vendredi 2 novembre 2007

LE MYSTERE DU POISSON CHAT

Aujourd’hui, journée Gand, Gent comme on dit ici. Après nous être légitimement interrogés sur la manie que nous avons de franciser à tort et à travers les noms de villes étrangères, trouvé notre train, renseigné une anglaise affolée et embarqué pour une demie heure de plat pays un peu grisâtre, le soleil n’était plus vraiment de la fête, il bruinait sur Gand. A l’arrivée, dans une des gares les plus moches qu’on puisse imaginer, nous avons entrepris méthodiquement le tour de la gare, et à part les parkings à vélo, les travaux inévitables, et les flamands pas vraiment accueillants, pas moyen de trouver la moindre indication. Nous avons donc opté pour le taxi vers la cathédrale Saint Bavon, pardon Baaf… le chauffeur de taxi au visage buriné et aux traits pleins de caractère, arborait une crinière à locks disciplinés, un look assez réussi de sauvage maîtrisé. Il nous a entrepris sur la nécessité, lors de notre passage à la cathédrale d’adresser, à toutes fins utiles, une prière aux saints environnants pour trouver la force de supporter le stress de l’argent qui domine tout. Rassurés par notre statut de français de France (j’imagine, vu l’ambiance actuelle que les wallons en arrivent à se prétendre français pour éviter l’animosité de leurs compatriotes flamands), il s’est épanché. Apprenant que nous venions du Sud Ouest, il nous expliqua qu’il faisait des stages d’arts martiaux et de techniques de relaxation en général vers Cambrai, mais qu’il y avait aussi un centre du côté du Temple sur Lot. Puis il nous déclara qu’il venait d’entendre une nouvelle particulièrement réjouissante venant de France, concernant l’écologie, il parlait selon toute vraisemblance du Grenelle de l’environnement. Selon lui, nous avons en la matière une très bonne politique, et il s’est extasié sur l’état de la Seine. Devant notre air un peu dubitatif, il entreprit de nous expliquer que les pêcheurs y étaient de plus en plus nombreux et heureux, y trouvant abondance de silenus de taille majestueuse. Commença alors une longue leçon d’aquaculture. Nous avons énuméré consciencieusement tous les poissons de rivière que nous connaissons sans arriver à identifier le silenus gradis, dont il nous dessina la silhouette sur un carnet. Arrivés à destination il abandonna vaguement découragé, concluant que nous n’étions pas spécialistes en poisson, ce que nous lui avons confirmé en éclatant de rire, et en lui promettant de se documenter le soir même. Ce qui nous a permis de constater que notre nullité était fort excusable, le silène étant en effet fort prolifique en France, mais uniquement dans les rivières de l’est et dans le Rhône.

Il était temps d’entamer gaillardement notre visite de Gand. Le polyptique majestueux des frères Van Eyck nous a longuement retenus, c’est un de ces chefs d’œuvre absolu, que tout commentaire affadirait. Nous avons pu en faire et refaire longuement le tour, en apprécier longuement tous les détails, avant de nous hasarder sur la grand-place toute triste et gothico-diverse, et de décider une halte au « café passion » pour un déjeuner sympa en terrasse.

Le polyptique de l’Agneau mystique

Ensuite, nous avons pris le tram jusqu’à l’exposition British Vision, qui avait justifié notre excursion. Armés d’un solide optimisme et d’une bonne volonté dans faille, nous nous sommes attaqués à 2 siècles de peinture anglaise, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle mérite le relatif oubli dans lequel ont sombré ses artistes. Nous avons vaillamment approfondi notre connaissance des préraphaélites (qu’Hélène a détestés en début d’expo, mais finalement trouvé intéressants par rapport au reste), détesté toujours aussi cordialement les peintures de satire sociale dont le chef de file est l’incontournable Hogarth, été déçus par les paysagistes malgré notre désir de nous extasier sur Constable, trouvé les quelques Turner vraiment trop esquissés pour retenir vraiment l’attention, admis à titre de curiosité l’art de guerre et ses expressions tragiques, parcouru les visionnaires sans vraiment être happés par leur propos, et cordialement exécré la modernité et ses représentants les plus marquants. Bref, à part quelques toiles, dont 2 ou 3 Bacon qui reste finalement une valeur sûre, la découverte de la désespérance dramatique et talentueuse de Lucian Freud, nous avons été appliqués, attentifs, heureux de ne pas mourir idiots, mais pas franchement convaincus par l’art anglais.

L’espace de sport et la piscine de notre hôtel ont encore été les bienvenus pour effacer les fatigues de la journée et avant de terminer par un repas indonésien auprès d’un faux feu de bois, bien propre à nous remonter le moral !!

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