mardi 22 janvier 2008

UN BAISER...


Le temps passe vite, et si l'on n'y prend pas garde, le blog reste en jachère. Il faut vous dire que ma vie n'a rien eu de bien palpitant depuis la reprise, mon activité essentielle, un peu obsessionnelle, ayant été de monter des cartons de livres, il y en avait plus de 40, et de les déballer. Ensuite de classer les livres par ordre logique, puis alphabétique, le tout au prix de maux de dos et de crampes variées. Les livres sont rangés, la bibliothèque est superbe, et surtout cela m'a permis de découvrir ou de redécouvrir des trésors, c'est incroyable ce qu'il y a à lire ou à relire dans cette maison.
J'en suis donc réduite à vous partager, en tout et pour tout, si l'on excepte les agapes du restaurant d'application, les films du week-end.

Charmant marivaudage de et avec Emmanuel Mouret, un marseillais atypique qui joue les anti-machos avec une voix très travaillée qui laisse parfois échapper des accents colorés. Un film léger et sympathique, drôle et tendre, non exempt de certaines longueurs et de quelques maladresses. La musique tisse autour de cette histoire légère une mélodie très adaptée. Le film est jalonné de peintures, de gravures, de reproductions de tableaux amenés fort à propos et pimentant le propos avec adresse. Ce n'est pas le chef d'oeuvre du siècle, c'est un peu trop "dit" parfois, un peu "sur-écrit", mais c'est délicieusement décalé, totalement hors des modes et volontairement désuet. Où il apparait qu'un baiser échangé n'est jamais anodin, fut-ce "un tout petit baiser sans conséquence"... car justement !! un baiser ce n'est jamais sans conséquence. C'est pourquoi, je propose à ceux qui verront le film, car honnêtement il est très visible, de changer la fin. Après le baiser langoureux enfin échangé, sur serment réciproque de ne jamais tenter quoi que ce soit pour se revoir, je propose que chacun des deux personnages nous offre à sa manière une petite tricherie : lui pourrait lui prendre la main, et délicatement baiser l'intérieur de son poignet. Ensuite, comme dans le film, il sort, avec un temps d'arrêt sur le pas de la porte, une ultime hésitation. Après un gros plan sur son départ, Emilie s'appuie au mur... et soudain éteint la chambre, puis court vers la fenêtre, qui donne sur le parking de l'hôtel. Elle écarte doucement le rideau, et plonge dans la nuit. Elle le voit monter dans son estafette brinquebalante, et son regard glisse sur le côté du véhicule : son nom, "restaurateur de tableaux à Nantes" s'étale sur la carrosserie en caractères bien lisibles. Fondu au noir, sur une petite ritournelle ironique. Qui peut croire vraiment qu'un baiser, surtout désiré aussi longtemps, peut être et rester anodin ???? Alors que Mouret les fait sagement respecter leur engagement, j'imagine qu'ainsi il aurait introduit un doute, une faille dans la défense studieuse d'Emilie... Que fera-t-elle de ce nom ? Allez savoir !
Bien supérieur, et incroyablement talentueux, le 2ème film du week-end :

Un premier film incroyable de justesse et d'une sensibilité remarquable. Tout est abouti dans cette histoire sans importance, celle d'une fanfare égyptienne égarée dans le désert israélien à la suite d'une maladresse administrative et d'une incompréhension linguistique. Pas une seconde de trop, pas un plan inutile, tout est parfait et étonnamment émouvant. Tout est dans les "non-dit" puisque justement les personnages ont un vocabulaire pauvre, limité à quelques mots d'anglais maladroit. Et tout est limpide, les regards sont justes, et les émotions vibrent à fleur de peau. Peu à peu, les personnages se dévoilent, désarmés par la nuit et l'ambiance hors du temps de cette bourgade perdue au bout d'une route qui semble sans lien avec le réel. Des êtres pudiques et blessés, mais simples, qui petit à petit s'apprivoisent, le temps d'une improbable rencontre. La tonalité générale est beige, couleur de sable et de pauvreté, et la tache de cette fanfare bleu-ciel dans cet horizon fermé, ouvre une perspective humaine inattendue mais d'une réelle richesse. Un vrai petit bijou ce film, à voir de toute urgence !


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