Vous avez l'habitude de nous entendre parler de votre grand-mère et de sa passion pour sa maison avec une condescendance un peu exaspérée, car elle y attache une importance qui nous semble démesurée dans notre style de vie, enfin un peu décalée dans le monde actuel... Le statisme, l'immuabilité, la perpétuation de supposées traditions nous semblent d'autant plus pesants qu'ils ne s'accompagnent dans son cas d'aucun véritable caractère de "maison de famille"...


Ses campagnes sont énumérées de façon laconique puisqu'il est indiqué qu'en 1792, 1793, ans 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 1811 et 1812 il est dans "diverses armées". Par contre ses blessures forcent l'admiration, et donnent plus d'indications sur ces fameuses "armées" : blessé d'un coup de feu à la jambe droite et d'un coup de biscayon en 1793, blessé d'un coup de feu au bras droit en l'an 3 en Espagne, d'un coup de feu à l'épaule droite le 16 août 1812 à Smolensk et de deux coups de feu le 17 à la cuisse droite. Il semble qu'outre l'Espagne, il ait fait Moscou, la Bérézina et Leipzig. Tout cela lui a valu la Légion d'honneur le 2 septembre 1812. Cet intrépide ne fit pas de vieux os, sans doute bien amoché à la suite de toutes ces aventures : il est mort d'une fièvre maligne, autant dire d'une infection, le 13 octobre 1817 à Périgueux, il avait 48 ans. J'ai cru comprendre que c'est
son fils, Guillaume, qui a acheté la Tache en 1857, c'est à dire quelques temps après que les service de son casse-cou de père aient été salués par le nouvel Empire. Ce sont ses descendants qui ont donc touché les dividendes de son dévouement à la France, lui ayant surtout caracolé sur les chemins boueux d'Europe, y écopant blessure sur blessure. Le sabre cabossé et le gobelet de campagne posés sous son portrait sont plus émouvants quand on les imagine utilisés par cet intrépide, sans aucun doute très courageux pour s'être exposé ainsi, et recousus du haut en bas du corps ! Mal recousu on l'imagine dans des conditions sans doute bien précaires. Et, au-delà de notre manque de patience, somme toute bien classique mais tout juste teinté d'un reste adolescent de crispation contre les lubies des parents, vous comprenez mieux la légitime fierté de votre grand-mère à l'égard de son valeureux ancêtre !

Pour le goupillon, votre papa a, vous le savez, un autre ancêtre qui s'est illustré en subissant le martyre en Chine, mais la légende familiale est beaucoup plus floue et je ne saurais aujourd'hui vous en dire plus, car il ne semble pas que l'imaginaire collectif lui ait accordé beaucoup d'intérêt, sans doute moins impressionné par le caractère de son sacrifice. Je vous promets d'essayer de trouver quelques indices sur cette autre histoire !
Reste l'énigme du jour : trouver ce qu'est un "biscayon"... ben oui... à vous de chercher, les commentaires sont à votre disposition pour la réponse (je n'ai eu pas de succès jsuqu'à présent mais je ne désespère pas !!!!)
un biscayen est une balle provenant d'une boite à mitraille tirée par l'artillerie à courte portée contre l'infantrie.
RépondreSupprimerC'est l'ancètre du shrapnel.
Impossible de trouver la définition sur la toile, en général... alors, j'aurai appris quelque chose aujourd'hui (que je vais m'empresser d'oublier, mais bon, c'est une autre histoire !)
RépondreSupprimermoi j'avais carrément oublié aussi !
RépondreSupprimer