Nous sommes donc partis, par la route côtière de l’estuaire, sans le tomtom, ce qui nous a valu de nous perdre et de errer dans les marais et les petits ports qui font tout le charme de cette promenade. Le temps était de la partie et la promenade vraiment magnifique. A Blaye, l’inorganisation passée à l’état de système qui a remplacé le joyeux happening des premiers temps, nous a valu quelques attentes disproportionnées et totalement incongrues. Mais bon, nous nous sommes inscrits avec patience sur les listes d’attente et avons ainsi pu voir les 2 spectacles prévus.Mise en scène comme un opéra, Vienne 1913 parle avec intelligence et finesse du creuset culturel et politique qu’était la capitale autrichienne d’avant-guerre. Les comédiens forment l’orchestre en se plaçant dès leur entrée en scène derrière leur pupitre où les attend leur livret. Une conteuse joue les chefs d’orchestre pour mettre l’histoire en mouvement et tracer d’un trait ou d’une indication l’atmosphère. L’espace quasi nu ne se remplit que de l’échange des comédiens, tantôt solistes, tantôt faisant partie du chœur, deux mezzo-sopranos accompagnent de leur voix les comédiens. Le texte, riche et subtil, fait se côtoyer artistes et intellectuels de tous bords. Hugo, qui fait partie de la jeunesse dorée viennoise, rencontre Adolphe, la pauvreté comme seul bagage. Leur point commun ? Tous les deux sont des désillusionnés de ce siècle qui marche sans eux. Tous les deux sont sur une corde raide et peuvent basculer à tout moment d’un côté ou de l’autre. Hugo affiche un antisémitisme obsessionnel, Adolphe un absolutisme épris de justice. Pour soigner son mal de vivre, Hugo, sur les conseils du psychanalyste et ami de la famille, Jung, va consulter Freud pour mettre son inconscient à nu. Quant à Adolphe, ce n’est pas son inconscient mais sa conscience politique qui va s’éveiller aux idées de surhomme et à la propagande pangermaniste. Le propos annonce en pointillé l’émergence du nazisme. En fond, discrète, une musique jouée sur des instruments en verre traduit la fragilité de cette époque qui peut voler en éclat à tout moment.
http://www.oedipe.org/fr/spectacle/vienne1913
La mise en scène était parfaite, les acteurs très justes et le rythme impeccable. Nous avons ainsi découvert un nouvel auteur, Alain Didier-Weill, un metteur en scène, Jean-Luc Paliès, et une compagnie, Influenscènes. Le spectacle nous avait été chaudement recommandé par des festivaliers d’Avignon dont nous semblions partager les goûts, exercice toujours hautement périlleux, mais qui s’est révélé en l’espère d’autant plus réussi que la simple lecture du synopsis nous inquiétait et ne nous aurait guère incités à aller voir cet excellente pièce.
Ensuite nous avopns terminé la soirée en cabaret concert avec un groupe vocal a cappella, le Barbershop Quartet. Ils s’inspirent d’un style musical né dans les boutiques de coiffeurs pour hommes aux Etats Unis : pour tromper leur attente, les clients y entonnaient et improvisaient à plusieurs voix des chansons en vogue. Le genre a fini s’imposer en tant que tel, mais il reste peu connu en France. Leurs interprétations sont étonnantes de virtuosité, de précision technique et de drôlerie. Ils couvrent tous les styles, de l’univers sucré et décalé des classiques américains dont ils se réclament, aux interprétations françaises, classiques, hip hop, pastiches et interprétations humoristiques diverses. Hier nous avons savouré leur méli mélo sur le métro, qui leur permet à travers les musiques qu’on entend aux coins des couloirs, de faire une véritable rétrospective musicale, un peu comme dans la ragga des banlieues( voir ci-dessous). Nous les avions découverts lors de la fête de la musique l’an dernier à Royan et les avons revus avec un égal plaisir.
http://razorland55.free.fr/barber_music.htm sur le style barbershop
http://www.barber-shop-quartet.com/ le site du groupe : je vous recommande vivement d’aller voir leurs vidéos, n’hésitez pas à visionner la 5ème vidéo, ragga des banlieues !
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