Toujours le même problème avec Allen, controversé ! Les uns disent que c’est nul, les autres crient au chef d’œuvre, du genre « c’est de loin son meilleur film ». L’avantage c’est qu’on y va sans avis préconçu. Et qu’ en sortant on peut dire « bof bof », sans passer pour un crétin. J’avoue que l’histoire aux relents de tragédie grecque vue par un américain qui se pique de philosophie parce qu’il a quelques visées existentielles, ne m’a pas convaincue. Je me suis prise plus d’une fois à penser « et si c’était un jeune réalisateur qui nous offre ce brouet, et non un Woody consacré, nous les trouverions bine maladroites, bien malhabiles ». L’intrigue est mal ficelée, mais bon, Allen fait des fables morales et on peut admettre qu’il donne dans l’invraisemblable. Les deux acteurs principaux jouent avec sensibilité et talent, et donnent aux rapports fraternels une vraie profondeur. Par contre, les rôles secondaires sont empotés et peu crédibles, ce qui est agaçant. Mais surtout, ce pauvre Woody est trop superficiel : quand il fait une comédie, l’humour et l’esprit font passer la sauce. Mais quand il donne dans le tragique, cela manque de consistance, et il a l’air de se prendre trop au sérieux. Ceci dit, si vous décidez d’aller faire votre devoir et de voir votre Allen annuel, ce sera sans surprise, ni désagréable ni à crier au miracle, visible sans débordement !
La veille, la salle était comble pour l’américain intello (ou supposé tel) de service : la pub, la réputation, le mythe ? Ce soir, Michel disait en sortant « c’est trop injuste la renommée », nous étions à peine une dizaine pour un chef d’œuvre. C’est un film de 2004, donné dans le cadre d’une soirée sur les violences conjugales, mais qui nous a permis de découvrir un vrai talent : Iciar Bollain. Un parfaite réussite, toute en justesse, en finesse et en subtilité.
Un film où l’on rit aux éclats, où l’on écrase furtivement une larme, où on a la gorge nouée, où on essaie de comprendre, où rien n’est décidé d’avance. Rien n’est manichéen dans ce portrait d’une bienveillance sans faille d’un couple qui s’aime, d'une passion et une attirance idéales, et qui pourtant se déchire. En fait c’est lui, sa jalousie maladive, son inexpugnable manque de confiance en lui, qui désagrége leur devenir. Il se laisse grignoter par le doute et la violence, il combat mais finit par céder à ses pulsions malsaines, elle lui pardonne, et pourtant il démolit leur couple. Il s’auto-détruit et la casse. Il le sait, mais il sombre. Ce n’est pas un abruti, ce n’est pas un alcoolique, il est sensible et imaginatif, amoureux avec profondeur, attentionné et joueur, et pourtant rien n’y fait, il les fait chavirer, puis sombrer. Elle est patiente et douce, elle est follement amoureuse de lui, elle veut l’aider, le comprendre, et pourtant elle capitule. Les 2 acteurs principaux ont eu des prix d’interprétation, les seconds rôles sont au diapason, l’histoire est simple et sans faille, les images d’Avila font rêver, bref seule la lamentable traduction du titre (Ti dos mis oyos en Ne dire rien) est à critiquer car elle nous prive d’une des allusions importante de ce film superbe. A voir sans faute dès que vous le croisez en DVD ou sur une chaîne quelconque.
je crois que ta mise en page html t'a joué des tours...
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