon frère Yves de Pierre Loti, Raboliot de Maurice Genevoix ... nombreux sont les livres qu'il illustrera tout au long de sa carrière, livres documentaires, livres scolaires et même, en collaboration avec Colette, livre pour enfants.**


Artiste infatigable, il a tâté de toutes les formes d'expression artistiques : dessinateur, mais aussi graveur, sculpteur, très imaginatif, décorateur de vaisselle ou d'intérieurs de paquebots de luxe, Méheut a un talent jamais en repos, aux mille facettes, toujours actif, toujours inventif. Céramiste, il travaille pour la Manufacture de Sèvres, cartonnier, il collabore avec les Gobelins, décorateur il embellit la villa d'Albert Kahn à Cap Martin, des restaurants et de nombreux transatlantiques.


Une exposition qui fut, si l'on en croit le commissaire de l'exposition, passionnante à organiser !


D'après le site de Ker à Phil : L'Illustration, N° 3834 du 26 Aout 1916

** Regarde, livre illustré pour enfants auquel je consacrerai le prochain billet.

4 commentaires:

  1. Très joli post et magnifiquement documenté !
    Bon week-end, Cath.

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    1. Merci Catherine ... j'espère que vous apprécierez la suite, à propos de la très fructueuse collaboration entre Méheut et Colette !!! à paraître ce soir je crois !

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  2. J'adore surtout l'image du Service "La Mer".

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    1. C'est étonnant tout de même un artiste qui fait d'aussi jolis services de table !!!

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