Ou comment d'un instant à l'autre, sans crier gare, on peut se retrouver passer de l'état de sujet à celui d'objet.
Je l'ai dit il y a peu, Michel a trouvé un moyen drastique de ne pas travailler pendant que Marie était auprès de nous. La plaisanterie est lourde, mais finalement les faits sont là. Marie est arrivée à Meschers mercredi dans la soirée, et le lendemain matin il lui fallait aller travailler. Prévenu trop tard de son arrivée il n'avait pas pu repousser ses rendez-vous, ou transférer ailleurs ses 2 journées de travail. Et il râlait ferme !!! Or en se levant jeudi matin, il a eu un véritable malaise, dont il s'est cependant remis bien vite, et est parti courageusement à Pérignac. Pourtant, impressionné par l'accident grave arrivé à un voisin négligent et ayant l'opportunité d'annuler un rendez-vous assez long pour faire le trajet, il a eu la sagesse d'aller consulter un médecin dans la matinée, lequel l'a illico envoyé chez le cardiologue. Et c'est là qu'il est devenu "objet de soins". Pris en main, de façon magistrale et étonnamment professionnelle, dirigé, soumis à une suite minutée, calibrée, parfaitement cohérente et totalement efficace d'actes qui ont fait de lui un malade totalement pris en charge. Impressionnante cette mécanique médicale, très humaine cependant, explications, sourires, gentillesse, fermeté, tout était parfait. Pourtant dès l'instant où le cardiologue a décroché le téléphone pour appeler une ambulance afin d'emmener Michel à La Rochelle, Michel n'a plus eu une décision à prendre ni un choix à faire. Michel qui pensait qu'une ambulance ne s'imposait pas, qu'il pourrait aller dîner à La Rochelle avec nous le soir de son hospitalisation, les examens n'ayant lieu que le lendemain, qui s'est vu piqué, rasé (pas la barbe, ouf !!!), enduit de Bétadine, transporté alors qu'il était parfaitement valide, bref, Michel est devenu l'OBJET de soins. Informé, rassuré, traité avec une compétence parfaite, mais totalement pris en charge et passif.
C'est un des étonnements de ces 3 jours de nébuleuse... 3 jours étranges pour nous 3... Avec Marie nous avons comaté à tour de rôle, l'une relayant l'autre dans la lucidité pour assurer à nous deux une façade convenable et une réactivité à peu près cohérente aux événements. Marie a découvert, ou admis je ne sais, que son papa n'est pas immortel. Moi, j'ai découvert un état de fragilité insoupçonné. Il m'a fait penser à la fragilité de la vieillesse, et j'ai pris du plomb dans l'aile. Car Marie m'a été absolument indispensable pour faire face. J'imagine que si elle n'avait pas été là, j'aurais été capable de réagir de façon adaptée, mais il faut bien admettre que sa présence m'a permis de lâcher prise et plus d'une fois au cours de ces 3 jours, de la laisser prendre les rênes pour que notre équipage reste dans les rails. Par contre, il y a eu entre nous une véritable synergie, et cette découverte aussi est surprenante. De l'état de parent, recours universel et légitimement sollicitable sans la moindre retenue, se retrouver maman assistée dans l'épreuve, je ne m'attendais pas à ça. C'est à la fois superbe et triste, car c'est une nouvelle responsabilité qu'on impose à son insu à ses enfants et quelque part, cette inversion de rôle m'a donné l'impression de faillir à mon devoir.
Voilà, ce week-end étrange est terminé, Marie est partie vers d'autres cieux qu'on imagine sans peine plus cléments (pardon de cette banalité, mais bon, cet été le sujet de conversation universel c'est le temps, et la remarque "fine" du moment c'est "pour un mois de novembre, il fait plutôt bon", je n'y échappe donc pas). Michel émerge tout doucement du contre-coup moral que lui a provoqué son incident cardio-vasculaire, et moi, je tente de mettre en ordre mes repères mentaux quelque peu perturbés ! C'est un ensemble matiné de nostalgie, d'étonnement et des craintes informulées, qui se contentent de naviguer discrètement à fleur de conscience, et qu'on n'a pas vraiment envie de formuler clairement. Pour rester sujet de son avenir !C'est un des étonnements de ces 3 jours de nébuleuse... 3 jours étranges pour nous 3... Avec Marie nous avons comaté à tour de rôle, l'une relayant l'autre dans la lucidité pour assurer à nous deux une façade convenable et une réactivité à peu près cohérente aux événements. Marie a découvert, ou admis je ne sais, que son papa n'est pas immortel. Moi, j'ai découvert un état de fragilité insoupçonné. Il m'a fait penser à la fragilité de la vieillesse, et j'ai pris du plomb dans l'aile. Car Marie m'a été absolument indispensable pour faire face. J'imagine que si elle n'avait pas été là, j'aurais été capable de réagir de façon adaptée, mais il faut bien admettre que sa présence m'a permis de lâcher prise et plus d'une fois au cours de ces 3 jours, de la laisser prendre les rênes pour que notre équipage reste dans les rails. Par contre, il y a eu entre nous une véritable synergie, et cette découverte aussi est surprenante. De l'état de parent, recours universel et légitimement sollicitable sans la moindre retenue, se retrouver maman assistée dans l'épreuve, je ne m'attendais pas à ça. C'est à la fois superbe et triste, car c'est une nouvelle responsabilité qu'on impose à son insu à ses enfants et quelque part, cette inversion de rôle m'a donné l'impression de faillir à mon devoir.
Façon "Points de vue et Images" :
RépondreSupprimer"Michel, une affaire de coeur! Mais où va t'on?"
Façon "Sacha Guitry" :
"Hmmh ... ! Je m'en doutais, je le savais bien, moi ... que Michel était un homme de coeur ... Chapeau bas Messieurs, saluons l'élégance extrême ...
Façon "Didier" :
"Bon, t'arrêtes tes c... et tu fais attention à toi maintenant!
Je t'interdis de nous flanquer encore une trouille pareille!
Amitié.
Didier Cabannes.